9 : Le caractère éphémère d'Athéna

ATHÉNA

Je me suis réveillée et j'ai lentement entrouvert les yeux. J'avais étrangement bien dormi cette nuit. Pour une fois, je n'avais pas fait d'insomnies et j'ai soupçonné Jules d'y être pour quelque chose. Je ne savais pas si c'était le fait d'avoir rêvée qu'il me soufflait qu'il m'aimait, mais cela m'avait apaisé.

Je me suis étirée en bayant et j'ai tourné la tête, sans faire de bruit. La place à mes côtés était vide. J'ai froncé les sourcils, il n'avait quand même pas osé partir comme un voleur ! Je me suis promptement levée de mon lit, j'ai enfilé un sweat qui jonchait sur sol par dessus mon débardeur et je suis sortie de ma chambre.

— Oh tu es réveillée ? Excuse-moi, je faisais trop de bruit.

J'ai souri à l'entente de sa voix et j'ai dirigé ma tête vers la cuisine. Il était debout, portant un simple jogging gris, un fouet dans la main et un saladier dans l'autre. J'ai dégluti face à la vue splendide que j'avais dès le matin. Il n'y avait pas plus sexy. Il me souriait de toutes ses dents et une bouffée de chaleur m'a envahi. Cet homme allait me faire succomber. Mes yeux ont galoper sur son torse musclé et extrêmement bien dessiné. Je mourais secrètement d'envie de déposer mes lèvres sur chaque centimètre de sa peau.

Son raclement de gorge m'a fait sortir de mes pensées et j'ai relevé la tête vers lui, honteuse.

— Tu baves, m'a-t-il dit avec un sourire en coin.

J'ai froncé les sourcils et j'ai secoué la tête de droite à gauche.

— C'est faux !

Il a explosé de rire et j'ai croisé les bras sur ma poitrine. Je me suis retenue de rire pour paraître plus crédible.

— Tu es trop mignonne.

Mon cœur s'est affolé et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire niaisement. Finalement, je n'allais pas le bouder très longtemps. Je me suis approchée de lui et je me suis hissée sur la pointe des pieds pour déposer un bisou au coin de ses lèvres. J'ai ensuite porté mon attention sur le fouet et le saladier qu'il tenait puis je l'ai interrogé du regard.

— Je voulais te faire des crêpes et te les apporter au lit. Mais tu es déjà levée, du coup on les mangera tous les deux sur le canapé.

Mon sourire s'est agrandi et il m'a fait un petit clin d'œil. J'ai contourné le bar de ma petite cuisine et je me suis assis sur le tabouret, face à lui, pour l'observer. Il fouettait vivement la pâte à crêpe avec mon ustensile de cuisine. Son regard était rivé sur moi, détaillant chaque trait de mon visage.

— C'est mon sweat ça ? a-t-il dit en faisant un mouvement de tête pour désigner son vêtement.

J'ai baissé la tête, effectivement c'était bien le sien.

— Il te va mieux qu'à moi.

J'ai souris et j'ai hoché de la tête. J'étais bien d'accord avec lui. J'adorais porter des vêtements de mecs. Je passais mon temps à voler les fringues de mon meilleur ami tant j'étais bien dedans.

Le vibreur d'un téléphone m'a sorti de mes pensées et Jules a relevé la tête. J'ai regardé l'objet qui était posé sur le plan de travail à quelques centimètres de mes mains.

— Tu peux regarder qui c'est, s'il te plaît ? m'a demandé Jules.

J'ai attrapé le téléphone et me suis apprêtée à le lui donner lorsqu'il a secoué la tête de gauche à droite.

— Tu peux regarder, je n'ai rien à cacher. C'est comme si c'était ton téléphone.

J'ai souri, l'idée me plaisait. Je n'avais pas osé le faire car j'ai toujours trouvé qu'un téléphone était une chose très personnel et qu'il n'avait peut-être pas envie que j'en regarde le contenu. J'étais contente qu'il me dise cela, je n'aimais pas cacher des choses à mon copain et savoir que de son côté c'était pareil, me rassurait. Je partais du principe que si les choses n'étaient pas dites, cela voulait dire qu'elles étaient cachés et que c'était l'équivalent d'un mensonge.

J'ai allumé le téléphone et j'ai vu que sa mère avait essayé de l'appeler trois fois et qu'elle lui avait même écrit un message.

— C'est ta mère. Elle a essayé de te joindre trois fois et elle t'a même écrit un message.

— Merde, a-t-il juré. J'ai oublié de lui dire que je ne dormais pas à la maison. Tu peux me lire le message, s'il te plaît ?

Je l'ai regardé étaler de la pâte sur une poêle puis j'ai dit :

— Elle te dit « Heureusement que Chloé est là pour me dire que tu vas bien ! Appelle-moi s'il te plaît ».

— Ça te dérangerait de l'appeler ?

J'ai froncé les sourcils, en revanche je n'aimais pas trop cette idée là. J'allais perdre tous mes moyens devant sa mère, je ne voulais pas me ridiculiser.

— Juste pour lui dire que je vais bien.

Il m'a fait la moue et j'ai été obligée de céder tant il était mignon.

— Et je lui dis quoi ?

— Que je suis chez la fille la plus jolie de la terre et que je rêve de lui enlever ce sweat qui la rend encore plus sexy que d'habitude, a-t-il lâché avec un petit sourire en coin.

