[Zetsu x Tobi] Revival
[[ Illustrations par Pixiv Id 2276076 | Montage par Iekazu ]]
Note importante : les histoires ne sont pas liées entre elles bien que j'utilise souvent le même environnement et le même historique des personnages d'une histoire à l'autre.
/!\ TW: mentions de dépression /!\
Il m'insupporte, et ce, depuis toujours.
Pourtant, il fait partie de mon décor au quotidien.
Mais combien de temps vais-je tenir face à lui ?
J'avais la réputation d'être un grand calme en toute circonstance et les gens avaient tendance à me trouver fiable. Cela m'avait permis de me réorienter assez facilement dans l'entreprise dans laquelle je travaillais.
J'avais fait mes premiers pas quelques années plus tôt au sein du service comptabilité en tant qu'assistant d'un dénommé Kakuzu. Plus communément, ce type était le pire manager et être humain qu'il m'ait été de rencontrer de toute mon existence. Il était impitoyable, froid, injuste, calculateur... Tant de défauts et des qualités inexistantes au sein d'un même individu, cela aurait pu sembler invraisemblable et pourtant, il était bien réel. J'avais toujours fait mon possible pour satisfaire ses moindres volontés, quitte à me ruiner la santé en multipliant les heures supplémentaires à n'en plus finir. Malgré tout, il n'était jamais entièrement satisfait. La réputation de Kakuzu n'étant plus à démontrer, nul ne fut surpris de me voir terminer en arrêt maladie pour burn-out.
Le jour de mon retour, quelques mois plus tard, j'étais terriblement anxieux à l'idée de lui faire face si bien que je tremblais comme une feuille en passant la porte du bureau. Plusieurs paires d'yeux se tournèrent vers moi d'un air intrigué avant que mon impitoyable manager ne daigne poser les yeux sur moi pour me dire de le suivre dans une salle de réunion. A l'intérieur se trouvait une collègue qui, certes avait une forte personnalité, mais était absolument charmante et aimable : Konan.
« Salut Zetsu, je suis contente que tu sois de retour, fit-elle en souriant. Comment vas-tu ? Prêt pour la reprise ?
— Abrège, grommela Kakuzu en tapotant les doigts sur la table. J'ai pas toute la journée devant moi.
— Oui, oui, j'allais y venir ! Quel vieux grincheux ! Bougonna-t-elle sur un air de reproche. Bien, on ne va pas revenir sur tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois mais je me doute qu'aujourd'hui, ce n'est pas de gaieté de cœur que tu sois revenu, n'est-ce pas ? Hum. J'ai une proposition à te faire, annonça-t-elle. Il y a eu de longues discussions chez notre top management à ton sujet. Personne n'aime entendre parler de burn-out, tu vois. Tu es un bon élément, malgré ce que ton chef peut dire et nous craignons que tu ne souhaites partir si tu venais à continuer à travailler avec lui. C'est pourquoi j'aimerais te proposer de venir travailler pour moi, je cherche un assistant pour le marketing et je pense que tu as toutes les compétences nécessaires pour nous rejoindre... Bien sûr, tu n'es pas obligé de me répondre de suite mais...
— J'accepte, la coupai-je aussitôt.
— Euh ? S'étonna-t-elle.
— Je peux commencer quand ?
— Tu... Tu es vraiment sûr ? Tu n'as pas besoin de réfléchir ?
— Non, non, c'est tout décidé, je serais ravi de travailler avec toi !
— Bien, au moins, c'était rapide. Hum, Kakuzu, combien de temps vous faut-il pour faire la passation de ses dossiers à quelqu'un d'autre ?
— Trois jours. Il n'aura pas plus.
— Euh... Bien... reprit-elle un peu mal à l'aise en sentant une certaine tension dans la salle. C'est parfait pour moi dans ce cas ! Tu commences donc fin de semaine ! »
Kakuzu ne m'avait pas dérangé durant ces trois longues journées de transfert. J'avais entendu dire qu'il avait reçu un avertissement pour son comportement et qu'il devait se tenir tranquille s'il ne voulait pas avoir de soucis. Mais ce fut avec soulagement que je déménageai de bureau vers celui du marketing.
Tout se passait à merveille. Konan était réputée pour être un dragon mais jamais lorsqu'il s'agissait de son équipe, ce qui était plutôt rassurant pour quelqu'un comme moi. Je pouvais enfin sortir plus tôt de mon travail et ne sentais pas cette affreuse pression m'écraser un peu plus chaque jour.
