Dans tes yeux, tes silences et tes pleurs
Chapitre 5 - Dans tes yeux, tes silences et tes pleurs
Ils auraient pu se parler à ce moment mais c'était trop dur, trop douloureux, trop tôt. Et puis ; il y avait trop d'observateurs, trop d'yeux, trop d'oreilles. Trop de témoins avides qui guettaient comme des sentinelles leurs réactions, leurs paroles, leurs émotions.
Yuri avait envie de fuir loin de cette chambre et de ne jamais y revenir. Ou alors, il aurait aimé que la terre s'ouvre sous son lit en une faille immense qui l'aurait englouti. A défaut de gouffre, peut-être une alarme allait se déclencher et faire venir les médecins. Mais non. Rien. Il maudit intérieurement les personnes se trouvant dans la pièce, son cœur qui refusait de lâcher, et tout ce qu'il pouvait maudire. Sans s'en apercevoir, il n'avait cessé de fixer Otabek depuis son arrivée. A cette réalisation, et il ferma les yeux pour se donner le temps de savoir quoi faire. Il ne pouvait pas parler du fait de l'irritation de sa gorge mais ça ne le dérangeait pas. Il n'en avait pas envie. Pas encore. Tout était encore trop flou, trop inchangé et pourtant trop différent.
Il ne savait pas quoi lui dire. Il aurait voulu lui parler, le prendre dans ses bras, embrasser ses yeux, ses joues, sa bouche mais il n'en fit rien. Il ne savait pas trop ce qu'il faisait là avec tous les proches de Yuri qui l'observaient. Ils semblaient guetter un geste, une parole, un signe de son bonheur de voir le jeune homme réveillé. Otabek aurait voulu partir de la chambre, sortir juste un instant, prendre le temps de réfléchir à la réaction appropriée. Il se morigéna intérieurement. Il aurait du y penser sur le chemin de l'hôpital, il avait eu le temps. Au lieu de ça, il avait rêvé à son amour qui avait enfin ouvert les yeux. Il se trouvait stupide maintenant à se tenir là, près de la porte, les bras ballants et silencieux. Lorsque Yuri ferma les yeux et interrompit de fait leur non échange muet, il en avait été presque soulagé. Sans le vouloir, le jeune homme lui donnait quelques minutes pour savoir quoi faire. Une petite diversion, un répit bienvenu.
Un bruit de raclement sur le sol, un fauteuil repoussé et Nikolaï qui se redressa pour aller au chevet de son petit-fils. La diversion tant espérée par les deux jeunes hommes. La main usée par les ans se posa sur la joue fraîche et pâle de Yuri.
« _ Pas de ça Yuratchka. »
Yuri fronça les sourcils, perplexe, ou peut-être un peu agacé. Il ne voulait pas avoir cette discussion avec son grand-père mais il ne voulait pas non plus parler avec Otabek. Il était pris entre deux feux et ne savait que faire pour s'échapper.
« _ Nous allons te laisser un peu. Nous sommes trop nombreux dans ta chambre et le médecin à dit qu'il ne fallait pas trop te fatiguer. »
Nikolaï s'approcha d'Otabek et fit signe aux autres occupants de sortir. Viktor voulut protester mais Yakov le coupa avant qu'il ne puisse parler. Lilia, autoritaire, leur désigna avec un geste d'impatience la porte et ils durent obéir à l'ordre muet. Alors qu'Otabek s'apprêtait à les suivre, il fut retenu par la poigne ferme de Nikolaï.
« _ Je suis persuadé que tu dois avoir des choses à dire à Yuratchka. Prends tout ton temps mon enfant. »
Puis, il sortit sans un regard, sans une parole de plus. Il ferma la porte derrière lui. Ils étaient seuls. Ils n'avaient jamais été aussi seuls en la présence de l'autre.
❄️❄️❄️
Je ne peux pas parler. J'ai donc la paix. Je n'ai pas à faire d'efforts ou quoique ce soit. Et puis je suis fatigué. Voilà, je suis crevé ! Je me suis pas assez reposé. Et puis, j'ai pas le droit de parler. C'est bien ça... Enfin non c'est pas bien, c'est chiant mais là c'est bien. Ca m'arrange. Voilà, c'est ça. Bon par contre, je peux encore me servir de mes oreilles... Et s'il se met à me parler ? Ben de quoi il pourrait me parler en dehors de la patinoire et des entraînements ? Il pourrait me parler d'elle...
Une crispation sur un visage d'ange.
Je ne sais pas comment je vais réagir s'il me parle d'elle. J'ai pas envie de savoir l'effet que ça lui fait de l'embrasser. Je veux pax connaître les détails de comment elle l'embrasse ou comment elle le caresse. Arrête Yuri ! Tu te fais du mal. ... Mais... Ils ont déjà dû le faire... Et, elle a pu caresser la peau de Beka. Je suis sûr qu'elle est douce et chaude. Elle est forcément chaude car elle a la couleur du miel et du soleil. Et en plus, il... Yuri, stop ! Tu n'as pas le droit de peser à lui comme ça. On ne pense pas à un ami comme ça. Il n'est qu'un ami qui a une copine. Tu vas faire un effort et être content pour lui. Quand tu sortiras de l'hosto, parce que tu vas pas rester ici jusqu'au déluge, tu te trouveras une fille et t'essaieras de l'aimer. Aimer quelqu'un d'autre pour l'oublier lui. Désolé, Beka.... Je ne t'embêterai pas, je te le promets. Je veux que tu sois heureux. Même si ce n'est pas avec moi.
