18 : L'arrivée dans le sud de Jules.
JULES
Je me suis longtemps demandé quel serait l'unique conseil que je donnerais à un adolescent. En y réfléchissant, il y avait toujours un milliard de chose qui me venait à l'esprit, comme ne te prends jamais la tête, profite à fonde ta vie car elle est courte, ne te force jamais à faire quelque chose que tu ne souhaites pas faire. Mais je pense que le meilleur conseil que je puisse donner à un adolescent est qu'il faut s'aimer comme on est.
C'est un conseil qui paraît anodin, pourtant il ne m'a jamais été conseillé durant la dure période qu'était mon adolescence. C'est pourtant si évident. Il faut s'aimer comme nous sommes, il faut avoir confiance en nous, il faut accepter ses défauts. Nous nous ennuierions tellement si tout le monde était parfait.
S'aimer naturellement n'est pas une chose offerte à tout le monde, il faut donc apprendre à le faire. Car si nous ne nous aimons pas nous, qui le fera à notre place ?
— Passe un bon week-end, Jules, m'a lâché ma mère après avoir déposé un baiser sur ma joue.
— Et embrasse ta grand-mère de notre part, a rajouté mon père.
J'ai acquiescé et après les avoir salué une dernière fois j'ai quitté mon immeuble. J'ai filé jusqu'à la rue de ma déesse, qui devait certainement m'attendre. Nous partions aujourd'hui. J'attendais ce week-end depuis longtemps, et j'avais déjà hâte d'être de nouveau dans ma maison de vacances mais cette fois-ci accompagné d'Athéna. J'étais aussi impatient de lui présenter ma grand-mère.
Lorsque j'ai vu Athéna, avec sa doudoune noire et sa paire de basket qu'elle s'était achetée il n'y a pas longtemps, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. À chaque fois que je la voyais, mon cœur faisait des bons dans ma poitrine.
— Ça va, trésor ? lui ai-je demandé en passant mon bras sur ses épaules.
— Au top !
J'ai éclaté de rire face à son excitation, elle était adorable avec son sourire qui touchait presque ses oreilles. Elle a ensuite pointé du doigt le Uber qu'elle avait commandé pour aller à la gare. Le chauffeur est sorti de sa voiture et a empoigné nos bagages pour les mettre dans le coffre. Je suis monté à l'arrière et je me suis assis à côté de ma copine.
— On est à l'heure ? m'a demandé cette dernière quand la voiture a démarré.
— On est même en avance.
Elle a souri et a laissé tomber sa tête sur mon épaule.
— On a combien d'heures de train ?
— Six, ai-je grimacé.
— J'ai mon ordinateur, on pourra regarder des films si tu veux.
J'ai acquiescé et elle a déposé un bisou sur la peau de mon cou.
Nous sommes sortis de la gare de Saint Jean-de-Luz, main dans la main. Il faisait incroyablement beau et beaucoup plus chaud qu'à Paris. Nous étions en février et ces températures m'étonnaient. Athéna avait même sorti ses lunettes de soleil. Le trajet était passé très vite pour une fois. Je ne savais pas si c'était grâce aux nombreux films que j'avais regardé où si c'était grâce à la présence d'Athéna, mais je n'avais pas vu le temps filer.
— Ma grand-mère est là, lui ai-je soufflée en pointant du doigt une des personnes les plus importantes de ma vie.
— Elle est trop chou.
J'ai souri, d'accord avec elle. Ma grand-mère, au volant de sa petite voiture délabrée klaxonnait énergiquement en nous faisant de grands gestes. J'avais toujours été proche d'elle, elle était si joyeuse, si drôle, si attentionnée. Passer des vacances avec elle était un cadeau du ciel. C'était la mère de mon père et elle s'entendait extrêmement bien avec ma mère.
— Elle s'appelle comment ? m'a demandé Athéna, avec une pointe de gêne dans la voix.
— Chantal.