Malgré tout, la charge de travail commença à s'accumuler car Konan avait aussi récupéré la direction du service communication et pour que le service fonctionne, il lui fallait recruter une autre personne pour l'assister dans ce domaine car elle refusait que je gère les deux, craignant que cela ne représente trop à faire pour moi.
C'est ainsi que Tobi fut recruté et c'est ici que notre histoire commence réellement.
Tobi était quelqu'un de plutôt avenant, amical et aimant plaisanter. Il avait les cheveux ébène et un regard sombre et profond contrastant avec son air jovial. Il aurait pu devenir la coqueluche de toutes les filles au bureau mais son humour pitoyable les avait rapidement éloignées. Et le pire dans tout ça était le fait qu'il cherchait constamment à se lier d'amitié avec moi tout en insistant lourdement sur ses blagues sincèrement vaseuses...
« Zetsu... Pourquoi est-ce que tu as autant de plantes grasses sur ton bureau ?
— Parce que j'aime ça, je suppose ? Répondis-je calmement.
— Hey Zetsu... Si tu ne te laves pas les cheveux pendant une semaine, est-ce que ça donne aussi une plante grasse ? »
Je fermai les yeux et soupirai silencieusement. Je le vis ensuite esquisser son sourire triomphant et rire comme une bécasse. C'était devenu ça, mon quotidien post-Kakuzu... Non pas que je m'en plaignais, mais il était sérieusement lourd...
Tobi s'était focalisé sur certains détails à mon sujet : mes cheveux verts, le fait que je sois végétarien et ma passion pour les plantes. Autant dire que son registre de blagues était plutôt limité et répété, tel un vieux disque rayé...
« En fait, le secret de ta jeunesse, c'est le fait que tu consommes le sang de tes sœurs au quotidien, non ? Demanda-t-il un midi en me voyant boire mon habituel smoothie vert (oui, vert !).
— Certainement... répondis-je en soupirant.
— Tu les cultives à ton bureau pour ensuite les sacrifier pour en faire ce jus. Les pauvres, si elles savaient vers quoi cette existence allait les mener...
— Hum...
— Et c'est pour cette raison que tes cheveux sont verts ! Je suis vraiment trop fort !
— Tobi, ferme-la ! Marmonna Deidara, un de mes anciens collègues de la compta. Tu as de la chance que Zetsu soit aussi patient, à sa place, je t'aurais déjà cassé les dents, hm !
— Oh Deidara est vraiment méchant ! Zetsu, tu le laisses me parler comme ça ?
— Pourquoi tu demandes de l'aide à Zetsu, t'es pas fichu de te défendre tout seul ? Aboya Deidara agacé.
— Oh non, tu m'intimides, j'ai l'impression d'être une lycéenne timide face à son senpai et...
— Je vais faire avaler ta portion de frites en une seule bouchée, tu vas comprendre ce que signifie le mot « souffrance », hum ! tonna le blond furieux.
— Zetsuuu !
— Hey, calmez-vous les deux... soupirai-je. Ne m'agrippe pas comme ça, je vais reverser mon bouillon.
— Comment peux-tu garder ton calme face à cet abruti ? Grommela Deidara en jetant un regard ennuyé vers mon partenaire.
— On s'y fait, tu verras.
— Non, non, c'est pas possible... Et il est toujours agrippé à toi ! Une vraie sangsue !
— C'est mon bouclier végétal, tu peux rien contre lui ! »
Deidara grimaça d'agacement mais je choisis une nouvelle fois de l'ignorer et de continuer mon repas. Il venait souvent manger avec moi le midi, souvent inquiet de savoir comment j'allais depuis ma dépression mais Tobi ne nous lâchait pas d'une semelle. Parfois, j'avais juste envie de lui dire de nous laisser en paix mais je n'avais pas le cœur à le mettre de côté, sachant éperdument qu'il finirait seul dans un coin si je l'abandonnais...
Puis je ne pus m'empêcher que de déglutir bruyamment lorsque je vis Kakuzu s'approcher de notre table. Habituellement, il ne mangeait pas au réfectoire et préférait avaler un sandwich rapidement à son bureau tout en continuant son travail. Le revoir face à moi me donna une sueur froide si bien que Deidara afficha une mine désolée.
« Ne serait-ce pas Zetsu ? Mais oui, il n'a pas encore craqué depuis son retour, félicitations ! Enfin, peut-être que ce sera Konan qui craquera en premier face à un type aussi fragile et incapable de supporter la pression...
— Hey Kakuzu, t'y vas un peu fort là, je trouve ! Le réprimanda Hidan qui arrivait derrière lui. Zetsu fait du bon boulot et si ça n'avait pas été le cas, il ne serait pas là aujourd'hui !