Des lèvres qui se serrèrent en sourire douloureux. Une barrière pour refouler les sanglots.
❄️❄️❄️
Je... Nikolaï, revenez ! Vous ne pouvez pas me laisser seul avec votre petit-fils. Il vient tout juste de se réveiller après des jours de sommeil artificiel. Et comment je pourrai lui parler alors que la dernière fois que nous nous sommes vus, il a failli perdre la vie. Non, vous ne pouvez pas me laisser seul avec lui. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas si j'ai seulement le droit de l'approcher maintenant qu'il a ouvert les yeux. Mince ! C'était plus facile de lui parler quand il ne pouvait m'entendre. Je ne risquais rien. J'étais à l'abri de ses réactions. J'étais à l'abri de mes propres réactions et je pouvais me comporter comme le lâche que je suis.
Un soupir discret.
Je fais quoi maintenant que nous sommes seuls ? Je ne vais pas rester là à attendre. Et puis attendre quoi au juste ? Un geste de sa part ? Il n'a pas l'air bien. Il a l'air de réfléchir et le court de ses pensées à l'air de lui faire de la peine. Non pas de la peine. J'ai l'impression qu'il se fait violence et qu'il prend une décision. A peine réveillé, et déjà, la lueur revient dans son regard. Ses yeux de soldat que j'aime tant. Bon, Otabek, plutôt que de rester là, va le voir. Si tu t'assois à côté du lit c'est bien. Ni trop proche, ni trop loin. Une distance de sécurité entre vous.
Il s'avança doucement puis s'assit. Il tenta de ravaler sa peur. Il prit son courage à deux mains et leva lentement la tête.
❄️❄️❄️
Yakov avait renvoyé à force de cris et de menaces diverses et variées les époux Katsuki- Nikiforov, Mila et Georgi chez eux. Soutenu par Lilia dans cette entreprise ils avaient enfin réussi à se débarrasser des plus jeunes. Pendant ce temps, Nikolaï était resté près de la porte, prêt à intervenir à la moindre alerte.
« _ Alors ?
_ Pas un bruit, pas une parole, rien.
_ Je peux savoir ce qu'ils attendent ces deux là ?! On ne va pas y passer l'éternité.
_ Ils sont tous les deux d'une grande pudeur. Je crains que cela ne prenne du temps.
_ Je n'ai pas ce temps Lilia ! J'ai des patineurs à entraîner et une équipe à faire tourner alors il faut que ce cirque se termine, et vite !
_ Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire. » Rétorqua l'ancienne Prima, acide.
Non ce n'était pas à elle qu'il fallait le dire. Elle ne pouvait après tout que peu de choses pour ces jeunes gens incapables de se parler, d'ouvrir leurs cœurs. D'un geste las, Lilia Ivanovna se massa les tempes. Yuri n'avait jamais aussi bien réussi que ces derniers jours à lui provoquer d'incroyables maux de tête. Ce jeune homme avait décidément nombre de talents et celui-ci était douloureusement désagréable.
« _ Je vais aller prévenir les infirmières qu'Otabek va rester un long moment avec Yuri. Après, allons-nous restaurer à la cafétéria.
_ Très bien. Je vais prévenir Yuratchka. Il n'osera rien dire.
_ Il n'y a bien qu'avec vous qu'il ne conteste pas. »
❄️❄️❄️
Nikolaï, vous revoilà !
Cool papy, te voilà !
« _ Les enfants, nous sommes à la cafétéria.
Non...
Merde !
_ Je peux y aller pour vous. Vous pourrez rester avec Yura.
Je vais y aller et me sortir de cette chambre. Je vais le laisser seul avec son petit-fils. C'est sa place pas la mienne.
Ouais, bonne idée Beka !
_ Non, c'est bon mon garçon. Reste donc avec ton Yuratchka. »
Sa langue a fourchée... Sa langue a fourchée...
Hein ?!
Un sourire aux lèvres, Nikolaï Plisetsky sortit de la chambre, très fier de lui. Si ces deux là n'étaient pas capables de se parler d'eux-mêmes, il allait les y aider. Peut-être qu'en les laissant seuls de longs moments, ils arriveraient à se parler. Il fallait juste que l'un des deux prenne son courage à deux mains.
❄️❄️❄️
Je veux refaire une crise cardiaque ! Genre maintenant ! Genre là tout de suite maintenant ! Je sais que je ne devrai pas dire ça mais là j'ai pas vraiment d'autres idées. Et puis c'est super gênant ! Bordel diedouchka ! Beka a une petite amie. Tu la connais, c'est Mila. Je suis sûr que tu vas dire qu'il a bons goûts quand tu vas le savoir. Tu vas peut-être même me dire que je devrai me trouver une copine aussi. Ouais... Ca va être super quand je vais sortir de l'hôpital ! Je vais devoir faire attention à mon cœur au sens propre comme au figuré. Je vais ça va être facile, ça encore ! Putain, je suis trop con ! Si j'étais normal, je serai pas dans cette galère sans nom.