Elle a acquiescé et nous avons retrouvé ma grand-mère. Elle nous a chaleureusement accueilli. Elle m'a serré dans ses bras et m'a parsemé de bisous avant de se tourner vers ma déesse. Cette dernière a relevé ses lunettes de soleil et lui a offert son plus beau sourire. Ma grand-mère l'a observée avant de déclarer :
— Athéna, la fille qui retourne la tête de mon petit Jules ?
Elle ne l'a pas laissé répondre avant de la prendre dans ses bras.
— Enchantée, Chantal. Je t'interdis de me vouvoyer.
Athéna a explosé de rire avant d'hocher la tête, signe qu'elle retenait l'information. Puis j'ai mis nos bagages dans le coffre et je suis allé m'assoir à l'arrière. Ma grand-mère avait tenu à ce que ma copine monte à l'avant avec elle. Je la soupçonnais d'apprécier Athéna, après tout c'était normal, tout le monde l'aimait.
Quand nous sommes arrivés à bon port, ma grand-mère s'est garée – assez mal – juste devant sa maison. Ma déesse est sortie de la voiture, a claqué la porte derrière elle et la bouche lui en ai presque tombée. Elle a admiré la propriété pendant cinq bonnes minutes avant de tourner sa tête vers moi et de me demander :
— C'est la maison de ta grand-mère ?
J'ai hoché la tête et elle s'est remise à observer la maison. C'est vrai qu'elle était magnifique et super grande. De plus la vue était spectaculaire : nous surplombions toutes les maisons de la ville, ce qui nous permettait de voir la mer ainsi que la plage. Une piscine se trouvait sur le côté de la maison et nous étions accueillis par une terrasse en bois où trônait le labrador de ma grand-mère.
— J'espère que tu n'as pas peur des chiens ? lui a demandé Chantal en ouvrant le portail.
— Pas du tout.
Elle s'est alors approchée du chien après être entrer et l'a salué. Twily semblait déjà l'adorer, il lui a léché la main et c'est limite s'il se jetait sur elle. Désolé mon pote mais c'est la mienne et je te la prêterai pas.
— Il s'appelle Twily, l'ai-je informé.
Athéna a relevé la tête vers moi et m'a souri.
— Il est trop mignon, il a quel âge ?
— Un an et demi.
Elle l'a caressé une dernière fois avant de me rejoindre.
— Je vais certainement pas te laisser porter ma valise, m'a-t-elle dit. Elle est super lourde, tu vas te faire mal.
Elle s'apprêtait déjà à me l'arracher des mains quand je l'ai arrêtée.
— T'insinues quoi par là ? lui ai-je demandé avec un sourire amusé aux lèvres.
Elle a roulé des yeux et a croisé ses bras contre sa poitrine. Elle me faisait penser à Chloé quand elle faisait ça, c'était très amusant.
— Jules, commence pas a faire le mec ultra mega viril dont je brise l'ego si je dis "attention tu vas te faire mal", a-t-elle grogné.
J'ai laissé échapper un petit rire et elle a continué de me faire la morale :
— Donc je n'insinue rien du tout, t'es ultra musclé, bien foutu, tout ce que tu veux mais j'ai pas envie que tu te fasses mal.
J'ai souri et je me suis empressé de la prendre dans mes bras. Sous la précipitation, nous sommes tombés à la renverse et l'espace d'un instant j'ai eu peur de l'avoir blesser. Mais en l'entendant exploser de rire, j'ai arrêté de m'inquiéter et je l'ai suivie dans son fou rire. Nous devions être ridicule, là assis dans l'herbe avec le labrador aboyant autour de nous. J'ai pris son visage en coupe, j'ai plongé mes yeux dans ses beaux yeux verts et je lui ai dit :
— Tu peux pas savoir à quel point tu m'excites quand tu me fais la morale.
Ses joues ont pris une teinte extrêmement mignonne et cela m'a fait sourire.
— J'ai carrément envie de te faire l'amour sur cette pelouse.
