1 : La rentrée et le pourboir de Jules
JULES
Je suis sortis de chez moi après avoir saluer ma mère. J'ai descendu les escaliers de l'immeuble quatre par quatre. J'allais être en retard et ma patronne, Mme Santos, allait encore me faire passer un mauvais quart d'heure. Je ne me suis pas embêté pas à prendre le métro pour deux stations et ai décidé de courir. Je suis rapidement arrivé à mon lieu de travail : un café parisien. J'avais choisi d'être serveur, pour pouvoir aider mes parents à payer mes études de droit.
Je suis rentré à l'intérieur et me suis rué vers les vestiaires pour me changer. J'ai enfilé le polo du café et j'ai rejoins Victor, au comptoir.
— Salut mec, l'ai-je hâtivement salué.
— Jules, enfin ! Tiens, c'est pour la table quatre.
Il m'a pointé un plateau du doigt, que je me suis empressé de prendre et dont j'en ai servi le contenu à la table quatre. Après ça, je suis retourné au comptoir et j'ai reposé mon plateau.
— C'est calme aujourd'hui, ai-je constaté.
— Oui, plutôt calme, les gens ne sont pas tous rentrés de vacances. C'était cool le sud ?
— Oui, comme d'hab : les soirées sur la plage, la mer, les potes, ai-je répondu sur un ton nostalgique. Et toi, c'était comment l'Italie ?
— Génial, je ne me suis jamais autant éclaté. J'ai rencontré une fille, t'imagines même pas comment elle était jolie et bien foutue. Venus en chair et en os !
Nous avons explosé de rire. C'était impossible de ne pas draguer des gonzesses pendant deux mois, avec lui. Victor était tout ce qui ressemblait à un meilleur ami. C'était le type de mec sympa, drôle et qui finirait sûrement avec pour seule compagnie une MST.
— Elle est déjà revenue ?
Victor a directement compris de qui je parlais et a secoué la tête.
— Non pas encore. Tu penses encore à elle ?
J'ai haussé les épaules en étouffant un rire nerveux. Il était que je pensais encore à elle, je n'avais pas baisé de l'été à cause de cette fille.
— Mec va falloir passer la seconde si elle revient cette année ! Tu ne vas tout de même pas passer ta vie à l'observer. T'as 21 ans Jules ! Oublie tes chagrins du lycée et ouvre toi à quelqu'un d'autre.
J'ai soupiré pour lui montrer qu'il avait raison. La seule chose qui me retenait, était cette sensation d'abandon que j'avais ressenti lorsque mon ex m'avait lâchement quitté. Je m'étais senti incroyablement seul. J'étais passé de tout à rien, de l'amour à l'ignorance.
La porte s'est ouverte et s'est refermée, ce qui nous a fait tous les deux relever la tête. Un sourire s'est élargi sur mon visage et Victor m'a donné un coup de coude dans les côtes.
Elle était là, et mon cœur l'avait bien compris.
— Putain, j'avais oublié à quel point elle était jolie, a lâché Victor.
J'ai tourné la tête vers lui et l'ai fusillé du regard. Il m'a regardé d'un air malicieux puis a pouffé de rire comme une adolescente.
— Promis, je ne l'approche pas.
Je la trouvais encore plus jolie qu'il y a deux mois. Ses cheveux avaient éclairci grâce au soleil et sa peau avait pris une sublime couleur dorée. Elle portait un short et un débardeur blanc qui moulait parfaitement sa poitrine. Je n'avais qu'une seule envie : déposer mes lèvres dans le creux de son cou.
Elle a réajusté la sangle de son sac à main rouge sur son épaule et s'est timidement avancée dans le café.
— Salut, nous a-t-elle dit.
Bordel, qu'est-ce qu'elle m'avait manqué.
— Salut, a-t-on répondit en coeur.
Elle a esquissé un petit sourire et a replacé une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
— Je peux aller m'installer à ma table habituelle ?
— Bien-sûr, je vais la nettoyer. Tu peux me suivre, ai-je répondu.
Je l'avais tutoyée sans le faire exprès. Je pensais tellement à elle que c'était comme si je la connaissais.
Cela n'a pas eu l'air de la déranger car elle était toujours aussi souriante. Son sourire était vraiment magnifique.
Elle a accepté et m'a suivi jusqu'à sa table, près de la fenêtre, avec une banquette. J'ai passé un coup d'éponge sur le marbre de la table et l'ai poliment invitée à s'assoir.
— La même chose que d'habitude ? ai-je demandé tout sourire.
— Hum, non, je vais changer, a-t-elle ri.
Mon sourire s'est un peu plus agrandi à l'entente de son rire. Il était sublime, franc et joyeux.
— Tu as quoi à me conseiller...
