20 : La soirée d'anniversaire de la meilleure amie de Jules.

JULES

Au lycée, les soirées n'ont jamais été mon truc. Je les redoutais même.

Au collège, tout était plus simple. Victor, Timéo, Bastien et moi ne nous préoccupions pas réellement de notre vie sociale. Notre petite groupe était déjà tellement parfait que le monde extérieur n'était même pas important pour nous. Par contre, lorsque nous avons rencontré Chloé et Pauline, notre quotidien a comme qui dirait été boulversé. Les filles nous poussaient à les accompagner en soirée, à sympathiser avec des gens du lycée. Elles nous avaient vraiment appris à sortir de notre bulle et à nous ouvrir aux élèves qui nous entouraient. Et franchement, elles ont eu raison.

Malgré tout, je détestais toujours autant les soirées. A chaque fois que les filles me proposaient de les accompagner, je réfléchissais pendant des jours et je me devais de céder devant les moues adorables de Chloé. Les pièces qui regroupaient un grand nombre de lycéens pendant une bonne partie de la nuit étaient souvent trop petite. Nous étions tous collés les uns aux autres, ça puait l'alcool et la clope, la musique étaient beaucoup trop forte pour pouvoir échanger avec qui que ce soit et il faisait toujours horriblement chaud. Pour certains, ceci n'était que des détails qui rajoutaient du piment à ces soirées qu'ils estimaient inoubliables. Pour d'autres, c'est-à-dire moi, ces détails n'étaient non négligeables. Heureusement, nous étions tellement nombreux que le fait que je ne danse pas ne se remarquait pas. Il me suffisait d'avoir un verre dans la main et je passais inaperçu.
Et puis, pour couronner le tout, il y avait ces fameux mecs qui profitaient des soirées pour violer des filles distraites. Il m'est arrivé une fois, de sauver la vie d'une fille qui était à deux doigts de voir sa belle petite vie tranquille se transformer en un horrible cauchemar.

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Chloé et pour l'occasion elle a organisé une soirée chez elle. Elle n'a encore jamais fêté son anniversaire dans son appartement, depuis que je la connais et je me demande bien comment elle a réussi à obtenir l'accord de ses parents.

Je ne sais pas trop qui elle a invité.
Certainement des gens de sa classe, des gens qu'elle a rencontré en Amphi, ou bien même des gens du lycée. Je sais qu'elle a invité notre groupe ainsi qui Paul et Athéna.

Pour ses vingt-deux ans, on a décidé de lui offrir un cadeau dont elle se souviendra. On lui a fait une vidéo, où on raconte des anecdotes sur ce qu'on a vécu avec elle. Mais on lui a aussi acheté un pass pour les Solidays. On ira avec elle et j'ai déjà hâte d'y être.

— T'es sûr que c'est bien comme tenue ? m'a demandé Athéna.

Je l'ai regardée sortir de sa salle de bain – ou plutôt de notre salle de bain, je ne m'étais toujours pas fait à l'idée que je vivais désormais avec elle –, elle était ravissante. Elle portait une robe pull, qui mettait en valeur ses jolies formes. Elle m'a posé une dernière fois la question, et je l'ai une nouvelle fois rassurée, en la complimentant.

Nous avons passé un superbe week-end pour la Saint-Valentin. Certainement un des plus beau de toute ma vie. Je pourrais même le qualifier comme hors du temps. J'en gardais de merveilleux souvenirs et je savais que du côté de celle que j'aimais, c'était pareil.
Ma grand-mère a tellement apprécié Athéna, qu'elle l'a suppliée de revenir très vite dans le sud.

—  Tu devrais mettre des chemises plus souvent, ça te va extrêmement bien.

J'ai souri, et je l'ai enlacée, plongeant au passage mon nez dans son cou parfumé.

—  Tu sens bon.

Elle a laissé échapper un rire enfantin, puis s'est dégagé de mon emprise pour sortir de l'appartement. Nous allions être en retard, et il ne fallait vraiment pas.

