24 : Le cœur dechiré de Jules
JULES
Je vagabondais dans les rues de Paris. Mon coeur battant contre ma cage thoracique. J'ai presque cru qu'il voulait se faire la mâle. Mes pensées fusaient dans mon esprit et je n'y comprenais plus rien. Venais-je réellement de quitter Athéna sur un coup de tête à cause d'une caissière de supermarché ?
Athéna ne m'a jamais fait de crise de jalousie, je pensais même qu'elle n'était pas jalouse. Je savais qu'elle avait confiance en moi et que notre relation dépassait ces petites crises de jalousie. Je ne m'intéressais à personne d'autre qu'elle. J'étais fou d'elle. Elle me rendait malade. Je serai près à n'importe quoi pour elle. Pourtant, elle n'a pas pu s'empêcher de jalouser une pauvre fille que je ne connaissais même pas. Elle n'a pas pu s'empêcher de s'inventer une histoire, à croire qu'elle voulait que je la quitte.
J'ai bien remarqué que lorsque j'ai élevé la voix sur elle, son regard a changé. Elle a eu peur, terriblement peur et s'est tout de suite calmée. Si ça se trouve elle a même cru que je lèverai la main sur elle, comme son enfoiré d'ex. Elle m'a vu comme le méchant. Je ne m'étais jamais énervé contre elle, mais l'entendre me reprocher des trucs débiles qui n'avaient pas lieu d'être m'a rendu hystérique. Elle le savait que je n'aimais qu'elle, pourquoi rendait-elle deux phrases merdiques si importantes.
Mes pieds m'ont guide jusqu'à chez mon meilleur ami. J'avais cette amère sensation de revivre ma rupture de lycée. J'avais passé une horrible journée et mes amis avaient été là pour moi. Me rendre chez mon meilleur ami, est tout simplement instinctif.
Arrivé devant la porte de son appartement, j'ai tambouriné contre celle-ci, presque comme un hystérique.
— J'arrive, s'est écrié Victor dont je pouvais reconnaître l'agacement dans sa voix.
Ce dernier a ouvert la porte, et je n'ai pas attendu plus d'une seconde pour entrer et fondre en larmes. Victor ne comprenant certainement pas ce qui était en train de se passer sous ses yeux a bégayé quelques mots :
— Frère...Jules...Qu'est-ce qu'il se passe... t'as des emmerdes ?
J'ai relevé la tête vers lui, les yeux inondés de larmes. Je ne le voyais presque pas.
— C'est fini Vic... ai-je dit en éclatant en sanglots.
Chloé et Timéo ont directement débarqué. La brune s'est approché de moi, m'a tiré le bras pour m'amener contre elle. Elle m'a prit dans ses bras et j'ai pleuré pendant un long moment. Elle caressait mon dos avec un rythme très régulier, parfois quand je reniflais un peu trop fort, elle m'embrassait le front. Même entouré de mes meilleurs amis, je ne me suis jamais senti aussi seul. On m'a comme enlevé une partie de moi.
J'ai relevé la tête, estimant que je pleurais depuis assez longtemps et que je devais des explications à mes amis. Ils méritaient de savoir ce qu'il se passait. J'ai essuyé mes larmes d'un revers de manche et j'ai demandé à Victor :
— Je peux m'assoir sur le canap ?
— Euh...oui..oui bien sûr, t'es chez toi mec.
J'ai tristement souri et je suis entrée dans le salon. Mes yeux ont embrassé la pièce chaleureuse qui pour une fois est rangée. Voir chaque objet à sa place était si rare que cela pouvait s'apparenter à une sorte de miracle. Il y avait même une bougie sur la table qui brûlait et diffusait une odeur relaxante. Je me suis laissé tomber sur le sofa en cuir et j'ai pris ma tête entre mes mains.
— J'ai quitté Athéna, ai-je déclaré.
— Hein ? Mais pourquoi ? C'est pas possible ! s'est écriée Chloé en s'approchant immédiatement de moi.
