2 : L'invitation de Jules

JULES

Je suis sorti de la salle de sport, en sueur. Je m'étais bien défoulé, et ça m'avait fait le plus grand bien. J'étais le genre de mec qui faisait du sport, non pas pour prendre de la masse musculaire, mais simplement car cela me détendait. Je suis ensuite rentré chez moi, mes écouteurs dans les oreilles.

J'ai passé le pas de ma porte, jeje suis directement allé dans la salle de bain et j'ai sauté dans la douche. J'ai laissé couler l'eau chaude pendant un long moment, savourant la chaleur les yeux fermés. J'adorais ce moment. J'aimais fermé les yeux et me laisser emporter par le bruit de l'eau.

Après m'être savonné, rincé et habillé, j'ai retrouvé ma mère qui faisait à manger dans la cuisine. Elle chantonnait les paroles d'une de ses chansons préférées en même temps qu'elle mettait de l'eau dans une casserole.

- Tu veux que je t'aide ? lui ai-je proposé.

Elle a fait volte-face et m'a souri quand elle a vu que c'était moi. Elle a hoché la tête et m'a fait signe de me mettre à côté d'elle.

- Tiens, coupe ça, m'a-t-elle dit en me donnant un oignon et un couteau que j'ai attrapé.

Elle a continué à chantonner des chansons, pendant que je découpais l'oignon.

- On va manger chez Nina ce soir, avec ton père. Tu veux venir ? M'a-t-elle demandé.

- Désolé Maman, je ne peux pas, j'ai des choses à faire.

À vrai dire, je n'avais rien à faire. J'avais juste la flemme de voir sa fameuse copine, qui ne faisait que de parler de son fils, qui d'après elle était un génie et de sa richesse. Elle prenait mes parents de haut et cela m'avait toujours dérangé.

- Tu sais, tu peux me dire si tu vois ta copine, a lâché ma mère avec un petit sourire.

J'ai explosé de rire. C'était bien le genre de ma mère. Elle m'imaginait une vie digne d'un film. Quand j'étais plus jeune, j'avais une très grande complicité avec ma mère, c'était un peu le genre de mère-copine dont tout le monde rêve d'avoir. Mais depuis quelques temps, je ne lui racontais plus vraiment ce qu'il se passait dans ma vie sociale et je savais que d'une certaine manière, ça l'attristait.

- Je n'ai pas de copine Maman.

- Arrête de me prendre pour une idiote, s'il te plaît Jules.

- Bon d'accord, ai-je avoué en roulant des yeux. J'aime bien une fille mais nous ne sommes pas ensemble.

Son sourire s'est agrandi et elle a tapé dans ses mains. On aurait dit une gamine de huit ans. Je me souvenais que la dernière fois qu'elle avait fait ça, c'était quand Chloé lui avait dit qu'elle avait couché avec son copain de l'époque -car oui ma mère et ma meilleure amie s'adoraient.

- Raconte-moi tout Jules, ma-t-elle supplié.

J'ai pouffé de rire, son comportement m'amusait, puis j'ai soupiré, dans quelle merde m'étais-je encore embarqué.

- Il n'y a rien à dire, Maman. C'est une fille que je vois deux fois par semaine, qui ne fait presque pas attention à moi et puis voilà.

- Oh, c'est triste.

Elle a caressé ma joue de sa main et m'a fait un clin d'œil.

- Je suis sûre que si tu te donnais tous les moyens pour l'avoir, elle ne se passerait plus de toi, me dit-elle.

- Peut-être bien.

- Fonce alors ! Qu'est-ce que tu attends ?

*

Je suis arrivé devant le café, de bonne humeur. Déjeuner avec ma mère et parler de tout et de rien m'avait fait beaucoup de bien. Cela faisait vraiment longtemps que ça n'était pas arrivé et dorénavant j'essaierai de le faire plus souvent.

Je suis entré dans le café et j'ai poliment salué ma patronne qui était en cuisine. Je suis parti me changer dans les vestiaires et j'en ai profité pour répondre au message de Chloé et de Timéo.

De Chloé :
On peut passer chez toi ce soir ? <3

De Timéo :
Stp gros !

À Chloé et Timéo :
Ce soir, 20h chez moi ;)

J'ai rangé mon téléphone dans la poche de mon manteau puis j'ai refermé mon casier. Je suis retourné derrière le comptoir et j'ai salué Victor qui était arrivé entre temps, ainsi que Mathias, un nouveau qui nous aidait de temps en temps.