Nous avons fait le chemin assez rapidement, puisque nous sommes arrivés chez Chloé en même pas quinze minutes à pied. C'est elle qui nous a ouvert. Elle semblait complètement débordée par l'événement, ne sachant plus ou donner de la tête entre la préparation de la pièce qui allait être transformée en piste de danse, le dressage du buffet, et sa mise en beauté. Pourtant, malgré cette expression inquiète qu'elle a montré en nous ouvrant, elle restait resplendissante.

Elle nous a laissé entrer et je l'ai enlacé. Elle nous a complimenté sur nos tenues puis elle a filé dans sa salle de bain pour finir de se préparer.

Son appartement était plutôt spacieux, mais il y avait tant de personnes qui vivaient dedans, que ça le rendait petit. Leurs affaires débordaient des meubles de rangements, et les pièces devenaient vite petite si l'on y restait a plus de cinq. Le seul point positif de ce lieu était la vue ainsi que la lumière. Du haut du sixième étage, l'appartement de ma meilleure amie possédaient un balcon qui nous offrait une vue incroyable sur tout Paris. Observer le coucher de soleil accoudé sur la rambarde du balcon, était une chose que j'adorais faire les rares fois où j'étais venu ici.

Nous avons retrouvé Pauline et Bastien qui étaient déjà arrivés et qui sortaient tout un tas de diluants du frigo. Le budget nourriture paraissait énorme et j'ai compris que nous n'allions pas mourir de faim ce soir-là.

—  Athéna ! s'est écriée ma meilleure amie depuis sa chambre. J'ai besoin de toi !

Athéna a souri, amusée par l'anxiété de la brune et l'a retrouvé dans sa chambre.

—  C'était comment votre week-end ? m'a discrètement demandé Bastien.

—  Extraordinaire.

Pauline a esquissé un sourire amusé et m'a incité à lui donner des détails.

—  Je vis avec elle maintenant.

Ils se sont tous les deux étouffés à l'entente de ma phrase. Ils m'ont regardé avec des yeux aussi gros que des planètes. Ils semblaient tomber des nus.

—  Tu vis avec elle... dans son appartement ? m'a demandé Bastien.

—  Bah oui banane ! Tu crois quoi, qu'ils vivent dans une piscine ! s'est exclamée Pauline en roulant des yeux.

J'ai pouffé de rire, en voyant Bastien soupirer. Pauline est le genre de copine écrasante mais vraiment adorable. Elle a la main sur le cœur et est d'une sensibilité extraordinaire. Et malgré le fait que son caractère énerve parfois énormément mon pote, il l'aime tellement qu'il a fini par s'y habituer.

La fête a commencé depuis un bon bout de temps, et les gens commençaient à se rapprocher et à ne plus très bien danser. Les gens se décoinçaient, parlaient fort et gloussaient de temps en temps. Je devais bien l'avouer, c'était une super fête. Mais seulement grâce à Athéna. Je n'avais presque pas vu Chloé, Victor avait repéré une fille qu'il jugeait incroyable, Timéo n'était pas encore arrivé et Bastien et Pauline venaient de partir.

— C'est vraiment génial, l'ambiance est super cool, m'a crié Athéna par dessus la musique.

J'ai haussé les épaules et elle s'est approchée de moi en souriant. Elle a passé sa main sur ma joue et a déposé ses lèvres sur les miennes.

La musique a subitement changé, et lorsque je l'ai reconnu, mon sourire s'est élargi et mes yeux se sont posés sur la bouille d'ange d'Athéna. Baila de Deorro. Nous avons dansé dessus la fois où nous nous étions rencontrés par hasard en boîte. Elle venait tout juste de se faire emmerder par un mec.

Nous nous sommes mis au milieu de la piste, et pour une fois je n'ai pas fait attention au regard lourd que nous portaient les gens. Nous nous sommes amusés en hurlant les paroles et ce n'est qu'à la fin de la musique que j'ai remarqué la présence des gens autour de nous. Ils s'étaient eux aussi mis à danser.

—  Tu veux boire quelque chose ? Je meurs de soif ! s'est plainte ma belle copine.

J'ai hoché de la tête et elle a rigolé :

—  Je reviens.