— Il n'est même pas capable de me faire face aujourd'hui et préfère fuir dès qu'il me croise, marmonna Kakuzu en me voyant me lever. Pathétique, va. »
J'aurais voulu lui hurler tout ce que j'avais sur le cœur mais je savais que je n'en étais pas capable et comme il l'avait si bien souligné, je choisissais la fuite plutôt que l'affront. J'avais longtemps culpabilisé de cette absence et tandis que je commençais tout juste à retrouver mes repères, ce type venait m'enfoncer une nouvelle fois, et publiquement pour couronner le tout. Deidara avait gardé la tête basse et avait dû se faire force pour ne pas réagir car il savait que s'il faisait la moindre tentative, cela se retournerait contre lui à coup sûr. Kakuzu n'acceptait que les reproches de Hidan pour une raison qui m'avait toujours dépassée.
Tandis que je m'éloignais le cœur lourd, j'entendis des pas précipités dans mon dos. Me détournant, je reconnus Tobi qui avait visiblement couru pour me rattraper dans le couloir. Il ignorait tout de mon histoire avec Kakuzu et je ne souhaitais pas lui en parler mais étonnamment, il ne posa aucune question. On se dirigea alors vers l'ascenseur pour regagner notre bureau en silence. J'étais impressionné par le fait qu'il fasse preuve d'un tel discernement car je n'avais vraiment pas la tête à discuter. Mon estomac s'était noué et ma tête ma parut lourde et épuisée.
Finalement, Tobi s'apprêta à parler lorsqu'un bruit sourd se fit entendre et l'ascenseur se stoppa dans sa trajectoire. Stoppé comme ça entre deux étages avec la lumière de secours s'étant enclenchée et nous plongeant dans une pénombre angoissante.
« Mince... soupira Tobi en examinant les boutons pour trouver celui pour appeler de l'aide. Konan va râler si on arrive en retard en réunion... Hey, tout va bien ? Tu es très pâle ! Tu ne vas pas vomir hein ? Parce que l'odeur et la vision de ton repas semi-digéré mélangé avec ton affreux smoothie, je m'en passe hein ! Hey, parle-moi, Zetsu !
— F... Ferme-la... Tobi... soufflai-je en tentant de reprendre mes esprits. Je ne vais pas vomir, je suis claustrophobe, crétin.
— Oh... En tout cas, tu n'es pas très poli quand tu as peur...
— Tu crois franchement que ce soit le moment de discuter de ça ? Bougonnai-je en sentant la colère monter en moi.
— C'est vrai que tu dois avoir l'habitude de vivre à l'air libre dans la nature avec tes sœurs, normal que tu ne sois pas bien ici. Tu sais, j'ai eu des plantes vertes par le passé et mon appartement est tellement petit et peu lumineux qu'elles ont toutes fané et...
— Mais putain tu vas la fermer, oui ? M'écriai-je hors de moi. C'est pas le moment de discuter et encore moins de sortir tes vannes pourries ! J'en ai ras-le-bol d'écouter en permanence tes conneries, à te foutre de moi de cette façon. J'en ai vraiment marre de te supporter et en plus tu me suis partout comme un petit toutou ! J'en peux plus de toi, tu comprends ? Alors pour une fois dans ta vie, ferme-la! Sérieusement, ferme-la ! »
Mes poings vinrent percuter la paroi de l'ascenseur toujours bloqué tandis que mes propres mots me laissaient un goût amer. J'avais explosé sans m'en rendre compte et c'était Tobi qui avait tout pris. Outre ses blagues vaseuses, il ne s'était jamais montré désagréable avec moi et il lui arrivait même souvent de vouloir m'aider lorsqu'il me voyait en difficulté. Pourquoi avais-je réagi de manière si impulsive ? Il ne le méritait certainement pas !
Me tournant vers lui, je vis qu'il s'était appuyé dans un recoin de l'appareil et me fixait d'un air interdit silencieusement. Voir sa mine défaite me mit davantage mal à l'aise si bien que je ne me sentis même pas capable d'affronter son regard. Kakuzu avait raison, je ne faisais que fuir mes problèmes... Je baissai la tête et me laissai tomber à genoux, le front appuyé sur la paroi.
« Pardon... Je me suis laissé emporter... Je suis désolé... »
Le silence qui suivit mes mots ne fit qu'accentuer mon malaise. Fort heureusement, l'ascenseur se débloqua rapidement et il reprit sa trajectoire vers notre étage. Il se tenait face à moi lorsque la porte s'ouvrit, laissant place à des ouvriers déjà prêts à analyser la cabine et la réparer.