Elle s'est interrompu et a lorgné sur mon badge.
— ... Jules ? Me demanda-t-elle.
— Un cocktail spécial pour notre cliente préférée ?
— Avec plaisir, rigola-t-elle. Et quelques choses à me conseiller, niveau nourriture ?
J'ai pris le temps de réfléchir un instant. La meilleure chose qu'on pouvait manger ici, était une part de fondant au chocolat.
— Je te conseille le fondant au chocolat, il est délicieux.
— Va pour le fondant au chocolat, alors !
Nous avons tous les deux laisser échapper un rire, puis je suis retourné au comptoir pour donner la commande de notre cliente à Victor.
— Je rêve où tu viens vraiment de passer la seconde ? a-t-il chuchoté.
J'haussai les épaules, amusé.
— Ne me dis pas que tu lui as proposé un rencard !
— Moins fort putain, ai-je juré. Non, chaque chose en son temps.
Il a ricané et a attrapé le papier où j'avais noté la commande de mademoiselle.
— Un cocktail spécial ? T'es sérieux ? T'es allé chercher ça où mec !
J'ai pouffé de rire en haussant les épaules.
— Je sais pas, mais essaie de me faire un cocktail hyper spécial, s'il te plaît, l'ai-je supplié.
— T'as de la chance d'être mon pote.
Il a soupiré et s'est attaqué au cocktail spécial. Je suis allé indiquer la suite de la commande en cuisine puis je retourné aux côtés de Victor.
— Tu penses qu'elle a plus une tête à aimer le rose ou le bleu ?
J'ai arqué un sourcil, ne voyant pas trop où il voulait en venir.
— C'est pour la couleur de la paille, petit con ! Elle a plus une tête à préférer le bleu ou le rose ?
Je me suis esclaffai et haussai les épaules.
— Qu'est-ce que j'en sais moi ? Je ne connais même pas son prénom ! T'as qu'à en mettre une violette.
— On n'en a pas.
J'ai bruyamment soupiré. Parfois il me tapait réellement sur le système.
— Bah jaune alors, ai-je braillé.
Après avoir rajouté la fameuse paille, il m'a donné le verre et je l'ai posé sur mon plateau. Je suis parti chercher le fondant au chocolat en cuisine, que j'ai également déposé sur mon plateau. J'ai attrapé le tout et me suis dirigé vers ma table favorite.
Elle pianotait sur son téléphone, la mine concentrée. Un livre était posé sur la table de façon à ne pas perdre sa page.
Je me suis timidement approché d'elle, pour ne pas lui faire peur et ai raclé ma gorge. Elle a immédiatement relevé immédiatement la tête et m'a gentiment souri. Si gentiment que mon cœur s'est emballé. Il fallait clairement que je passe à la vitesse supérieure, sinon je ne tiendrais plus longtemps. Elle a éteint son cellulaire et l'a posé à côté de son livre.
Je lui ai servi son fondant ainsi que son super cocktail.
— J'espère que tu aimeras, ai-je déclaré.
Son sourire s'est élargi à la vue de la pâtisserie, elle avait déjà des étoiles plein les yeux.
— Je pense que oui, merci Jules.
Je lui ai répondu par un clin d'œil et suis retourné derrière le comptoir.
Il était dix-neuf heure, quand on a fermé le café pour pouvoir ranger et mettre la table pour les services de ce soir. Mademoiselle était partie depuis une bonne heure et elle me manquait déjà. Elle était sortie du café en me saluant par mon prénom, accompagné d'un joli petit sourire. D'après Victor, elle était complètement sous mon charme. Mais à mon avis, j'allais devoir sortir les rames si je voulais tenter quoique ce soit avec elle. Car on le savait tous, les filles étaient extrêmement compliquées.
— Va nettoyer la table de ton amoureuse, je m'occupe de celle-là, a déclaré Victor en me lançant un chiffon.
J'allais nettoyé la fameuse table mais je me suis arrêté quand j'ai aperçu ce qu'elle m'avait laissé. J'ai instinctivement souri et mes yeux se sont baladés sur le mot écrit sur un morceau de papier froissé.
" Merci Jules pour ces précieux conseils, c'était délicieux "
Elle avait accompagné son petit mot d'un pourboire. Elle avait embelli ma journée. J'ai pris le pourboire ainsi que le petit mot, et je les ai rangé dans la poche arrière de mon jean.
Après avoir rangé et nettoyé la salle, Victor et moi, nous sommes changé et nous sommes sorti du café sans oublier de saluer notre patronne.
— Tu fais quoi ce soir ? m'a demandé Victor.
— Rien de spécial et toi ?
— Rien non plus. Tu ne veux pas qu'on profite des dernières soirées d'été qu'il nous reste ?
— Si tu veux, ai-je répondu en fixant les vagues des toitures parisiennes.
