4 : La soirée de Jules

JULES

Je n'ai jamais aimé danser. Quand j'étais encore au lycée, je me souvenais que j'observais Chloé qui était morte de rire, se déhancher au milieu des invités avec une bière à la main. J'ai toujours préféré boire et fumer dans mon coin, plutôt que de danser avec des filles. Je trouvais qu'une fille qui dansait à une soirée était quelque chose de super sexy. Les filles savaient bouger leur corps de façon extrêmement sensuel, qu'importe le type de musique. Alors que les mecs, c'était tout sauf attirant, je trouvais ça limite repoussant.

Voilà pourquoi j'étais assis, à côté de Timéo , sur un canapé VIP de notre boîte de nuit favorite. Pauline ne se sentait pas très bien, elle avait donc décrété qu'il fallait qu'elle se repose et Baptiste avait voulu rester se reposer avec elle. Victor s'était donc dévoué pour danser avec Chloé, qui avait l'habitude de se trémousser avec Pauline.

J'ai attrapé mon cuba libre, je l'ai vidé d'une traite et j'ai fixé ma meilleure amie. Victor l'avait laissée danser au milieu de la piste, préférant aller draguer un petit groupe de nanas assez vulgaires. Elle riait en chantant les paroles de la chanson que diffusaient les enceintes. La voir si heureuse me faisait chaud au cœur. Je me souvenais qu'il y a encore un an et demi, elle était venue en pleurant chez moi, car son grand amour du lycée l'avait salement larguée. Je m'étais retenu d'aller tabasser cet enfoiré qui avait osé faire du mal à la fille la plus merveilleuse que je connaisse.

- T'inquiète pas, elle va bien, m'a lancé Timéo en pointant Chloé du doigt.

J'ai hoché la tête et j'ai fixé mon verre vide d'un air pensif. Je considérais Chloé comme ma meilleure amie, mais aussi comme ma petite sœur. Je m'inquiétais pour elle comme si j'étais son grand frère.

- Et toi, comment ça va ? ai-je demandé à Timéo.

J'ai relevé la tête vers lui et j'ai attendu qu'il trouve quelques choses à dire. Il a haussé les épaules et m'a répondu qu'il profitait de sa vie sans se prendre la tête. Cela ne m'étonnait pas de lui. Il a toujours été comme ça : un mec qui n'attend rien de la vie. Il n'attend rien de la vie comme il n'attend rien des femmes. Il vit dans l'idée que les couples se font et se défont.

- Je vais chercher d'autres trucs à boire, vous voulez quelque chose en particulier ? a lâché Victor en revenant vers nous.

- Le plus fort possible, a répondu Timéo.

J'ai demandé la même chose que lui et Victor s'en est allé jusqu'au comptoir. J'ai cherché Chloé du regard mais à la place, je suis tombé sur un mec qui collait lourdement une jeune fille. Il lui a donné une petite fessée et il n'a pas fallut plus d'une nanoseconde pour que la fameuse jeune fille se retourne et le gifle devant tout le monde. Mon sang n'a fait qu'un tour quand j'ai reconnu Athéna. Je me suis levé d'un coup et me suis rué sur le mec, que j'ai violemment attrapé par le col.

- Ne recommence plus jamais ça, l'ai-je menacé.

Le mec empestait l'alcool. Il a bredouillé quelques choses d'incompréhensible et s'est défit de mon emprise. Il a haussé les épaules et il a disparu à travers la foule. Je me suis retourné vers Athéna, qui avait un petit sourire collé sur le visage.

- Je ne savais pas que j'avais un garde du corps, a-t-elle plaisanté.

Elle a replacé une mèche de ses cheveux derrière l'oreille et m'a discrètement embrassé du regard. Je ne me suis donc pas gêné pour me faire la même chose.

