Les nomades profitaient de leur séjour chez les Piafs afin de se ravitailler en ressources et en équipements adéquates à la reprise de leur voyage. Rosa auscultait ses patients minutieusement et disposait de sa propre salle d'examen dans le village, Hawks laissait ses invités s'installer convenablement, bien que le peuple Piaf dévisageait souvent Sada à cause de son apparence. Ils ne voyaient aucun danger auprès d'elle, mais l'image revenait fortement à accueillir le renard dans le poulailler. C'était une ironie qui les faisait sourire.

Peu après midi, le groupe était réuni dans la taverne pour discuter et tous dévisageaient Sada, ahuris.

- Qu'on s'installe dans ton village natal ??? s'écrie Midoriya en s'étouffant avec son bol de riz.

- Bah oui, répond la kitsune sans comprendre le problème.

- T-Tu es sûre Shiro-chan ?? demande Mina. Ca ne te rendra pas triste...?

La brune sourit avec bienveillance.

- Bien sûr que ça me fera un pincement au coeur de retourner là bas. J'y ai laissé tous mes souvenirs derrière moi, mais on ne peut pas changer le passé. Je veux reconstruire mon village pour honorer la mémoire de mes proches et ça me ferait plaisir de vous offrir une terre fertile et prospère où vous pourrez vivre en toute tranquillité.

- "Tranquille"... soulève Katsuki, peu convaincu. Jusqu'à ce que les démons reviennent encore une fois.

- Mon village n'a pas eu le temps de se défendre et on était pas des guerriers. Il est plus facile de s'en prendre à des gens faible et n'ayant aucun notion de combat que de confronter une communauté de personnes instruites dans le domaine et avec de l'expérience.

- J'avoue qu'on est des durs à cuire, frime Kirishima. Et puis on a tout, stratégie, force et courage ! Je suis pour !

- Meh, j'aime bien l'aventure mais c'est agréable d'avoir un chez-soi aussi, s'étire Denki en souriant.

- Mina-chan pourra accoucher tranquillement et vous deux, vous pourrez vous marier ! dit Toru en désignant Sada et Katsuki.

Le dragonnier manque de s'étouffer avec son gobelet tandis que la kitsune virait au rouge en moins de deux secondes en secouant les mains.

- M-Mais qu'est-ce que tu racontes ??? nie Sada. On est pas...! Enfin c'est à dire que--

- Y'A RIEN ENTRE NOUS !! hurle Bakugou, tout rouge.

- Moui bien sûr... marmonne le groupe en choeur, blasés.

- Kacchan, se marier...? pense Midoriya, visualisant difficilement son ami se marier un jour.

- TU M'EN CROIS PAS CAPABLE DEKU DE MES DEUX ?!!

- Non ce n'est pas ce que je voulais dire ! panique le vert. C-Ca me fait juste bizarre que tu puisses...!

- C'EST UN DEFI ?!!! ALORS OUVRE GRAND TES OREILLES COUILLON !!! 

Sada sursaute en voyant le dragonnier se tourner brusquement vers elle, les oreilles rougies sous ses mèches blondes.

- TOI AUSSI ECOUTE MOI OK ?! JE LE REPETERAI PAS !! hurle-t-il.

- Heu... Katsuki...?

Tout le monde restait muet en attendant sa "déclaration", mais Katsuki restait figé, la mâchoire contractée, en fixant les yeux de la brune qui rougissait de plus en plus alors que son coeur manquait de rompre à tout moment. Le dragonnier ouvrait plusieurs fois la bouche pour s'élancer mais aucun son ne sortait malgré lui, ce qui l'énervait encore plus. Sada serrait son bol entre ses doigts, les lèvres brûlantes bien que tremblantes, et déglutissait difficilement.

- ... J'te le demanderai en temps voulu ok ?! se rétracte-t-il en tournant la tête, le visage rouge pivoine.

<< MAIS NAN !!! >> hurle leurs amis au fond de leurs pensées, déçus.

- Heu... De quoi ? rit Sada nerveusement en faisant semblant de ne pas comprendre.

- RIEN, OUBLIE !!

Le dragonnier quitte le cercle des nomades avant de disparaitre dans le village, frustré. Les filles fusillaient la brune du regard, dont Tsuyu donnant un coup de coude dans son bras.

- Quoi ?

- Tu le fais exprès ? sermonne Toru.

- Heu...

- Shiro-chan, on a bien vu votre petit jeu à tous les deux, grogne Mina. C'est quand même dommage de pas en profiter pour vous rapprocher.

- Aaah je vous imagine bien ensemble, avec des minis Bakugou qui gambadent partout ! rêve Toru.

- Quoi-- C-C'est pas un peu tôt pour penser à ça ??? rougit la brune.

