Aussitôt séchée et changée, vêtue d'un hakama gris aux motifs de grues cendrées et de nénuphars blancs, Sada se précipite en toute hâte vers la chambre commune où elle retrouve le groupe entourant le futon de Bakugou, faible au teint pâle. Son bandage au pectoral gauche rougissait, ses sutures avaient lâché dans la nuit. Il avait donc perdu beaucoup de sang dans son sommeil, sans alerter personne.

- Il est brûlant de fièvre... analyse Sero, une main posée sur son front.

Sada se sentait responsable de son état, elle se souvenait de la vieille où elle l'avait repoussé en appuyant sur sa plaie par mégarde. Son coup a dû fragiliser ses soins délicats. Midoriya tenait fébrilement la main de son ami dans l'espoir de recueillir un réflexe de sa part, tandis que Sero assistait le médecin attitré de la famille impériale, Rosa, une grande femme d'une cinquantaine d'années aux cheveux roses sakura et aux durs yeux noisettes, reconnue dans la région pour son expertise en médecine et surtout en opération chirurgicale. Elle prenait la tension du dragonnier en ordonnant au groupe de quitter la pièce. Rester planté là, autour de lui comme s'il allait bientôt mourir, c'était fort déplacé.

- Approche gamine, ordonne-t-elle dans un ton autoritaire.

Sada déglutit en obéissant, s'attendant à recevoir des reproches, avant d'avoir la surprise de voir la femme médecin lui donner la boite de premiers soins équipée de fil et d'une aiguille.

- Je vais désinfecter et nettoyer la plaie. Tout de suite après moi, refais les points exactement comme la première fois, mais plus solide.

La brune tournait machinalement les yeux vers le dragonnier dont le souffle était compliqué. Non seulement à cause de la fièvre mais sûrement aussi à cause de la douleur en sa poitrine, il peinait à respirer correctement. Il ne réagissait pas non plus aux tests de réflexe que Rosa exerçait sur les centres nerveux. Il était beaucoup trop faible pour faire le moindre geste.

- Tu n'es qu'un idiot... jure-t-elle entre ses dents, lui en voulant de ne pas avoir demandé de l'aide.

Elle s'agenouille donc aux côtés de la femme en gardant la boite sur ses cuisses, l'observant dans son opération, pendant que le reste du groupe patientait dans le couloir, nerveux. Kirishima faisait les cent pas, le stress faisait sautiller la jambe de Midoriya qui fixait la porte en silence, Shoto venait cependant d'arriver avec Yaomomo.

- Est-ce qu'il va s'en sortir...? demande Momo, inquiète.

- Oui, répond vivement Midoriya. Oui, il ira mieux.

Uraraka pose une main de soutien sur son épaule.

- Il faut qu'il aille mieux ! angoisse Kirishima. On partira pas sans lui...

- Rosa est un excellent médecin, rassure Shoto. Et connaissant Bakugou, c'est sûr qu'il ira mieux.

- Elle n'a pas l'air commode quand même... soulève Denki avant de se prendre un coup derrière la tête. Aie !

- Reste poli...! gronde Kyoka.

- Elle était la marraine de mon frère, précise le prince.

- Natsuo-senpai ? demande Midoriya, étonné qu'un aussi fort caractère puisse être la marraine d'un prince adorable et sociable.

- Non. Mon frère aîné. C'est normal que personne ne le connaisse ici, il est décédé il y a longtemps.

- Ah c'est pour ça... murmure Mina.

- Désolé Todoroki... s'excuse Midoriya en baissant la tête. J'ai gaffé...

Mais Shoto secoue la tête.

- Ce n'est rien, tu ne pouvais pas savoir. Bref, tout ça pour dire que Rosa est avec nous depuis des années, j'ai confiance en ses compétences.

Un peu plus tard où l'heure du repas est passée, Sada s'occupait encore de Bakugou qui n'avait pas encore repris connaissance. Elle terminait tout juste de resserrer le bandage autour de sa poitrine, après avoir protégé ses points avec du coton, puis couvre son corps jusqu'à la taille. Rosa est sortie afin d'informer les autres de le laisser se reposer et les rassurer de son état en amélioration, malgré la fièvre.