Elle portait une robe noire où des motifs de fleurs étaient imprimés, qui lui arrivait juste au dessus du genoux et épousait parfaitement ses formes. Elle avait ressemblé ses cheveux en une espèce de couronne tressée et s'était maquillée les yeux avec je ne sais quel produit mais qui donnait un sublime résultat. Elle était tout simplement magnifique.

- Merci, a-t-elle fini par dire.

J'ai froncé les sourcils et l'ai interrogé du regard.

- De m'avoir aider à m'en débarrasser. Rien ne serait arrivé si mon meilleur ami n'avait pas décidé de me planter pour aller draguer je ne sais qui.

- Pas de problèmes, ai-je répondu en me rapprochant d'elle.

Elle a souri quand la musique Bailar de Deorro a retenti.

- Oh j'adore cette musique, tu veux bien danser avec moi ?

J'ai grimacé et j'ai fait non de la tête. Hors de question que je me ridiculise devant elle.

- Je n'aime pas vraiment danser, ai-je ajouté en espérant qu'elle laisse tomber.

- S'il te plaît.

Elle m'a fait la moue du chat beauté et j'ai donc été obligé d'accepter tant elle était mignonne. Elle a attrapé ma main, m'a entraîné au milieu de la piste puis elle a commencé à danser. J'ai essayé de l'imiter le plus possible pour ne pas avoir l'air ridicule. Je l'ai faite tourner au rythme de la pulsation et je n'ai pu m'empêcher de sourire quand je l'ai entendue rigoler. Son rire accélérait les battements de mon cœur. C'était désormais le son que je préférais entendre.
Elle connaissait les paroles de la chanson sur le bout des doigts et ses pas étaient synchronisés avec la musique.

La chanson a pris fin et elle s'est arrêtée de danser, avec un immense sourire sur le visage. Je devais avoir la même tête qu'elle. Elle avait réussi à me faire danser alors que cela devait faire des années que je n'avais pas bougé la moindre partie de mon corps sur de la musique.

- Merci, m'a -t-elle remercié. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas autant marrer en boîte.

J'ai laissé échapper un rire en lui ai adressant un clin d'œil. C'était drôle car moi aussi cela faisait une éternité que je n'avais pas autant rigolé en boîte.
J'ai ensuite attrapai sa main et à ma grande surprise elle s'est laissée faire. J'ai entremêlé nos doigts et j'ai plongé mon regard dans le sien.

- Viens, je vais te présenter à mes amis.

Elle a esquissé un petit sourire et m'a suivi jusqu'au canapé VIP que Timéo avait réservé. Ce dernier était assis avec Victor, il ne manquait que Chloé qui devait sûrement être encore en train de danser.

Ils ont tous les deux relever la tête et Victor m'a offert un sourire complice.

- Timéo, je te présente Athéna.

- La fameuse fille du café, a ajouté Victor.

Athéna a saluai mes amis qui venaient de comprendre qui elle était.

- Voici Timéo, ai-je repris.

Elle a donc hoché la tête puis je l'ai invitée à s'assoir à mes côtés sur le canapé.

- Tu veux quelque chose à boire ? lui a demandé Victor.

- Une margarita, s'il te plaît.

Il a acquiescé et est alors parti lui chercher son cocktail.

- Alors comme ça, tu aimes la tequila, ai-je susurré à son oreille.

Elle a pouffé de rire puis a secoué la tête comme si c'était une évidence.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? m'a-t-elle finalement demander.

- Il se pourrait bien que tu n'habites pas loin de chez moi et que nous fréquentions les mêmes endroits.

Elle a sourit une nouvelle fois.

- Je suis contente de te voir.

Mon cœur s'est tout d'un coup emballé et je n'ai pu me retenir de sourire.

- On s'est vu il y a deux jours, je te manquais déjà ? ai-je rétorqué en passant mon bras sur ses épaules.

- N'essaie pas de me faire croire que je ne te manquais pas, car je ne te croirais pas.

- Tu aurais sûrement raison de ne pas me croire.

