Chapitre 1


Il n'y avait pas grand-chose dans le frigo, mais assez de nourriture pour ne pas se plaindre. Stiles se mordit la lèvre inférieure. Combien de temps son père partait-il, déjà ? Quatre jours. Le jeune homme soupesa un tupperware de restes du repas qu'il avait préparé hier soir. Ce serait suffisant pour ce midi. Il jeta un coup d'œil aux placards du haut. Ok, il restait un paquet de pâtes, qu'il accompagnerait de... Eh bien, de fromage râpé et d'un steak, le dernier présent à l'intérieur du congélateur. A noter que le bac à fruits était presque vide et que l'étagère du haut ne comportait que deux yaourts tandis qu'une barquette gardait une unique tranche de jambon blanc. Refermant le frigo, Stiles réfléchit. A part faire attention à ne pas abuser et ne pas faire le goinfre comme il en avait l'habitude, eh bien... Il n'avait pas beaucoup de solutions. L'envie de vérifier quelque chose le prenant, le jeune homme monta à l'étage et, une fois dans sa chambre, se saisit de son portefeuille, qu'il vida sur son lit.

Quelques pièces et un billet s'écrasèrent sans un bruit sur la couette molletonnée.

- Evidemment, murmura Stiles en poussant un gémissement de désespoir.

Son dernier achat, fait avec ses économies, s'était révélé plutôt onéreux, à tel point qu'il utiliser toutes ses économies – matérielles et immatérielles – pour le réaliser.

Au lycée, il avait besoin de son ordinateur et... Le sien avait tout bonnement rendu l'âme. Alors, le remplacé s'était avéré être une nécessité. De plus, son père lui avait promis qu'il lui donnerait, d'ici quelques jours, un peu d'argent pour partiellement rembourser son achat – l'aider, en somme. Mais Stiles ne s'attendait pas à voir le moindre dollar apparaître son compte. Il ne se faisait aucune illusion à ce sujet, pour la simple et bonne raison que Noah... Avait la fâcheuse tendance d'oublier beaucoup de choses, ces temps-ci. La faute à son nouveau béguin : Chris Argent. Le chasseur avait longuement courtisé le shérif qui, à force, était tombé dans ses filets. Stiles n'était pas contre leur relation – Chris était un chic type ! – mais depuis qu'il le fréquentait, Noah avait revu ses priorités. Père et fils se voyaient peu, de manière générale, mais c'était encore pire depuis que le père d'Allison était entré dans leur vie. Chaque fois que Noah avait un moment de libre, il allait rejoindre son homme avant de rentrer pour simplement se coucher. Stiles restait alors éveillé jusque parfois tard dans la nuit, juste pour pouvoir le saluer avant d'aller dormir, histoire de le voir un peu.

Et là, Noah s'absentait quatre jours parce qu'il avait obtenu un petit congé récemment et... Avait eu la bonne idée de tout de suite prévoir quelque chose avec Chris. Stiles ? Il l'en avait informé à la dernière minute sans chercher à lui demander son avis. De toute façon, qu'aurait-il pu lui dire ? « J'aurais aimé passer du temps avec toi » ? « On aurait pu en parler avant » ? C'était idiot. Stupidement idiot. Mais... Noah souriait, il avait le regard pétillant. Et ça, ça n'avait pas de prix.

Enfin, ce n'était pas les étincelles dans les yeux du shérif qui allaient nourrir Stiles. Ce dernier poussa un soupir. Au pire, il n'avait qu'à faire ce qu'il savait faire de mieux : ignorer le problème jusqu'à ce que celui-ci disparaisse. Dans le cas présent, il ne s'en irait pas mais disons que l'hyperactif pourrait toujours repousser l'échéance et n'y repenser que lorsque la situation serait un minimum préoccupante. En somme... Au dernier moment. Stiles valida cette idée. Son moral n'était pas extraordinaire ces derniers temps et ce n'était pas vraiment le moment de l'alourdir avec un stress qu'il pouvait s'éviter momentanément. Stiles préservait les autres : ne serait-il pas temps de se préserver lui-même ? Un peu, juste un peu.

Ce qui était idiot dans cette histoire, c'était la période durant laquelle son père le laissait seul. Techniquement, les vacances auraient dû ne commencer que deux semaines plus tard et durer... Eh bien, deux semaines. Cependant, un incident de taille était survenu au lycée. Un incident qui n'était pas sans conséquences puisqu'une partie du bâtiment s'était effondrée, rendant l'enseignement impossible. La direction du lycée s'était donc mise d'accord pour prononcer l'établissement des vacances un peu plus tôt que prévu. Néanmoins, les professeurs avaient décidé, pour ne pas perdre de temps, d'inonder les élèves de devoirs. Certains voudraient bien faire cours en ligne, mais le directeur avait signifié à ses subalternes qu'il n'accepterait aucune opposition à sa décision. Stiles ne comprenait pas cette logique, mais elle était ainsi. D'ailleurs, s'il voulait profiter un minimum de ses vacances à rallonge, il serait peut-être judicieux qu'il commence à travailler le plus tôt possible.