— Si, si, ai-je soufflé. On s'est disputé, je me suis énervé, elle a prit peur donc elle m'a viré de chez elle. Et sur un coup de tête je l'ai quitté.
Personne n'a rien dit. Je ne savais pas si c'était bon signe ou non, mais au fond de moi, j'aurais apprécié qu'ils me répondent quelques choses. J'avais besoin de réconfort.
— Jules, t'inquiète pas ça va s'arranger, a fini par dire Timéo.
— Mais oui, évidemment, vous vous aimez ! On ne se sépare pas à la première dispute.
J'ai regardé Chloé, et j'ai vu dans ses yeux qu'elle ne savait pas quoi en penser. Elle ne semblait même pas croire à ce qu'elle me disait. J'ai soupiré, reniflant encore une fois et j'ai n'ai rien dit.
Victor m'a préparé un lit pour dormir. Il n'a rien dit depuis mon arrivée, mais il a tenu à ce que je dorme chez lui. J'étais donc sous les couettes, et j'observais sans grand interêt, le plafond de l'appartement de mon meilleur ami. Tout était calme, il n'y avait pas un seul bruit de moteur de véhicules. Les chuchotements de mes amis, qui provenaient de l'entrée, troublaient ce silence mortel.
— Fais attention à lui, il est vraiment mal. On sait tous ici qu'il...fou d'elle. Il faut...remonter le moral... va vraiment déprimer toute sa vie.
Je n'ai entendu qu'à moitié leur conversation, mais j'ai compris l'essentiel. J'étais un véritable déchet humain au yeux de mes amis. J'étais pitoyable.
La porte a finalement claqué et Victor est réapparu dans le salon, là où je dormais. Je tourné la tête vers lui. Son visage était impassible, ce qui est très rare. En temps normal, il a toujours un petit sourire en coin, prêt à faire une blague. Le voir sérieux et tourmenté ne m'est pas familier.
— T'as rien dit depuis que je suis là, ai-je subitement lâché. Qu'est ce que t'en penses ?
Il m'a longuement regardé, puis s'est approché de moi, et s'est assis sur le matelas. Il a pris une longue inspiration et m'a dit :
— Je sais pas quoi te dire. Ça m'a surpris, je ne m'y attendais pas. Je...j'ai pas envie de te donner de faux espoirs, parce que personne sait de quoi est fait demain. Peut-être que votre break ne va pas durer, ou peut-être que vous ne vous parlerez plus jamais. On n'en sait rien. Je pense juste que tu dois pas te morfondre, tu dois aller de l'avant et tout faire pour essayer de surmonter cette mauvaise passe si c'est ce dont tu souhaites.
J'ai acquiescé, buvant chacune de ses paroles. Victor savait me réconforter. J'avais besoin de franchise, qu'on me secoue un peu et non pas qu'on me mente pour ne pas m'attrister d'avantage.
— Et puis Jules, dans le fond tu le sais qu'Athéna est une fille particulière. Qu'elle est sensible, faible sous ses airs de filles très courageuse.
Il avait raison. Athéna avait beau être courageuse, elle restait faible. Elle se méfiait de tout, elle avait peur au moindre changement. Certes elle faisait des progrès et sa psy l'aidait vachement. Mais elle restait fragile.
— Merci, lui ai-je dit.
Il m'a souri, et s'est relevé.
— N'hésite pas si t'as besoin mec.
J'ai hoché la tête, et il s'est dirigé vers sa chambre.
— Elle t'aime, n'en doute pas, m'a-t-il dit avant de refermer la porte de sa chambre.
Le lendemain, des bruits provenant de la cuisine m'ont réveillé. Ils m'ont presque réveillé en sursaut. Victor étalait une pâte épaisse sur sa poêle. Ça sentait bon. Ça sentait les pancakes de son père. Mon estomac s'est réveillé et je me suis lestement levé du canapé.
— T'es déjà réveillé ? m'a demandé Victor quand il m'a aperçu.
J'ai pouffé de rire amusé qu'il me sorte ça, vu tout le bruit qu'il faisait depuis vingt bonne minutes.