- Ah ? Tu ne nies pas avoir des sentiments pour Bakugou ? appuie Uraraka.

- Toi, règle tes comptes avec Midoriya et on en reparle.

La magicienne rougit en sachant que le vert avait entendu et rougissait à son tour, le nez plongé dans son bol pour se cacher.

- Tu as la même répartie que Bakugou-chan, remarque Tsuyu. Vos enfants seront des petits monstres, kero.

- Alors qu'est-ce que vous attendez pour assumer vos sentiments ?? râle Mina.

- Rah mais laissez la les filles ! souffle Kyoka, agacée. Vous lui foutez la pression pour rien là.

Sada fronce les sourcils avant de sourire tristement. Même s'ils le voulaient, leur destin serait tragique...

Le soir venu, tout le monde regagnait les bains après une journée bien remplie. Sada venait de sortir en séchant ses cheveux ainsi que ses oreilles, avant de pivoter vers le marché du soir, beaucoup plus animé qu'en journée. Les étalages illuminaient l'allée principale et les bonnes odeurs de nourriture remplissaient les poumons des clients. La kitsune s'approche, au bout de quelques minutes de marche, d'un présentoir à joyaux magnifiques, dont les pierres avaient des vertus diverses et variées montées en bijoux.

- Bonsoir mam'selle ! salue le marchand. Choisissez ce qui vous plait !

- C'est difficile de me décider, tout est si joli mais... je n'ai pas ma bourse sur moi, désolé.

- Mah, c'est gratuit pour vous. Cadeau d'honneur puisque vous êtes l'invitée de Hawks ! Surtout, choisissez le joyau qui vous correspond le mieux, chaque pierre est unique et propre à son porteur.

- Bon d'accord.

En réalité, Sada avait déjà choisi son joyau porte bonheur. Elle sourit en prenant un collier décoré d'un rubis brut.

- Je vais prendre celui là.

- Très bon choix, ce rubis vous protègera de tous les dangers !

- Qu'est-ce qu'il représente d'autre ? demande-t-elle, fascinée par la couleur vive du joyau à travers la lumière.

- Le rubis est souvent synonyme de courage et de force du coeur, explique le marchand. Le rouge symbolise l'amour éternel également. Si quelqu'un habite votre coeur, alors vous n'avez plus besoin d'en douter.

Sada regarde à nouveau le bijou avant de le serrer contre son coeur. Ce que le marchand ne disait pas, c'était que le rubis avait des vertus également sur la santé de son porteur, comme la régularisation cardiaque ou sanguine, et donc calmait l'angoisse à haute échelle.

- Monsieur, je peux vous conseiller ? sourit le marchand en levant la tête.

- J'ai une tête à porter des colliers pour filles ? grogne Katsuki, juste derrière Sada.

Cette dernière sursaute en cachant son achat dans ses mains, ce qui n'a pas échapper à son dragonnier qui penche la tête.

- J-Je croyais que tu étais rentré te coucher...

- Pas sommeil. T'as acheté quoi ?

- Oh pas grand chose, je regardais seulement...

- Bah montre.

Impatient, il saisit son poignet avant de regarder le contenu de sa main serrant fortement le joyau. Katsuki arque un sourcil.

- Pourquoi tu le caches ? Tu l'as volé ou quoi ?

- Pas du tout ! Le monsieur me l'a offert...

- ... Hm.

Il s'empare ensuite du bijou en contournant la brune, puis le passe autour de son cou en prenant soin de bien serrer l'attache afin d'éviter de le perdre. Sada restait fixe en relevant légèrement sa chevelure pendant qu'il lui attachait ce collier.

- Merci... dit-elle tout bas.

- T'as faim ? demande-t-il en regardant ailleurs.

- Je...

Le dragonnier tique avant d'empoigner sa main et la diriger vers les stands culinaires, pris d'une patience quasiment inexistante.

- Eh ??? Mais je peux attendre--

- Regarde toi, t'es trop maigre ! grogne-t-il en lui coinçant un bout de viande entre les dents. Alors tais toi et mange autant que tu veux !

Sada croque inconsciemment dans la viande et mâche lentement en identifiant les saveurs, avant de manger un deuxième morceau encore chaud. Katsuki grignotait en tenant le bol épicé, avant de payer leur consommation. La brune lui donne une tape sur l'épaule.

- Qui t'a dit de payer ?

- Oh la ferme.

- Tch ! peste-t-elle. Tu manges quoi ? Je peux goûter ?

- Bas les pattes !

Il lève le bol au dessus de leur tête, mais la kitsune visait plutôt la nourriture que le dragonnier était en train de mâcher. Une brochette panée et croustillante fraichement trempée dans une sauce pimentée. Sada se dépêche alors d'approcher sa bouche de la sienne avant d'en croquer un bout, puis s'éloigne aussi vite qu'elle ne s'est approchée.