Tobi commença à marcher vers notre bureau puis se détourna vers moi d'un air très sérieux que je ne lui connaissais pas.
« Je suis peut-être un guignol mais ça ne m'empêche pas de me faire du souci pour toi. Mais visiblement, je me suis trompé à ton sujet. »
Sa réplique me laissa bouche-bée et incapable de répondre. L'impact de ses mots m'avait heurté de plein fouet et je me sentis encore plus mal vis à vis de lui. Je m'étais bêtement laissé emporté après avoir fait face à Kakuzu et fini enfermé dans cet ascenseur alors que mon anxiété refaisait surface. Je m'en voulais terriblement et je ne savais pas comment m'excuser pour qu'il accepte de me pardonner...
« Zetsu, tout va bien ? Me demanda Konan en réunion. Tu es livide et tu sembles complètement ailleurs... Pein m'a dit tout à l'heure que Kakuzu était venu te chercher des histoires au réfectoire. Si besoin, je peux aller lui parler ou directement voir les RH ?
— Non... Ce ne sera pas nécessaire... Merci de t'inquiéter pour moi mais je vais très bien.
— Bien... Alors reprenons... Tobi, où en est la création de notre nouveau stand pour le prochain salon ?
— J'ai reçu une proposition de visuel en 3D, expliqua Tobi en sortant un dossier. J'aime beaucoup ce qu'ils ont imaginé mais j'aimerais remplacer certains éléments métalliques par du bois. Après tout, on cherche à apporter une touche un peu écolo donc ça me semble tendance. On pourrait partir sur un bois exotique comme celui-ci, sa teinte est plutôt vive et moderne.
— Oui, ça me plaît bien, ça. Zetsu, est-ce que tu as pu te pencher sur le visuel pour la publicité ? Il faudra la décliner pour leur catalogue mais aussi nos réseaux sociaux.
— Oui, répondis-je en ouvrant mon propre dossier. J'ai imaginé cinq propositions en m'inspirant du design de notre futur stand. J'ai également essayé d'apporter une petite note écolo avec des nuances de verts et ici au niveau de la trame.
— Hum, j'aime beaucoup... commenta Konan en feuillant les pages. Ma préférée, c'est la deuxième. Tobi, qu'en penses-tu ?
— Hum... Oui, je partirais aussi la deuxième, on retrouve vraiment l'image qu'on cherche à communiquer.
— Zetsu ?
— Idem, je pense qu'on est tous d'accord sur le sujet.
— Dans ce cas, c'est parfait. Tobi, il faudra relancer le fournisseur de goodies pour obtenir un délai. Si tu réussis à négocier un peu le prix, n'hésite pas. Quant à toi, Zetsu, il va falloir te concentrer sur les posters et les brochures qui seront sur notre stand. Bien, cette réunion est terminée. Merci à vous, beau travail ! »
Il fallait reconnaître que nous étions une équipe très efficace et qui travaillait en parfaite harmonie. Konan nous incitait toujours à proposer plutôt que de bêtement suivre ce qu'elle nous proposait. Nous avions toujours la possibilité de nous exprimer sans crainte et c'était vraiment un point appréciable après avoir subi le côté pointilleux intransigeant de Kakuzu pendant si longtemps.
Lorsque je me levai, je me sentis pris d'un violent vertige si bien que je manquai de retomber en arrière. Heureusement, j'avais pu me rattraper au bord de la table avant de m'effondrer lamentablement contre terre. Konan et Tobi me regardèrent d'un air interdit tandis que je faisais mon possible pour retrouver mes esprits. Mais une nausée vint s'ajouter à cela, puis une grosse fatigue et je dus m'asseoir de nouveau en attendant que cela passe.
« Hey Zetsu, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Me demanda Konan inquiète en s'approchant.
— C'est... Juste un vertige... Rien de bien méchant... soufflai-je.
— Juste un vertige ? S'exclama-t-elle. Tu as bien failli tomber dans les pommes à nos pieds, oui ! Tu n'es clairement pas en état de travailler, il faut que tu rentres chez toi ! Est-ce que tu as un proche qui pourrait venir te chercher ?
— Non, je n'ai personne ici...
— Mince... Comment est-ce qu'on va faire ? »
Konan tournait en rond pour tenter de trouver une solution. Il était encore très tôt et personne n'était sur le point de terminer sa journée. Tobi se tenait en retrait et restait terriblement silencieux jusqu'au moment où il s'avança en me jetant un coup d'œil furtif.
« Je suis venu en voiture aujourd'hui, je vais le ramener chez lui.
