Quatre.
Finn savait très bien qu'il n'était pas assez bourré pour avouer une telle chose, il avait conscience de ce qu'il venait de lâcher. Puis même stone, il ne révélait jamais des trucs aussi intimes.
— Je savais que t'allais faire une bourde ! Je le savais, s'énerva Indy en tournant en rond, donnant la nausée à son ami.
— Arrête de tourner, je vais vomir, annonça Finn en posant une main sur sa bouche.
— Vomis alors, je m'en fiche !
Il releva instantanément la tête, si vite que sa vision se troubla et se parsema d'étoiles, mais sa réplique sèche l'avait vraiment surprise. Indy s'énervait très rarement, bien moins que lui. Il comprit alors qu'il avait vraiment merdé. Cependant, son ami lui fit rapidement face et s'accroupit devant lui, posant ses mains sur ses genoux.
— Je suis désolé, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, bien sûr que je ne veux pas que tu vomisses, mais... Comprends moi, son visage a changé quand tu as dit ça, ça crève les yeux qu'elle t'a cru... On est foutus.
— M'en fous, lâcha-t-il.
Un soupir se fit entendre et Indy posa son front contre ses jambes.
— Fais pas ton égoïste Fi'.
« Fi' »... Il eut des frissons en entendant ce surnom. Indy l'utilisait seulement dans des moments de pure tendresse, non sexuels. Il plongea ses mains dans ses cheveux et exerça de fines caresses apaisantes, ce qui fit pousser un autre soupir à son Indy.
— Quoi, t'es amoureux ? demanda Finn en crissant des dents.
Indy releva la tête pour que leur visage soit l'un en face de l'autre, très près et si l'un le décidait, il n'avait qu'à pencher la tête pour embrasser l'autre.
— Je vais sortir avec elle.
Finn ne put s'empêcher de grimacer. Indy écarta ses jambes pour s'approcher un peu plus, toujours assis par terre tandis que l'autre était sur le canapé. Il passa une main derrière sa nuque pour que Finn s'abaisse et l'embrassa lentement, mettant tout les sentiments qu'il ressentait pour son meilleur ami dans ce baiser. Finn gémit doucement et il pencha le visage sur le côté pour approfondir leur proximité, mais Indy le stoppa à ce moment, le privant de sa langue et se recula un peu.
— Arrête Finn, tu sais que je ne t'oublierai pas, jamais, tenta-t-il de le rassurer.
Indy posa une main sur sa joue et Finn ferma les yeux à ce contact.
— Si tu m'oublies, je te vole ta copine, lança-t-il en rouvrant les yeux, les plantant dans ceux de son ami.
Ils rirent un peu ensemble avant que Finn ne ressente de nouveau des nausées.
Finalement, Finn passa quelques heures à vomir et à se sentir mal, puis les deux partirent se coucher dans différents lits. Le lendemain, ils se réveillèrent presque en même temps, la tête dans les nuages et les membres endormis. Il s'assirent dans le canapé avec un bol de céréales dans les mains, avec du lait pour Indy et sans pour Finn.
— T'as la gueule de bois ? demanda Indy en regardant la télé.
— Un peu, je me sens tellement épuisé et j'ai mal au crâne, avoua-t-il.
— Reste ici cet aprem, ça servira à rien que tu viennes en cours.
Finn acquiesça. Son ami avait raison, ce n'était pas pour quelques heures de cours manqués qu'il allait coulé. Il laissa donc Indy repartir, après lui avoir fait un check amical et partit dans son lit, se cachant sous la couette. Ils n'avaient pas reparlé de ce qu'il s'était passé hier et cela le soulagea, il n'aurait pas aimé se justifier sur ses mots. Au fond de lui, il espérait que Mariana comprenne que son potentiel petit-ami couchait régulièrement avec un autre mec, mais d'un autre, il voulait qu'Indy soit heureux.
Il attrapa son téléphone sur la table de nuit à côté de son lit, c'était Indy qui l'avait posé là la veille au soir, et le déverrouilla.
Merlin : Ça va mec ? Pourquoi tu t'es bourré ?
Aloys : Hello Finy, Merlin m'a dit pour hier, tout va bien ? Quand Mariana est rentrée dans la boite, elle semblait perturbée et elle a demandé à Merli de la raccompagner, il s'est passé quelque chose ?
Il poussa un grognement, ne souhaitant pas répondre et encore moins s'expliquer. Il jeta simplement son téléphone plus loin et se recoucha. Il passa toute sa journée au lit et ne se réveilla qu'au soir, où il traîna un peu sous la couette en réfléchissant à tout un tas de choses avant de se décider à partir sous la douche.