Son visage s'est illuminé et ses joues se sont empourprées. Elle a timidement baissé la tête, ce qui a eu le don de me faire rire.

Chloé est arrivée au même moment, en sueur, les cheveux décoiffés. Elle s'est affalée sur le canapé, a arraché le verre d'alcool des mains de Victor et l'a bu d'une seule traite.

- J'ai raté quelque chose pour que vous me laissiez tous tomber, a-t-elle dit en se massant le crâne les yeux fermés.

Timéo s'est alors raclé volontairement la gorge, ce qui a réveillé Chloé. Son regard s'est posé sur Athéna, qui avait cessé de parler. Chloé a instinctivement tourné la tête vers moi et a froncé les sourcils.

- C'est bien ce que je disais, j'ai raté quelque chose, a-t-elle répété.

Leurs regards étaient tous braqués sur moi. J'ai esquissé un petit sourire et j'ai répondu :

- Chloé, je te présente Athéna.

Un énorme sourire, laissant apparaître sa dentition parfaite, s'est dessiné sur son joli visage. Elle s'est tournée vers Athéna, excitée comme une enfant devant sa nouvelle poupée.

- Oh, depuis le temps que j'attendais de te rencontrer !

Athéna s'est décrispée et a pouffé de rire. Chloé a engagé la conversation et je les ai donc laissé discuter. J'espérais que ma meilleure amie allait l'apprécier comme je l'appréciais.

- Je ne pensais pas qu'elle était aussi jolie, m'a chuchoté Timéo.

Je l'ai regardé amusé et je n'ai pas répondu. Elle était bien plus que jolie.

- Et puis, elle a l'air d'être super gentille.

- Elle l'est, ai-je confirmé.

- Si elle te rend heureux c'est le principal.

*

Nous venions tout juste de sortir de la boîte de nuit. Il devait être environ quatre du matin et j'étais épuisé. Victor était bourré et n'arrêtait pas de dire des conneries aussi grosses que la lune. Timéo a emmené Victor jusqu'à sa voiture, après avoir gentiment salué Athéna et moi. J'ai retrouvé les filles qui s'étaient légèrement éloignées de la boîte de nuit pour pouvoir parler.

- Je t'appelle cette semaine pour qu'on se voit, à dit Chloé après avoir noté le numéro d'Athéna sur un petit carnet.

- Aucun problème.

Je me suis approché de la fille qui me rendait fou et j'ai passé mon bras sur ses épaules. Je l'ai sentie se crisper mais je ne m'en suis pas inquiété.

- Bon, je vous laisse. Les gars doivent être en train de m'attendre dans la voiture de David.

Chloé a déposé un chaste bisou sur ma joue et a fait la bise à Athéna.

- J'ai été ravie de faire ta connaissance, Jules ne pouvait pas mieux tomber.

Ma jolie colombienne a souri et l'a remerciée. Chloé m'a informé qu'elle m'appellerait demain puis elle a traversé la rue pour rejoindre les garçons qui l'attendaient.

- Ta meilleure amie est vraiment adorable, m'a avoué Athéna. Je n'ai jamais aimé traîner avec des filles mais ta meilleure amie va sûrement en faire l'exception.

J'étais ravi, je ne pouvais pas demander mieux que d'entendre ça.

- Je suis content que tu l'apprécies.

- Pourquoi donc ? a-t-elle rétorqué avec un petit air malicieux.

- Parce qu'il se pourrait bien que je t'apprécie, trésor.

Elle a rougi et mon cœur s'est encore emballé. Je l'ai attrapée par la taille pour la coller à moi. Nos visages n'étaient seulement qu'à quelques centimètres, pourtant personne n'a bougé. Nous sommes restés comme ça, à se regarder les yeux dans yeux. Son souffle chaud, qui s'abattait sur la peau de mon cou m'excitait et son doux parfum titillait mes narines.