— J'appelle le reste de la bande et on se pose, avec de la musique ?
J'ai approuvé et il a appelé le reste de notre bande. Nous étions un groupe très soudé depuis le collège : Victor, Timéo, Baptiste et moi. Puis des filles ce sont rajoutées à ce groupe : la copine de Baptiste : Pauline, ainsi que ma meilleure amie Chloé.
On s'est retrouvé devant notre endroit favoris, une place qui nous offrait une large vue sur tous les toits de Paris. Je me suis assis sur le petit muret, les jambes dans le vide, à côté de Chloé. Comme d'habitude une enceinte diffusait des musiques de Georgio.
L'atmosphère était agréable. Pauline était dans les bras de Bastien, Timéo et Victor se chamaillaient comme à leur habitude et Chloé chantonnait les paroles de Bleu Noir.
Chloé adorait le rap, je me souvenais au collège, elle écrivait des textes sur les tables pendant les cours. Elle avait beaucoup de talent et elle écrivait ses propres chansons. Ses textes étaient si touchants, si pures. Ils la représentaient entièrement.
Timéo a sorti un paquet de cigarette de sa poche et nous l'a passé.
— Tiens, m'a dit Chloé en me prêtant son briquet après avoir allumé sa clope.
On s'est raconté chacun notre tour comment c'était déroulé notre été. Victor n'arrêtait pas de sortir des conneries à chaque phrase, ce qui nous faisait bien rire.
J'observais le soleil qui se couchait, c'était magnifique à regarder. Depuis mon plus jeune âge, j'adorais regarder le ciel. Je trouvais qu'on ne prenait pas assez le temps de lever notre tête et de regarder les couleurs qui défilaient. Le ciel ressemblait à un être humain. Il pleurait, riait et s'énervait tout comme nous.
— J'aimerais tellement faire comme lui, souffla Chloé en laissant tomber sa tête sur mon épaule.
J'ai compris qu'elle parlait du rappeur français que nous écoutions.
— Je ne vois pas ce qui t'en empêche.
Elle m'a regardé l'air de dire que j'étais vraiment stupide et a arqué un sourcil.
— Tu crois vraiment que si je disais à mes parents que j'aimerais consacrer ma vie à rapper, ils m'encourageraient ?
— Moi, je t'encouragerai, fais ce que tu aimes, je te l'ai déjà dis.
Elle m'a souri et a fixé sa cigarette qui se consumait.
— Tu m'accompagnerais enregistrer ma chanson alors ?
J'ai hoché la tête et j'ai passé mon bras autour de ses épaules.
— Évidemment.
Les lumières de la capitale nous empêchaient de voir les étoiles, qui brillaient et la lune qui scintillait dans le ciel noir.
Je ne pensais à rien, je fixais simplement les lumières de la ville. Cela me donnait envie de la manger, pour partir loin de cet endroit étouffant, de ces murs qui nous emprisonnaient et de pouvoir réaliser mes rêves les plus fous.
— Vous vous souvenez quand on se baladait dans les rues de Paris à trois heures du mat, quand on était au lycée ? à lancé Timéo en buvant une gorgée de sa bière.
Oui, je m'en souvenais. Ces années de lycée, je les avais passées déprimé, le cœur explosé en mille morceaux. Pourtant cette période me manquait, j'avais vécu des choses folles. J'étais passé de l'amour à la haine en quelques temps, mais cette haine m'avait fait évoluer.
Je jouais avec la mèche brune des cheveux de Chloé. Elle a rapidement allumé une autre cigarette et l'a portée à sa bouche. Elle m'a pointé la Tour Eiffel du doigt qui brillait, c'était magnifique à voir.
— Tu te souviens quand tu m'avais dit qu'à l'âge de 20 ans, tu partirais loin d'ici ?
J'étouffai un rire, il était bien probable que je lui ai dit ça. On était en seconde. Elle m'avait dit qu'elle espérait que ça n'allait jamais arriver.
— Pourquoi tu ne l'as pas fait ?
J'ai esquissé un sourire puis je lui ai répondu le plus franchement possible :
— Parce que, je me suis dit que jamais je ne pourrais vivre sans ma meilleure amie, ni sans cette bande de cons. Que ma vie était ici, qu'elle me plaise ou non, que je ne pouvais pas laisser les gens qui comptaient pour moi.
Elle a rigolé et a laissé échapper un nuage de fumée. Je lui ai ensuite fait un bisou sur la joue. Cette fille était mon petit rayon de soleil, elle méritait tellement de bonheur.
— Victor m'a dit que tu avais revu la fille de votre café.
— Ouais, je l'ai revue.
— Le destin fait bien les choses Julio, lâcha-t-elle en me faisant un clin d'œil.
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