Un geste sur sa droite attira son attention.
Non ! Putain repose ça ! Mais qu'est-ce que ce bouquin fout là d'ailleurs ?! J'men fous ! Beka pose ça tout de suite.
« _ Non ! »
❄️❄️❄️
Je ne vois pas pourquoi je panique. Il n'est question que de tenir compagnie à Yura, de lui parler et d'essayer de le faire sourire. Rien que je n'ai déjà fait. Nous sommes amis après tout. Nous avons déjà passé des journées entières tous les deux à parler, rire et parfois nous taire. Ce sont les moments que je préfère je crois. Ces moments où nous nous taisons et où tu me laisses t'admirer en silence. Tu me laisses te caresser des yeux car dans ton innocence angélique tu ne sais pas toutes les pensées qui m'assaillent. Tu n'as jamais su Yura à quel point je désirais plus. Tu n'as jamais su les désirs peu avouables que tu éveilles en moi. Si tu savais quelle odieuse personne je suis. Un jour, j'ai profité que tu t'étais endormi pour te en photo. Rien d'indécent. Juste toi allongé, recouvert d'un plaid, dormant, et Potya lovée contre toi. Toi si beau, si proche et pourtant si lointain.
Secoue-toi Otabek. Une discussion muette ne sert à rien.
Il leva les yeux pour voir le profil de son ami. Celui-ci les yeux dans le vague, les sourcils froncés semblait réfléchir intensément. Otabek aurait donné cher pour connaître le fond de ses pensées. Mais, il ne prit pas la parole. Il se contenta d'attraper un livre qui traînait sur la table de chevet.
The song of Achille*
«_ Non ! »
La voix éraillée lui déchira le cœur mais plus encore ce qui lui poignarda le cœur fut le regard affolé du jeune homme.
Qu'y a-t-il dans ce livre Yura ? Tu réagis comme s'il était un secret honteux.
Otabek reposa le livre sur le chevet et s'assit sur le bord du lit de Yuri. Il aida le jeune homme à se remettre correctement au lit sans parler, sans le brusquer, sans l'exiger.
« _ Pardon Yura. Je m'excuse d'avoir touché à ton livre sans te demander la permission. Tu m'excuse ? »
Un petit hochement de tête, un fin sourire, un corps qui se détend petit à petit.
J'ai tellement envie de t'embrasser. Ca serait si simple de te voler un baiser, là, maintenant.
❄️❄️❄️
Embrasse-moi... Embrase-moi... Ca serait facile. Tu n'aurais qu'à baisser doucement le visage vers le bas et poser tes lèvres contre les miennes. Nous sommes si proches. Ton souffle caresse mon visage, mes lèvres.
Je pourrais moi aussi t'embrasser. Ton visage est à portée du mien. Mais si je posais mes lèvres, me laisserais-tu faire ? Me laisserais-tu dévorer ton souffle, découvrir tes lèvres, en tracer les contours du bout de ma langue.
Non, visiblement tu ne veux pas m'embrasser. Tu te redresses. Tu reprends ta place dans le monde, ton monde. Celui dont je serai petit à petit exclu. Je sais que si je te le disais tu me répondrais que je me fais des idées. Mais soyons réalistes, Beka. Tu vas sortir de plus en plus avec elle, tu vas aller la chercher chez elle pour les entraînements. Ce sera elle qui montera derrière toi sur ta moto et vous ferez de longues balades. Et puis un jour, vous vous installerez ensemble et vous fonderez votre famille. Quand on ira en compétition, vous pourrez partager la même chambre d'hôtel. Il n'y a pas de place pour moi dans tout ça. Il n'y en aura jamais.
J'ai envie de pleurer, Beka. J'ai envie de pleurer tellement je me fais pitié à espérer quelque chose qui ne m'arrivera jamais. Ca m'arrivera jamais parce que la seule personne avec qui je veux que ça arrive c'est toi.
« _ Beka... » La voix cassée par l'irritation ou par la peine se fit entendre.
« _ Oui, Yura ? Tu as besoin de quelque chose ?
_ Je...
_ Désolée, de vous interrompre. C'est l'heure des soins
_ Bien... Sûr. »
A regret, Otabek s'écarta de son ami afin de laisser la place à l'infirmière de procéder aux soins. Elle releva les différentes données affichées sur les écrans des moniteurs de contrôle, changea la perfusion, fit un nouveau pansement propre. Pendant tout ce temps, Yuri sembla sur le point de pleurer et Otabek ne pouvait rien faire pour le soulager.
« _ Le médecin va venir dans quelques minutes. Voulez-vous que nous fassions prévenir votre grand-père ?
_ Je vais aller le chercher.
_ Merci à vous. »
Un simple hochement de tête et Otabek partit en quête de l'aïeul de son meilleur ami. Il n'avait pas envie d'aller le voir et de devoir affronter son regard mais il n'avait étrangement pas plus envie de rester dans cette chambre. Yuri semblait avoir besoin d'être un peu seul.