— N... Non... Ne te casse pas la tête, je vais rester là le temps que ça passe et ensuite je rentrerai en train. Je n'habite pas si loin...
— Tu plaisantes ? S'emporta Konan. Je sais bien que tu mets une heure chaque matin avant d'arriver au bureau, ne te moque pas de moi !
— Ça va aller et puis, je serai assis dans le train donc je ne risque rien... tentai-je une nouvelle fois de les rassurer.
— Pour une fois, arrête de discuter et de chercher toutes les excuses du monde, j'ai dit que je te ramenais alors je vais le faire, si toutefois Konan est d'accord ? Déclara Tobi sur un ton sérieux auquel je n'étais définitivement pas habitué.
— Évidemment que tu as ma permission ! Laissez-moi régler les détails avec les RH et ne traînez pas ! »
Le malaise que je ressentais jusqu'alors s'accentua nettement en m'imaginant prendre la route avec lui alors que nous n'avions même pas pu nous expliquer. Et je n'étais franchement pas en état de le faire. Ce malaise était certainement dû à un nouveau traitement que je venais de commencer mais il était hors de question que j'en évoque la raison. Tobi devait certainement s'imaginer que j'étais encore sous le choc à cause de cette histoire d'ascenseur...
En me redressant, je sentis que mes jambes commençaient à flageoler et une nouvelle fois, je risquais de retomber bêtement sur ma chaise. Cependant, Tobi vint aussitôt me rejoindre et m'offrit son bras afin de me soutenir jusqu'à la voiture.
En redescendant au rez-de-chaussée, il s'excusa de devoir me faire prendre l'ascenseur – un autre cette fois puisque le premier était en cours de maintenance – et me guida vers la sortie de la cabine lorsque je me figeai sur place : Kakuzu était là et me lorgnait, prêt à me jeter une pique.
« Pousse-toi, tu vois pas qu'on est pressés ? Lui lança Tobi agacé. T'es dans le passage. »
Il était rare que quelqu'un n'ose parler ainsi à Kakuzu car tous savaient à quel point il était impitoyable, même avec des personnes ne faisant pas partie de son service. Le fait que Tobi lui parle sur ce ton sembla le laisser ébahi si bien que j'eus envie de rire intérieurement bien malgré moi. A ma plus grande surprise, il se décala et nous laissa la voie libre. Ce n'était que partie remise ?
« Et voilà que l'autre fragile a besoin d'un garde du corps pour l'escorter ! Ha ! Ha ! Comme c'est pathétique ! »
J'étais prêt à ignorer la remarquer et poursuivre mon chemin lorsque je sentis Tobi se détourner tout en m'entraînant avec lui.
« C'est quoi ton problème au juste ? S'exclama Tobi face à un Kakuzu encore plus abasourdi qu'on lui tienne tête. Sérieusement, ta vie doit franchement être chiante pour que tu t'en prennes aux autres de cette façon. Mais tu sais, tu es un mec chanceux ! Tu sais pourquoi ? Parce qu'un type comme toi qui harcèle moralement ses équipes, il n'aurait pas fait long feu dans une autre entreprise. Les RH ne t'ont-ils pas suggéré de te faire discret après cette histoire ? Certainement que si. Oh, tu te demandes comment je suis au courant d'un tel « secret d'état » ? Les bruits de couloir ont le vent en poupe à ton sujet et cette petite affaire, c'est juste un secret de polichinelle. »
Kakuzu était du genre colérique qui pouvait exploser à tout moment tout en devenant violent. J'avais entendu dire que par le passé, il avait déjà été licencié pour avoir frappé un de ses collègues. Tobi savait-il au moins dans quel chemin épineux il s'engouffrait ? Je voyais la mine de mon ancien chef changer radicalement et ses poings se serrer jusqu'à faire craquer ses os.
« Tu veux m'en mettre une ? Poursuivit Tobi sur un ton provocateur. Tu es sur la sellette et ce serait vraiment dommage que l'une des caméras de ce hall ne capture un prétexte parfait pour te licencier une bonne fois pour toutes... »
Kakuzu détourna la tête pour en effet constater que le hall tout entier était sous vidéosurveillance. Il soupira profondément puis s'engouffra dans l'ascenseur sans mot dire.
« Mais pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Il va vraiment t'en coller une, tu sais ? Lui dis-je avec inquiétude.
— Eh bien au moins, son sort sera scellé. Il sait que sa situation est extrêmement tendue à l'heure actuelle alors crois-moi, il ne fera rien. Allons-y, je n'ai pas envie d'avoir à te porter jusqu'à ma voiture... »
J'aurais voulu m'excuser mais le moment me parut inapproprié sans oublier que mon courage m'avait abandonné entre temps. Étonnamment, je me sentais comme rassuré à ses côtés, apaisé et en sécurité. Pourquoi cette bête pensée me traversait-elle l'esprit tout à coup ?
