Épilogue : Le cœur est la clé...

« - Allez Katchan ! Dépêches-toi !

- Oui, oui, je suis prêt. On y va ! »

Le printemps bien présent, le jeune couple s'avance sereinement, chacun à peine vêtu d'une veste pour éventuellement contre-carrer les petits vents imprévus.

Ils savourent les températures qui remontent petit à petit, bien plus douces à supporter que le froid qu'ils ont subit à leurs retrouvailles. Les fleurs commencent progressivement à pointer le bout de leurs pétales, et les oiseaux se remettent à gazouiller.

De la même manière que leur existence, le monde autour d'eux devient plus vivant.

« - On dirait un vrai gosse Deku.

- Arrête de te moquer de moi.

- Je me moque pas, je trouve ça...adorable. »

Accompagnant sa phrase d'un petit sourire, le jeune homme vient attraper la main du danseur, qui se met doucement à rire face à ce geste, avant de carrément entrelacer leurs doigts. Le contact est toujours aussi intense. Peu importe qu'ils se contentent d'être accrochés l'un à l'autre au beau milieu de la rue, qu'ils profitent d'un rendez-vous en tête à tête, ou encore qu'ils partagent une nuit de plaisir au creux du lit de Katsuki.

Leur alchimie n'a cessé d'être extraordinaire et puissante, tout comme ils se montrent fusionnels dans chaque acte quotidien. Et les jeunes hommes sont très étonnés de cette faculté qu'ils ont à communiquer, ou juste à vivre. Tout cela s'avère d'une facilité déconcertante, qui aurait sans doute été similaire s'ils n'avaient jamais été séparés.

Le trajet qu'ils empruntent est désormais bien connu du blond, qui l'a pris tant de fois durant ses moments de doutes. Mais aujourd'hui rien ne les pressent, le couple peut même se permettre de flâner un peu. Découvrir les quelques nouvelles boutiques qui ouvrent. Savourer une sucrerie vendue par un marchand ambulant. Katsuki s'accorde un petit moment de romantisme supplémentaire, en achetant discrètement une rose à un petit fleuriste qui montre ses créations sur le trottoir.

Et la mine complètement rougie d'Izuku devant un cadeau simple, mais qui vient de son cœur, le comble totalement. Le blond ne s'en lasse pas, et vient imprimer ces instants renforcés dans sa mémoire, quitte à utiliser un fer rouge brûlant pour qu'ils lui appartiennent, et ce jusqu'à la nuit des temps.

Deku s'empresse de lui clouer le bec en l'embrassant là, sur ce trottoir, devant des dizaines de passants. Parce que, peu importe ce que peut en penser autrui, il a trop attendu pour avoir le droit de presser ses lèvres contre les siennes.

Contre vents et marées, ils sont prêts à se battre main dans la main.

« - T'es prêt ?

- Hey, il va pas me manger non ?

- Non. Te menacer avec un gâteau peut-être.

- Quoi ? »

Sans lui donner d'explication supplémentaire, Katsuki vient pousser la porte de la boutique. Elle ne paye toujours pas de mine vu de l'extérieur, mais Izuku est vite subjugué par l'intérieur de celle-ci. Outre le fait de lui rappeler cette époque, à laquelle il a soudainement été arraché et contre son gré, il la trouve d'une beauté époustouflante.

Comme toujours, personne n'est présent en ce lieu. Avec le temps, le blond a commencé à réellement se poser des questions, quand au fait que ce petit magasin soit toujours vide, et s'est appliqué à faire un peu de publicité autour de lui. Juste discrètement, n'est-ce pas...

« - Je me demandais quand vous viendriez me voir les garçons.

- Désolé on a eu vraiment à faire, vous vous en doutez.

- Toujours pas décidé à me tutoyer jeune homme ?

- Non, et ça changera jamais. »

Sa mine joyeuse rayonne toujours. Dans la force de l'âge, le vendeur continue de rire devant ces quelques petites remarques, qui l'amusent autant toujours.

