Chapitre 24

(Zachary)

Un matin comme les autres, je me lève, déjeune et pars en direction du lycée. Angelia est dans la voiture, enfermée dans son mutisme comme à son habitude. Depuis hier elle ne m'adresse plus un regard, je peux le comprendre. J'ai vraiment foiré sur ce coup là. Mais je reste bloqué sur le ton qu'elle a employé hier, si glacial, si indifférent. Car c'est ce que je suis à ses yeux désormais, rien d'autre qu'un moustique écrasé contre sa bulle de protection. Elle m'a rejetté.

Mais ce matin est tout de même différents pour moi. Je vais enfin me venger de cette conne de Carla, elle va le sentir passer.

On se gare et je vois ma passagère descendre pour se diriger immédiatement vers les couloirs du lycée. Pourquoi est-elle aussi pressée? Je me persuade que ce n'est pas pour moi, mais au fond je le sais déjà. J'aimerai bien qu'elle voit ce que je réserve à Carla, peut-être qu'elle me pardonnera alors de ne pas être venu la voir durant ces trois semaines. Et elles ont été longues sans elle, mais pour rien au monde je l'avouerai. J'attends Kayn adossé à ma voiture.

-Hey! Dit-il en s'avançant vers moi.

Je le salue d'une tape dans le dos et le prend pas les épaules, comme un père avec son fils.

-Dis-moi, que sens-tu aujourd'hui mon très cher ami?

-... Toi qui a l'air complètement défoncé. Dit-il méfiant.

-Non mon ami, moi je sens la vengeance.

Il éclate de rire avant de se dirige vers le lycée.

-Alors? Qu'est-ce que t'as prévu pour elle?

-Et bien figure-toi que j'ai réfléchi et...

-Tu as réfléchi?! Mon Dieu mais que t'arrive-t-il? Tu es malade?

     Il éclate de rire lorsque je lui donne une bourrade à l'épaule.

-C'est ça, moque-toi. Mais en attendant écoute. Quelle est la pire chose que Carla craint?

-Hum... je dirais toi. Dit-il en réfléchissant.

-En partie oui. Mais encore plus perdre sa réputation. Si elle se fait humilier en public elle ne le supportera pas.

-Pas bête! J'ai hâte de voir ça.

-Patience mon ami, patience. Ricanais-je en lui lançant un regard malicieux.

La matinée a été très longue. Angelia, à mes côtés, ne m'a pas adressé un seul regard. Elle m'ignore totalement. J'espère vraiment que quand elle verra ce que j'ai fait pour la venger, en quelque sorte, j'aurai enfin son attention. Elle m'a manqué.

Mais qu'est-ce que je dis? Je suis vraiment contradictoire putain! Hier encore je ne voulais même plus lui parler et maintenant je dis qu'elle m'a manqué? Mais c'est quoi mon problème? J'en ai marre de ces saletés d'émotions qui me contrôlent.

Bref, l'heure de la vengeance a sonné. C'est le midi et je sais que les filles se changent encore dans les vestiaires après le cour de sport. Je me dirige vers ceux-ci et aperçois de loin ma victime, occupée à parler avec ses "amies". Ça n'a vraiment pas été difficile de les convaincre à m'aider. Elles n'ont pas l'air de tant tenir à Carla finalement. Elles doivent retenir celle-ci le plus longtemps loin des vestiaires, le temps que je m'en aille.

Je toque à la porte et une fille, de quinze ans pas plus, m'ouvre. Quand elle me voit, elle pâlit. Je suis assez intimidant pour les plus jeunes et j'en profite. Elles tombent plus facilement dans mes bras comme ça.

-Salut, tu peux me rendre un service? Souriais-je.

Elle hoche frénétiquement la tête.

-Bien, alors est-ce que tu peux me rapporter les habits de Carla Frosa s'il te plaît?

-Euh... Je suis pas sûr que...

-Ne t'inquiètes pas, elle ne saura pas que c'est toi. Je te le promet. Rajoutais-je en me penchant vers elle.

     Elle rougit puis baisse les yeux. Quand elles sont jeunes c'est encore plus simple.

-D'a-d'accord. Je vais te chercher ça tout de suite.