❄️❄️❄️
« _ Mange ta glace Yuratchka. Tu n'as le droit qu'a ça pour le moment ; »
Une moue boudeuse étira les lèvres du jeune homme. Il n'avait pas envie de glace mais c'était le seul aliment auquel il avait droit, sa gorge étant encore gonflée du fait de l'intubation. La perfusion se chargeait pour lui d'apporter tous les nutriments, vitamines et autres dont il avait besoin. Mais, ce n'était pas ça qui le contrariait. Ce qui le contrariait vraiment étaient par ordre, les consignes des médecins, le fait de devoir rester à l'hôpital, l'attitude d'Otabek et enfin l'attitude de son grand-père.
« _ Cesse un peu de faire ta mauvaise tête et grandit. Ce n'est l'affaire que de quelques jours. Une fois que ça ira mieux, je te ferai des pirojkis. Et on pourra les manger tous les trois.
_ Tous les trois ? » Croassa Yuri.
Yuri fixa d'un'air dubitatif son grand-père. Soit ses crises lui avaient grillé les neurones, soit son grand-père essayait de lui faire passer un message. Têtu et déterminé à ne pas laisser son cœur parler, il choisit la première solution.
« _ Otabek, toi et moi. Tous les trois. C'est ton meilleur ami. Il a veillé sur toi pendant ton inconscience.
_ Ouais c'est mon meilleur ami.
_ Je sais, Yuratchka. Il faut te reposer maintenant et tu ne dois pas trop parler. »
Un simple hochement de tête lui répondit. Yuri prit sa cuillère et commença à manger sa glace. Il n'aimait pas le parfum donné par l'infirmière. Il n'aimait pas la vanille qui lui rappelait trop de souvenirs douloureux.
Ca a le goût de la soirée au bar où t'as fait le DJ. C'était bien cette soirée. C'était bien cette soirée où tu as mixé sur la playlist qu'on avait fait ensemble. Enfin, je dis que c'était une bonne soirée mais moyen en fait. Ca doit être ce soir-là où tu t'es mis avec Mila. T'as joué Inner Smile. C'était pour elle... Pas pour moi.
« _ Mon Yuratchka, pourquoi est-ce que tu pleures ? »
❄️❄️❄️
Otabek remontait l'avenue à pas lents, la tête baissée. Il avait presque fuit l'hôpital après que Nikolaï soit retourné au chevet de Yuri. Il avait été lâche, incapable d'affronter ses propres sentiments. Il n'avait pas su lui parler de toute façon alors à quoi bon rester et sa présence semblait rendre Yuri tellement triste. Comment avait-il pu en arriver là ? Un moment être si proche de lui pour être le moment d'après si loin. Il ne comprenait pas. Ou ne voulait pas comprendre. C'était peut-être plus facile de se voiler la face bien que la aussi se soit une lâcheté de plus. Il tira de la poche de sa veste son téléphone avant de vite l'y ranger. Il n'avait pas le courage de parler à sa mère. Il n'avait de courage pour rien. Il traversa le square Kazan et s'immobilisa devant l'impressionnante cathédrale**. Il admira l'édifice et sa superbe architecture. Sous le manteau blanc, elle n'en était que plus superbe. Un instant, Otabek hésita à y entrer mais se ravisa. Il n'était pas croyant alors à quoi bon gaspiller son temps. Et puis, il ne pensait pas que quiconque puisse lui venir en aide. Il se dirigea vers l'avenue Nevsky et quand il l'eut atteinte, la vie qui y grouillait lui sauta au visage. Il lui sembla avoir été projeté dans un monde trop éclairé, trop coloré et trop rapide pour lui. La réalité du temps le rattrapa et il se mit en marche comme un funambule essayant de claquer sa course sur celle des gens sourds à sa détresse. Il fut bousculé par un homme ce qui lui fit relever les yeux. Il regarda dans la direction de l'homme pour voir qui l'avait bousculé mais à sa place, face à lui, il vit la librairie The House of books.
Yura aime bien lire. Quand je l'ai revu à Barcelone, il n'aimait pas trop ça et puis avec le temps, il a commencé à apprécier la lecture. Il est même en première année en Lettres anglophones à l'université. Il râle pour la forme quand il doit rendre des travaux mais je vois bien qu'il aime bien ce qu'il étudie. Je pourrai entrer et lui acheter un livre. Il doit bien y avoir des livres en langue anglaise ici. J'en ai bien trouvé en kazakh. Est-ce que ça te ferait plaisir Yura ? Je suppose, oui. Il y avait bien un livre sur ton chevet mais peut-être l'as-tu terminé ? En pensant à ce livre, pourquoi as-tu si vivement réagit tout à l'heure ?
Otabek traversa la rue et se dirigea vers la grande libraire. Il s'y engouffra bien décidé à trouver un livre qu'il pourrait offrir à son ami.
❄️❄️❄️
Tu sembles si paisible quand tu dors mon Yuratchka. Tu sembles laisser derrière toi toutes tes peines et tes soucis. Si seulement, tu pouvais agir de la sorte quand tu es éveillé. Si seulement, tu pouvais être serein et posé plutôt que sans cesse emporté et furieux contre le monde entier. Tu pourrais laisser les gens s'approcher un peu plus de toi et leur montrer ton vrai visage. Je sais que c'est difficile pour toi d'ouvrir ton cœur mais laisse-le accueillir l'amour que veulent te donner les gens.