« - Je vous présente Izuku.

- Enchanté jeune homme. Alors, nous sommes moins à l'étroit dans le monde réel que dans une boîte, n'est-ce pas ?

- Enchanté également. Effectivement c'est plus...pratique.

- Izuku, voici... En fait, je ne connais pas votre nom.

- Tu n'as nul besoin d'un nom pour me présenter mon garçon. Je suis de ces personnes qui sont de passage dans une existence, qui peuvent marquer les esprits mais qui ne dure pas. Même si je te le disais, tu l'oublierais d'ici quelques années.

- Pas sûr. »

La scène ressemble vaguement à celle de retrouvailles entre vieux amis. Ils auraient presque pu aller s'asseoir dans un coin, partager un repas, ou un petit verre, autour de souvenirs communs. Mais ils restent debout devant ce comptoir, à rapidement contre l'histoire bien trop étrange de la nuit de leurs retrouvailles, à ce vieillard attentif.

Katsuki avait déjà pu prendre le temps de venir discuter un peu avec le vieillard. Lui exposant cette nuit emmêlée entre doutes et certitudes, et son envie de donner sa vie pour son compagnon. Izuku, quand à lui, n'avait pas encore eu cette chance, tant l'adaptation à cette vie nouvelle n'a pas été une mince affaire. D'ailleurs, même s'ils ont longtemps échangé au sujet de cette libération, durant les nuits qu'ils ont partagés, à parler d'absolument tout ce qui leur passait par la tête, quelques zones de flou persistent.

« - Et vous souhaitez savoir ?

- Comment ça ? Questionne Katsuki.

- Si vous acceptez l'opportunité un jour, d'en comprendre plus. Vous accepteriez ? »

S'échangeant un regard mutuel, les âmes sœurs se retrouvent en moins d'une seconde. Leurs mains encore liées, des sourires étirant leurs visages. Katsuki se penche rapidement, pour apposer un baiser sur le nez d'Izuku.

« - Non, clament-t-ils à l'unisson.

- Vraiment ?

- Katchan et moi avons suffisamment souffert de cette légende. Désormais... Nous avons envie d'avancer. Tout cela reste mystérieux, et ça nous va parfaitement. Notre amour est mystérieux, et voilà. Peu importe que l'on sache pourquoi, ou comment les choses sont arrivées.

- On veut juste vivre en paix tous les deux maintenant. Profiter, pour rattraper le temps qu'on a perdu.

- Je comprends. C'est une décision noble et je la respecte. »

Tel un grand-père fier de ses petits-enfants, le vieillard leur offre un regard plein d'affection, et un immense sourire. Fidèle à lui-même, debout comme un piquet derrière son comptoir, il les observe prendre congé poliment. Le jeune couple se dirige ensuite vers la sortie, encore et toujours suspendu l'un à l'autre, en adressant au vendeur un signe de la main.

La porte à peine refermée, Izuku soupire fortement tout en s'accrochant aux épaules de Katsuki.

« - Hey, tu te sens bien Deku ?

- Bien sûr que oui. C'est un endroit vraiment incroyable, et le vendeur...

- Oui ?

- J'ai l'impression d'avoir déjà vu quelque part.

- T'es sérieux ? »

Tout en se mordillant la lèvre, le garçon se perd dans ses pensées. Les bras passés autour du cou de son petit ami, il marmonne un peu en remettant de l'ordre dans son petit schmilblick. Et Izuku aurait pu s'y perdre très longtemps, si Katsuki n'était pas venu lui voler un petit baiser, très léger, juste sur ses lèvres.

À ce contact, le garçon redresse subitement la tête, trop heureux de ces simples petits gestes à son égard.

« - Pourquoi tu as fait ça ?

- Je t'aime, et c'est le seul truc que j'ai trouvé pour te faire arrêter de cogiter.