Elle a laissé échapper un rire sexy avant de nicher sa tête dans mon coup. Nous sommes alors rester dans les bras l'un de l'autre pendant une dizaine de minutes. Sa respiration constante m'apaisait et son odeur me rendait encore plus fou d'elle. Elle s'est ensuite approchée de moi et m'a entraîné dans un baiser fougueux.
— Mes chéris vous allez quand même pas rester allongé devant le portail ! s'est exclamé ma grand-mère depuis la maison.
Athéna a brusquement décollé ses lèvres des miennes, rouge de honte et moi j'ai rigolé.
— Te moque pas de moi, m'a-t-elle dit en me tapant gentiment l'épaule.
Nous nous sommes relevés, je l'ai laissé porter sa valise – en vérité je l'ai aidée parce qu'elle était très lourde – et nous avons rejoint ma grand-mère.
Athéna était au téléphone avec ses parents. Nous avions choisi notre chambre, une des plus grandes de la maison, avec la plus belle vue et une salle de bain. J'étais assis sur un tabouret, accoudé au bar de la cuisine pendant que ma grand-mère préparait un goûter pour nous trois. Elle nous avait fait un gâteau au chocolat et rien qu'à l'odeur j'en salivais déjà.
— Je ne pensais pas qu'elle était aussi jolie, m'a dit ma grand-mère. Elle a l'air si gentille en plus.
J'ai souri et l'ai laissé continuer :
— Vous allez très bien ensemble. Et puis elle a l'air de te rendre très heureux.
— À un point que tu n'imagines même pas, elle est parfaite comme fille. J'aime autant ses défauts que ses qualités.
Ma grand-mère m'a gentiment souri.
— T'es amoureux mon chéri.
J'ai faiblement hocher de la tête ce qui eu le don de la faire rire. J'adorais entendre ma grand-mère rire, c'était tout simplement magnifique.
— Rappelle-moi où vous vous êtes rencontrés.
— Dans le café où je travaille, elle venait très régulièrement, et je suis tombée amoureux d'elle.
— Comme c'est romantique. Et vous avez déjà fait l'amour ?
J'ai écarquillé les yeux, ne m'étant jamais imaginé une seule seconde qu'elle me poserait une question aussi embarrassante.
— Mamie !
— Oh ça va, tu sais pour avoir ton père, ton grand-père a du tremper sa frite dans ma moule !
Je me sentais de plus en plus mal à l'aise et cela avait l'air de l'amuser.
— Bon alors ? Vous avez passé le cap ?
— Oui, oui, on l'a fait même plusieurs fois déjà.
Un sourire coquin s'est dessiné sur son visage et à mon grand soulagement elle n'a rien ajouté.
Athéna est arrivé à ce moment-là. Elle a posé une main sur mon épaule, s'est haussé sur la pointe des pieds pour embrasser ma joue et s'est assise à côté de moi.
— Tes parents vont bien ? lui ai-je demandé.
— Ouais, et ils te passent le bonjour. Mon frère aussi d'ailleurs. Vous parliez de quoi avant que je n'arrive ?
Ma grand-mère s'apprêtait à lui répondre mais je l'ai immédiatement coupée :
— Je lui donnais des nouvelles de Chloé et de Victor.
J'ai tourné la tête vers Chantal et je lui ai adressé un regard lourd de sous-entendus : motus et bouche cousue.
— Le gâteau à l'air délicieux Chantal, a lâché Athéna en bavant presque devant la pâtisserie.
— Oh, tu me diras ça quand tu l'auras goûté ma chérie.
J'ai posé ma main sur la cuisse de ma copine et c'est à ce moment-là, dans cette cuisine où j'avais mangé les meilleurs plats du monde, que j'ai réalisé que depuis que j'étais avec Athéna, je m'aimais tel que j'étais. Je ne jouais aucun rôle, j'étais simplement moi-même. Et c'était également pour ça que j'étais heureux d'avoir Athéna dans ma vie.
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