Chapitre 23
(Angelia)
-Oh, n'oublie pas ta brosse à dents! S'exclame Charley en souriant jusqu'aux oreilles.
J'acquiesce et me dirige vers la salle de bain.
-D'ailleurs tu savais que celle-ci contenait en moyenne dix millions de bactéries voire plus! C'est vraiment incroyable comment une si petite chose peut être si dégoûtante. Continue-t-elle.
Je l'écoute tout en finissant ma valise. Depuis notre rencontre, il y a une semaine, nous ne nous lâchons plus. À force, les infirmiers ne disent plus rien sur le fait qu'on change de services pour venir nous voir. Peu importe le nombre de fois où ils nous renvoyaient dans nos chambres, nous continuions encore et encore.
C'est vraiment une fille formidable, très mature pour son âge. Elle m'a dit que la maladie faisait vieillir de plusieurs années, qu'on prenait soudainement conscience de la dureté de la réalité. Je pense savoir de quoi elle parle dans un sens.
Je me rends compte que cela fait plusieurs minutes qu'elle s'était arrêté de parler. C'est inhabituel. Je me tourne vers elle, intriguée.
Ses grands yeux, magnifiques, sont remplis de larmes et son visage n'a plus une once de joie.
Mais que lui arrive-t-elle? J'avoue ne pas savoir comment réagir, mais je sens de l'inquiétude monter, comme un ouragan détruisant tout sur son passage. C'est nouveau mais je n'aime pas cette sensation.
Elle finit par lever sa tête vers moi et me fait un triste sourire.
-Tu vas tellement me manquer. J'ai pas envie que tu t'en ailles Angelia. Sanglote-elle. Tu es ma seule amie ici, la seule qui me supporte...
Sa voix se brise à la fin de sa phrase et j'ai l'impression que mon cœur avec. Depuis que je la connais mes émotions reviennent petit à petit. Il fallait simplement un peu de gaieté dans ma vie. Mais c'est parfois très compliqué de les supporter.
Je m'approche d'elle, doucement, et tends la main vers sa joue pour attraper une larme qui coule sans rentrer en contact avec sa peau pâle.
-Pleure pas. Je murmure. Je ne t'abandonnerai pas.
-Promis? Renifle-t-elle.
-Promis.
Et je compte bien tenir cette promesse contrairement à Zachary.
Ses yeux se sèchent rapidement et soudain son visage si adorable reprend vie. Même sans cheveux elle est magnifique. Je me rappelle qu'elle a dit qu'avant sa maladie elle était blonde, tout comme sa mère que j'ai rencontré une fois. Ses amies étaient jalouse de sa longue chevelure et quand elle s'est mise à perdre ses cheveux à cause de sa chimiothérapie, ils ne l'ont absolument pas plains. Les enfants sont si méchants entre eux, il n'y a que de rares exceptions.
-Oh et il faudra que tu m'appelles!Je veux des nouvelles de Zachary moi!
J'ai malheureusement fait l'erreur, dans un moment de fatigue extrême, de parler de lui. Et j'ai bien insisté sur sa beauté à couper le souffle. Depuis elle ne me lâche plus avec lui, et veux absolument le rencontrer. Peut-être l'aurait-elle fait s'il s'était montré.
Je ferme ma valise lorsqu'elle secoue à nouveau sa petite tête. Un tic qu'elle fait très souvent, avant de me sortir une information qu'elle a appris je ne sais où.
-En moyenne l'homme va manger environ 50 kilos de poussière dans sa vie. Ça donne envie de faire le ménage d'un coup.
Je secoue la tête, amusée par son savoir. C'est vrai qu'elle aussi va me manquer.
-Tu es prête Angelia? Demande Rachel en débarquant dans la chambre. Oh salut Charley, tu vas bien?
-En réalité aller bien est une hyperbole, c'est totalement impossible. On peut se sentir bien mais nous aurons toujours un quelconque problème, parfois il est là mais nous ne le savons même pas encore. Répond-elle.
-Je prends ça pour un oui. Rigole Rachel. Il est l'heure ma puce.
Elle attrape ma valise et l'emmène dans le couloir. Je la suis de même que Charley. Arrivée au rez-de-chaussée, nous nous dirigeons vers l'entrée principale, qui sert également de sortie. Malheureusement Charley ne peux aller plus loin. Je me tourne vers elle et remarque à nouveau qu'elle est au bord des larmes. Je n'aime pas la voir comme ça, elle qui m'a apporté tant de bonheur ces derniers jours, je ne peux la laisser dans cet état. Il faut que j'agisse.
Alors sans réfléchir, je place mes deux mains autour de son beau visage et essuie ses larmes de mes pouces. C'est un énorme pas pour moi, seul Zac a pu me faire sortir de mon mutisme quelques secondes. Aujourd'hui c'est le tour de ma Charley.
Elle éclate en sanglot mais ne cherche pas à me toucher plus. Elle a compris dès notre première rencontre qu'il ne le fallait pas.