Nikolaï soupira et étira douloureusement ses jambes devant lui. Ses articulations craquèrent avec un bruit sonore. Il prit sa tasse de thé maintenant froid et s'abîma une nouvelle fois dans ses pensées en le buvant à petites gorgées.
Tu sais Yuratchka, je ne suis pas éternel. Je ne veux pas quitter ce monde en te laissant seul. Je sais que si tu m'entendais tu me rétorquerais que tu ne l'es pas mais je te connais. Tu es autant capable de t'exclure du monde que de l'exclus de ta vie. Et puis, je l'avoue, ça fait déjà longtemps que j'ai peur pour toi mais maintenant avec ton cœur... J'ai peur qu'il ne se brise si jamais il m'arrivait malheur et que tu ne te relèves pas. Lorsque tu aimes c'est de toute ton âme et tu lorsque tu souffres il en va de même.
« _ Yuratchka... Comme je m'inquiète pour toi, mon petit. » Souffla Nikolaï dans sa barbe.
Le vieil homme reposa sa tasse et saisit le livre qu'il avait rapporté de l'appartement de son petit-fils. Dans la précipitation et sous le coup de l'émotion, il avait attrapé diverses affaires sans réfléchir. Ce n'était qu'une fois qu'il avait voulu lire qu'il avait constaté que le livre était en anglais. Intrigué, le vieil homme, lu le titre, fronça les sourcils. Il lut la quatrième de couverture mais dû se rendre à l'évidence, son anglais plus que limité ne lui permettait pas de comprendre ce dot il retournait. Ne pouvant se résoudre à dormir de peur que Yuri ne fasse une nouvelle crise durant son sommeil, il décida de se renseigner. Il lança le moteur de recherches puis tapa le nom de l'auteur. Il ne trouva que peu d'informations puis à force de recherches et sauts de liens en liens, il trouva un résumé détaillé, très détaillé, du livre.
C'est donc ça que tu lis en cachette, Yuratchka, une histoire d'amour entre deux hommes. Je dis en cachette car tu ne m'en aurais jamais parlé et que tu as acheté une édition en anglais. Tu sais très bien que je ne peux pas lire ce livre. Ca devait te tranquilliser l'esprit car même si je le trouvais en venant te rendre visite, j'aurai été incapable de le lire. Tu me caches trop de choses maintenant. Quand tu étais enfant, tu me racontais absolument tout. Tu n'avais aucun secret pour moi. Maintenant... Tu me parles mais tu gardes beaucoup de choses secrètes. Comme tes sentiments ou ton orientation sexuelle.
Un soupir las et profond.
Je vais t'obliger à avoir cette discussion que tu fais tout pour fuir. Je dois savoir Yuratchka si je peux te confier à ce jeune homme. Si c'est lui pour qui ton cœur s'est brisé. Quand je lui ai parlé, il m'a avoué ses sentiments pour toi et j'ai vu la sincérité toute sa sincérité dans ses yeux. Il t'aime. Il t'aime depuis longtemps. Si tu lui ouvrais ton cœur, si tu le laissais s'approcher suffisamment de toi, il pourrait voir que son amour est réciproque. Je ne sais pourquoi tu gardes le silence mais crois-moi, mon enfant, mon petit, tu vas parler. Tu vas le laisser t'aimer et l'aimer en retour. Tu sais mon Yuratchka, je t'aime tel que tu es. Et si tu veux lui offrir ton amour, je te soutiendrais de toutes mes forces.
« _ Je t'aime mon tout petit. Reprends vite des forces pour que tout ça soit rapidement un mauvais rêve qu'on pourra oublier. »
❄️❄️❄️
Je sens diedouchka que tu es triste. Je sens que je te déçois. Je ne pourrai pas participer à l'étape du Grand Prix qui a lieu ici, à Saint-Pétersbourg. C'est moche ! J'aurai patiné à domicile et donc j'aurai eu tout le public derrière moi. C'est plus facile et en même temps plus difficile de patiner à domicile. Mais, le métier est rentré et maintenant je n'ai plus peur. Je n'ai plus quinze ans. Quoique même là c'était facile. C'était facile parce qu'il était là. Otabek. Beka. Il m'a proposé son amitié et tout à changé. Et puis avant que je réalise vraiment quand c'était arrivé, ben, j'étais amoureux de lui.
Tu sais diedouchka... C'est en pensant à lui que j'ai senti mon cœur s'emballer pour la première fois. Il suffit qu'il me parle et me sourit pour que j'aie des papillons dans le ventre et que j'aie envie de crier de bonheur. Et ça je le dis, parce que je sais que cette conversation je l'ai dans ma tête. C'est lui qui m'a fait ressentir des désirs inavouables. Bordel, j'ai honte ! J'ai honte d'y repenser. Un jour j'ai cru qu'il m'avait grillé à le regarder bizarrement mais il a rien dit donc je suppose qu'il a rien vu. Mais promis deda. Pour toi, pour que tu continues à être fier de moi, je vais étouffer mes sentiments. Je ne vais plus ressentir ces désirs déviants. Je vais devenir un jeune homme bien et je vais même me trouver une copine. Comme ça personne ne pourra soupçonner que j'ai eu des pensées incorrectes. Je crois qu'il y a une fille qui m'aime bien an cours de littérature américaine. Je l'inviterai à aller prendre un verre quand j'irai mieux. Et puis, elle est blonde comme moi avec les yeux clairs. Je ne sais pas comment elle s'appelle par contre...