J'ai déposé mes lèvres sur son front puis je me suis décollé d'elle. Elle paraissait légèrement mal à l'aise, c'était trop mignon.

- Viens dormir chez moi, l'ai-je alors supplié

- Ce n'est pas contre toi Jules, mais je préférerai rentrer chez moi.

Sa réponse a glacé l'atmosphère mais ce qu'elle ne savait pas c'est que je ne comptais pas abandonner.

- Aller, s'il te plaît, je n'ai pas envie de dormir seul ce soir !

- Mais je n'ai aucun vêtement avec moi, bougonna-t-elle.

- Je te prêterai les affaires de Chloé, vous faites la même taille en plus.

- Jules... soupira-t-elle.

- S'il te plaît, on ne fera que dormir ! Et puis, si tu veux demain matin tu auras le droit à un petit déjeuner au lit. En plus mes parents ne sont pas là ce week-end.

Je lui ai fait la moue, ce qui eu le don de la faire souffler. Elle a roulé des yeux et pinça ses lèvres comme si ce qu'elle s'apprêtait à me dire était défendue.

- Bon, c'est d'accord, a-t-elle cédé.

J'ai souri, fier d'avoir réussi à la convaincre et j'ai déposé un bisou sur sa joue pour la remercier.

*

Nous sommes sortis du taxis qui nous avait ramené devant chez moi. J'ai claqué la porte après avoir réglé la course, j'ai attrapé la main d'Athéna et je l'ai entraînée dans le hall de mon immeuble. Nous sommes montés jusqu'à mon appartement sans rien dire. Nos respirations essoufflées nous évitaient un silence angoissant.

Une fois arrivée dans mon appartement plongé dans le noir, je l'ai amenée jusqu'à ma chambre et j'ai refermé la porte derrière moi. Je ne pris pas la peine d'allumer la lumière et je me suis tournai vers elle. J'avais atrocement envie de l'embrasser mais je me suis ravisé. Je lui avais promis qu'on ne ferait que dormir. Les lumières de la ville étaient la seule chose qui éclairait son visage. Elle ne disait rien et me regardait dans les yeux. Elle était parfaite, comme si on avait pris de temps de la dessiner.

Je l'ai contourné, j'ai ouvris mon armoire et j'ai pris un débardeur et un short en coton qui appartenaient à Chloé. Je me suis retourné face à la jolie fille dont j'étais fou et je me suis approché d'elle. Elle n'avait encore rien dit, pourtant ce n'était pas gênant. Ce silence était apaisant. Je lui ai donné les vêtements et elle m'a remercié d'un sourire. Je lui ai ensuite indiqué la salle de bain et elle s'est enfermée à l'intérieur pour se changer.

Je me suis déshabillé, laissant seulement mon caleçon et j'ai ouvert la fenêtre en grand. J'ai choppé un paquet de clopes qui traînait dans ma chambre, je l'ai ouvert et j'ai choisis une cigarette que j'ai ensuite allumé avec mon briquet. J'ai tiré une latte et j'ai laissé échapper la fumer de ma bouche en observant la ville de Paris. C'était calme, tout le monde dormait, les lumières des réverbères et de la Tour Eiffel nous évitaient de tomber dans l'oublie le temps d'une nuit.

J'ai entendu le parquet grincer et j'ai donc fait volte-face. J'ai esquissé un petit rictus quand je l'ai vue s'approcher de moi. Elle avait retiré son soutien-gorge et le débardeur qui était peut-être trop transparent laisser apercevoir ses tétons. J'ai chassé ces idées perverses qui me traversaient la tête, de mon esprit auquel cas je ne pourrais plus me retenir, lorsqu'elle s'est raclée la gorge. J'ai timidement relevé la tête, pris en flagrant délit. Elle a roulé des yeux avant de lâcher un petit rire et s'est approchée du garde de corps de ma fenêtre. Elle s'est appuyé dessus et a observé la vue que j'avais depuis ma fenêtre.