J'ai pouffé de rire en secouant la tête.

— Jules, sérieux !

— Présente-toi, elle sait déjà qui tu es. Ensuite tu lui dis que je suis sous la douche et que je vais bien. Et pour finir, tu lui dis que je rentrerai en fin d'après-midi.

Je n'avais retenu que le début. Elle savait qui j'étais. Cela voulait dire qu'il lui avait parlé de moi et que je comptais beaucoup pour lui. Il était craquant, mais cela me faisait peur. J'étais une fille indécise, même si je l'aimais beaucoup et que pour le moment j'étais bien avec lui, je pouvais changer d'avis à n'importe quel moment. Et il était hors de question que je le rende triste, je l'avais promis à son meilleur ami Victor.

— Fais court surtout ! Parce qu'elle va vouloir te parler pendant des heures !

J'ai éclaté de rire en hochant la tête. Je l'ai donc rappelée et j'ai porté le téléphone à mon oreille, sous le regard émerveillé de Jules. Il m'a encouragé avec un petit hochement de tête puis il a fait sauter sa crêpe.

• Allô ? Jules ! Bon dieu, je me suis faite un sang d'encre ! Ça t'arriverait de penser à ta vieille mère parfois ?

• Bonjour Madame Folati, c'est Athéna, la copine de Jules, l'ai-je coupée en bafouillant.

• Oh excusez-moi Athéna. Comment allez-vous ?

• Très bien, merci. Jules est avec moi, je me permets de vous répondre car il est sous la douche. Je vous rassure, il va bien, il a dormi chez moi et il s'excuse de ne pas vous avoir prévenu.

Le concerné s'est retenu de rire et je lui ai fait les gros yeux.

• Alleluia ! Je vous remercie de m'avoir répondu. Savez-vous à quelle heure il rentre ?

• En fin d'après-midi.

• Parfait, merci beaucoup Athéna. Je vais devoir vous laisser. Je m'excuse encore de vous avoir dérangée et profitez de votre après-midi tous les deux.

• Pas de problèmes, à bientôt, ai-je répondu.

• Oui, à très bientôt Athéna.

J'ai raccroché et j'ai reposé le téléphone sur le bar. Jules a explosé de rire et j'ai roulé des yeux. Il n'y avait rien de drôle. Je l'ai toisé du regard et cela ne fit qu'augmenter son hilarité.

—  Arrête de rire gros Crétin ! ai-je pesté en pinçant mes lèvres.

—  T'étais tellement sérieuse, a-t-il rit.

J'ai croisé mes bras sur ma poitrine et je me suis éloignée de la cuisine pour m'assoir sur mon canapé. J'ai attrapé la télécommande et j'ai allumé la télévision. J'ai zappé plusieurs chaîne avant de trouver un dessin animé qui a attiré mon attention. J'avais toujours été une grande fan de Oggy et les Cafards. J'ai donc rabattu mes genoux contre ma poitrine et j'ai fixé l'écran, agacée.

Jules m'a rejoins avec un plateau qui contenait une assiette de crêpes, deux cafés, un pot de nutella et un pot de peanut butter. Il l'a posé sur la table basse et s'est assis à côté de moi. Il a voulu passer son bras mais je l'en ai empêché et je me suis légèrement décalée.

—  Tu me boudes ?

J'ai lentement tourné la tête vers lui en arquant un sourcil.

—  Tais-toi, ai-je fermement riposté.

Il a pouffé de rire et s'est concentré sur l'écran avant d'éclater de rire une nouvelle fois.

—  Tu regardes vraiment Oggy et les Cafards le matin ?

— La ferme !

Il s'est arrêté de rire et s'est jeté sur moi. Je me suis retrouvée en dessous de lui, le souffle court, surprise. Il m'a souri et sa main a longuement caressé ma joue.

— J'adore te faire chier.

J'ai soufflé en roulant des yeux. Il fallait avouer que j'adorais ça aussi.

— T'es trop mignonne quand tu fais la tête.

Il a réussi à me décrocher un sourire et il s'est penché pour écraser ses lèvres gercées sur les miennes. Sa main chaude s'est faufilée sous mon débardeur pour touché ma peau froide, et elle a dessiné des cercles imaginaires. Il a décollé ses lèvres pour plonger son regard dans le mien. Ses pupilles dilatées et la bosse qui se formait contre le bas de mon ventre, m'ont fait comprendre qu'il mourrait d'envie d'aller plus loin. Pourtant, il ne disait rien. Il ne précipitait pas les choses, il savourait chaque moment en ma compagnie et c'était ce que je préférais. Il me montrait qu'il voulait prendre son temps avec moi, qu'il m'appréciait réellement et qu'il souhaitait faire les choses bien.

Nous avons passé la journée en pyjama, à discuter de tout et de rien. Jules était un garçon adorable, sans aucune once de méchanceté et doté d'un sourire irrésistible.
Je me suis très vite aperçue que dès qu'il a quitté mon appartement, je n'appréciais pas son absence. C'était même la pire des présences.
Malgré tout, je ne savais toujours pas si sortir avec lui était une bonne chose. Mon cœur avait déclaré la guerre à mon cerveau, et il était en train de gagné. Sauf que c'était une mauvaise idée. En plus de ça, il avait parlé de moi à sa mère, ce qui voulait dire que je n'avais pas le droit à l'erreur. Chose qui était totalement impossible à cause de mon caractère éphémère.

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