Elle s'est donc éclipsée et je me suis retrouvé seul l'espace d'un instant. Chloé m'a sauté dessus et semblait toute retournée.

—  Jules ! Jules ! Jules ! Ma soeur a ramené son copain putain ! J'avais raison !

J'ai froncé les sourcils, me remémorant que le fameux gars en question a l'âge d'Athéna et sort avec Fanny, qui n'a seulement seize ans.

—  C'est n'importe quoi, elle est folle Jules. Je te jure que c'est pas normal ! J'hallucine, elle est complètement tarée !

J'ai posé mes mains sur les épaules de ma meilleure amie et je l'ai forcée à me regarder. Je lui ai lancé un regard insistant pour qu'elle comprenne qu'il fallait qu'elle se calme et qu'elle arrête. Il faut qu'elle arrête de gérer sa sœur comme s'il s'agissait de sa propre fille qu'elle ne sait plus contrôler. Fanny a des parents, certes des parents qui ne s'occupent pas d'elle, mais des parents tout de même. J'aimerais pour une fois que Chloé profite de sa soirée. Elle a organisé quelque chose de fantastique et ce n'est pas les conneries de sa sœur qui vont tout gâcher.

— Arrête-toi, t'es ridicule, lui ai-je lâché sans aucune émotion.

Elle a grimacé, sûrement vexée par mes propos que je n'effacerai pas.

— Tu vas quand même pas la laisser de gâcher cette putain de soirée !

Elle n'a rien répondu, préférant hausser les épaules et baisser la tête. Je l'ai alors prise dans mes bras.

— Je garde un œil sur elle c'est promis. Va t'amuser.

Elle m'a largement remercié du regard et s'est apprêtée à me quitter quand sa sœur m'a interpellé :

— Jules ! s'est-elle exclamée.

Elle a accouru vers moi et m'a joyeusement claqué la bise. Je m'entends bien avec Fanny, dans le fond elle est marrante et très attachante mais elle se donne constamment un style qui m'est insupportable. Chloé s'est de nouveau crispée et a lancé un regard rempli de haine à sa sœur qui ne prêtait même pas attention à elle. J'ai relevé la tête et j'ai croisé des yeux d'une bleuté époustouflante. Le fameux copain faisait à peu près ma taille, était sacrément baraqué et semblait être un gros con. Il me regardait d'un air qui donnait envie de lui en foutre une. Il dégageait une méchanceté qui m'en faisait frissonner.

— C'est le meilleur ami de ma sœur, lui a alors dit Fanny.

Il a hoché la tête. J'allais faire une remarque quand j'ai entendu Athéna se rapprocher de moi :

— Y'avait plus aucun diluant, j'ai dû aller en chercher dans le frigo, éviter des couples qui se dévoraient la bouche, une vraie ga...

Elle n'a même pas eu le temps de finir sa phrase, qu'elle a laissé tomber les deux verres qu'elle tenait, au sol. Ces derniers se sont explosés par terre, projetant des milliers de morceaux de verre et ont fait sursauté tous les invités. J'ai immédiatement tourné la tête vers Athéna qui semblait pétrifiée. Elle est devenue toute pâle, ses membres se sont mis à trembler et son beau sourire s'est effacé. Je ne saurai dire quelle expression a pris place sur son visage à l'instant même. Il s'agissait d'un mélange de peur et de haine profonde. Elle a essayé de dire quelque chose, mais aucun mot n'est sorti de sa bouche.

— Putain ! Quelle surprise ! Athéna, ça me fait plaisir de te voir, s'est exclamé le mec d'une voix qui m'a fait frissonner.

C'est à ce moment-là que j'ai compris. C'est lui. C'est cet enfoiré de Thomas qui a brisé la vie d'Athéna, qui l'a traumatisé et qui la battait.

Mon sang n'a fait qu'un tour, je me suis approché de lui, et le coup est parti tout seul. Tout est devenu flou autour de moi, j'entendais seulement les cris de Chloé mais surtout d'Athéna.

Cela n'avait pas changé, je détestais toujours autant les soirées.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top