- Tu as une vue magnifique, a-t-elle lâché.

J'ai jeté ma cigarette par la fenêtre et j'ai tourné ma tête vers elle.

- Encore plus quand tu es là.

Elle m'a offert un petit sourire timide puis haussa les épaules. Elle s'est reculée pour me laisser fermer la fenêtre et tirer les rideaux.

- Je vais dormir sur le canapé du salon, fais comme chez toi, et n'hésite pas à me réveiller si tu as besoin.

- Reste dormir avec moi. S'il te plaît. Je n'aime pas dormir seule.

J'ai souri, content et j'ai hoché la tête.
Je l'ai alors invitée à choisir le côté qu'elle préférait pour dormir, dans mon grand lit double. Elle s'est allongée à droite et je me suis glissé sous les draps de l'autre côté. Je me suis approché de son visage et je lui ai lentement caressé la joue avec mon pouce. Elle m'a regardé dans les yeux puis a soufflé de sa voix magnifique :

- Dors bien, Jules.

Elle s'est retournée et sa respiration s'est faite plus lente. J'ai encerclé mon oreiller de mes bras et j'ai posé ma tête dessus. Je n'arrivais toujours pas à croire que je l'avais convaincue à venir dormir chez moi ce soir, pire encore, je n'arrivais pas à croire tout court que j'avais réussi à lui parler.

J'ai pris conscience qu'au bout d'une trentaine de minutes je n'arrivais toujours pas à dormir. Le fait de savoir qu'Athéna dormait à quelques centimètres de moi devait stimuler mes pulsions. Mais j'avais besoin de m'assurer qu'elle était bel et bien en train de dormir à mes côtés.

Je me suis donc retourné et j'ai fait face à la vue de son joli dos. Elle dormait dans une position assez étrange : elle était toute recroquevillée. Comme si elle avait peur d'une chose dont elle se protégeait. Comme si elle se mettait en boule pour qu'il y ait moins de dégâts.
Je me suis approché d'elle et j'ai collé mon torse à son dos. Je l'ai sentie se crisper. Mes mains sont lentement venues se placer autour de sa taille et ma tête dans le creux de son cou. J'ai déposé un baiser sur la peau nue de son cou et elle a frissonné. Elle ne dormait pas mais j'avais besoin d'en avoir la certitude.

- Tu ne dors pas ?

- Non, a-t-elle soufflé.

Je me suis tu un instant pour savourer ce moment et apprécier le contact de son corps contre mien. Sa peau était brûlante et son cœur battait beaucoup trop vite à mon goût.

- Pourquoi ? ai-je fini par demander.

Elle s'est retournée pour me faire face. Elle paraissait torturée et ses yeux trahissaient son inquiétude. J'ai froncé les sourcils, à quoi pensait-elle ? J'ai replacé une mèche de ses cheveux qui cachait ses beaux yeux, derrière son oreille.

- À cause de quelques choses qui m'empêchent quotidiennement de dormir, a-t-elle murmurer d'une voix quasi inaudible.

- C'est à dire ?

- Je n'ai pas vraiment envie d'en parler pour l'instant. C'est assez personnel.

J'ai esquissé un petit sourire compréhensif. Elle s'est soudainement blottit dans mes bras. Ses petites mains m'ont encerclé et elle a posé sa tête sur mon torse. J'ai d'abord été assez surpris, j'avais pu comprendre qu'elle n'aimait pas trop les contacts avec les gens. Mais très vite, un sentiment de bonheur s'est emparé de moi et je l'ai également enlacé. Les battements de son cœur sont alors devenus plus régulier.

- Si ça peut t'aider, moi aussi, avant j'avais des problèmes pour dormir. J'ai mis du temps à chasser ces mauvaises ondes qui polluaient mon esprit au moment où je voulais me laisser tomber dans le monde innocent des rêves.

- C'est vrai ?

J'ai faiblement hoché la tête.

