7 : La saveur des baisers de Jules.
JULES
Était-il possible de garder la saveur d'un baiser ?
Je me souvenais que la première fois que j'avais embrassé une fille, cela devait être en cinquième. Je n'avais pas compris qu'en France, il fallait mettre la langue. C'était absurde pourtant, tout le monde le savait. Tout le monde, sauf moi. À l'époque, je sortais avec une petite Délia. Je n'utilisais pas le mot petite comme surnom affectif, mais plutôt car elle l'était vraiment, petite. Je ne l'aimais pas spécialement. Simplement, d'après les autres nous formions un beau couple. Alors c'était suffisant. Délia était mignonne sans vraiment l'être et drôle avec un humour bien à elle. Mais soit, je sortais avec une fille et je ne m'en plaignais pas. La première fois que je l'avais embrassé, c'était à la sortie des cours. Cela faisait à peine vingt-quatre que nous sortions ensemble, et voilà que déjà les mecs de ma classe me poussaient à goûter ses lèvres. Nous nous étions donc embrassés, sous les regards curieux de nos camarades de classe. Les lèvres de Délia étaient fades et sans goûts, je me souvenais n'avoir ressenti aucun plaisir. Je n'osais à peine la toucher. Puis, j'ai décollé mes lèvres sous son regard étonné. Un mec a crié que j'étais une mauviette car j'avais peur de mettre la langue dans la bouche de ma copine. Alors j'ai reposé mes lèvres sur les siennes et clac, nos langues ont valsé ensemble.
La sonnerie qui a retenti à annoncer que ma première journée de cours venait enfin de se terminer. Lorsque mon réveil avait sonné ce matin, j'avais eu du mal à m'extirper de mon lit. De plus, je m'étais couché plutôt tard la veille, à cause de ma discussion téléphonique avec ma petite Athéna. Pour être totalement franc, je ne réalisais toujours pas de l'avoir embrassé. Et, sa langue m'avait carrément excité. Nous étions plantés devant son immeuble, son parfum m'avait rendu fou, ma main était posée sur la chute de son dos et j'avais deviné ses seins contre mon torse. C'était tout simplement exquis. J'aimerais que ma vie ne soit plus qu'un baiser avec ma déesse.
J'ai ramassé mes affaires de cours et je suis sorti de l'amphithéâtre suivis de Tom, un mec avec qui j'avais sympathisé en entrant dans cette école, il y a maintenant trois ans. J'avais beau vouloir être encore en vacances, les cours de droit m'avaient vraiment manqué.
Je me suis pressé de regagner la porte d'entrée de l'école. Athéna devait venir me chercher, comme elle me l'avait si bien promis hier soir au téléphone. J'espérais sincèrement qu'elle n'allait pas me planter à la dernière minute. J'ai passé la porte d'entrée, accompagnée de Tom, après avoir salué le gardien. J'ai embrassé le devant de l'école d'un regard et lorsque mes yeux ont rencontrer les siens, j'ai cru que mon cœur allait sortir de ma cage thoracique. Elle était vraiment jolie. Un petit sourire est venu fendre ses lèvres et ses yeux se sont illuminés. Si je comprenais bien, elle était contente de me voir.
— C'est qui cette bombe, a sifflé Tom en pointant grossièrement Athéna du doigt.
Je me suis tourné vers lui, et je l'ai foudroyé du regard avant de lui répondre sèchement :
— Ma meuf.
Il a levé les mains en l'air avant de me lancer un petit sourire malicieux.
— Jules Folati a une touche ! s'est-il écrié.
J'ai roulé des yeux, exaspéré par son comportement de gamin lourd.
— Ferme-là.
Il a lâché un rire gras puis m'a laissé après m'avoir gentiment taper l'épaule.
J'ai rejoins Athéna et je l'ai enlacée. On ne s'était pas revu depuis jeudi et elle m'avait horriblement manqué pendant ces quatre jours. J'ai déposé mes lèvres sur les siennes et j'ai ensuite passé mon bras sur ses épaules.
— Comment va ma princesse ?