Le trajet jusque chez moi se déroula dans un calme absolu. Mon regard s'était fixé par la fenêtre, observant le paysage urbain défiler devant mes yeux. Mon esprit s'était comme vidé et semblait avoir retrouvé une part de sérénité si bien que je finis par m'endormir. Heureusement, il avait eu le réflexe d'entrer mon adresse sur son GPS avant de prendre la route...
« Hey, on est arrivé, réveille-toi, fit-il en me secouant doucement.
— Oh euh... Je me suis endormi ? Pardon...
— Pas la peine de t'excuser... »
Craignant que je ne m'effondre dans les escaliers, il me raccompagna jusque chez moi puis s'inclina pour me saluer lorsqu'il fut assuré que j'étais en sécurité.
« Entre, lui dis-je en ouvrant la porte davantage. Tu es venu jusqu'ici, c'est la moindre des choses que je te fasse entrer...
— Vraiment ? Hum. D'accord. »
Je le fis s'installer dans mon salon et lui proposa du thé qu'il accepta volontiers. Je le vis scruter les alentours le temps que je m'occupe de chauffer l'eau.
« Tu as une famille nombreuse, commenta-t-il.
— Hein ? Non, j'ai un frère jumeau mais c'est tout... Pourquoi tu dis ça ? Je n'ai même pas de photos affichées chez moi... Oh... »
D'un air malicieux, il désigna... ma collection de cactus qui décorait plusieurs meubles de mon salon. Certaines étaient plutôt rares et étaient ornées de fleurs aux couleurs vives. J'affectionnais tout particulièrement mes plantes... Mais pourquoi me faisait-il encore une de ses blagues vaseuses ?
« Hey Tobi... dis-je d'une voix basse. Pourquoi est-ce que tu t'acharnes comme ça sur moi ? Tu n'embêtes jamais les autres comme ça alors pourquoi moi ? Arf... Je suis désolé... Ce n'est pas ce que je devrais te dire là... Je t'ai dit des choses très désagréables tout à l'heure mais sache que je n'en pense rien, je suis sincèrement désolé. Je me suis laissé emporter après ma rencontre avec Kakuzu et ce fichu ascenseur m'a fichu une belle frousse... J'espère... Que tu me pardonneras... »
Tobi s'était détourné et m'observait silencieusement tandis que j'apportais les tasses de thé. Les déposant sur la table basse, je vis qu'il ne me lâchait pas du regard si bien que je me sentis gêné d'être ainsi dévisagé. Mais je décidai de ne pas fuir une nouvelle fois une situation pénible et continuai dans ma lancée.
« A priori, tu es au courant de mon histoire avec Kakuzu donc...
— Non, je n'en avais aucune idée, fit-il en haussant les épaules. Je savais que tu bossais pour lui avant et je savais que tu revenais d'un long arrêt maladie. J'ai juste tiré mes conclusions en voyant son comportement à midi, ni plus ni moins.
— Vraiment ? M'étonnai-je face à sa perspicacité.
— Oui, j'ai entendu parler de sa réputation aussi donc rien d'étonnant là-dedans... Donc Kakuzu t'a poussé à bout. Je comprends mieux certaines choses maintenant. Tu es quelqu'un de si calme et patient, je suis étonné qu'il ait réussi à te pousser dans tes derniers retranchements... Ça a dû être une période difficile pour toi mais sache que je ferai tout mon possible pour te faire oublier ça !
— Q... Quoi ? Balbutiai-je en manquant de recracher ma boisson.
— Ah... Euh... Je t'aiderai de mon mieux au travail... hésita-t-il en se grattant l'arrière du crâne en riant nerveusement.
— Merci, j'apprécie mais ne te prends pas trop la tête pour moi, tu sais... dis-je perplexe concernant ses motivations. Oh, j'y pense ! Mon frère m'a envoyé des petits gâteaux de ma région, tu veux les goûter ? Je vais chercher la boîte ! »
Me retirant dans le coin cuisine avec ce bien pitoyable prétexte pour apaiser cette étrange tension et surtout, éloigner l'étrange regard bien fixe qu'il posait sur moi depuis qu'il avait passé la porte de mon appartement.
J'attrapai la boîte en question puis pris le temps de les disposer sur une jolie assiette avant de me détourner et... de faire face à Tobi qui se tenait juste dans mon dos sans que je ne l'aie entendu approcher. Sursautant de surprise, je manquai de renverser mon assiette mais ce fut mon collègue qui la rattrapa de justesse et la reposa sur le plan de travail tout en restant très proche de moi.