- C'est grâce à ma meilleure amie que cela s'est arrêté. J'avais ressenti le besoin de voir un psy pour parler de mes problèmes sauf que mes parents n'avaient pas assez d'argent pour me payer des consultations. Chloé a donc joué le rôle de mon psy. Elle dormait quasiment tous les jours à la maison et elle m'écoutait me lamenter. Elle savait poser les bonnes questions pour me faire parler d'avantage sans que je m'en rende compte. Parfois elle me donnait des conseils. Mais le plus important était la fin, lorsqu'elle me serrait dans ses bras et qu'elle me promettait qu'elle serait toujours là pour moi.

Athéna n'a pas tout de suite répondu. J'avais d'abord cru qu'elle s'était endormie sauf qu'ensuite elle avait doucement relevé la tête vers moi pour me dire :

- Ta meilleure amie est une fille exceptionnelle.

Elle avait raison, et j'en avais conscience. Chloé était une fille tellement gentille. Elle faisait tout pour être heureuse et rendre les autres heureux alors qu'elle n'avait pas une vie facile. Sa famille était une famille nombreuse, ils étaient cinq enfants et Chloé était celle du milieu. Ses parents n'avaient jamais réellement pris le temps de s'occuper d'elle. C'était ma mère qui l'avait emmenée à son premier rendez-vous chez le gynécologue, elle était là quand elle a eu ses premières règles, pour son premier amour et sa première fois. Ma mère la considérait comme sa propre fille et je savais pertinemment que c'est réciproque.

- Pourquoi ?

Je suis revenu à la réalité et j'ai pris le temps de me souvenir de ce que je lui avais dit pour qu'elle me pose cette question. Sa question n'était pas précise mais j'avais très bien compris ce qu'elle voulait savoir. Elle voulait savoir pourquoi avant je n'arrivais pas à fermer l'œil de la nuit.

- À cause d'une fille qui m'a brisé le cœur au lycée.

Elle n'a pas cherché à en savoir plus, ce qui m'arrangeait et elle s'est contentée de me serrer encore plus fort.

- Je pensais que je ne tomberai plus jamais amoureux, qu'elle avait emporté mon cœur avec elle. Pourtant il s'est avéré qu'une magnifique déesse croise mon chemin.

J'ai déposé mes lèvres sur le sommet de son crâne. Elle a subitement relevé la tête, elle avait compris mon sous-entendu. Ses yeux pétillaient de bonheur. Elle a déposé ses lèvres aux coins des miennes, m'a souhaité une bonne nuit puis elle s'est endormie dans mes bras.

*

C'est la lumière du jour qui traversait mes rideaux qui m'a réveillé. J'ai cligné plusieurs fois des yeux et j'ai baillé bruyamment. J'avais l'impression d'être dans un autre monde. J'avais fait un rêve étrange cette nuit, pourtant j'avais incroyablement bien dormi.

J'ai voulu m'étirer mais je me suis rendis compte que quelque chose, ou quelqu'un, m'en empêchait. J'ai baissé les yeux et quand j'ai reconnus Athéna je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Ce n'était donc pas un rêve.

Elle dormait à point fermer, ses mains autour de ma taille me collaient à elle et ses jambes étaient entremêlées aux miennes. Elle ressemblait à un ange. Sa bouche m'appelait et je me retenais de ne pas céder à mes envies. Ma main s'est déplacé jusqu'à ses cheveux et je me suis mis à jouer avec une des mèches. Son corps a bougé et je me suis arrêté net, j'allais la réveiller. Ses yeux se sont ouvert et je me suis rendu compte que c'était trop tard.

Je lui ai offert un petit sourire désolé, auquel elle n'a pas répondu. Son regard vert est resté accroché au mien, puis ses mains se sont déplacées jusqu'à ma nuque et elle a enfui son visage dans le creux de mon cou.

- Salut trésor, bien dormi ?

Je l'ai entendis bailler, ce qui me fit sourire puis elle a reculé sa tête pour me répondre.