Sada ferme silencieusement la boite pharmaceutique et la décale pour s'installer auprès de Katsuki. Elle voulait s'assurer qu'il se rétablisse correctement sans manquer d'aggraver son état. Après un bref instant d'hésitation, elle approche sa main de sa tête et caresse son front chaud, puis cale son front sur le sien pour en juger la température en relevant ses cheveux.

- Désolé... murmure-t-elle en se redressant. C'est ma faute, si je ne t'avais pas frappé à cet endroit là tu ne serais pas comme ça... Mais franchement Bakugou, pourquoi tu n'as pas appelé quelqu'un...?

- ... au...

- Huh ? Tu es réveillé ?? se rapproche-t-elle de son visage.

- De l'eau... prononce-t-il faiblement.

Sada se dépêche d'attraper la carafe d'eau et lui servir un verre. Elle relève doucement sa tête en l'aidant à boire.

- Fais doucement...

Mais le dragonnier s'étouffait à la dernière gorgée et l'eau débordait au coin de ses lèvres. La brune l'aidait à tousser en massant sa gorge afin de fluidifier sa trachée.

- Comment tu te sens...?

Il ne disait rien et se contentait d'ouvrir péniblement les yeux, encore dans les vapes à cause de la fièvre. Il fixait attentivement les yeux de Sada en s'attendant à les voir changer d'aspect. Ce qu'il a découvert la veille tournait en boucle dans sa tête, comme s'il avait imaginé sa vision, mais il était certain de ne pas avoir halluciné. Alors qu'elle approchait sa main de son front pour le lui éponger, Katsuki empoigne brusquement son bras et la plaque sur le futon en l'immobilisant avec le peu de forces qu'il réservait.

- Qu'est-ce--???

- Dis moi la vérité, grogne-t-il en resserrant sa prise sur ses poignets.

- Quoi ??

- T'es un démon n'est-ce pas ?!

- N-Non !

- Me prends pas pour un con !!

Pris de vertiges, il vacillait légèrement au dessus d'elle. La fièvre prenait le dessus... Sada libère fébrilement son poignet pour le soutenir.

- K-Kat--Bakugou, tu... Tu as de la fièvre, rallonge toi--

Mais le dragonnier empoigne sa gorge de sa main libre, sans l'étrangler mais en gardant une certaine fermeté dans ses doigts.

- T'insinues que j'ai halluciné...?! tousse-t-il légèrement. Je sais ce que j'ai vu hier soir !

- Mais qu'est-ce que tu as vu ?? panique-t-elle en n'osant plus bouger.

- Tes yeux putain ! Ils ont changé de couleur !!

Le coeur de la soldate s'affolait horriblement. Comment garder le secret plus longtemps ? Devait-elle dire la vérité, au risque d'être tuée sur le champ ? Katsuki est loin d'être le dernier des idiots, hélas pour elle. Néanmoins, il était bien trop faible pour obtenir des réponses à ses questions et s'écroulait alors sur l'épaule de Sada, à bout de forces. Coincée sous son corps, cette dernière restait figée en ayant cru un bref instant devoir dévoiler son identité véritable.

- ... Bakugou...? tremble-t-elle.

Le dragonnier était de nouveau dans le vapes et le poids de son corps étouffait la brune qui se décalait avec précautions sur le côté, avant de le rallonger correctement et le couvre d'une autre couverture plus chaude, prenant aussi le temps de calmer son angoisse.

Plusieurs heures défilent et Katsuki ne s'est plus réveillé. La fièvre continuait de grimper à en faire détraquer le thermomètre. Après des jours entiers dans le froid, la fatigue et ses blessures, il avait tous les éléments pour tomber malade.

Le crépuscule colorait le ciel dans les tons chauds, Sada n'avait quitté son chevet une seule fois, de plus en plus inquiète de son état grave. Les nomades prenaient des nouvelles toutes les deux heures, déjà impatients de repartir avec leur ami. Une domestique du palais se présente avec un plateau de mets locaux et équilibrés pour faciliter la guérison du patient.

