10 - Aux petits soins

- Shirosaki ??

- Bah quoi ? rit Sada. On dirait que t'as vu un fantôme.

- Heu non, c'est que... bégaye Midoriya, gêné. Tu as changé... En bien, ne le prends pas mal !

- Hum ?

- Tu as l'air... plus forte.

La brune sourit en attrapant la boite médicale et prépare du fil et une aiguille, puis s'assoit aux côtés de Bakugou.

- Je peux savoir ce que tu vas faire ? grogne-t-il en se tenant le bras.

- Tu saigne de nouveau, laisse moi te faire des points--

- J'ai pas besoin de ton aide !

- Bon d'accord, soupire Sada en lui donnant l'aiguille. De toute façon je suis mauvaise couturière, fais le toi même.

Le dragonnier fulmine, comment pouvait-il recoudre sa plaie, en sachant qu'elle se situait sur son pectoral gauche ? À moins de tordre son cou pour y voir clair, il attraperait plutôt des torticolis. Midoriya échange un regard avec Sada et hausse les épaules. La brune retient un petit rire victorieux avant de s'occuper de la couture, mais Bakugou se braque au même instant.

- Tu sais pas coudre, me touche pas ! rugit-il.

- Et tu m'as cru ?

- Hein ??

- J'ai quand même appris des choses au camp militaire. Surtout les soins d'urgence.

- Tu as besoin d'aide ? demande Midoriya.

- Non merci ça ira. Tu dois allez voir Todoroki ?

- Oui, on doit discuter avec Kacchan.

- Ah. Vas y en premier, Bakugou te rejoindra quand j'aurai terminé.

- Arrêtez de parler comme si j'étais pas là !! crie ce dernier.

- Pourquoi tu cries encore toi ? s'agace Sada.

- Je crie pas !

- Si.

- LA FERME !

Le dragonnier grimace de douleur lorsque la brune pique la peau avec l'aiguille sans douceur, pendant que Midoriya s'échappait au plus vite en les laissant seuls. Sada maniait l'aiguille minutieusement, nettoyant quelques fois le sang débordant légèrement. Elle n'osait pas accélérer son opération à cause des gonflements puissants et réguliers de la poitrine du blond à chaque bouffée d'air, tandis qu'il la regardait à l'oeuvre, aussi muet qu'une tombe. Sada lève le regard un instant en croisant le sien, quelque peu gênée de leur position délicate, puis se reconcentre sur sa manœuvre. Elle tâtait quand même le pectoral d'un homme, bel homme disons le, ce qui ne faisait pas partie de ses coutumes.

- Tu arrives à mieux bouger ton bras ? demande-t-elle pour meubler un semblant de conversation.

- Ca me lance, répond-t-il aisément.

- Tu auras besoin d'une rééducation, j'ai entendu dire que les masseuse d'Inokuni étaient performantes. Ca soulagera tes douleurs.

- Viens en au fait tu veux.

- Quoi ?

- Pourquoi tu fais ça ? Tu me dois rien.

Bakugou avait raison, elle ne lui devait rien, mais Sada tenait à se rendre utile pour chacun de ses amis. Elle réfléchit un instant en cherchant ses phrases, puis termine les points de sutures en faisant un noeud avant de couper le fil avec les dents. Son nez s'est alors rapproché de la peau du dragonnier qui sursaute en sentant son souffle chaud glisser sur ses muscles. Son parfum enivrait l'odorat de la brune qui recule vivement en tournant la tête, rangeant le nécessaire à couture dans la boite médicale.

- T'aurais pu prendre des ciseaux ! peste-t-il en regardant ailleurs.

- Désolé j'y ai pas pensé !

- Idiote... marmonne-t-il, les oreilles rouges.

- Pour te répondre...

- Hein ?

Elle prenait ensuite un rouleau de bandages qu'elle allongeait avant d'embaumer le buste de Katsuki délicatement, passant sous ses bras et par dessus son épaule gauche.

- Je t'ai vu te battre pour protéger Midoriya, dit-elle. Tu perdais beaucoup de sang et même si tu n'arrivais plus à te lever, tu as tenu bon jusqu'à l'arrivée de l'escorte. Tu n'es pas un humain ordinaire, je me trompe ? Les dragonniers ont la réputation d'avoir un corps résistant et je devine que tu viens de la chaine de montagnes du Levant.

- ...

- J'étais impressionnée. Tu étais pourtant seul contre tous... Et je voulais...

- Quoi ?

- Ne le prends pas mal Bakugou, mais je voulais te sauver. On était tous affaiblis, tous les deux, on était les derniers à tenir encore. J'ai vu l'état alarmant de notre groupe et j'étais inquiète--

- Pour moi ? T'es sérieuse ? s'indigne-t-il.

Sada lève la tête avant de la hocher. Bakugou fronce les sourcils.

- Tu es mon ami. Comme tout le groupe. J'ai...

Elle baisse de nouveau la tête en jouant nerveusement avec le rouleau blanc.

- Je n'ai pas peur de la mort... mais j'ai peur de finir seule à nouveau.

Les traits colériques du dragonnier disparaissent alors qu'il travaille les articulations de son bras de façon circulaire. Connaissant le passé de la brune, il ne pouvait pas lui en vouloir de s'inquiéter pour ses amis, y compris pour lui, bien que ce soit un sentiment désagréable de se sentir responsable d'une telle angoisse. Pour une fois, il prenait sur lui.

- Sada.

C'était la toute première fois qu'il l'appelait par son nom, et la première personne qu'il ne nommait pas avec un surnom dégradant. Sada relève la tête, quelque peu surprise de son ton si calme.

- Tu t'estimes pas, reprend-t-il sérieusement.

