Je ne sais pas ce qui lui arrive, mais il ne peut pas me dire de le lâcher devant tout le monde. Je ne suis pas une petite chose à ses ordres. Je suis en colère, je l'ai laissé entrer dans mon monde et il me repousse.

Après avoir perdu Tony, je ne voulais plus m'attacher. Après trois ans, cette bouffée d’oxygène que Jesse m'apportait j'en avais bien besoin. Mais sûrement pas pour être traitée de la sorte. Je n'ai jamais été la petite chose fragile à qui que ce soit !

Le jour où je devais signer mon contrat, j'ai déjà été bien gentille de ne pas faire demi-tour. Il m'a fait venir super tôt, m'a réveillé en pleine nuit alors que le contrat n'a pas été prêt avant la fin de matinée ! Il m'a servi une conversation banale genre « Tu as des animaux ? Bla bla bla ». J'ai joué son jeu car j'étais là pour du boulot, mais maintenant c’est bon. J'ai eu ma dose.

Furieuse de sa réaction, je l'envoie se faire foutre et tourne les talons. Je passe devant Sam et Stephen qui me regarde comme si je descendais de Mars. Je sors. J'ai besoin de prendre l'air et de me calmer car je n'ai qu'une envie : tout envoyer balader et rentrer chez moi !

J'entends la porte claquer derrière moi, et vois Jesse s’avançant vers moi. Je fais mine de ne pas l'avoir vu et marche jusqu’à ma caravane. Alors qu'il essaie de me suivre je m’enferme à clé, le laissant dehors. 

- Ella, s'il te plaît laisse-moi entrer, supplie-t-il.
- Non, casse-toi !
- On doit parler !
- De quoi ?
- De nous.
- Je croyais que je devais te lâcher !
- Je ne disais pas ça méchamment.
- On ne devait pas être au même endroit alors !
- Excuse-moi !
- Non, c’est trop facile ! Tu m'envoies chier devant tout le monde, et là tu t'excuse !
- Tu veux que je fasse mes excuses devant eux ? dit-il avec une voix perplexe.
- Non je veux que tu me laisse tranquille. Au moins pour le moment !
- Je repasse tout à l'heure ? demande t-il plein d'espoir.
- Je sais pas je t'enverrai un message si je suis d’humeur à entendre ton bla bla.
- D'accord, mais tu me crois quand je te dis être désolé ?
- Non ! Je ne comprends pas ta réaction. Alors sauf si tu peux t'expliquer, non je ne crois pas à tes « désolé ».
Je m'affaisse le long de la porte, ma colère redescend déjà. Il m’énerve et je ne saisis pas pourquoi il s'est énervé. Mais il a l'air sincèrement désolé. Malgré tout je ne peux pas le laisser croire que ça marche comme ça avec moi. Sinon ça serait beaucoup trop simple pour lui.

- Je t’expliquerai ce soir, je te le promets, murmure-t-il près de la porte. 

Puis je l'entends s'éloigner, et moi je reste assise par terre un long moment. Puis je reprends mes esprits, me lève et en profite pour faire mon ménage. Autant calmer mes nerfs en faisant quelque chose d'utile.
* * *
À dix-neuf heure trente précise il frappe à ma porte. J'hésite entre ouvrir et le laisser en plan.

Après quelques secondes d'hésitations je lui entre-ouvre la porte et rejoins le canapé sans même prendre la peine de l'inviter à entrer. Il est assez grand pour se décider. Ce qu'il fait rapidement.

Il entre et referme derrière lui et je vois à son manteau qu'il neige. Ce qui n'est pas vraiment étonnant en janvier ici. Ne me demandez pas pourquoi je m'attache à des détails sans importance, ça me permet de garder un minimum le contrôle.

Quand il entre dans une pièce, c'est comme s'il aspirait tout l'air de celle-ci. Il reste dans l’entrée, n'osant pas bouger. Il a peur que je le mange ou quoi ?

- Tu attends quoi dans l’entrée ?
- Euh… Je sais pas, lâche-t-il en me rejoignant sur le canapé, tout en gardant une certaine distance.
- Alors ?
- Alors ?
- Tu m'expliques ?
- Ah… Euh… Oui… bafouille t-il cherchant désespérément quelques chose à me dire. Il a vraiment l'air mal à l'aise.
- T'accouches ?
- Oui… Tu parlais de quoi avec Sam et Stephen ?
- Je vois pas le rapport ! dis-je. Il commence à m’énerver ! Il est censé m'expliquer sa réaction et il me pose une question sans aucun rapport.
- Vraiment ?
- Quoi ?
- Tu ne vois pas le rapport ?
- Non ! Mais éclaire-moi !
- Tu es à moi ! Tu couches avec moi ! Tu passes tes nuits avec moi ! Mais pendant que je tourne tu parles à ces deux queutards !
- Oh ! dis-je surprise. Il a réagi comme ça par jalousie ? J'ai un peu de mal à y croire.
- C'est tout ce que tu réponds ?
- Ils me demandaient ce qui ce passait entre nous …
- Et t'as dis quoi ?
- Que ça ne les regardait pas, pourquoi ?
- Pour rien. Laisse tomber… dit-il tout en semblant blessé.
En même temps je suis censé dire quoi ? Qu'on couche ensemble ? Enfin pas vraiment mais qu'on « joue » ensemble ? Je ne sais même pas ce qu'on est l'un pour l'autre, alors comment je pourrais le dire à quelqu'un d'autre ?

Après ça il se calme et je laisse couler. Il a fait une crise de jalousie et je trouve ça mignon, enfin je crois. Nous regardons un film, puis me disant qu'il est fatigué il retourne chez lui. Je me sens un peu conne mais surtout pleine de questions…