Ainsi, l'hyperactif s'installa à son bureau après y avoir déballé ses affaires de cours, sans savoir par quoi commencer. Pour être honnête, il n'avait envie de rien faire et ressentait comme... Une sorte de vide. Il n'était pas difficile de deviner pourquoi. Si savoir que son père était heureux lui faisait du bien, son absence avait cela de perfide qu'elle lui faisait mal malgré tout. S'il finirait par lui dire un jour ? Sans doute, oui, mais pas avant qu'il se soit complètement stabilisé. Avec tout ce qu'il s'était passé ces dernières années, Stiles avait un peu peur. En effet, chaque révélation et chaque affaire surnaturelle que sa meute avait eu à gérer avait ses conséquences. Combien de fois Noah avait-il failli mourir ? Et Stiles ? Sans oublier que celui-ci s'était fait posséder par un esprit malfaisant qui avait manqué de tuer une grande partie d'entre eux. Noah Stilinski avait gardé des séquelles de tout cela et son fils en était parfaitement conscient. Il y avait une autre raison pour laquelle Stiles n'était pas contre le fait que son père se réfugie chez Chris pour quelques jours : là-bas, il n'y avait pas d'alcool. Chris Argent ne buvait plus depuis la mort de sa fille, Allison. Avec cet homme aux côtés de son père, Stiles était assuré que celui-ci ne toucherait pas à un quelconque verre durant son séjour. Cela le rassurait parce qu'avant de se rapprocher de lui, Noah... Avait doucement recommencé à dériver. Rien de très inquiétant qui pourrait trahir le retour de son addiction passée, mais Stiles restait méfiant et gardait son paternel à l'œil. Hors de question qu'il sombre comme il l'avait fait des années plus tôt. L'hyperactif veillait au grain. Alors, il ne disait rien et laissait le bonheur de son paternel se consolider pendant que lui vivait au jour le jour et... C'était tout. Avec son quotidien, Stiles pouvait difficilement songer à son avenir. Il protégeait son père, ses amis, les autres. Et il survivait, sans jamais savoir trop comment il réussissait à s'en sortir. L'humain objectivement fragile qu'il était trouvait toujours une solution, un moyen de tromper la mort, encore et encore. Mais viendrait un jour où ses petits tours de passe-passe se révèleraient insuffisants et de cela, il était bien conscient.

Stiles posa son stylo et se prit la tête dans ses mains. Il était fatigué, de ce genre de fatigue qui écrasait toute volonté de faire quoi que ce soit et qui rendait difficile chaque tâche que l'on cherchait à s'imposer. S'il s'écoutait, sans doute aurait-il déjà appelé son père, ou bien l'un de ses amis. Manque de chance, Scott partait ce soir en vacances avec sa mère, Lydia passait le week-end avec Isaac et les autres concoctaient également leur petit programme. Stiles, de son côté, ne pouvait aller nulle part : si personne n'était disponible, pourquoi sortir de chez lui ? D'autant plus qu'il n'avait que peu d'argent et qu'il ne pouvait pas s'improviser un week-end ou quelques jours dans une autre ville. Rien n'était gratuit et il avait du travail. Si l'on ajoutait à cela les recherches qu'il devait perpétuellement faire pour la meute... Pourquoi acceptait-il toujours de s'y coller, déjà ? Parce que Scott était son alpha et qu'apparemment, un alpha, ça se contentait de donner des ordres avec une voix douce et un air gentil, juste pour que tout soit plus facile. Même s'il s'agissait de son meilleur ami, Stiles était parfaitement conscient qu'il avait un comportement un peu... Abusif. C'était léger et surtout, peu visible, mais l'hyperactif avait des yeux partout. Le pire c'est qu'en plus d'être parfaitement lucide quant à ce fait, Stiles acceptait pleinement sa situation, pour la simple et bonne raison qu'il était le seul à pouvoir faire en sorte que tout le monde aille bien. Ses plans, infaillibles, en avaient sauvé plus d'un. La seule fois où il n'avait pas été là... Les choses avaient dérapé et traîné en longueur. Même si continuer de faire des recherches était aussi agaçant qu'épuisant, Stiles continuait. Qui à part lui accepterait d'exécuter ces basses besognes ? Le silence qui surviendrait s'il posait la question aux membres de sa meute serait édifiant.

Stiles se leva et remit ses devoirs à plus tard. Se concentrer, il n'y arrivait pas. La fatigue, trop forte, lui donnait... Faim. A nouveau, il rendit visite à son frigo et rouvrit ses placards avant de grimacer à nouveau.

Quatre jours, hein ?

Se disant qu'il n'était pas encore l'heure de manger et qu'il avait encore du temps avant de devoir réfléchir à une solution concernant la faible pitance laissée par son père, Stiles se traîna jusqu'à sa console de jeux et se changea les idées, réduisant au silence la faim qui commençait doucement à le tirailler, sans se douter des proportions que prendrait ce problème-là. Parce qu'ignorer le problème en question pouvait le soulager un temps, mais celui-ci ne disparaîtrait pas par la simple force de sa volonté.

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