21 : La nuit cauchemardesque d'Athéna.

ATHÉNA

Je me suis faufilée entre les invités, qui pour la plupart n'étaient plus très sobres. Les bienfaits de l'alcool les ont rapprochés, faits danser entre eux, et ont même effacés les doutes sur les coups d'un soir. Je suis arrivée avec peine devant le buffet, que Chloé a mis du temps à préparer. J'ai choppé une bouteille de rhum qui traînait et j'en ai versé dans deux verres qui semblaient propres. J'ai de nouveaux embrassé la table du regard, et c'est lorsque j'ai constaté qu'il n'y avait plus de diluants que j'ai soupiré. Tenant fermement les deux verres entre mes mains, je me suis dirigée vers la cuisine. J'ai contourné deux couples – ou du moins ce qui ressemblait à cela puisqu'ils se dévoraient la bouche –, et j'ai manqué de tomber à plusieurs reprises à cause des gobelets et des bouteilles jonchants sur le sol.

J'ai enfin pu m'accouder à la table de la cuisine et reprendre mon souffle. Puis j'ai cherché une bouteille de soda qui devait forcément traîner dans la pièce. C'est tout sourire que j'ai versé du coca dans les deux verres : j'ai trouvé la bouteille derrière le rouleau de sopalin. Après avoir terminé ma tâche, je me suis dit que ce serait une bonne idée de cacher ce diluant au cas où j'en aurais de nouveau besoin. J'ai fait mes cachoteries assez discrètement, puis je suis repartie comme si de rien n'était dans le salon. En faisant attention à où je mettais les pieds, j'ai bien mis deux bonnes minutes à retourner dans le salon. J'ai rejoint Jules, qui se trouvait de dos et parlait à plusieurs personnes. Chloé était là aussi, mais je n'arrivais pas à voir qui étaient les deux autres personnes puisque Jules les cachait. Je me suis alors exclamée :

— Y'avait plus aucun diluant, j'ai dû aller en chercher dans le frigo, éviter des couples qui se dévoraient la bouche, une vraie ga...

Jules a tourné la tête vers moi, me laissant apercevoir ses deux interlocuteurs. J'ai jeté un œil à Chloé qui semblait toute renfermée, j'ai ensuite reconnu Fanny, puis je l'ai vu lui.

Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase, que sans même le faire exprès j'ai laissé tomber les deux verres que je tenais, pourtant fermement, au sol. Ces derniers se sont explosés au contact du parquet, projetant des milliers de morceaux de verre et ont fait sursauté tous les invités. Cependant je n'y ai pas prêté attention, je n'ai même pas réagi, je le regardais seulement lui.

Un goût amère s'est emparé de ma bouche, ma vision a commencé à se troubler, ma tête semblait me jouer des tours, mon cœur souhaitait s'arracher de ma poitrine, mes mains sont devenues d'une moiteur ignoble, mon estomac s'est serré si fort que l'envie de vomir m'est presque venue, et mes jambes ne parvenaient plus à supporter le poids de mon corps. Je sentais que ma respiration n'était pas du tout régulière, que si ça continuait j'allais frôler la crise d'angoisse, mais je n'arrivais pas à me calmer. Je ne tenais plus vraiment debout et mes poumons n'arrivaient plus à faire le travail. Mais je n'arrivais pas à exécuter un seul mouvement. J'étais pétrifiée, immobile, les pieds encrés dans le sol. Malgré toute ces sensations atroces, j'avais envie de foutre une belle claque à Thomas.

J'ai entrouvert la bouche, souhaitant demander de l'aide à Jules pour me calmer ou insulter l'horrible personne qui me souriait, je ne savais même plus. Aucun son n'a réussi à sortir.

— Putain ! Quelle surprise ! Athéna, ça me fait plaisir de te voir, s'est-il exclamé d'une voix qui m'a fait frissonner.

Je me suis retenue au mur, croyant que j'allais rejoindre les morceaux de verres. Et j'ai senti que Jules comprenait. J'ai jeté un coup d'œil dans sa direction et je l'ai vu tourné vivement la tête, la mâchoire si contractée que ses dents allaient se briser. Ses pensées fusaient dans son esprit et il s'est à mon désespoir approché de lui. Il lui a asséné un coup, puis deux, puis trois... Je me suis alors élancée vers lui, en me rattrapant sur Chloé. Je leur criais d'arrêter. Chloé m'hurlait dans les tympans, demandant de l'aide autour de nous. Les invités s'étaient tous éloignés et les regardaient se battre comme s'il s'agissait d'un film d'action.

