Je suis sur un pont.Il fait sombre .J'entends le clapotis de l'eau, j'aurais pu être sur le pont d'un bateau, mais cela ne tangue pas. La sensation n'est pas la même, je sais que je suis sur les terres. Le grondement sourd confirme l'hypothèse d'un pont sur un axe fréquenté.

La question que je me pose n'est donc plus ou je suis, mais que fais je ici...

Une main frôle mon épaule, je me retourne subitement. Je ne vois son visage que brièvement, un nuage, c'est légèrement dégagé pour ne laisser étrangement que le rayon de lumière tomber sur lui... Ou elle. J'avoue que sur le coup, je n'ai pas pensé à demander son pronom.

Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne ?
C'est ridicule. Je sais. Mais quand je stress j'ai tendance à partir loin. Surtout que ce visage, je le connais...

Où le connaissais... Dans les deux cas ... Je sais que je dois courir.

Mais je n'y arrive pas, je suis entré en état de déréliction. Mais surtout en état de choc.

Alors tandis qu'iel me parle. Son visage s'étant déjà imprimé dans ma rétine, sa voix ne tarde pas à s'associer elle aussi a ce papier glacé que sont mes souvenirs.

Soudain, j'ai la sensation que le temps s'arrête, que ma gorge se serre. Non. Ma gorge est emprisonnée par un étau, pas comme si j'en avais à sensation, mais plus comme si iel avait mis ses mains sur mon cou et qu iel serrait fort. En fait iel est en train de le faire...

C'est mauvais signe quand on dissocie dans une situation pareille non ?

J'aurais dû le faire ce matin. Sortir les poubelles. Découper la viande, c'est comme de la volaille. J'aurais dû planter mon couteau. C est comme trancher le beurre si on c'est bien si prendre . J'aurais dû faire cuire la viande et la donner à mon frère, c'est bon pour ce qu'il a. Avec cette viande, il aurait été plus fort. J'aurais dû boire le sang de la viande, cela aurait transformé mon liquide vital en ichor...

Oui ce matin,j'aurais du commettre ce meurtre...