Alors qu'il se séchait les cheveux, la sonnette de sa porte retentit. Il partit ouvrir en caleçon, étant sûr que c'était Indy derrière la porte. Cependant, ce fut une tête blonde qui se présenta devant lui, un petit sourire aux lèvres en détaillant sa tenue.
— Aloys ? dit-il surpris.
— C'est bien moi, répondit celui-ci avec amusement.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— J'ai plus le droit de venir maintenant ? Seul Indy est autorisé ? lança Al' avec un clin d'œil.
Finn s'écarta et laissa son ami entrer chez lui. Aloys, contrairement aux autres, était moins franc et attendait sagement qu'on lui dise qu'il pouvait s'asseoir pour le faire, ce qui avait nombre de fois rire sa bande de potes. Finn l'autorisa à se mettre sur son sofa et s'assit à ses côtés, frottant des mèches de cheveux dégoulinantes.
— T'as pas rép à mon message, alors je suis venu après les cours, se confia enfin son ami.
Il eut envie de demander ce qu'il en était pour Indy, mais il savait qu'il allait encore plus éveiller les soupçons alors il se tût.
— Ah, ouais désolé, j'avais pas la tête à répondre et je me suis rendormi après.
— Ça va mieux ?
— Mh ouais, fin' je me sens encore k.o mais comme à chaque fois quoi, l'alcool reste longtemps dans mon sang et je suis toujours mort le lendemain.
— Je me rappelle. T'as mangé ?
Finn secoua la tête.
— Tu veux que je te prépare quelque chose ?
Cette fois, il rit légèrement en entendant sa proposition et répondit, devant le regard interrogateur d'Aloys :
— So gay, s'amusa-t-il.
Al' lui donna un coup dans l'épaule en fronçant les sourcils.
— Je t'interdis d'utiliser des clichés, beaucoup de chefs de restaurant sont des hommes sans être gays, monsieur !
— Je sais je sais, je te parlais pas de ça, mais du fait que tu prennes soin de moi, ajouta-t-il en souriant.
— Ah... Bah, t'es mon ami après tout, dit Al' en se relevant. Je te fais une omelette ?
Finn hocha la tête, il n'avait pas très faim mais ne refusait pas quand une personne s'occupait de lui. Il adorait ça, avoir de l'attention rien que pour lui. C'était d'ailleurs ce qui lui plaisait le plus dans une relation, quand sa copine n'avait d'yeux et prenait soin que de lui.
— Et donc, il s'est passé quoi avec Maria ? cria Aloys depuis la cuisine pour se faire entendre.
— Me rappelle plus, mentit-il.
— T'étais si bourré ? demanda son ami en revenant.
— Probablement.
— C'est bizarre quand même, elle était pâle la petite, t'as du dire une chose qui l'a choqué, rit-il.
Il réfléchit un instant, une question le démangeait.
— Indy l'a vu aujourd'hui ?
— Ouaip, ils ont passé tout leur temps libre ensemble.
Sa révélation entraîna un silence. Finn ne savait que répondre à ça, heureusement qu'il était resté chez lui, finalement. Après quelques minutes, Aloys revint avec une assiette et la lui tendit.
— Tu t'en ais pas fait une ? demanda-t-il en croisant ses jambes pour poser son assiette dessus.
— Nope, je vais manger avec Va' après.
Finn retrouva aussitôt le sourire. Il commença à dévorer son omelette, qui était étonnement très bonne.
— T'es amoureux de lui, hein ?
Aloys eut un énorme sourire aux lèvres qui lui mangeait tout le visage. Ça se voyait à des kilomètres qu'il était fou de Vahé.
— Je vais me contenter de te répondre par l'affirmatif, sinon tu vas encore me dire que je réagis « so gay », rit-il.
— Façon t'es « so gay » donc je t'en prie, lâche-toi.
Al' prit un coussin dans ses bras et le serra fort contre lui.
— Oh mec, j'ai jamais autant aimé une personne. Si un jour on m'avait dit que je tomberai amoureux de lui, j'aurais explosé de rire et pourtant aujourd'hui, je m'imagine pas sans Va'.
Finn fut amusé par sa réaction, il avait les yeux pétillants, comme si en parlant de Vahé, quelque chose d'incroyablement lumineux s'était enclenché en lui. Il trouvait ça adorable.
Aloys pencha sa tête en arrière, s'asseyant sur le canapé, pas très loin de lui.
— Même niveau sexe, c'est parfait !
— C'est qui qui est au dessus ? taquina Finn.
— Il y a pas de « au dessus », on échange les rôles et de toute manière, il n'y en a pas un qui domine, les deux sont à part égal mais ça, tu dois probablement le savoir avec Indy, lança son ami.