- Un chocolat chaud, m'a lancé Mathias avant d'aller accueillir des nouveaux clients.

J'ai attrapé une tasse et j'ai préparé le chocolat chaud tout en scrutant la salle. Elle n'était pas là, ou du moins pas encore. Nous étions jeudi, et j'avais attendu ce jour durant toute la semaine. Elle devrait venir normalement, si elle n'avait pas changer ses habitudes.

- Jules, faut que tu me donnes un conseil, m'a dit Victor en mélangeant différentes alcool.

- Quoi ?

- J'ai le choix entre deux soirée ce soir. Soit la soirée organisée par une ancienne sex-friend, soit la soirée d'une fille plutôt cool. Je vais où ?

- Ton ancienne sex-friend a un mec maintenant ?

- Ouais, sinon ça serait encore ma sex-friend abruti ! Pourquoi ?

- C'est un mauvais plan alors, le gars va te surveiller toute la soirée pour voir si tu ne touches pas à sa meuf, lui ai-je répondu en donnant le chocolat chaud à Mathias.

- Ah ouais, pas con Julio !

Je lui ai fait un clin d'œil et j'ai attrapé un plateau pour aller débarrasser une table qui venait de se libérer en terrasse.

Je suis retourné à l'intérieur et je me suis aperçu que notre cliente préférée était bel et bien venue. Mon sourire s'est agrandi et mon cœur s'est mis à battre plus fort. Elle était si belle. À vrai dire, je ne savais plus si je la trouvais belle parce qu'elle l'était réellement ou si, tout simplement j'étais tellement amoureux que même si elle n'était pas très jolie pour les autres, elle l'était pour moi.

Elle portait un simple t-shirt gris avec un jean noir et des bottines à talons qui la grandissait de quelques centimètres. J'allais lui dire bonjour quand Mathias m'a devancé. J'ai instinctivement regardé Victor qui me faisait des gros yeux.

- Double-le, ai-je lu sur ses lèvres.

J'ai interrompu Mathias et j'ai aluée notre cliente.

- Bonjour mademoiselle, lui ai-je dit avec un sourire charmeur.

- Salut, Jules.

Je fus agréablement surpris de constater qu'elle avait retenu mon prénom.

- Mathias va t'occuper des tables là-bas, je me charge de notre cliente préférée.

Elle a rigolé et Mathias m'a foudroyé du regard. Je lui ai alors offert mon plus beau sourire et me suis concentré sur la jolie fille qui se trouvait à mes côtés. Désolé mon coco, mais cette fille, c'est la mienne ! Enfin la mienne... Je savais pertinemment que les gens ne pouvaient pas nous appartenir, qui plus est qu'on ne devait jamais prendre une fille pour acquise mais j'aimerais bien que cette fille soit uniquement pour moi.

Je l'ai emmené jusqu'à sa table et je m'apprêtais à lui demander ce qu'elle voulait quand une idée a germé dans ma petite tête. Il se pourrait que je sois doté d'une très grande intelligence. Il fallait que je l'invite à dîner ce soir. Tant pis pour Chloé et Timéo, ils comprendront.

- Le cocktail spécial avec une part de fondant pour mademoiselle ? lui ai-je demandé pour avoir une confirmation.

Elle a vivement hoché la tête et m'a souri. J'ai noté sur mon petit carnet et j'ai ensuite relevé la tête vers elle afin de capter son regard.

- Je voulais te proposer de venir dîner avec moi ce soir, ai-je annoncé d'une seule traite.

Elle a arqué un sourcil mi-amusé, mi-surprise.

- C'est un rencard ?

Je me suis gratté la nuque, légèrement embarrassé.

- En quelques sortes, oui.

- Je suis désolée, je ne suis pas fan des rencards, m'a-telle dit mal à l'aise.

Mon cœur s'est brisé et mon ego a pris une claque monumentale. Ça faisait mal. Mais je n'avais pas dit mon dernier mot, elle n'allait pas se débarrasser de moi aussi facilement.

- Et si je t'offre ce que tu prends là, et que je m'assois avec toi ici ?

- C'est toujours un rencard, Jules, a-t-elle ri nerveusement.

- Pas vraiment, disons que le serveur remercie sa cliente qui vient deux fois par semaine dans le café où il travaille ?

- Bon d'accord, a-t-elle cédé amusée.

