Chapitre 21 - Voyage aux origines
Norfolk, se présentait tel un chenal ; il fallait franchir un «petit détroit», puis encore manœuvrer pour amarrer le navire au port militaire.
Le destroyer U.S.S. New-Jersey entra dans le chenal, il avait la priorité par rapport aux autres de par sa taille.
Le navire s'approcha du port militaire, il entama une manœuvre pour le moins impressionnante ; en effet, le bâtiment de près de deux-cent mètres de long entama un virement lof-pour-lof, cette manœuvre qui consiste à faire faire un demi-tour au bateau, ainsi, le navire entra dans le port militaire par la poupe. Klara suivait les opérations depuis le hublot de sa cabine. Deçà, les propulseurs d'étraves se mirent en marche et le Commandant réussit à placer son navire entre deux autres avec une précision étonnante. Les vibrations dues aux deux hélices s'arrêtèrent. Le bâtiment était à quai.
Le marin revint chercher la jeune femme :
« - Voilà ! Bienvenue aux États-Unis Mademoiselle Dietriech !
- Thank you so much !, lui répondait-elle.
- Alors, j'ai mes bagages, vous avez tout ? Enfin... Pas grand-chose quoi... Allons-y !, reprit-il, Ah, au fait, mes parents seront ravis de vous accueillir quelques jours, par contre n'en voulez pas à mon père, il essaiera de vous parler Allemand, mais son accent est... Comment dire... A la limite du ridicule... Ne le prenez pas mal... Au vu des événements du passé...
- Il n'y a aucun mal... vous savez après toutes mes péripéties... Plus rien ne me choque, je trouve même cela formidable que votre père essaie de parler Allemand !, ajoutait-elle.
- Bien, suivez-moi ! »
Ils quittèrent la cabine et gagnèrent le quai. Klara avait posé le pied sur le sol Américain. Le jeune homme l'emmena jusqu'à un parking où il retrouva sa voiture. Le trajet ne serait que peu long entre Norfolk et Virginia Beach, à peine une demie heure en fonction du trafic.
Les merveilles que pouvaient voir Klara lui faisaient oublier son malheureux passé. Ce qu'elle découvrait semblerait pour n'importe quel Américain tout à fait normal, mais pour une Allemande, ce n'est pas tous les jours que l'on peut emprunter un de ces gigantesques échangeurs autoroutiers. Ou bien que l'on puisse contempler les routes à huit, neuf voies... Ainsi que toutes les autres merveilles visuelles que peuvent offrir les États-Unis.
« - Quelle belle ville !, pensait-elle tout haut.
- N'est-ce pas !, fit le conducteur.
- Mais... Au fait, je ne sais toujours pas qui vous êtes ?, s'aperçut l'Allemande.
- Exact ! Eh bien, je m'appelle George ! George Leroy !
- Leroy ?! Ça ne sonne pas très Américain ou c'est moi ?, s'étonnait-elle.
- Vous avez l'œil vous ma parole ! Oui, ma famille est d'origine française !
- Vraiment ?
- Oui, en dix-sept-cent quatre-vingt, le Roi Louis XVI envoya Le Marquis de Lafayette à bord de l'Hermione afin d'aboutir à l'indépendance des États-Unis... Et pendant ce temps-là, en France se préparait la fameuse Révolution Française qui treize ans plus tard aboutit à la décapitation du Roi. Après, des révolutionnaires s'emparèrent du pouvoir, le nom que l'on donna à cette période est très évocateur de ce qu'il s'y passait... »
- La Terreur ..., répondit Klara.
- Tout-à-fait !, reprit George. A l'époque, ma famille a trouvé le moyen de se cacher à bord d'une frégate pour débarquer aux USA ! C'est pour ça que j'ai toujours dit à mes parents que quitte à rendre hommage à la France, je trouve les prénoms français plus beaux ! »
Ainsi se poursuivait la discussion. Le voyage se passa bien.
La voiture se stationna devant un très joli pavillon de Virginia Beach. La demeure s'élevait sur trois niveaux. Cette bâtisse semblait très ancienne ; elle était faite de briques rouges avec un toit en ardoise, la cheminée en son toit était elle aussi massive. Une maison comme on n'en voyait désormais peu dans ce pays.
« - Votre maison est vraiment magnifique !, s'exclama Klara.
- Merci ! ».
Depuis quelques minutes, George ne parlait quasiment plus, il semblait d'un coup très inquiet ou tout du moins tourmenté. Il stationna son véhicule dans le garage, et avant qu'ils ne rentrent, Klara demanda :
« - Quelque chose ne va pas ? Vous semblez inquiet ?
- Non... Euh, à vrai dire quand je vous ai dit que mes parents étaient passionnés de l'Allemagne..., balbutiait-il.
- Oui, et ...?
- Eh bien, ils le sont à un point que vous n'imaginez pas ! Renchérit-il. »
Ils entrèrent.
A l'intérieur, les craintes de George se confirmaient. En effet, depuis que celui-ci avait prévenu ses parents de l'arrivée de Klara, ceux-ci avaient mis la maison sous les couleurs de l'Allemagne de l'Ouest. Des drapeaux noirs ; rouges et jaunes tapissaient toutes les pièces. Des photographies du Chancelier Ouest-Allemand, Helmut Schmidt se trouvaient sur tous les coins de murs et l'hymne de la République Fédérale d'Allemagne résonnait dans toute la maison. Klara se sentait un peu gêné, George quant à lui était vert de honte.
La mère de George arriva en tenue traditionnelle Bavaroise, et d'un accent Allemand horrible, elle se jeta dans les bras de la jeune femme et dit :
« - Bonjour l'Allemagne ! Bienvenue chez nous ! Karl ?! Dépêche-toi ! Notre invitée est arrivée ! »
Klara ne savait pas quoi répondre. Puis un homme d'une soixantaine d'années lui aussi en tenue traditionnelle se présenta, il semblait quelque peu ivre et chantait l'hymne Allemand :
« - Bon... Bonjour Mademoiselle ! Bien...Bienvenue ! »
Son épouse haussa le ton :
« - Mon Dieu Karl ! Tu sens le kirsch à plein nez !! Tu étais encore caché dans la cave à côté des tonneaux de kirsch c'est ça hein ?! Allez vieil ivrogne ! Vas en cuisine le temps que je fasse visiter à notre invitée, voyons, une choucroute ne se fait pas en claquant des doigts !
- Merci à vous en tout cas de m'accueillir !, ajoutait Klara, ne sachant pas quoi dire d'autre. »
Klara, George et la mère firent la visite de la demeure, ils laissèrent le temps à la jeune femme de s'installer dans une chambre. Les événements précédents refirent surface mais Klara semblait tout de même heureuse d'avoir été recueillie par une famille... Un peu décalée, certes, mais plutôt sympathique.
« Ces gens-là ont l'air très gentil, mais pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je dîne chez des étrangers, il faut qu'ils me fassent de la choucroute ?! Surtout que ce n'est pas Allemand la choucroute... Mais bon, te plains pas, tu as été accueillie comme il se doit ! Je leur dois beaucoup ! », Pensait-elle.
Puis vint l'heure du repas.
Voilà, c'est sur cette révélation quelque peu burlesque que ce chapitre s'achève ! On espère sincèrement que les péripéties de nos protagonistes auront su vous plaire ! Vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre et nous lire, alors Merci ! La suite vous attends !
Rédigé par les Éditions Café
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