Elle revient, les vêtements de Carla en main. D'ailleurs celles-ci tremblent, elle ne doit pas avoir l'habitude de faire des conneries. Ou alors les probables représailles de Carla l'effraient. Elle s'en remettra.

-Super, merci. Oh fait, quand elle te demandera où sont ses affaires, tu lui dira bien que c'est moi qui lui ai pris.

À nouveau elle hoche la tête, déstabilisée.
     Mais j'ai encore besoin d'elle, pour son plus grand malheur.

-J'ai encore un tout petit service à te demander. Murmurais-je me rapprochant encore plus de son visage.

Ses yeux noisette s'écarquillent légèrement et elle remonte ses petites lunettes dans un réflexe amusant. Je ne peux pas dire qu'elle n'est pas attirante, au contraire, mais j'ai connu mieux. D'autant plus qu'elle est encore jeune.

-Ou-Oui? Bégaie-t-elle.

-Une fois qu'elle aura enlevé ses vêtements de sport, j'ai besoin que tu les lui cachent.

     Soudain elle perd toutes ces couleurs et hoche négativement la tête, déterminée.

-Non, non c'est hors de question, elle va me tuer. Panique-t-elle.

     Bon il va falloir être plus convaincant sinon tout mon plan tombe à l'eau.

-Elle ne te touchera pas, crois-moi.

     Elle hésite, mais finit par se reprendre et refuse. Je soupire intérieurement, elle est vraiment chiante c'est le cas de le dire. En même temps je comprends sa peur. Quand Carla s'y met, elle peut être terrifiante. Mais sûrement pas autant qu'une certaine tarée nommée Angelia. Très bien, je vais la jouer sentimental, c'est ma dernière chance avant que Carla ne revienne. Je sais que les filles ne pourront pas la retenir indéfiniment.

-Tu as entendu parlé d'Angelia Teissi je suppose, et de ce qu'elle a fait.

     Elle acquiesce puis me regarde, méfiante. Évidement tout le lycée est au courant, une bagarre qui finit aussi mal est plutôt rarissime.

-C'est Carla qui l'a harcelé jusqu'à la pousser à bout. Alors aide-moi à l'arrêter, crois-moi après aujourd'hui, elle n'embêtera plus personne.

     J'attends un petit temps, voyant qu'elle pèse le pour et le contre dans son esprit.
     Quand elle finit par accepter, je laisse un soupir sortir sans même le dissimuler, il s'en est fallu de peu.

     Je reviens vers Kayn avec un sourire triomphant sur le visage.

-Voler ses vêtements? Sérieux? J'ai connu mieux venant de ta part Zac.

-Ce n'est que le début, que le spectacle commence.

Je patiente dix minutes quand soudain, j'entends quelques râles venant de plus loin.
     La voilà.
     Je me retourne et la trouve devant moi. En sous-vêtements. Et faut dire qu'elle a un sacré corps quand même. Voila quelque chose qui va me manquer venant d'elle. Visiblement elle n'a pas l'air mal à l'aise d'être dénudée comme ça. C'est qu'elle a vraiment une bonne estime d'elle-même, cette narcissique.

-Salut toi. Un problème? Souriais-je, innocemment.

-Rend-moi immédiatement mes vêtements idiot!

-Quoi, tu penses que c'est moi? Dis-je en prenant un faux air stupéfait.

-Arrête-ça Zac, je ne vais pas attendre longtemps.

-Pourtant ça n'a pas l'air de te déranger tant que ça.

Elle esquisse un petit sourire, visiblement contente d'avoir l'attention ainsi portée sur elle, mais se reprend immédiatement et pose une main sur sa hanche en faisant rouler ses yeux verts. Puis pousse un soupir digne d'une star du cinéma. Mais quelle salope, comment j'ai pu être attiré par elle sérieusement?

-J'attends... Dit-elle pleine de reproches.

Je finis par rigoler gentiment, puis lui souris, exactement comme avant. Moins elle se doute de ce que je prévois pour elle, meilleur ça sera. Mais quand j'aperçois une magnifique chevelure brune surmontée d'un bonnet parmi la foule, je comprends qu'il est temps.

-C'est demandé si gentiment. Répliquais-je.

Je me retourne, faisant mine d'attraper ses habits. Mais à la place de ça, j'attrape le sceau que j'avais préparé préalablement.