- Vous avez besoin d'aide pour le nourrir Mademoiselle...?

- Non ça ira, merci, sourit Sada avant de se pencher au dessus de Katsuki. Bakugou, réveille toi...

Il fronce les sourcils sans arriver à ouvrir les yeux.

- Il faut que tu manges... murmure-t-elle en prenant l'assiette de viande, soulevant légèrement sa tête.

Délicatement, elle déposait un morceau entre ses dents en veillant à ne pas le laisser s'étouffer. Il mâchait faiblement la viande qu'il peinait à avaler. Sada se pince la lèvre avant de reprendre le morceau, le couper avec les dents et le mâcher à sa place, avant de s'approcher de la bouche du dragonnier et le nourrir ainsi. Katsuki sursaute en se crispant légèrement, puis avale le contenu glissant dans sa bouche.

- Désolée, je n'ai pas le choix... soupire-t-elle avant de mâcher l'autre moitié de la viande.

La gorge du dragonnier devait être irritée, il avait visiblement des difficultés à avaler les aliments. Au risque d'un malentendu d'un baiser qui n'a pas lieu d'être, Sada le nourrissait ainsi sans se soucier de qui pourrait débarquer dans la chambre à tout moment.

Au beau milieu de la nuit, Katsuki se réveille brusquement avec une toux nerveuse. Il attrapait la carafe d'eau fraichement remplie en manquant de la renverser dans la hâte de l'action, avant de voir plusieurs gorgées. Sa fièvre avait un peu diminué, heureusement.

Puis il scrutait la chambre éclairée par le clair de lune, plongée dans le silence, avant de tourner la tête à sa gauche et y trouver la soldate emmitouflée dans une fourrure épaisse, recroquevillée sur elle même. Elle dormait profondément à même le plancher, épuisée de la journée de veille. Plus les jours passaient, plus sa beauté se dévoilait, de jour comme de nuit, et sa bienveillance envers ses amis n'avait pas d'égal. Katsuki devait l'avouer, elle lui avait sauvé la vie, mais ne savait pas comment exprimer un semblant de gratitude.

- Tch... Idiote, tu vas choper la crève à dormir par terre... peste-t-il doucement.

Il balaye alors son regard dans la pièce en cherchant une solution au problème, puis passe ses mains sous ses jambes avant de la porter dans ses bras et dérouler un autre futon propre avec le pied. Il s'étonnait de son si petit poids. Elle était si légère qu'il ne sentait presque rien. Cependant, il n'avait pas remarqué que Sada était réveillée et avait la tête calée contre sa poitrine alors qu'il préparait son futon. Ses joues chauffaient en écoutant les battements puissants de son coeur contre son oreille, tandis que le sien commençait à suivre le rythme. Elle sentait la force soudaine de ses bras et son souffle chaud.

<< Son odeur... >> pense-t-elle, toute rouge.

Aussitôt, elle se mordait la lèvre en sentant ses crocs démoniaques s'allonger. Lorsqu'un démon éprouve un fort sentiment, il sécrète une phéromone particulière et ses instincts s'éveillent, presque au même titre qu'un animal en chaleur. Dans le cas d'une demi humaine, ses sens étaient contradictoires, mais le parfum du dragonnier la rendait nerveuse.

Il la déposait enfin sur le futon encore frais et la couvrait discrètement en rajoutant sa couverture par dessus la fourrure, avant de se recoucher en lui tournant le dos.

Sada ouvre les yeux qui ont changé d'aspect et brillaient dans la nuit. Une vision de quoi traumatiser les enfants néanmoins... Elle ne voulait pas faire de mal au dragonnier teigneux, mais était fortement attirée par un désir qu'elle ressentait pour la première fois de sa vie.

À suivre...

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À force de l'inclure dans mes histoires, je pense que Rosa fera officiellement partie de mes OC en tant que personnage secondaire, comme Sen et la famille Nekomura