Mon cœur a alors explosé de bonheur et je lui ai offert mon plus beau sourire.

- Génial, je reviens dans une minute.

Je me suis précipité au comptoir et j'ai posé le plateau.

- Victor, j'aimerai la même chose que notre jolie demoiselle, ai-je dit en lui envoyant mon carnet à la figure.

- Pardon ?

- C'est un rencard, je t'expliquerai, mais grouille ton cul.

Il a souri et a hoché la tête. J'ai donc retrouvé la jolie jeune fille et je me suis assis face à elle.

- Bon, je vais te poser une question très importante : comment tu t'appelles ?

Elle a explosé de rire et m'a regardé avant de répondre :

- C'est vrai que sans mon prénom, c'est légèrement embêtant, s'est-elle moquée. Je m'appelle Athéna.

J'ai souri, Athéna, c'était sublime et cela lui allait comme un gant.

- D'accord Athéna.

Elle a baissé la tête et a fixé ses mains qui étaient au dessus de la table.

- Parle moi de toi, ai-je soudainement dit.

Elle a froncé les sourcils et je me suis rendu compte que ma demande était peut-être un peu trop cash.

- Hum... Hormis le fait qu'à cet instant précis tu me fais un peu peur, je ne sais pas trop quoi dire.

Elle m'a souri et j'ai lâché un rire franc. Elle m'a ensuite demandé mon âge et j'ai répondu :

- J'ai 21 ans...

- Seulement ! Je pensais que tu étais plus âgé que moi, ou qu'au moins on aurait le même âge ! m'a-t-elle coupé.

J'ai rigolé et j'ai secoué la tête.

- Tu as quel âge toi ?

- Trois ans de plus que toi, m'a-t-elle répondu en posant sa tête dans sa main.

Je n'ai pas répondu. J'avais aussi pensé qu'on avait le même âge. Mais j'aimais encore plus l'idée qu'elle soit plus âgée que moi.

- Ça fait longtemps que tu travailles ici ? m'a-t-elle demandé en embrassant la salle de son regard vert.

- Environ trois ans.

- Ah oui, quand même ! J'imagine que tu travailles souvent ici, non ?

J'ai hoché la tête et elle s'est contentée de me sourire. Je ne savais pas si je vous l'avais déjà dit, mais son sourire était sublime à voir.

- Pourquoi tu as choisi de travailler ici, si ce n'est pas indiscret.

- Je n'habite pas très loin, et parce que étant jeune je venais souvent boire un verre avec mes amis après les cours. J'adore ce café. Et puis, le salaire que j'ai, me permet d'aider mes parents à payer mes études.

- Oh, c'est super. Moi aussi j'aime beaucoup cet endroit.

- Et toi, tu travailles ?

- Étant donné que je fais des études de médecine je n'ai pas énormément de temps libre, surtout qu'à partir de cette année, je suis interne à l'hôpital Européen Georges-Pompidou, dans le 15e. Donc je vais gagner de l'argent et je fais quelques baby-sitting de temps en temps. Et puis, j'ai surtout la chance d'avoir des parents qui peuvent me payer mes études.

J'ai souri. Oui, elle avait énormément de chance d'avoir des parents qui avaient les moyens de lui payer ses études. Heureusement que j'avais ce travail, car je savais que parfois mes parents se privaient de certaines choses pour pouvoir m'offrir les études que je voulais.

- J'ai donc face à moi, une fille passionnée par l'anatomie humaine ? ai-je plaisanté.

- Je suis plutôt passionnée par ce qui se passe dans ta tête.

Elle m'a fait un petit clin d'œil et j'ai souri niaisement. J'avais donc devant moi une fille qui voulait devenir psychiatre.

- Et toi, tu fais quoi comme étude ?

- Des études de droit.

- J'avais longuement hésité à faire des études de droit, m'a-t-elle informé.

- Pourquoi tu as choisi la médecine ?

- Parce qu'aider les autres m'a toujours attiré. Tu vas me dire, oui en étant avocat on aide aussi les autres mais je trouve que ce n'est pas pareil. Permettre à quelqu'un de vivre est une chose exceptionnelle. Et je pense que c'est en partie ce qui m'a décidé.

J'ai hoché de la tête. Elle n'avait pas tout à fait tort lorsqu'elle disait qu'en faisant des études de droit, c'était car j'avais envie d'aider les autres. J'estime que tout le monde mérite d'être défendu, même les plus gros criminels.