- Hmm ch'est bon auchi ! mâchouille-t-elle. T'en as d'autres ?

Katsuki la fixait, le visage en feu, sans encore prendre conscience de son approche.

- ... Kat' ?

- Heu... bégaye-t-il.

- Hé ho ? secoue-t-elle la main devant ses yeux.

Ce dernier sursaute avant d'éclater en colère, fidèle à lui même.

- TU M'AS VOLE MA BROCHETTE !!!

- Arrête de crier !

- REMBOURSE MOI !!

- Tu as aussi mangé ma part et j'ai partagé avec toi !

- MAIS J'AI PAYE !!

- Je ne t'ai pas demandé non plus !!

- Je vais te--!!!

- Une pomme d'amour m'sieur dames ? propose le marchand.

- TOI LA FERME !!!

- Ah oui, je veux bien ! sourit Sada en prenant la baguette sucrée. C'est lui qui paye.

- QUOI ?!!

Après avoir profité du marché de nuit, ces deux là n'avaient pas meilleur moment tranquille, sans personne pour les déranger, posés côte à côte sur une colline où admirer les étoiles. Sada savourait encore sa pomme d'amour tandis que le dragonnier râlait intérieurement de l'avoir tout de même payé. Toutefois, il s'était permis d'acheter une bouteille de saké pour lutter contre l'insomnie.

- C'est bon ça ? demande Sada en regardant sa coupelle.

- C'est de l'alcool.

Katsuki boit cul sec avant de se resservir.

- Je peux goûter ?

- T'es sérieuse, t'en as jamais bu ??

- Disons que mes proches n'étaient pas de grands buveurs...

Un ange passe alors qu'ils se regardaient dans le blanc des yeux, puis le dragonnier lui tend alors sa coupelle.

- Une gorgée. Si c'est trop fort, recrache.

Sada trempe ses lèvres dans l'alcool avec appréhension afin d'en juger le goût.

- C'est bon ! sourit-elle.

- Une seule gorgée, rappelle Katsuki en reprenant sa coupelle.

- Pff... Pourquoi ?

- Tu sais pas que l'alcool rend saoul ?!

- Duh, tu me prends pour une inculte ou quoi ?! Mais c'est du saké, je boirai pas toute la bouteille !

- C'est non ! Je sais même pas si tu tiens l'alcool !

- Tu veux parier ? provoque-t-elle.

- Bien tenté, mais non. J'ai pas envie de te trainer jusqu'à l'auberge.

- Pff... Qu'est-ce que ça fait au pire ?

- Les autres vont encore nous faire chier pour savoir si on a...!! Si on a... Enfin tu vois !

Katsuki tourne la tête.

- J'ai pas envie d'avoir à me justifier, grogne-t-il. Ils ont vite tendance à s'imaginer des trucs chelous, je les connais.

Voilà pourquoi il était si difficile de piéger Bakugou Katsuki. Ce dragonnier était tout sauf idiot et pouvait se faire la question et la réponse sans réfléchir. Ses intuitions tombaient souvent justes. Sada baisse les yeux un instant, pensive, puis cale sa tête contre l'épaule de son guerrier en regardant l'étendue du village illuminé.

- ... Tu sais... commence-t-elle d'une voix douce. J'aimerais pouvoir profiter de ce moment pour dire des choses qui me tiennent à coeur... J'aimerais pouvoir ne plus le cacher, mais tu sais aussi bien que moi ce qui arrivera...

- Je m'en fous de conséquences.

- Huh ?

- Même si ça en a l'air, pour moi c'est pas le bon moment.

- Pour quoi ?

- Pour te demander un truc.

Sada lève la tête en cherchant son regard, comprenant immédiatement où il voulait en venir. Seulement devoir se taire pour se protéger mutuellement, c'était douloureux.

- Tu connais ma réponse... dit-elle tristement.

- Je sais, mais je te demande juste d'attendre encore.

- Je veux pouvoir te le dire... Je sais, je n'ai pas le droit et je dois refouler mes sentiments, mais c'est plus fort que moi. Je ne sais pas si je tiendrai... J'ai peur de te condamner si je le fais, tu connais la sentence.

Le dragonnier ne dit rien et couvre la kitsune dans sa veste pour la ramener contre lui. Tous deux connaissaient les sentiments de l'autre, il n'avaient pas le droit de l'acclamer à voix haute. Ils ne pouvaient que se cacher et se taire. Sada se blottit davantage en fermant les yeux, alors que sa forme animale disparaissait lentement. Nul besoin de poser des mots sur leurs sentiments, car un seul regard, ils s'étaient tout dit...

À suivre...

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Refouler ses sentiments pour protéger la personne qu'on aime, ça fait mal...