❄️❄️❄️
Otabek était encore en train de flâner dans la librairie quand il se souvint qu'il devait aller chez Yuri pour nourrir Potya. Nikolaï le lui avait demandé alors qu'il prenait congé et il avait accepté de lui rendre ce petit service. Il consulta sa montre et constata qu'il était plus tôt que ce qu'il pensait. Il avait encore un peu de temps devant lui pour trouver le livre idéal. Il parcourut durant un long moment les différents rayonnages avant de finalement se diriger vers les recueils de poèmes. Si Yuri aimait la littérature anglophone, Otabek, grâce à sa mère, avait découvert la littérature française et plus particulièrement la poésie quand il était plus jeune. Il chercha un moment avant de trouver ce qu'il cherchait. Alors qu'il s'apprêtait à aller payer l'ouvrage, il fit une halte et repensa au livre que Yuri lisait. Il héla un libraire à qui il donna le titre et celui-ci lui indiqua où il pourrait le trouver. Quand il l'eut en main, il lut la quatrième de couverture, fronça les sourcils, hésita puis se décida à l'acheter.
Est-ce que tu savais de quoi parlait ce livre quand tu l'as acheté Yura ? Est-ce que tu savais quelle était la nature des liens qui unissaient Patrocle et Achille ? Ou peut-être est-ce juste un livre que tu devais lire pour un cours. Est-ce pour cela ?
❄️❄️❄️
C'est étrange je ne connais pas ce lieu. C'est la première fois que j'y viens en rêve. On dirait un lac gelé. Juste un lac et moi. C'est étrange, il n'y a pas de bruit, pas d'oiseaux qui chantent, pas de vent qui fait bruissé les feuilles des arbres. C'est un peu effrayant. Mais c'est beau aussi... Ca donne envie de rester. Je pourrais peut-être patiner.
Ils'avança doucement sur la glace, ses pieds miraculeusement chaussés de patins. Ilfit halte un instant et examina son costume. Il était vêtu d'un très fin tissublanc. Quand enfin il s'élança, il eut la sensation de sentir dans son dos desvoiles voletés, lui faisant des ailes.
Il y a quelqu'un là-bas. On dirait un homme. On dirait...
Il se réveilla en sursaut arrachant en partie la perfusion de sa main, la faisant saigner.
❄️❄️❄️
Potya l'accueillit aves force miaulements et ronronnements. La petite chatte était très heureuse de voir enfin âme qui vive dans cet appartement. Après l'avoir rapidement caressée, Otabek se déchaussa et alla déposer ses affaires dans le salon. Puis, il la prit dans ses bras et la câlina longuement. D'ordinaire Potya n'était pas sociable mais l'absence de son maître devait lui peser. Elle était à l'image de Yuri ne laissant que peu de gens s'approcher. Viktor et Yuuri de ce que le jeune homme savait n'avaient encore jamais réussi à la caresser. Quant à Mila et Georgi, ils étaient tolérés sans que pour autant Potya ne les approcha. Mais avec lui, l'animal s'était toujours montré affectueux pour le plus grand plaisir de son propriétaire.
« _ Allez votre altesse Potya. Je vais vous nourrir et nettoyer votre litière. Yura m'en voudra si je m'occupe mal de vous. »
Il se dirigea vers la cuisine la chatte sur les talons et lui fit la conversation pendant qu'il se chargeait de nettoyer en premier lieu sa caisse. Puis, il sortit différent sachet de pâté du placard et lut à haute voix les différentes saveurs. Il sourit en reposant les sachets et avant de servir la demoiselle, il mit quelques croquettes dans un bol et changea l'eau d'un autre. Potya qui s'agaçait du petit manège du Kazakh sauta sur le comptoir et donne un coup de pâte dans un des sachets.
« _ Thon ? Très bon choix. Je ne te fais pas languir plus longtemps. Voici. »
Il déposa le petit bol sur le sol et regarda l'animal se restaurer, un sourire aux lèvres. S'occuper de Potya lui rappelait de bons souvenirs. Des petits matins, lendemains de soirées, partagés avec Yuri autour d'une tasse de thé ou de café. Les œufs au bacon ou au poisson fumé préparés dans un silence presque religieux par la Fée Russe. Ils les mangeaient ensuite entouré par ce même silence, ne communiquant que par le regard quand le besoin se faisait sentir. Puis, ils allaient s'asseoir sur le canapé, Potya couchée sur eux deux, un lien entre leurs corps, et la télévision en sourdine. Ils discutaient pendant un moment puis le sommeil les rattrapait et ils s'endormaient. Parfois la tête de Yuri tombait doucement sur son épaule et le nez d'Otabek se perdait dans l'abondante chevelure blonde. Au réveil, ils se regardaient confus, ignorant qu'ils partageaient un même sentiment.
