15 : Le nouvel an frisqué d'Athéna

ATHÉNA

J'ai poussé la porte du chalet et je me suis ruée sur le canapé pour m'y affaler. J'étais exténuée à cause de ces journées sportives. La station était super sympa et je m'amusais beaucoup avec mes nouveaux amis.

J'ai souri rien qu'en y pensant. Cela faisait une éternité que je n'avais pas eu d'autres amis que mes cours, Paul et mon petit frère. J'avais bien sûr mon amie d'enfance, avec qui j'essayais de garder contact, mais étant donné qu'elle habitait à Marseille, il m'était difficile de la voir. Depuis que j'avais rencontré Jules, ma vie s'était transformée, ou plutôt, on pouvait dire que je profitais pleinement de celle-ci. La bande était adorable et faisait tout pour que je me sente bien parmi eux. De plus, j'adorais Chloé et Pauline, moi qui ne m'entendais pas avec les filles en temps normal. Je sortais souvent, je passais mes vacances dans une station de ski, je m'amusais. Mais surtout, j'avais un copain qui m'aimait. Depuis notre arrivée à Megève, notre relation avait pris un nouveau tournant. Nous étions encore plus proche qu'avant, plus complice. J'avais follement confiance en lui et à présent, je n'avais plus honte de quoique ce soit en sa présence. Il m'avait découvert sous toutes mes coutures, il avait vu mes cicatrices, que j'essayais de cacher l'été pendant des heures en vidant tous mes tubes de fond de teint, sans faire la moindre grimace, il était passé à travers toutes les barrières que je m'étais créé pour s'enfermer dans une bulle d'amour avec moi.

— Tu penses que Paul préférera laquelle ? m'a demandé Chloé en brandissant deux tenues totalement différentes.

L'une était simple : un pantalon accompagné d'un joli chemisier, l'autre était beaucoup plus travaillé puisqu'il s'agissait d'une longue robe avec un dos nu. Paul aimait les choses simples, malgré tout je savais qu'il appréciait quand une fille passait du temps à s'habiller pour un événement particulier. Il considérait qu'elle ne prenait pas leur relation à la légère, qu'elle ne se laissait pas aller parce qu'il l'aimait et qu'elle souhaitait lui plaire tous les jours. J'ai donc pointé la robe du doigt et Chloé m'a souri :

— J'en étais sûre. Je mets des talons ?

J'ai hoché de la tête et pendant un instant j'ai cru qu'elle allait me demander, quels sous-vêtements elle devait mettre en dessous. À mon plus grand soulagement, elle s'est contentée de remonter après m'avoir remercié un milliard de fois.

Nous étions le trente et un décembre et ce soir, nous sortions pour le nouvel an manger dans un restaurant qui avait demandé à un DJ de venir mixer, seulement pour l'occasion. J'avais rarement fêté le nouvel an dans ma famille. Je n'étais jamais invitée à une soirée ce jour de l'année, j'avais donc pris l'habitude de la passé avec mes proches. C'est pour ça qu'aujourd'hui, j'étais légèrement excitée de voir à quoi ressemblait un nouvel an entre amis.

— Tu penses que Chloé va bien aimer ?

J'ai relevé la tête vers Paul et j'ai halluciné quand j'ai remarqué qu'il me présentait, lui aussi,  une tenue. Décidément, ils s'étaient bien trouvés. Mon regard a embrassé la chemise bleu nuit et le jean noir, avant de se raccrocher aux pupilles de mon meilleur ami.

— Je pense que oui, ai-je répondu.

Il m'a souri, est venu déposé un bisou sur mon front pour me remercier et s'est sauvé.

Avant que quelqu'un d'autre ne me demande s'il avait bien choisi son habit de ce soir, je suis montée dans ma chambre pour prendre une douche. Je me suis déshabillée dans la salle de bain et j'ai examiné mes cicatrices, comme à chaque fois, dans le miroir. Plus les jours passaient, plus j'espérais qu'elles disparaîtraient un jour. Je me suis ensuite postée sous le pommeau de douche et j'ai laissé couler l'eau chaude sur mon corps, afin de détendre mes muscles. Puis j'ai attrapé le flacon de savon de Jules. J'aimais bien son odeur et j'adorais que mon corps en soit imprégné.

J'ai terminé par me rincer à l'eau froide, je vous vois déjà venir, me traitant de folle car je prends des douches froides alors que je passe mes journées dans la neige. Pourtant c'est le moment que je préfère passer dans la salle de bain. Après un long moment sous l'eau chaude, l'eau froide réveille mon organisme. De plus j'avais lu dans une magasine, que prendre une douche froide renforçait notre système immunitaire, qu'elle améliorait la circulation du sang et qu'elle empêchait d'avoir des varices. Je ne savais toujours pas si toutes ces informations que j'avais lu, étaient vraies. Mais en tous cas, l'eau froide me faisait réellement du bien.

En sortant de la salle de bain, j'ai retrouvé Jules assis sur le lit, son cellulaire à la main. Quand il s'est rendu compte que j'étais dans la pièce, il a relevé la tête et m'a souri. Ses billes vertes m'ont longuement fixé puis il a décidé de se lever et de venir m'embrasser.

— Tu mets quoi ce soir ? m'a-t-il ensuite demandé.

J'ai haussé les épaules, puis mon regard s'est porté sur ma valise qui était derrière lui.

— J'aimerais bien que nos vêtements soient accordés. Je suis d'accord, c'est ridicule. Mais je trouve ça mignon.