Elle a secoué la tête en riant. J'étais clairement ridicule à employé des surnoms comme ça mais quand il s'agissait d'Athéna, il valait mieux ne pas comprendre.
— Très bien et toi ?
— Super aussi, ai-je répondu. Du coup, tu veux venir avec moi au café ?
Elle a hoché la tête de haut en bas puis on a prit la direction du café parisien où je travaillais.
— Tu travailles jusqu'à quelle heure aujourd'hui ? m'a-t-elle demandé.
— Jusqu'à dix-neuf heure.
— Ça te dirait de venir manger chez moi ensuite ? m'a-t-elle alors proposé.
J'ai souri à l'idée de passer cette soirée avec elle. C'était une excellente idée. J'ai immédiatement accepté, n'ayant rien d'autre de prévu.
*
On est arrivé devant le café après une bonne vingtaine de minutes de marche. Le température s'était quelque peu refroidie, mais elle était toujours agréable pour que les gens s'installent en terrasse. On est entré et j'ai bruyamment salué Victor. Il a été surpris de me voir accompagnée d'Athéna. Il n'était donc pas encore au courant. J'aurais cru que ma meilleure amie n'aurait pas réussi à tenir sa langue, tant elle était excitée à l'idée de savoir que j'étais de nouveau en couple, après toutes ces années. J'avais même cru qu'elle allait réveiller ma mère, juste pour lui dire. Chloé était intenable lorsqu'elle était excitée, pire qu'une gamine de six ans.
— Je vais me changer, ai-je dit en faisant un bisou sur la tempe d'Athéna.
— Oh... Je peux vous aider à servir ? m'a-t-elle supplié.
J'ai esquissé un sourire et j'ai regardé Victor qui a haussé les épaules.
— Mathias n'est pas là aujourd'hui, a-t-il rajouté.
J'ai donc acquiescé en tournant ma tête vers Athéna. Son petit nez s'est retroussé et elle m'a souri, contente. Puis je l'ai embarquée avec moi dans les vestiaires.
J'ai pris un polo du café ainsi qu'un tablier et je les ai tendus à Athéna. Je me suis rapidement changé. J'ai arqué un sourcil quand j'ai remarqué qu'elle n'avait toujours pas revêtu la tenue, que je lui avais donné.
— Je suis assez pudique, m'a-t-elle informé, gênée.
J'ai lâché un rire presque inaudible puis j'ai hoché de la tête sans la quitter des yeux. Ses joues avaient pris une teinte rosée ce qui la rendait encore plus mignonne que d'habitude. J'adorais la voir rougir. Je me suis approché d'elle et j'ai déposé mes lèvres sur les siennes. Puis je l'ai laissée se changer.
J'ai regagné le comptoir, Victor était en train d'essuyer machinalement des verres. Lorsqu'il m'a entendu, il s'est tourné vers moi, les sourcils froncés.
— Comment se fait-il que vous arriviez ensemble ?
Je lui ai fait un petit clin d'œil et il m'a fermement attrapé le poignet.
— Ne me dis pas que vous sortez ensemble !
J'ai hochai la tête, il a écarquillé les yeux puis m'a souri.
— J'hallucine, tu ne fais pas semblant quand tu passes la seconde !
J''ai attrapé un torchon et un verre en riant, et j'ai commencé à l'essuyer.
— Je suis le premier au courant ? s'est-il exclamé tout content.
— Le dernier à mon avis, vu l'excitation de Chloé lorsque je lui ai annoncé.
Il s'est décomposé et je me suis retenu de rire devant sa mine vexée. Il a soufflé de façon bruyante avant de lâcher :
— Je m'en fous, je suis le premier à l'avoir rencontré.
J'ai lâché un rire mais je suis arrêté d'un coup quand j'ai entendu Athéna se racler la gorge. Je me suis retourné et je l'ai matée sans aucune grâce. Il fallait vraiment que je travaille sur mon nouveau côté féministe.
Cette tenue lui allait à merveille. Elle s'est approché de moi, elle avait l'air très excitée à l'idée de nous donner un coup de main.