Un miaulement, un petit coup de patte et Otabek revint à la réalité. Ce n'était pas un pâle matin d'hiver où il partageait un petit-déjeuner avec sa Fée. Aujourd'hui, c'était un soir morose d'hiver et Yuri n'était pas là. Il était seul dans son appartement et seule Potya lui tenait compagnie. Il se pencha, prit le félidé dans ses bras et retourna au salon où il s'assit sur le canapé. Là, il relâcha son étreinte mais la petite chatte ne partit pas. Au contraire, elle tourna sur elle-même avant de se coucher en boule sur les cuisses du jeune homme qui sourit.
« _ Tu fais toujours ça avec Yura. Il doit te manquer. A moi aussi il me manque tu sais. Jai eu si peur de le perdre mais maintenant qu'il est revenu d'entre les morts, j'ai l'impression qu'on ne sait plus se parler. »
Une sonnerie de téléphone le fit sursauter. Avec un soupir las, il déverrouilla l'écran et lut le message envoyé par Yakov. Il pâlit et relut le message plusieurs fois. Non, ça il ne le pouvait pas. Il ne pouvait pas entrer dans la chambre de Yuri. Il avait failli le perdre à tout jamais dans cette chambre. Il voulut se relever et quitter l'appartement mais son corps ne bougea pas, refusa de le lui obéir.
❄️❄️❄️
Il était une fois, un lac scintillant.
Il était une fois une fée qui le regardait depuis l'autre rive.
Il était une fois un jeune homme brun sur l'autre rive.
Il était une fois l'histoire d'un premier pas.
Une sonnerie de téléphone le réveilla en sursaut. Paniqué, il décrocha sans regarder qui appelait.
❄️❄️❄️
Yuri s'agitait dans son lit depuis des heures. Il n'avait pas réussi à se rendormir après son rêve étrange. Il l'analysait, repassait chaque détail dans son esprit. Il marmonnait tout bas des paroles incompréhensibles et quand son grand-père lui demandait de les répéter, il se rongeait les ongles. Quand Nikolaï, l'en empêchait, il tentait de se dérober en se tortillant, seule la menace de sédation l'avait forcé à se calmer.
« _ Qu'est-ce que tu as Yuratchka ?
_ Rien.
_ Yuratchka ?
_ Rien. Y a rien. »
Et après ces réponses laconiques, Yuri replongeait dans ses pensées avant d'inévitablement s'agiter de nouveau.
❄️❄️❄️
Le taxi le déposa devant le terminal numéro un de l'aéroport de Pulkovo***. Il se précipita à l'intérieur cherchant frénétiquement du regard deux silhouettes féminines. Il composa le numéro de sa mère en espérant qu'elle ait son téléphone à portée de main. Alors qu'il allait s'élancer vers un petit café où patientait des voyageurs le téléphone vissé à l'oreille, une voix l'interpella. Soulagé, il se dirigea immédiatement vers elle.
« _ Mais qu'est-ce que vous faîtes ici ?
_ Tu pourrais commencer par dire bonjour, grand frère ! T'es pas content de nous voir ?!
_ Inzhu, un peu de tenue ! Bonjour, mon chéri. Comment vas-tu ?
_ Bien. »
Ce fut la seule chose qu'Otabek parvint à articuler tant il était surpris de la venue impromptue de sa mère et de sa sœur à Saint-Pétersbourg. Voyant son fils incapable de réagir Maria Altina décida de prendre les choses en main. Elle saisit la poignée de sa valise, fit signe à sa fille de l'imiter et elle se dirigea prestement vers la sortie de l'aéroport. Il n'y avait pas de temps à perde.
❄️❄️❄️
« _ Bonjour Yuratchka. Comment vas-tu ?
_ Ca va. »
Yuri ne se donna pas la peine d'adresser plus que nécessaire la parole à Mila. Il laissa son grand-père et Yakov arrivé plus tôt le faire pour lui. Il écouta d'une oreille distraite la conversation tout en essayant de résoudre le mystère de son rêve de la nuit dernière. D'ordinaire, il n'aurait pas accordé plus d'importance à celui-ci mais, le sentiment étrange qu'il avait eu à son réveil ne le quittait pas. Et puis, il avait beau avoir prit la décision d'être heureux pour Otabek et Mila, il était encore un peu tôt pour les manifestations de joie
« _ Tu es encore un peu pâle.
_ T'auras qu'a me prêter ton fond de teint, baba.
_ Yuratchka ! Ne sois pas vulgaire.
_ Ce n'est rien Nikolaï Vladimirovitch. C'est une petite plaisanterie entre nous.
_ Ce n'est pas une raison pour le laisser faire.
_ Ecoute ton grand-père gamin. »
Yuri se renfonça dans son lit, ignorant superbement la remarque de son entraîneur. Il était très las d'un seul coup et avait envie de dormir. Aussi, il ne fit pas d'effort pour s'accrocher aux paroles échangées et bien vite, il sombra dans le sommeil. Quand il ouvrit de nouveau les yeux, la pièce était plongée dans le silence et il crut être seul. Il actionna la petite télécommande sur le bord de son lit et redressa le dossier du lit.
« _ Tu es réveillé ? »
La voix le fit sursauter et il ne put s'empêcher de lui répondre avec humeur.
« _ Nan, c'est magique ! Je suis pote avec Harry Potter !
_ Désolée Yuratchka. Tu as besoin de quelque chose ?