« Dis-moi, tu vis seul ici ?
— Euh oui ? Parfois mon frère vient passer ses vacances ici mais en dehors de ça, non... Pourquoi ?
— Bien. »
Sa main se leva et vint se poser contre mon visage tandis que celui-ci s'empourprait violemment. A quoi est-ce qu'il jouait cette fois? Mon cœur se mit à battre à tout rompre tandis que je sentis mon corps se raidir de stupeur. Son visage s'approcha du mien et ses yeux se fermèrent mais moi, je gardais les miens totalement écarquillés... Ses lèvres vinrent se coller sur les miennes avec douceur. Avec quoi ? Non, non... Enfin si... J'eus l'impression que je n'avais jamais rien reçu de si doux de toute mon existence... Ses mains vinrent effleurer mes hanches puis caresser mon dos avec tendresse, m'attirant tout contre lui.
Mais alors que son baiser commençait à s'intensifier, j'eus le réflexe de le repousser et de le lorgner avec méfiance : il s'agissait de Tobi, le type qui passait son temps à se moquer de moi, de mon physique et de mes préférences ! Était-ce là une nouvelle blague de mauvais goût de sa part ? Surpris, il hocha la tête sur le côté et afficha une moue déçue.
« Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Demandai-je en posant ma main contre mes lèvres.
— Ça me semble évident, non ? Répondit-il en haussant les épaules.
— Tu passes ton temps à te moquer de moi au bureau alors pourquoi ce revirement de situation tout à coup ? Lançai-je piqué au vif.
— Ce ne sont que des boutades... souffla-t-il en plongeant son regard sombre dans le mien. A vrai dire, tu es si sérieux que je ne savais pas trop comment t'approcher. Ce n'était pas forcément la méthode la plus efficace mais tu as fini par me laisser un petit peu de place, c'est comme ça que j'ai appris à te découvrir. Tu passes pour quelqu'un de calme et posé mais tu es surtout très anxieux et méfiant mais j'imagine que c'est en partie lié à Kakuzu.
— Des boutades... J'ai trouvé ça humiliant... Tu aurais pu rester toi-même et venir me parler directement, ça aurait été plus simple.
— Quand j'ai compris la vérité au sujet de Kakuzu, expliqua-t-il dans une soudaine colère froide. J'ai eu envie d'aller lui en coller une, pour être honnête. Pire encore en voyant dans quel état tu te mets à cause de lui.
— Ah... Ah bon ? Bredouillai-je étonné.
— Oui, j'ai l'impression d'avoir aimé chaque petite facette de ta personnalité que j'ai découverte à mesure que l'on faisait connaissance et le voir te briser ainsi... Je ne peux pas l'accepter et je veux te protéger contre lui. Je ne veux plus jamais voir de la peur ou de la peine dans ton regard par sa faute et je suis prêt à tout pour te préserver de lui.
— Oh... Wow... » bafouillai-je en me détournant un peu pour tenter d'encaisser son discours sans me sentir submergé.
Tobi venait de me sentir un grand discours qui me surprit grandement venant de sa part. J'ignorais totalement qu'il ressentait tout cela pour moi mais le pire dans tout ça était mon propre ressenti à l'écoute de sa déclaration. Je sentais mon cœur battre à la chamade dans ma poitrine, non pas de cette maudite peur qui pouvait souvent me tenailler, non, il me sembla battre d'allégresse cette fois-ci. J'avais ce sentiment de béatitude que j'avais ressenti plus tôt lorsque j'étais près de lui et le simple souvenir de ses lèvres contre les miennes me faisait frémir. Ma main s'était plaquée fortement contre ma bouche, comme si je craignais d'en oublier la saveur...
Après m'avoir observé un moment, Tobi finit par s'approcher de moi et attrapa la main appuyée contre mon visage, l'embrassa tendrement puis, ne voyant aucune résistance de ma part, il s'empara une nouvelle fois de mes lèvres avec avidité, comme s'il attendait cet instant depuis une éternité. Ses mains s'aventurèrent de nouveau contre mon dos et s'enfilèrent rapidement sous mon pull, m'indiquant qu'il ne souhaitait pas en rester là...
Trois mois plus tard, j'eus la confirmation officielle que j'étais désormais tiré d'affaire bien que je doive rester prudent car nul n'était à l'abri d'une rechute en cas de coup dur. J'avais toujours des hauts et des bas mais je sentais bien que je regardais désormais ma vie d'un œil neuf, faisant mon possible pour savourer chaque instant de mon existence.