Je crois bien que je l'aime réellement, je ressens une joie et un amour incroyable fondre dans mon corps quand je suis avec elle. Serai-ce cela l'amitié? Je l'espère car c'est délicieux.
Seulement sept secondes plus tard, je m'écarte d'elle et lui fait un signe de la main.
-Je t'appellerai tous les jours. Dis-je doucement.
-J'espère bien! À qui vais-je réciter mes infos inutiles autrement? Rigole-t-elle, ses larmes toujours présentes.
Je me retourne et rejoins Rachel qui nous avait laissé un peu d'intimité. Puis nous partons en direction de la maison. C'est comme un déchirement de laisser mon petit cœur toute seule dans cet hôpital de malheur, mais je n'ai guère le choix.
Une fois arrivées, je m'approche de l'entrée pour l'ouvrir, mais la porte s'ouvre déjà laissant apparaître une petite tête blonde foncer sur moi. Elle s'arrête, heureusement, juste avant de me percuter.
-Angelia!!! Tu m'as trop manqué!
Je baisse la tête et le bonheur que projette le visage souriant de Lily me percute de plein fouet. Cette petite est toujours heureuse Elle est vraiment agréable à observer.
Je lui fait un signe de tête et tente d'apaiser les traits de mon visage, n'étant toujours pas capable de sourire. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Ça a l'air de fonctionner puisque son sourire s'élargit.
-J'ai plein de choses à te raconter!
-Doucement chérie, laisse la respirer. Demain elle reprend les cours, elle a besoin de se reposer.
-Oh, d'accord.
Elle semble légèrement déçue mais quand sa mère lui sort une nouvelle poupée comme cadeau, son visage rayonne à nouveau. Étais-je aussi heureuse à son âge? Peut-être. Après tout on est innocent à cet âge et notre bonne humeur revient constamment. Même lorsqu'un homme cruel et violent nous détruit un peu plus chaque jour.
Je monte à l'étage et en me dirigeant vers ma chambre celle de Zachary s'ouvre.
-Oh... Angelia.
Je m'arrête sous l'effet de la surprise et l'observe deux secondes. Je ne m'attendais pas à le voir si rapidement. Il est malheureusement toujours autant sublime, Charley serait aux anges. Son regard de braise braqué sur moi. C'est étrange mais je ressens comme de la colère envers lui. Il n'est pas venu me voir durant tout mon séjour. Sa mère, son père et même Lily sont venus. Suivi de Mme Talier et ma psychiatre, Mme Trempline. Tous, tous à part lui. Apparement il ne s'est pas rappelé de sa promesse, alors je préfère continuer mon chemin. Je rentre dans ma chambre et au moment de fermer la porte un pied m'en empêche.
-Écoute Angelia, j'étais occupé, je suis désolé. J'ai voulu venir mais je n'ai pas pu.
Je continue de forcer sur le porte pour qu'il dégage son pied. Mais il a bien plus de force que moi. Je ne veux pas entendre ses explications, je n'en ai rien à faire.
-Je sais que t'es en colère. S'il te plaît...
-Dégage ton pied, immédiatement. Dis-je d'une voix glaciale qui ne me ressemble pas.
Mais avec lui je ne contrôle rien, que se soit mon corps ou mes sentiments. Et ça me fait terriblement peur.
Il semble blessé de mon ton mais refuse toujours d'enlever son pied.
-Je ne sais pas pourquoi, d'accord? J'ai pas pu c'est tout! S'exclame-t-il comme énervé en dégageant enfin son pied.
-Tu m'avais promis Zachary. Murmurais-je avant de voir une lueur de compréhension apparaître dans son regard.
Ça y est, il se souvient.
Avant de claquer la porte, je croise une dernière fois ses yeux noirs qui semblent blessés, oui j'ai encore fait du mal à quelqu'un. Je ne me supporte plus, je blesse les gens les uns après les autres et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne m'abandonnent tous. Tout comme mon père l'a fait. Il a abandonné l'amour qu'il avait pour moi. D'ailleurs je ne suis même pas sûr qu'un jour il m'ai seulement apprécié.
Je suis un démon. Et les démons détruisent les gens. C'est comme ça et ça ne changera jamais.
Je regarde ma chambre, c'est un véritable capharnaüm. Il faut que je range, vite. J'avais tout mis en bazar après Carla, j'étais à bout. Une fois que tout est enfin à sa place je ne peux m'empêcher de continuer à soulever et reposer les objets à leur place, comme pour être sûr. Je le fais frénétiquement jusqu'à ce que Rachel m'appelle pour le dîner. Mais je ne peux descendre, ça m'est impossible. Je n'ai pas faim. Mais surtout je ne veux pas croiser à nouveau le regard brisé de Zachary. Je ne le supporterai pas.
Il n'y a qu'une seule chose qui me réconforte. Qui me permette d'étouffer ces pensées envahissantes. J'attrape mon téléphone et l'appelle.
-Je te manque déjà?! S'exclame joyeusement la voie fluette de Charley.
Oh que oui, si tu savais à quel point mon petit cœur.
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