- Extrêmement bien. Cela faisait longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi, et toi ?

- Très bien, aussi.

Elle a souri puis elle s'est étirée. Elle s'est redressée, appuyant son dos contre le mur, elle a attaché ses cheveux en un chignon étrange et elle a tourné la tête vers moi avec un petit sourire malicieux.

- Tu m'avais promis un petit dej' au lit Julio.

J'ai lâché un petit rire. Elle avait prononcé mon surnom en espagnol, d'une voix suave qui avait le don de m'exciter. Je suis sûre que c'est Chloé qui lui a conseillé de m'appeler comme ça.

- Tout de suite, trésor.

Je suis revenu dans la chambre, un plateau dans les mains. Je lui avais préparé un petit déjeuné royal.

J'ai senti son regard brûlant lorgner mon torse. J'ai relevé la tête vers elle mais elle a détourné le regard. Petite coquine. J'ai posé le plateau sur mon lit et je me suis assis à ses côtés. Elle m'a remercié puis elle a croqué dans les pancakes que je lui avais préparé.

- C'est délicieux, m'a-t-elle complimenté la bouche pleine.

J'avais remarqué que dès qu'elle mangeait quelque chose ses yeux pétillaient de bonheur. Ce n'était donc pas si difficile de la rendre heureuse.

J'ai passé mon bras sur ses épaules et elle s'est laissé faire. On dirait qu'en une nuit elle avait baissé ses gardes.

- Tu vas faire quoi aujourd'hui ? lui ai-je demandé en reposant mon verre sur le plateau.

- Mon frère passe me voir pour m'aider à accrocher les étagères et les tringles de mon dressing.

J'ai hoché la tête et l'ai regardée croquer dans son pancake.

- Et toi ?

- Je range et je pense que je vais aller faire du sport, ai-je répondu.

Elle a souri puis a attrapé le plateau en se relevant de mon lit.

- Je vais poser ça dans la cuisine, m'a-t-elle dit.

Elle est sortie de la chambre et mon regard s'est posé sur son short qui moulait parfaitement ses fesses. Il fallait que j'arrête de me faire du mal comme ça sinon je n'allais plus tenir très longtemps !

J'en ai profité pour enfiler un bas de jogging et ouvrir la fenêtre. Il y avait déjà beaucoup de monde dans les rues de Paris en ce samedi matin. Elle est revenue toute souriante et m'a demandé :

- Est-ce que je peux emprunter des vêtements à Chloé ? Je te les rendrai lundi.

- Pas de problèmes.

Je lui ai indiqué l'armoire et elle a pioché un t-shirt et un jean au hasard.

- Je vais me changer, m'a-t-elle informé.

- Tu peux utiliser la douche si tu as envie.

Elle m'a souri puis m'a répondu légèrement mal à l'aise :

- Je ne préfère pas, je n'aime pas trop me doucher chez les gens.

J'ai souri amusé, rien qu'à l'idée de l'imaginer nue chez moi.

Elle est ressortie de la salle de bain habillée et coiffée. Elle a mis sa robe dans son sac qu'elle avait posé dans la chambre hier soir puis a relevé la tête vers moi.

- Je vais y aller, m'a-t-elle dit.

- Attends, je vais te prêter un sweat, tu vas avoir froid sinon.

J'ai sorti un sweat, et le lui ai donné. Elle l'a enfilé, toute contente, il lui allait drôlement bien. On est sorti de ma chambre pour aller dans l'entrée. J'ai ouvert la porte et elle est passée devant moi, après m'avoir remercier. Elle s'apprêtait à repartir quand elle s'est retourné. Elle a hésité puis s'est jeté à mon cou. Elle m'a serré fort contre elle, et m'a chuchoté :

- À bientôt Julio.

Elle s'est détachée de moi, m'a souri une dernière fois et elle s'est échappée dans les escaliers.

Je suis amoureux.

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