Il a réussi à m'arracher un sourire. Je me suis donc détachée de lui, pour m'accroupir à côté de ma valise, toujours vêtue de mon peignoir blanc. J'ai sorti différentes tenues, et je l'ai laissé choisir.

— Ça, a-t-il dit en pointant un pantalon en cuir et un chemisier bleu roi, j'ai une cravate qui est de la même couleur que ton haut.

— Tu mets des cravates ? ai-je rigolé.

— Ouais, pourquoi ? T'aimes pas ça ?

— Je pensais pas que t'étais le genre de gars qui en porter.

Il a pouffé de rire puis a haussé les épaules.

   Il devait être environ vingt-trois heure. J'étais dehors, assise sur un banc juste devant le restaurant, avec Jules. Je frottais vivement mes mains et je l'observais silencieusement. Nous étions sortis après avoir commandé le dessert et nous avions chargé Timéo, de venir nous chercher lorsqu'ils arriveraient.

—  T'as froid aux mains ? m'a demandé Jules.

Je n'ai pas eu le temps de répondre qu'il m'a donné ses gants.

—  Tes résolutions pour cette nouvelle année deux mille dix-huit ?

—  Les vraies ou les fausses ? lui ai-je demandé.

—  Parce qu'il existe des fausses résolutions ? m'a-t-il demandé en éclatant de rire.

J'ai hoché de la tête.

—  Évidemment, comme par exemple, se mettre au sport. Je sais pertinemment que je ne le ferai jamais, pourtant ça fera toujours partie de mes résolutions. Je pense que je me dis ça pour avoir bonne conscience.

Il a éclaté de rire une seconde fois avant de passé son bras sur mes épaules.

—  On pourra en faire ensemble, si tu veux, m'a-t-il susurré avec un sourire coquin.

Je l'ai regardé, avec une pointe de malice, avant de répliquer :

—  C'est une excellente idée.

Il a esquissé un sourire et j'ai rigolé.

—  Du coup, j'aimerais bien connaître tes vraies résolutions et pourquoi pas les fausses, m'a-t-il taquiné.

—  La première, c'est la psy qui me l'a suggéré, j'aimerais bien écrire mon journal intime. Mais pas en écrire un, comme les fillettes de quatre ans. Plutôt un journal où, je me fixe des objectifs toutes les semaines, j'évalue mon moral tous les jours, j'explique pourquoi ça ne va pas, j'écris les choses que j'ai réussi à faire durant ma semaine et une page où je me forcerai à écrire toutes les choses positives de ma journée. Une sorte de bullet journal.

—  Je connaissais pas ce truc, mais c'est une bonne idée. Ça te permettrait de décompresser.

J'ai acquiescé.

—  Ensuite profiter de ma vie et surtout de passer du temps avec toi, ai-je rajouté.

Il m'a souri.

—  C'est marrant j'adore cette résolution, j'espère qu'elle fait partie de celle que tu vas tenir.

J'ai esquissé un sourire avant d'hocher de la tête et de laisser tomber cette dernière sur son épaule. Mes yeux se sont baladés sur le paysage enneigé de Megève. J'ai toujours adoré la neige, je trouvais que ça donnait un côté très enfantin aux fêtes. Cela me faisait même penser aux dessins animés Disney.

—  Moi, j'aimerais bien faire un voyage en dehors de l'Europe. Je ne suis jamais sorti de l'Europe, m'a-t-il avoué.

Immédiatement, mon cerveau m'a projeté une image de nous deux, sur une plage, en Colombie. J'adorerais passer mes vacances d'été avec lui, là-bas. Ce serait magique.

—  Et puis faire tout pour qu'on reste ensemble, et que dans un an, tu me fasses part de tes nouvelles résolutions.

J'ai tourné ma tête vers lui, je trouvais ça adorable qu'il souhaitait qu'on reste au minimum, un an ensemble. Je lui ai soufflé que je l'aimais. J'avais l'impression que je ne lui disais pas assez, alors qu'en réalité, je ne faisais que ça, de le lui dire.

Il a ensuite sorti un paquet de cigarette de sa poche et a porté l'engin destructeur à sa bouche. La flamme de son briquet rouge a allumé sa clope et il a tiré une latte sur cette dernière. Puis il m'a regardé. Je savais qu'il fumait, je l'avais déjà vu le faire la fois où j'avais dormi chez lui après notre soirée en boîte de nuit. Je n'avais aucun avis là dessus, il faisait ce qu'il voulait et même si je n'adhérais pas à ces merdes, ce n'était pas une cigarette qu'il fumait de temps en temps, qui lui détruirait les poumons.

—  T'en veux une ?

—  Non merci, je ne suis pas trop fan de ce truc, lui ai-je répondu.

Il s'est arrêté pendant quelques secondes, il a retiré la cigarette de sa bouche et l'a fixée.

—  Je fume pas souvent, tu sais, juste de temps en temps, s'est-il justifié.

J'ai souri, et je l'ai arrêté d'un geste de main.

—  Ça ne me dérange pas, t'inquiète.

Il a parut soulagé et a reporté sa cigarette à sa bouche. Je l'ai regardé recrache la fumée et sur un coup de tête, j'ai attrapé l'engin destructeur de mes doigts, que j'ai coincé entre mes lèvres. Jules m'a regardé avec incompréhension.

—  Je n'aime pas trop embrasser quelqu'un qui a un goût de fumée dans la bouche. Alors autant que je l'ai aussi, avant de te rouler une pelle.

Il a rigolé et on s'est embrassé dans le froid, devant ce restaurant, une heure avant le nouvel an et en ayant comme résolution commune de s'aimer.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top