- Je t'aime aussi.

- Je sais, maintenant viens !

- Pourquoi ?

- T'entends pas, dans le parc là ? La musique ? Je vais te faire valser Deku ! »

Cette remarque le fait éclater de rire, tandis qu'il s'applique à le suivre. Ils se mettent à courir comme deux adolescents, en direction de la fameuse mélodie, qui parvient jusqu'à eux.

Sous les rayons du soleil très intenses pour ce début de printemps, Izuku se laisse faire quand Katsuki vient se placer devant lui. Sous les arbres en fleurs, au beau milieu d'un parc pas tout à fait désert, juste devant le kiosque qui accueille les musiciens, ils se lancent. Cette valse, qu'ils connaissent sur le bout des doigts, représentant de leur amour.

Et après quelques minutes de danse, le couple s'arrête subitement. La violence de leur geste, leur fait presque se cogner la tête, alors qu'ils regardent le groupe. La mélodie qui change progressivement, vient de passer à une ritournelle qui n'est pas inconnue des deux garçons.

Cette même chanson qui les a accompagnés, et qu'ils ont tant écoutés alors qu'un mur emplit de magie les séparaient.

« - Deku... C'est...

- Oui... Oui Katchan. »

Absolument perturbés, ils se retournent l'un vers l'autre. Ils ignorent s'ils doivent ce signe à un pur fruit du hasard, ou à une énième étincelle de féerie qui semble guider leur pas.

Mais qu'importe. Ils choisissent de prendre tel une bénédiction pour leur vie nouvelle, et se remettent à danser.

Bien trop à l'aise dans leur bulle propre à eux, ils ne se rendent pas compte qu'un visage connu les observe de façon bienveillante, un peu en retrait.

Accompagné d'une canne, cette fois-ci, pour parcourir la petite distance entre la boutique et ce lieu, le vieillard se repose dessus. Fier de leur histoire, il sourit, avant de simplement lever les yeux au ciel, juste après avoir remis en place ses lunettes.

« - Tu m'as donné bien du fil à retordre cher ancêtre. Mais ton erreur est désormais réparée, et plus personne ne souffrira jamais de ta folie. »

Une bourrasque s'applique à le faire vaciller un peu. Mais toujours bien droit sur ses jambes, et curieusement ancré dans le sol de manière très puissante, il ne bouge même pas d'un iota. L'antiquaire se contente même d'étouffer un petit rire, comme si il assistait à une crise de colère bien ridicule.

« - Ce n'est pas la peine de réagir de la sorte. Mais tu ne m'as pas facilité la tâche, en ajoutant une forme de magie qui m'empêchait de leur donner la solution. Et ton cheminement était très fourbe. Cela force l'admiration, autant que l'inquiétude. »

Les traits de son visage finissent par bouger, alors qu'il continue de regarder le jeune couple qui évolue sans se soucier de ce qui peut se passer autour d'eux. La même danse qui les fait vibrer continuellement. L'homme essuie ses lunettes, désormais très sérieux, avant de se reposer sur le bout de son nez et de prendre encore appuie sur sa canne.

« - Je n'imaginais pas que tu irais jusqu'à créer quelque chose d'une telle envergure. Détruire des âmes sœurs de la sorte ? Aucun d'eux n'a conscience que tu t'étais contenté d'enfermer Izuku dans le cœur de Katsuki, avant de le matérialiser par cette boîte. Mais tu pensais avoir trouvé la solution ultime n'est-ce pas ? Au lieu de les éloigner, tu les avais tellement rapprochés qu'ils se fondaient l'un dans l'autre, et que rien ne pouvait les dissocier. »

Le vent vient de nouveau hurler autour de lui, sans pour autant être présent pour les personnes qui l'entourent. De l'extérieur, il ne ressemble qu'à un vieux gâteux qui déblatère seul. Mais il y a bien longtemps que l'opinion des gens, ne vient plus le perturber. Il s'amuse même parfois à jouer, juste un peu.