-Les voilà. Dis-je tout en renversant le contenu du sceau sur sa tête.

Le liquide coule tout le long de son corps, jusqu'à finir par s'écraser au sol. Une forte odeur s'en dégage et je grimace de dégoût. C'est fou ce que c'est écœurant, parfait pour elle.
Elle pousse un cri, surprise, puis... Silence. Plus personne ne parle dans l'immense foule. Un cercle se forme peu à peu autour de nous. C'est toujours la même chose de toute manière, ils sont bien trop curieux.

-Est-ce que... Est-ce que c'est... bégaie-t-elle

-De la pisse de vache. Pour une sale vache comme toi. Crachais-je, sentant enfin la colère que je gardais au fond de moi, sortir.

Des murmures s'entendent dans la foule et certains rient, dont ses amies, ou plutôt ses fausses amies, d'autres la pointent du doigt et d'autres encore filment la scène. Mais personne ne lui vient en aide, parce qu'elle n'inspire que la haine pour tout le monde. Et aujourd'hui elle va enfin assumer les conséquences de ses actes. Ses actes ignobles.

-Tu vois ce que ça fait maintenant d'être humiliée de la sorte. Tout comme Angelia l'était avec toi. Chuchotais-je faisant en sorte que seule elle m'entende.

Je recule de quelques pas, et la fusille du regard. Je fais tout pour me contrôler et ne surtout pas user de la violence.

-On récolte que ce que l'on sème, l'oublie jamais Carla. Murmurais-je d'une voix haineuse.

Je me retourne puis rentre dans la foule, pour me mêler au autres et la laisser seule, humiliée.
Je rejoins Kayn, lui aussi présent dans le cercle formé.

-La vache, là mec t'as fais fort. S'exclame-t-il.

-Elle n'a que ce qu'elle mérite cette salope. Et tout le monde sera d'accord avec moi.

Je me régale de ce que j'ai fais. J'espère sincèrement qu'Angelia à tout vu.

En me posant la question je l'aperçois toujours à la même place, abasourdie. Elle fixe Carla avec une expression horrifiée. D'ailleurs ça m'inquiète un peu. Au moins je suis sûr qu'elle n'a pas loupé le spectacle.

Mais à mon plus grand étonnement et celui des autres elle s'avance dans le cercle, déterminée. À nouveau le silence règne. Tout le monde sait ce qu'il s'est passé la dernière fois qu'elles se sont retrouvées face à face. Je crains une nouvelle bagarre alors je me prépare à intervenir au cas où.

Tout le monde est tenu en haleine, attendant tous le prochain mouvement de l'une ou l'autre. Mais elles se contentent de se fixer dans les yeux, dont ceux de Carla sont remplis de larmes.

Puis Angelia commence à enlever son sac et à le poser par terre. Elle enlève sa grande veste mais au lieu de la jeter également au sol, elle la pose délicatement sur les épaules de Carla.
Mais qu'est-ce qu'elle fout?

J'entends des bruissements de surprise. Et je crois bien que j'en fais parti. Pourquoi elle ne se moque pas d'elle? Ou la laisse seule dans sa merde tout simplement?

Mais non, au lieu de ça, elle ferme la fermeture de sa veste pour couvrir le corps trempé de Carla et se recule. Elle ramasse son sac puis dévisage une dernière fois Carla.

-Merci. Sanglote celle-ci.

Elle se contente d'incliner très légèrement la tête avant de s'en aller vers le lycée. Mais au bout de quelque pas, elle se retourne vers moi et me regarde. En fait non, elle ne me regarde pas, elle m'assassine du regard. Il y a tellement de rage dans celui-ci que j'en reste bouche-bée, complément choqué.

Carla s'en va chialer dans son coin et le cercle se dissipe peu à peu, chacun reprend ses activités. Mais j'en suis incapable. Je reste paralysé par l'empreinte de ses yeux, noircis par la colère, sur moi. Pourquoi l'a-t-elle défendue? Je pensais qu'elle ressentirait un minimum de satisfaction après ce qu'elle lui a fait vivre. Mais non, elle est... Furieuse. Et c'est rare de voir de réelles émotions sur son visage. Mais je peux dire que là, je vais m'en rappeler.

Bordel de merde, mais qu'est-ce que j'ai fait?!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top