Victor est arrivé et nous a déposé ce qu'on avait commandé.

- Bon ap, nous a-t-il dit.

Je l'ai silencieusement remercié puis il nous a laissé déguster.

- Tu es parti pendant les vacances ? m'a-t-elle demandé après avoir bu une gorgée de son cocktail.

- Oui, dans le sud, à Saint Jean-de-Luz. Tu connais ?

- Oui, je connais de nom, mais je n'y suis jamais allée. Tu as une maison de vacances là-bas ?

- Mes grands-parents y vivent, du coup j'y passe pratiquement tous mes étés, ai-je déclaré en repensant à mes vacances. Et toi, tu es partie où pour être aussi bronzée ?

Elle a lâché un rire doux et m'a aussitôt répondu :

- En Colombie, chez mes grands-parents.

- Oh, c'est génial ! J'adorerai aller en Colombie, ai-je dit. Ça a l'air d'être magnifique.

- Oui, c'est splendide.

J'ai esquissé un sourire et l'ai discrètement observée. Elle avait un visage plutôt rond, avec de beaux yeux verts qui tiraient sur le noisette et une bouche pulpeuse parfaitement dessinée.

- Pourquoi tes parents t'ont appelé Athéna ?

Elle a arqué un sourcil et m'a regardé bizarrement avant d'éclater de rire.

- Parce qu'il fallait que j'ai un prénom à mon avis, a-t-elle plaisanté.

J'ai alors secoué la tête en ricanant.

- Non, je voulais savoir pourquoi Athéna et pas Marguerite, par exemple.

- Ah ! Quand mon père est arrivé en France avec ma mère, il s'est beaucoup intéressé à la mythologie grecque. Il aimait beaucoup ce que représentait la déesse Athéna. Il a suggéré cette idée de prénom à ma mère et elle a tout de suite adoré. Voilà pourquoi je m'appelle Athéna.

J'ai hoché la tête, elle portait bien son prénom. Elle m'avait l'air d'être une battante, vive d'esprit et courageuse. Mais, elle avait aussi l'air d'être très sensible, fragile et méfiante. C'était une fille très mystérieuse et cela m'attirait fortement.

- C'est un prénom magnifique qui te reflète extrêmement bien, l'ai-je complimentée.

Elle a rougi et m'a remercié.

- Et toi, pourquoi Jules ?

- C'est tout bête, quand ma mère était jeune, elle avait fait une liste de souhaits à réaliser, et dedans elle avait écrit qu'elle voulait un garçon qui s'appellerait Jules. Par chance, elle a eu un garçon et mon père comme le bon vieux canard amoureux qu'il est, a décidé de réaliser tous les souhaits de ma mère. Ils m'ont donc appelé Jules.

- C'est drôle, parce que c'est mon prénom préféré.

J'ai esquissé un sourire niais, flatté, puis je lui ai adressé un clin d'œil.

- Bon, je vais y aller Jules, il se fait tard et je dois ranger mon appart.

- Je te raccompagne, me suis-je empressé de répondre en me levant.

Elle n'a rien dit et a seulement hausser les épaules. J'ai laissé un billet de vingt euros sur la table et je me suis dirigé vers le comptoir pour dire à Victor que je partais plus tôt. Je me suis rapidement changé dans les vestiaires et j'ai retrouvé Athéna dehors.

On est rapidement arrivé devant son immeuble, qui n'était pas très loin du café et au passage pas très loin de chez moi non plus. On s'est arrêté devant la porte en bois et elle s'est tournée vers moi.

- Merci beaucoup Jules, tu as bien fait d'insister, j'ai passé un super moment.

J'ai souri comme un idiot, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été aussi bien.

- Et moi dont, ai-je soufflé. Tu n'aurais pas un numéro de téléphone par hasard ?

Elle a rigolé et a secoué la tête.

- Je n'aime pas vraiment donner mon numéro d'habitude.

Je l'ai suppliée du regard et elle a cédé. Elle a donc sorti un stylo de son sac à main et s'est mise à noter son numéro sur le dos de ma main.

- À bientôt Jules, m'a-t-elle soufflé.

Elle s'est haussée sur la pointe de pieds et a déposé un simple bisou sur ma joue qui m'a électrisé.

- Salut Athéna.

Elle m'a souri une dernière puis elle a disparu dans son immeuble.

Mon cœur battait la chamade, j'avais l'impression de vivre un rêve.

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