Soudain, un cri strident retentit non loin de la chambre, faisant bondir les deux amis. Sada se précipite vers la porte en l'ouvrant avec fracas, avant de se pétrifier en voyant Mina effondrée au sol, se tenant douloureusement le bas ventre en gémissant d'une souffrance indescriptible.

- Mina dis moi ce que t'as ! panique Kirishima en la tenant par les épaules.

- J'ai mal...!! Quelque chose ne va pas !

- Quelqu'un ! crie-t-il. Elle est enceinte, aidez la !!

Alertés par les cris du dragon, tout le monde était ameuté autour d'eux. La pauvre Hungür sanglotait en suppliant n'importe qui pour sauver son bébé, la douleur était insoutenable.

- Je crois que je vais perdre le bébé...! Eiji...

- Non ça va aller, rassure le dragon. On va l'avoir ce bébé, je te le promets...! Tu dois juste tenir, d'accord ??

Tsuyu s'approche en observant son jupon, il n'y avait aucune perte de sang. Néanmoins, il y avait tout de même des risques de fausse couche. En attendant les infirmières, Kirishima ne pouvait que se contenter de masser le ventre de sa femme dans l'espoir d'apaiser ses douleurs.

- Mina-chan, tente de calmer Tsuyu. Est-ce que tu as des crampes ?

- Oui... Au dos surtout...

- Bon calme toi, d'accord ? Les infirmières vont arriver sous peu.

- Elles doivent sauver mon bébé...!

- Elles feront de leur mieux, rassure Uraraka. Ces derniers jours tu ne t'es pas reposée et l'attaque des démons t'a beaucoup secoué, normal que tu aies des complications. Ne t'agite plus.

- Tu ne perdras pas le bébé... embrasse Kirishima sur le dos de la main de Mina, tout aussi inquiet. Tu es une bonne mère, tu ne le perdras pas...

Ses paroles étaient minces, mais suffisantes pour calmer Mina qui contrôlait peu à peu son souffle, essayant de limiter son stress au minimum. Les infirmières arrivent rapidement en emportant la rose sans plus attendre. Il était évident que le manque de repos et le stress accumulé allaient avoir des conséquences sur la grossesse. Même si les Hungür sont une race puissante, leur naissance n'en reste pas moins très fragile. Très peu de nouveaux nés atteignent le premier âge en bonne santé, hélas...

Sada n'avait rien raté de la scène et son inquiétude grandissait pour son amie. Elle espérait voir un jour le visage des nomades s'illuminer à l'arrivée de ce bébé, c'était le genre de chaleur familiale qui lui manquait.

- Il se passe quoi ? demande Bakugou en se levant difficilement.

- Rassieds toi tu es blessé ! ordonne-t-elle en revenant vers lui. Mina a eu des complications, j'irai la voir tout à l'heure. Mais je pense que ce n'est rien.

- Aie !! Touche pas putain !

- T'avais qu'à pas bouger !

En le forçant à se rasseoir, la brune avait malencontreusement appuyé sur son épaule blessée, seulement le dragonnier souffrait de sa blessure à la cuisse. Il ne pouvait mettre son propre poids sur sa jambe sans avoir des lancements douloureux. Il grimace de nouveau de douleur en se rallongeant sur son futon, les yeux crispés.

- Fait chier... jure-t-il entre ses dents.

- Ne force pas ton corps.

- Tch ! Ca me donne une excuse pour pas aller voir la double face.

- N'est-ce pas ton ami à la base ?

- D'où j'ai signé pour être son pote ?! C'est celui de Deku, pas le mien !

- Mais Midoriya tient beaucoup à votre trio de choc à ce que je vois.

- Tu l'écoutes il serait pote avec un poireau.

Sada retient un fou rire alors que le blond croise les bras en fixant le plafond. Elle regarde ensuite sa jambe pansée soigneusement, avant de la poser délicatement sur les siennes afin de légèrement la surélever et commencer un massage du mollet. Katsuki se redresse vivement.

- Tu fais quoi là ?!

- Je te masse, ça se voit pas ?

- T'es masseuse maintenant ?!

- Tu es bien tendu, ça ne serait pas la première fois qu'on te touche à cet endroit ? se moque-t-elle avec un sourire en coin.

- Je peux me masser tout seul !! grogne-t-il, les oreilles rouges.

- Kacchan, avoue que ce n'est pas désagréable de se faire chouchouter un peu.

- ARRÊTE DE M'APPELER KACCHAN !!!

- D'accord, Kat'.

- ENCORE PIRE !

- Oh bah quoi ? "Kat'" comme "Cat", non ? Tu ressembles à un gros chat caractériel.

Le blond grince des dents en recouchant sa tête sur l'oreiller, tandis qu'elle lui massait le mollet. Ce qui le rendait nerveux principalement, c'était de sentir sa main masser l'intérieur de sa cuisse de haut en bas. Sada avait naturellement des mains douces et adroites, on ne jurerait jamais que ces mêmes mains maniaient l'épée.

- Je te fais mal ?

- Hmm...

- ... Tu me feras aussi le plaisir de manger quelque chose.

- T'es pas ma mère !

- Tu verras, le Katsudon est excellent ici ! Oh, je te conseille aussi le Karaage ! Avec une sauce épicée, un pure délice. Et en déssert, teste le Hottokeki ou les Anpan !

- Tu m'écoutes ou pas ?!

- Hein quoi ?

Bakugou sursaute en remarquant le sourire lumineux de la brune. Depuis son arrivée au sein des nomades, jamais il ne l'avait afficher un tel sourire et ses yeux reflétaient enfin la vie. Ce n'était pas non plus une sensation désagréable de pouvoir discuter avec elle...

- Tch, non rien.


À suivre...

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