_ Nan. Je veux être tranquille. Laisse-moi. T'as sûrement mieux à faire. »
Il se retourna dans son lit avant de le regretter immédiatement. Sa table de chevet était de l'autre côté. Il faisaitface aux écrans de contrôle et ne pouvait rien faire pour s'en distraire.
« _ Yuri, je crois que nous devrions parler tous les deux.
_ Pas envie.
_ Tu es exaspérant parfois. » Ne put s'empêcher de soupirer Mila face à l'attitude du jeune homme.
« _ Ecoute Mila. Va à la patinoire pour t'entraîner. T'as une compétition dans quelques jours. Et puis ne reviens pas me voir, ok ? Va faire tes trucs d'amoureux avec lui et foutez-moi la paix ! Je peux pas vous voir, tu comprends ça ? Alors barre-toi !
_ Mais de quoi tu... Otabek.
_ Quoi c'est plus « Beka » ?! Ah non tu l'appelles comment en fait ?! Et puis merde je veux pas savoir. Fous le camp ! Maintenant ! »
La voix de Yuri se brisa sur ces dernières paroles. Les larmes aux yeux, le rouge aux joues, les battements de cœur affolés, le jeune homme faisait peine à voir. Il lui sembla d'un coup plus jeune, plus petit, et tellement seul. Mila s'approcha pour tenter de le consoler mais il la repoussa d'un geste brusque.
«_ Laisse-moi s'il te plaît.
_ Yuri...
_ Yura ? Mais que... »
Sans réfléchir, Otabek se précipita vers Yuri et lorsqu'il voulut le prendre dans ses bras, le jeune homme se recroquevilla davantage sur lui-même.
« _ Mila, va chercher son grand-père.
_ Oui, tout de suite. »
❄️❄️❄️
Je ne supporte pas la souffrance que j'ai lue dans tes yeux. Tu semblais à l'agonie. Que s'est-il passé mon ange ? Qu'as-tu encore souffert pour ainsi ne plus tolérer la présence de personne ? Même ton grand-père n'a pas réussi à te calmer. Il a fallu faire venir les médecins pour t'injecter un calmant.
« _ Otabek ? Est-ce que je peux te parler une minute ? C'est important ?
_ Oui, bien sûr Mila. »
Est-ce que tu sais pourquoi il allait si mal ? Vu ton air coupable, certainement.
« _ Je...J'ai voulu parler à Yuri.
_ De quoi au juste ? »
Tu es mal à l'aise. Je le vois à la manière que tu as d'enrouler une mèche de cheveux autour de ton doigt. Tu fais ça quand tu es nerveuse ou que tu réfléchis.
« _ J'ai essayé de lui parler. Je voulais lui dire que je suis désolée si je lui ai fait du mal.
_ De lui avoir fait du mal ? »
Je ne comprends pas Mila... Tu n'es pas réellement en cause dans cette histoire. C'est moi qui lui ai brisé le cœur. Pas toi.
« _ Mila, je crois que tu te trompes. Tu n'as jamais fait de mal à Yura. Ce n'est pas toi la fautive ici.
_ Je lui ai brisé le cœur.
_ Pardon ?! Mais de quoi tu parles ? Yura a des sentiments pour toi ?! »
Otabek, j'en rirais presque si Yuratchka n'avait pas failli mourir. Tu ne vois donc rien.
«_ Non Otabek. Ce n'est pas pour moi qu'il a des sentiments.
_ Je ne comprends pas.
_ Otabek, tu ne vois rien ? Tu ne vois pas à quel point il t'aime ?
_ Je... Non ! Tu fais erreur. Et puis, nous sommes deux hommes et...
_ Et vous vous aimez. Car je sais que tu l'aimes.
_ Je...
_ Viens, il faut qu'on parle sérieusement tous les deux. »
Mila... Mila... S'il te plaît ne fais pas ça. Ne me fais pas espérer quelque chose qui n'arrivera pas.
❄️❄️❄️
* The song of Achille est un roman de Madeline Miller et publié en français sous le tire, Le chant d'Achille. Première publication anglophone en 2011. Yuri peut donc connaître le livre et l'avoir lu.
Je ne vous dévoile rien (surtout si vous avez lu l'Iliade d'Homère) en vous disant que les deux héros du roman, Achille et Patrocle, étaient amants et que l'histoire se termine très mal. (Lisez le livre, il est excellent et tellement bien écrit.)
** Il s'agit de la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan. La cathédrale se situe non loin de l'avenue Nevsky, les Champs-Elysées de Saint-Pétersbourg.
The House of books : librairie se situant sur l'avenue Nevsky.
*** Aéroport international de Pulkovo : aéroport international de Saint-Pétersbourg.
Je n'allais quand même pas appeler la petite sœur d'Otabek « Anara » encore une fois. Pareil pour sa maman, je ne pouvais pas utiliser de nouveau le prénom « Aliya ». Pour celles et ceux qui ne comprennent pas la référence je vous renvoie vers Parenthèses nocturnes.
❄️❄️❄️
Je suis désolée d'avoir mis autant de temps à publier la suite de cette histoire. J'espère que vous l'avez appréciée.
En cette période, j'espère que vous allez bien ainsi que ceux que vous aimez. Prenez grand soin de vous et à bientôt 😘
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