« - Arrête d'être aussi puéril. Tu as disparu, tu n'es rien désormais. Ces deux garçons n'ont pas conscience qu'ils ont trouvé la clé en étant prêt à donner leur vie. Ils ont prouvé jusqu'où ils pourraient aller par amour, et se sont ainsi sauvés mutuellement... Regarde-les, ils rattrapent tout ce temps perdu. »

Avant de tourner le dos, pour retourner à sa propre existence, le visage du vieillard se teint d'une douceur indescriptible. D'un geste très discret, à peine perceptible, tout en prenant la direction de sa précieuse boutique, il laisse l'atmosphère remplir le reste de son rôle, et faire pleuvoir quelques pétales sur les deux hommes.

Leurs rires parviennent jusqu'à son oreille, tandis qu'ils disparaissent de son champ de vision.

Encore pris par les émotions, le couple se contente d'attraper ce que l'univers leur offre, sans réellement chercher à comprendre. À quoi bon finalement ?

Ils ont fini par saisir, que toute l'existence n'est qu'un mystère supplémentaire. La logique ne prédomine finalement peut-être pas. Et la science non plus.

En se concentrant, ils pourraient probablement ressentir cette montagne d'enchantements qui règne dans cette vie. Voir ces farandoles de lumières, qui les entouraient sans qu'ils en aient réellement conscience. Peut-être quelques créatures fantastiques, qui ont fini par se lier au commun des mortels. Et bien d'autres légendes aussi, qui peuplent d'autres rayonnages de boutiques, ou n'importe quel autre endroit porteur d'un peu d'histoires chimériques.

Mais qu'importe.

Aujourd'hui, ils sont ici, à s'embrasser, avec cette sensation que le monde leur appartient. Leurs esprits qui s'affolent à chaque partage, et leurs épidermes qui se couvrent de chair de poule quand ils sont l'un contre l'autre. Et leur mémoire qui commence à se remplir de souvenirs neufs. Ils ne sont plus ces âmes sœurs maudites, à qui la vie refusait d'accorder la moindre fois de bonheur. La tendance est renversée, et ils vont s'appliquer à crier au monde entier qu'ils s'aiment, chaque jour.

Ils ont presque hâte de vieillir l'un à côté de l'autre, juste pour prouver à la terre entière qu'ils l'ont fait. Personne n'est parvenu à les séparer, et rien ne pourra le faire.

« - Deku, quoi qu'il advienne, je te retrouverais toujours.

- Moi aussi Katchan, je ne laisserais plus personne se mettre entre nous.

-Ensemble ?

- Ensemble !

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« Quand quelqu'un tombe amoureux de vous, vraiment amoureux, c'est une magie... »

Simone de Beauvoir

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Hello ?

Purée de pois cassé, nous y sommes ? C'est la toute fin de cette courte fiction (rallongée de façon imprévue). Je ne vais pas vous mentir, ça a été un sacré challenge à relever. J'ai bien cru que je n'en verrais pas le bout. Mais la fin est ici !!

Bye-bye à notre petit couple, qui a eu droit à son happy end finalement. Que c'est émouvant..

Un immense merci à mes deux bêta-lectrices d'amour, qui m'ont soutenues corps et âmes sur ce projet. Et ce, de bout en bout... Je vous aime fort ! ouraganjolie Et LesTetonsDeLivai

Un merci tout spécial à Topaazu qui est a l'origine de ce superbe fanart, inspiré de la description de la boîte au chapitre Un. Une merveille !

Et également merci à tout ceux qui ont suivit cette fiction depuis le début. J'ai adoré lire vos théories, et voir votre engouement au fur et à mesure que les chapitres paraissaient ! J'espère que cette fin est à la hauteur de vos espérances (moi stressé ? Nooooon).

Héhé, à bientôt sur d'autres fictions,

Bisouille

Onyx ❤️

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