Jules avait tellement de rage en lui, qu'il a rapidement mis Thomas au sol. Seulement ce dernier, savait extrêmement bien rendre les coups. Les deux commençaient à saigner, à grincer des dents de douleurs mais ne s'arrêtaient pas pour autant.

Fanny est entrée dans le salon accompagné de Paul, Timéo et Victor. Les trois se sont jetés sur les deux concernés. Fanny nous a rejoint Chloé et moi, et elles m'ont toutes les deux éloignés de la scène et fait m'assoir sur un canapé. Chloé m'a serré la main de toutes ses forces et voyant que je ne parvenais pas à respirer de manière convenable, à hurler à sa sœur d'aller me chercher à boire.

Timéo et Victor ont séparé Jules de Thomas, avec énormément de mal. Paul a empoigné le col de Thomas lui a décoché un sublime coup et l'a plaqué contre le mur. Il lui a chuchoté quelque chose qui semblait être menaçant puisque dès qu'il a lâché Thomas, ce dernier est rapidement parti.

— Tout le monde dégage ! a beuglé Paul.

Les gens ne se sont pas faits prier et sont tous sortis de l'appartement tel un troupeau de moutons. Moi, j'avais l'impression que l'on m'étouffait. Ma cage thoracique me faisait atrocement mal, et ma respiration était sifflante. Je manquais d'air et j'avais cette horrible impression de pouvoir me regarder mourir. Les larmes coulaient à flots le long de mes joues et mes amis me regardaient paniqués, ne sachant que faire.

Je me suis de plus en plus enfoncée dans le canapé de Chloé, fermant les yeux et criant d'inquiétude. Je les entendais s'affoler de plus en plus autour de moi, ainsi que Fanny s'en vouloir.

— Faut appeler les pompiers je vous dis, a hurlé Paul comme un hystérique. Elle est en train de crever !

— Tu la paniques encore plus arrête !

— Un massage cardiaque ça pourrait l'aider ?

—  Mais taisez-vous putain, rien ne l'aide là !

J'ai senti que Jules s'approchait de moi, il a attrapé ma main crispée et y a glissé ses doigts dedans. Je les ai serré fort, comme s'il s'agissait de la seule chose qui me retenait de ne pas m'envoler vers le ciel.

—  Athéna, écoute ma voix, m'a-t-il dit calmement. Concentre-toi sur ta respiration. Inspire, expire. Inspire et expire.

Il a répété cette phrase un bon nombre de fois en l'exécutant également. Les autres se sont tûs, ils semblaient nettement plus calmes. L'air frais d'une fenêtre ouverte me faisait du bien. J'ai ouvert les yeux, en respirant toujours de façon anormale et flippante.

—  Avec tes doigts, tu peux me montrer à quel niveau de mal être, tu es ?

J'ai levé les dix doigts, et une lueur d'inquiétude à traverser son regard. Il a inspiré et il a poursuivi. Je serrai ses doigts de toutes mes forces, je n'avais presque plus d'énergie et ma tête me jouait des tours.

—  Tu te souviens, il y a un mois, on a fait une bataille de farine chez toi. Je venais de faire des crêpes délicieuses pour le petit déjeuner. Et je m'étais amusé à te mettre un peu de farine sur le visage. Évidemment, tu ne t'es pas laissée faire et c'est partie en énorme bataille de farine. C'était super drôle, tu t'es un peu énervée après quand tu as vu l'état de ton appart. Mais étant donné qu'on a tout nettoyé ensemble, ce n'était pas bien grave. C'est une des meilleure après-midi que l'on a passé ensemble, je trouve.

Au fil de son histoire, j'ai parvenu à me calmer et à me concentrer sur ma respiration qui était devenue simplement haletante. Jules s'est encore plus approché de moi, et m'a gentiment demandé :

—  Je peux te faire un câlin ?

J'ai difficilement hoché de la tête et il s'est assis à mes côtés. Il a calmement passé son bras sur mes épaules et m'a attiré vers lui. J'ai laissé tomber ma tête lourde contre lui. Il s'est légèrement tourné, et m'a entouré de ses deux bras. Son geste était simple, mais il m'a rapidement apaisé. J'ai réussi à lever mes bras, pour moi aussi, l'entourer et le serrer contre moi avec la faible force qu'il me restait.

Et je me suis calmée.

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