— Alors, que dois-je faire ? nous a-t-elle demandé.
— Tu vois cette table là-bas, où il y a deux femmes ? a commencé Victor.
La colombienne a hoché la tête.
— Tu peux aller leur servir ce qu'il y a sur ce plateau.
Elle a donc attrapé le plateau pour aller servir les deux femmes en question. La voir avec la tenue du café me rendait fou.
Athéna n'avait pas arrêté de se déplacer de table en table, dans la salle, un plateau en main. J'avais pris la place de Victor, au bar et je l'avais laissé aider Athéna en salle. J'avais donc pu observer ma copine de là où je me trouvais, prêt à défoncer la gueule du premier mec qui la regardait intensément. Elle évoluait avec une grâce infinie entre les chaises, distribuant des bières ou des cafés.
Soudain une main hardie a tenté de dénouer le noeud de son tablier. J'étais à deux doigts d'aller taper ce petit salopard lorsque Victor m'a fait signe de me calmer au risque de perdre des clients. J'ai fixé ma copine, la colère montant en moi. Athéna a d'abord été surprise, et s'est crispée. Elle détestait les contacts et je le savais. Puis elle s'est retournée en arborant un de ses plus jolis sourire et elle a attrapé la main du jeune homme. J'ai réussi à lire sur son visage qu'elle était à deux doigts de lui foutre une gifle, qui soi-disant passant était bien méritée, mais qu'elle prenait sur elle.
— Je suis serveuse, je ne suis pas là pour écarter mes cuisses.
Puis elle a repris sa tâche, laissant le jeune homme seul, assis à sa table.
*
On est arrivé dans son appartement sur les coups de dix-neuf heures. On a enlevé nos manteaux et on s'est déchaussé. Mon bras a glissé sur ses épaules et on s'est assis sur son canapé en tissu clair. Sa tête sur mon torse, elle me regardait avec un petit sourire.
— J'ai bien aimé me glisser dans la peau d'une serveuse, m'a-elle avoué.
J'ai souri. Il était vrai que ça lui allait bien et que j'avais adoré l'observer depuis mon comptoir.
— Par contre, j'ai moins aimé le petit incident avec le mec, ai-je rétorqué.
Elle a arqué un sourcil et elle a esquissé un rictus malicieux.
— Jules Folati serait-il jaloux ?
— Très jaloux quand j'ai une superbe copine, ai-je répondu avant de l'embrasser.
Elle a rigolé contre ma bouche et m'a timidement mordu la lèvre inférieure. Ma main est venue attraper son menton et j'ai intensifié ce baiser.
— On commande des sushis ? m'a-t-elle demandé après avoir décoller ses lèvres des miennes.
— Oui, bonne idée.
Elle a esquissé un petit sourire et s'est relevé en s'aidant de ses abdos. Elle s'en est allée, chercher son téléphone qui était resté dans son sac à main. Je n'avais pas pu m'empêcher de lorgner sur son petit cul. Quel pervers j'étais !
Elle est revenue après avoir commandé, puis elle s'est assise sur le canapé et elle a reposé sa tête sur mon torse. Ma main a caressé ses cheveux, je les trouvais magnifiques. Tout comme son sourire.
— Qu'est-ce que tu détestes faire quand tu es avec tes potes ? m'a-t-elle demandé d'un coup.
J'ai pris le temps de réfléchir, à vrai dire c'était une très bonne question. J'adorais passer du temps avec eux, j'aimais la plupart des choses qu'on faisait mais il y avait une chose que je détestais.
— Qu'on parle du passé, je déteste la nostalgie. En plus de ça, c'est au lycée où notre amitié c'est renforcé et c'est malheureusement la période où je ne tire pas que de bons souvenirs.
Elle a penché la tête sur le côté, l'air de me dire qu'elle voulait en savoir un peu plus. J'ai soupiré, je détestais parler d'elle mais je n'avais pas envie de cacher l'existence de mon ancienne relation à Athéna.