Finn se figea, suspendant sa fourchette dans les airs en écarquillant les yeux. Il savait qu'Al' avait les yeux fixés sur lui et qu'il ne devait se trahir davantage qu'il venait de le faire en s'arrêtant dans son geste.
— Ah pardon j'avais oublié, vous ne vous êtes que « touchés », ajouta-t-il.
— Ouais, et seulement... Quatre ou cinq fois, donc ça compte pas, se précipita Finn.
Il avait déjà merdé avec Mariana, il ne pouvait plus se permettre de faire de gaffes. Il continua de manger en espérant qu'Aloys le croit, même s'il savait qu'il n'était pas dupe.
— Et donc, vous l'avez dit à vos parents ? s'intéressa-t-il en posant son assiette vide sur la petite table.
Aloys resta muet durant quelques minutes, ce qui attira l'attention de Finn.
— Euh, non pas encore.
— Pourquoi ? fut-il surpris.
— Bah...Ses parents sont pas aussi tolérants que les miens. Je les adore hein, mais Vahé pense qu'ils ne seraient pas trop d'accord avec notre relation.
— Malheureusement, les plus vieilles générations ont du mal avec l'homosexualité et tout ça. Et pourquoi ne pas le dire aux tiens ? Tes parents sont super sur tout les sujets, je suis sûr qu'ils seraient heureux pour toi.
— Pas de doute là-dessus, mais je connais ma mère, elle ne saura pas tenir sa langue alors par précaution, on préfère attendre.
Finn hocha la tête.
— Mais tu sais Al', c'est pas bon d'attendre. Vaut mieux que vous le disiez avant qu'ils ne l'apprennent d'eux-mêmes et puis le fait qu'ils te voient souvent chez eux et simplement comme un ami de leur fils, va les mettre en colère le jour où ils sauront ce que vous faisiez réellement dans sa chambre la nuit, ils vont se sentir trahi par Vahé et donc ils seront moins enclin à vous accepter, le prévint Finn en toute sincérité.
Il aimait ses amis et ne souhaitait pas qu'ils se fassent rejeter ou encore qu'ils se séparent à cause de leurs parents. Ça serait vraiment trop triste, il ne voulait que leur bonheur.
Aloys se tourna vers lui, posant ses mains sur ses hanches avec un sourire amusé.
— C'est toi qui me donne des conseils pour que j'avoue ou non mes sentiments amoureux ? lança-t-il en pouffant.
Finn fronça les sourcils, ne voyant pas où son ami voulait en venir. Al' se leva et passa sa main dans ses cheveux dans un geste affectif.
— J'y vais, mon chéri m'attend, annonça-t-il en embarquant sa veste. Au fait, j'ai une question avant de te laisser : ça a commencé comment entre toi et Indy ?
Il sentit automatiquement ses joues chauffer, que devait-il répondre à ça ? Il ne pouvait décemment pas lui dire que c'était dans le parc d'attraction de leur troisième, tout ses amis pensaient que ça remontait à moins longtemps.
— Mh, longue histoire, en fait on... C'était quand on a fait du camping ensemble, en Charente je crois, on était excités tout les deux alors on s'est proposé de soulager l'autre, lança-t-il une réponse bateau, espérant que ça ferait l'affaire.
Aloys le regarda et sembla perplexe, avant qu'un autre sourire, cette fois malicieux, se dessine sur ses lèvres.
— Bizarre, quand j'ai demandé à Indy, il m'a dit que c'était chez toi et que vous regardiez des pornos à la télé, tu l'aurais taquiné sur le fait qu'il n'ait jamais touché un autre mec et ça aurait dérapé comme ça. Faudrait vous mettre d'accord sur une version, les gars, avoua-t-il en le fixant.
Merde quel con ! se dit-il.
— Ah... Ouais c'était plutôt ça, fin' tu sais que j'ai une mauvaise mémoire, je confonds tout, rit-il nerveusement.
Aloys continua de sourire et Finn savait qu'il ne le croyait absolument pas. Comment allait-il pouvoir rattraper ça ?
— Sûrement, lança Al' en se retournant.
Il le suivit jusqu'à la sortie de son appartement, mais quand Aloys ouvrit, ils tombèrent sur Mariana, qui eut l'air gêné en voyant les deux garçons.
— Hey Maria ! salua Al' en lui faisant la bise, même s'il s'était déjà vu dans la journée.
Al' s'approcha de lui et lui dit à l'oreille :
— Fais pas de bêtises, mec.
Avant de partir, le laissant devant la jeune femme intimidée qui triturait ses doigts et bougeait le bout de son pieds par terre.
Que faisait-elle ici ?
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