— C'était pas trop possible de dormir plus, l'ai-je fait remarqué.
Il n'a pas relevé, trop occupé par la cuisson du pancake.
— Y'a de la pâte à tartiner dans le placard si tu veux.
J'ai acquiescé, et j'ai fait comme chez moi : j'ai ouvert un placard au hasard et je suis miraculeusement tombé sur le pot de pâte à la noisette. Je l'ai attrapé et je l'ai posé sur la table. Victor m'a servi une assiette et au bout de cinq bonnes minutes, il m'a retrouvé et nous avons entamé le petit-déjeuner. C'était bizarre de me retrouver chez lui. Je venais de temps en temps le soir, partager une pizza avec lui, mais jamais un petit-déjeuner. J'aurais apprécié vivre dans le même appartement que lui.
— T'as bien dormi ?
— Euh...ouais...ça va et toi ?
— Ouais, j'étais claqué, s'est-il exclamé. Tu bosses toute la semaine au café ?
— Ouais, j'ai énormément d'heures à rattraper.
— Heureusement que je suis là pour te tenir compagnie, m'a-t-il répondu avec un clin d'œil.
J'ai ricané, amusé. C'est vrai qu'heureusement que je travaillais avec mon meilleur ami. Mes heures de travail passaient rapidement. On avait l'occasion de se raconter plein de trucs.
— Je...Jules...J'avais...
Il semblait vouloir me dire quelque chose et je n'ai pas mis longtemps à comprendre. Je l'ai alors devancé :
— T'inquiète pas Vic, je rentre chez mes parents pour les jours à venir. Ça va me faire du bien, je pense.
Il m'a souri, mal à l'aise puis m'a dit :
— Tu peux revenir quand tu veux ! C'est juste que...là...j'avais un plan avec une meuf...et...si elle te voit sur le clic-clac ça va être bizarre...
J'ai explosé de rire, comprenant tout à fait. Il a eu l'air rassuré que je le prenne à la rigolade.
Nous avons terminé de manger, puis nous avons débarrassé. Victor est allé se préparer de son côté et moi j'ai rallumé mon portable. Une boule d'espoir s'est formée à l'intérieur de moi, et je commençais à paniquer. J'espérais qu'Athéna m'ait envoyé un message. Malheureusement, je n'avais rien reçu. Je n'avais aucune notification. A ce moment-là, j'ai senti les larmes commencer à monter. Je retrouvais pourtant de l'espoir, mais tout s'effondrait. J'étais si déçu.
Je me suis alors habillé et j'ai quitté l'appartement de mon meilleur ami, presque encore plus triste qu'à mon arrivée. Je n'avais plus de motivations, plus d'espoirs. On venait de tout me retirer.
Je suis arrivée devant l'immeuble de mes parents, et j'ai pris une grande inspiration. C'était un retour à la case départ. Je pensais avoir pris mon envol. Cela n'a pas duré longtemps. J'ai pris l'ascenseur et j'ai sonné à la porte. Ma mère m'a ouvert et un sourire surpris s'est immédiatement affiché sur son visage. Elle paraissait incroyablement heureuse de me voir, devant elle. Elle le sera moins en connaissant les raisons de ma venue.
— Ce n'était pas prévu que tu sois là aujourd'hui. C'est génial ! Tu me manques tellement Jules ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Où est Athéna ? Et puis c'est quoi cette tête ? On dirait que tu n'as pas dormi !
Elle m'a tiré par le bras, m'a attiré vers elle et a embrassé ma joue avec tendresse. Puis elle a attendu que je lui réponde. J'ai soupiré et j'ai lâché d'une voix dépitée :
— Maman j'ai tout, sauf envie d'en parler. J'ai besoin d'être seul.
Ses sourcils se sont froncés et sa bouche s'est entrouverte. J'ai réussi à me détacher de son emprise et je me suis faufilé dans ma chambre qui était toujours la même depuis mon envol raté.
Et je me suis laissé tomber sur mon lit, le cœur débordant de tristesse.
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