Tobi était d'un soutien sans faille. Bien qu'il s'amusait toujours avec ses blagues vaseuses, il se montrait terriblement attentionné envers moi et toujours à l'écoute quand le besoin de parler se faisait ressentir. Il m'avait grandement aidé à remonter la pente au point que le fait de croiser Kakuzu dans un couloir ne me provoquait plus ce malaise intense qui me tenaillait autrefois.
Ma relation avec Tobi était cependant restée secrète pour une grande majorité de mes collègues en dehors de Konan et Deidara. Le monde du travail n'était pas très enclin à voir ces couples entre collègues se former et dans notre culture, il était préférable de se montrer discret sur notre vie privée.
Un jour, je marchais aux côtés de Tobi dans le couloir. Nous étions en train déplacer des piles de brochures pour les mettre à disposition des visiteurs à l'accueil tout en conservant un stock dans un placard à proximité pour recharger la borne. Nous étions en train de discuter lorsque Kakuzu apparut dans le couloir face à nous. Je feignis de l'ignorer cependant, il ne le vit pas de cet œil et esquissa un sourire mauvais avant de me donner un violent coup d'épaule qui me déséquilibra et me fit chuter avec ma pile de brochures qui s'étala dans tout le couloir.
« Hey, excuse-toi ! Tonna Tobi en m'aidant à me relever.
— T'es qui pour me donner des ordres, morveux ? Aboya Kakuzu en venant se placer face à lui.
— Et toi, tu te prends pour qui à pousser tes collègues comme ça ? S'écria-t-il en s'approchant davantage.
— Laisse tomber, fis-je à Tobi en essayant de le tirer vers moi.
— Non ! Cette fois-ci, ça ne va pas se passer comme ça !
— On dirait que le fragile s'est trouvé un brave petit toutou, ha ha ! Vu le nombre de fois que je l'ai vu te suivre chez toi, nul doute concernant le genre de relation que vous entretenez...
— On s'est mal compris, Tobi : laisse tomber, je m'en occupe, insistai-je en repoussant mon partenaire derrière moi. C'est bien, cette fois-ci, tu as fait attention à ne pas te faire prendre par une caméra mais il semble que tu aies oublié que les bureaux étaient vitrés, inclus celui de l'informatique. Vu les têtes que font Pein et Sasori là derrière, je ne doute pas qu'ils n'aient pas manqué une seule miette de ce qu'il s'est passé. Entre les témoignages à la pelle et les images des caméras sur tout ce que tu as pu faire jusqu'à aujourd'hui, je pense qu'il y a de quoi monter un bon dossier en vue de ton licenciement. Donc je te laisse le choix : soit tu continues dans ta lancée et tu ne fais pas de vieux os ici, soit tu oublies jusqu'à mon existence et je te fous la paix. N'oublie pas qu'à l'origine, tu n'as ni les diplômes ni l'expérience suffisante pour postuler à une place similaire dans une autre entreprise. En d'autres termes, tu te fais licencier, tu gagneras forcément moins ailleurs. Ce serait tout de même bien triste pour un radin dans ton genre, tu ne crois pas ? Bien, je te laisse réfléchir à tout cela et opter pour la solution qui te semblera la plus appropriée. »
Durant mon discours, Kakuzu était resté interdit : bercé entre une colère froide et la crainte que je n'aille rajouter des faits à son dossier déjà bien lourd du fait de notre passé commun à la comptabilité. Ravalant sa fierté et sa rage lisible dans son regard, il finit par fermer les yeux un moment puis s'incliner légèrement vers l'avant pour indiquer son approbation.
Désormais, je refusais de me laisser marcher sur les pieds et aux côtés de Tobi, j'avais l'impression qu'il me donnait ce courage dont j'avais cruellement manqué durant toutes ces années. Il n'avait rien eu besoin de dire, sa seule présence m'avait donné l'assurance dont j'avais besoin pour affronter mes peurs et surtout, affronter Kakuzu une bonne fois pour toutes.
Effectivement, suite à cela, Kakuzu avait cessé de m'importuner et évitait même de croiser mon regard lorsque l'on se retrouvait à proximité. Suite à notre dernière altercation, Tobi m'avait avoué qu'il avait été impressionné que je lui aie tenu tête de la sorte et m'avait assuré que cela m'apporterait certainement la tranquillité que j'avais tant recherchée. Désormais, je pouvais enfin apprécier mon travail à sa juste valeur, sans stress ni crainte et avec Tobi à mes côtés, je savais qu'un avenir radieux se préparait pour nous...
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