— Je sortais avec une fille, Clara, qu'on pouvait qualifier comme étant mon premier amour. C'est drôle car on se ressemblait comme on était complètement différent. C'était une fille très matérialiste et qui aimait attirer l'attention. C'était la reine des pestes. Mais elle pouvait aussi être très attentionnée et généreuse. Chloé la détestait mais elle ne me l'a jamais dit.
J'ai marqué une pause, me perdant dans mes pensées. Je n'aimais pas y penser. Athéna m'a encouragé d'un petit sourire et j'ai poursuivi :
— On est rester ensemble assez longtemps. À mon souvenir ça allait bientôt faire deux ans qu'on sortait ensemble. On partageait énormément de choses, elle m'a fait grandir mentalement, j'avais une autre vision du monde. Puis du jour au lendemain, elle a commencé à devenir méchante avec moi. Du genre à m'humilier devant mes potes, elle me faisait la gueule pour des broutilles, etcétéra. Un jour, certainement un mois après son changement de comportement, elle m'a sorti que je ne lui plaisais plus, qu'elle avait rencontré quelqu'un de super et qu'elle ne voulait plus de moi.
Je me souvenais de ce jour-là, elle m'avait souri, puis elle était partie en rigolant avec son groupe de copines. S'il y avait bien une chose que je regrettais, c'était de ne pas l'avoir giflé ce jour-là. Mais je ne frappais pas les filles et je n'allais certainement pas m'abaisser à son niveau. Alors je me suis contenté d'encaisser.
— Dis quelque chose s'il te plaît, ai-je nerveusement dit.
Elle a ouvert la bouche mais s'est ravisée. Elle a attrapé ma main, elle a entremêlé nos doigts et elle a posé ses lèvres sur les miennes. Elles étaient rassurantes, et je me sentais nettement mieux. En avoir parlé à quelqu'un qui ne connaissait pas Clara, m'avait fait beaucoup de bien.
— Moi la chose que je déteste faire avec mes potes : c'est jouer à action ou vérité, m'a-t-elle avoué.
Je n'ai pu me retenir d'exploser de rire devant son air si sérieux.
— Ah oui ? Pourquoi ? ai-je demandé, curieux.
— De la primaire jusqu'en fin d'année de 3eme, je faisais partie d'un petit groupe de pestes. Il y avait la reine des pestes, qui était vraiment horrible. C'était grâce à elle que nous étions toutes amies. Un peu comme dans Pretty little liars. Nous étions cinq : Samantha, la reine des pestes, Théa et Lily qui étaient elles aussi des vraies petites pestes, Manon une fille adorable qui a été mon unique meilleure amie, je suis d'ailleurs restée en contact avec elle mais on ne se voit que très rarement car elle habite à Nice maintenant et puis moi.
Elle a marqué une pause pour reprendre sa respiration puis elle a poursuivi :
— Nous devions être en 6eme, si je me souviens bien. J'étais amoureuse d'un garçon avec qui Samantha s'entendait bien. Un jour, nous avons joué à action ou vérité avec ce même garçon, et ses amis. Samantha avait fait exprès de me demander de qui j'étais amoureuse, et bien évidemment j'étais obligé de répondre devant lui. J'avais donc avoué mes sentiments à ce garçon alors que Samantha savait très bien que je n'en avais aucun envie et qui plus est, que je ne lui plaisais pas. Depuis ce jour-là, je déteste ce jeu.
Je m'imaginais bien la scène. Ce garçon devait vraiment regretter. Je comprenais mieux maintenant pourquoi elle n'aimait pas traîner avec des nanas.
— Comment pouvais-tu traîner avec ce genre de filles ?
Elle a haussé les épaules.
— Je manquais sûrement de confiance en moi à l'époque.
La sonnerie qui a retenti nous coupa dans notre discussion : le livreur venait nous apporter notre dîner. Athéna s'est relevé et juste avant d'aller ouvrir au serveur, elle m'a embrassé.
Oui, il était possible de garder la saveur d'un baiser. Ceux d'Athéna avait la saveur du paradis.
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