Notre première journée de travail vient de s'achever, il était grand temps. Je ne sais pas trop quoi faire, alors je suis restée sur le plateau toute la journée. J'ai appris à faire connaissance avec ceux qui seront mes collègues pour les quinze jours à venir. Ils sont gentils à l'exception d'une fille qui n'avait pas l'air d'humeur à copiner avec moi sans que je sache pourquoi.

Nous sortons du studio à vingt-deux heures trente, en rentrant Jesse m'invite à manger chez lui. Et même si je suis quelqu'un de solitaire, j'accepte. Après tout je tente quelque chose de nouveau, donc autant faire des choses que je n'aurais pas fait en temps normal. Sur le chemin du retour nos mains se frôlent comme ce matin, ce qui me donne des frissons dans la totalité du corps. Je ne sais pas si il le fait exprès, mais je ne rompt pas le contact. Cela fait bien longtemps que je n'avais pas ressenti ce genre de sensations.

Je rentre dans ce qui sera ma maison pour les semaines qui viennent. Je prend une douche et m'attarde dedans pour me relaxer, cette journée a été assez éprouvante.  Je revois le visage de Jesse lorsqu'il jouait la scène avec sa collègue. Il me regardait et j'admet avoir imaginé être cette fille sous lui. Je me suis sentie coupable même si je ne devrai pas.

À vingt-trois heure quinze, je rejoins Jesse chez lui où se trouve quatre de nos collègues. Moi qui pensais avoir un dîner en tête à terre et être au calme après cette journée, je me suis bien trompée. Ils parlent tous en même temps, je sens que demain je vais avoir mal à la tête, moi qui ai l'habitude du silence.

Je prend place à ses côtés, et la conversation dérive sur un certain Eli et une certaine Clara. Ne sachant pas qui c'est, je cesse d'écouter et m'évade dans ma tête. Je ne suis pas vraiment ce qu'on appelle quelqu'un de sociable, à part Lindsay je ne côtoie pas grand monde. Alors je n'ai pas l'habitude de me retrouver avec autant de monde et de bruit autour de moi. À un moment je suis rappelé à la réalité par la main de Jesse effleurant mon genou dénudé sous la table.

Je le regarde et il me sourit, continuant ses gestes de son pouce. Il remonte lentement sur ma cuisse et instinctivement je les resserre. Je ne suis pas spécialement à l'aise qu'il fasse ceci devant tout le monde. Certes ils ne voient pas ce qui ce passe sous cette table, mais mon teint cramoisi, lui, doit me trahir. Mais Jesse n'interrompt pas sa douce torture pour autant.

Après une heure de tortue de se part, le dîner s'achève et chacun rentre chez soit. Alors que tous les autres sont parti je prend congé à mon tour.

-Je vais y aller aussi .
-Déjà ? demande t-il surpris
-Oui la soirée a duré assez longtemps. Répondis-je en souriant
-Hummm je ne trouve pas ! Me dit-il s'avançant doucement vers moi.

Arrivé à ma hauteur il me dépose un chaste baiser sur la bouche, et je quitte sa caravane les jambes tremblantes par l'excitation que me provoque ce mec.

Une fois arrivé dans ma caravane, je me déshabille, vais dans la salle de bain pour me brosser les dents et me glisse sous les draps en satin de mon lit. Le contact est froid mais doux. Je pense à ce baiser qu'il vient de me donner.

À quoi joue t'il ? Il me provoque sans pour autant essayer de faire plus. J'ai beaucoup de mal à trouver le sommeil. Jesse hante mes pensées, il hante mon corps. Chaque parcelle qu'il a touché, me brûle de ce contact, de ce désir qu'il recommence.

Je sais que je joue avec le feu, que je risque de me brûler les ailes mais c'est comme si son toucher m'étais devenu vital. J'allume mon téléphone, vérifie mes messages et lance YouTube. Je met la playlist que je me suis faite et l'écoute encore et encore.

Ne vous imaginez pas que je tombe amoureuse de lui, non ça ce n'est pas envisageable. Mais c’est la première fois depuis Tony que j’éprouve du désir pour un homme.  Cela fait maintenant trois ans que je l'ai perdu et je n'arrivais toujours pas à l'oublier. Mais aujourd'hui est la première journée où je n'ai pas pensé à lui depuis trois ans, où je n'ai pas revécu ce cauchemar à chaque seconde.

Juste le fait d'y repenser me fait perdre ma bonne humeur, je me force donc à penser à Jesse. J'aimerai bien passer une nuit en paix pour une fois, mais il est bientôt trois heures et je ne dors toujours pas. Je dois me lever à sept heures et je désespère de trouver le sommeil.

J'ai dû m'endormir vers quatre heures trente avec la musique car je suis réveillée à sept heure par le son strident de mon réveil. Je m'étire et me lève, je vais avoir besoin d'une cafetière entière pour tenir le coup.

Cette nuit encore, Tony a hanté mes pensées, mais Jesse les a adoucis et j'ai pu dormir sans me réveiller en pleurs. J'espère que cette journée sera meilleures que les précédentes.