♪♪♪♪♪ : Aux portes du sacrifice

Disclaimer : évocation explicite de détresse mentale et référence à des pensées suicidaires.
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« - Deku... »

Cette appellation, qui brille comme un phare dans la nuit. 

À cet instant précis, Katsuki se demande si il fait réellement le bon choix. Mais à quoi bon continuer d'espérer quand la vie s'évertue à ne rien nous offrir de bon à chérir. 

Quand elle s'applique à ne laisser que malheur et désespoir se dépeindre progressivement. Chaque coup de pinceau qui est apposé sur la toile de l'existence, s'assurant de venir former la plus belle œuvre de ce monde, ne sont que des armes déguisées. Toutes ces traces de couleurs, viennent meurtrir sa chaire, laissant les plaies à vif, tous les jours sans exception. 

Et si, au commencement, il réussissait à s'en accommoder au moins un peu, tout en s'assurant que les égratignures cicatrisent, tout cela est rapidement devenu invivable. Parce que les blessures se sont ouvertes de jour en jour. 

Son corps n'est plus qu'une montagne de balafres, son épiderme est sanguinolent. Il hurle de douleur dans ses instants de lucidité, et se demande si quelqu'un, ou quelque chose, saura un jour le sortir de là. 

Malgré son reflet totalement impeccable dans le miroir, d'un jeune homme au top de sa forme, qui pourrait sans nulle doute courir un marathon, il a conscience qu'il ne s'agit là que de la face visible de l'iceberg. Son âme est détruite. Ce ne sont pas juste quelques morceaux qui sont récupérables et peuvent être recollés avec un bon coup de colle forte, un baiser sur la joue, et un câlin maternel. 

Non, malheureusement pour lui, son être est réduit en poussière, dont la quasi-totalité s'est déjà perdue dans le vent. Emporté doucement dans la brise légère, pour se perdre dans l'atmosphère.

Et ça lui apparaît comme une douce délivrance finalement. 

Osciller dans l'espace, sans se poser de question. Ne plus rien ressentir dans aucune fibre du corps. La frustration bien loin de lui, la colère disparaissant à l'horizon, la tristesse s'évaporant. La fin de quelque chose, pour ne parvenir qu'à un renouveau.

Loin, avec l'espérance de retrouver un visage familier, peut-être, dans la lumière.

Assis à son bureau, qui l'a vu s'évertuer à comprendre les lignes de ce poème infâme dont il ne digère plus aucun vers désormais, Katsuki gratte quelques mots sur un papier blanc. 

Il vient de passer plus de quinze jours à essayer de comprendre. Démanteler chaque mot un par un, vérifier la totalité des phrases dans un sens ou l'autre, et lire entre les lignes.

Chercher l'étymologie, traduire dans d'autres langues, faire le lien avec la légende. Rien ne lui a apporté une réponse, ou au moins l'ébauche d'un indice. L'antiquaire n'a pas non plus eu d'autre aide à lui apporter, si ce n'est un regard emplit de compassion. Il n'y a eu qu'une seule et unique phrase, à laquelle il raccroche ses tout derniers morceaux d'espoir, tant qu'il peut en rester.

Mais il se sent détruit. 

Si jusqu'à présent il réussissait à flotter un peu à la surface, il est désormais en train de sombrer profondément dans un gouffre brumeux, emplit de mélancolie. Et il sait qu'il n'est pas le seul dans cet état absolu de détresse. Le danseur ne rit plus, sa mélodie est toujours empreinte d'une tristesse non-dissimulée. 

Comme si, avec quelques notes, il voulait partager sa déréliction, et sa peine grandissante. Katsuki ne sait plus comment rassurer Izuku. Et si il a toujours prit le temps de parler devant la boîte, pour s'exprimer, il est à présent devenu totalement muet maintenant.

Le blond écoute sans discontinuer cette ritournelle maussade, qui ne vient même pas lui remonter le moral quelques secondes. 

Ils sont en train de chavirer ensembles. 

« - Je suis tellement désolé... »

Il l'est sincèrement. 

Son cœur gronde, pour exprimer sa culpabilité. Il a tant d'excuses à faire autour de lui, tant de mots encore à offrir à peut-être une ou deux personnes en plus. Bien qu'il ignore de quelle manière procéder, Katsuki n'est arrivé qu'à cette dernière conclusion : plus rien ne le retient dans cette vie désormais.

Malgré l'amour immense de sa mère, qui donne tout ce qu'elle peut pour le laisser dans un cocon protecteur. Cette carapace construite à la force de ses mains et de ses sentiments n'est plus. Elle s'est brisée avec les années, éraflée par les évènements de la vie. Le décès de son père, cette disparition qu'il n'a jamais pu accepter même avec toute la patience et l'affection qu'à pu lui offrir Mitsuki. La relation bourrée de faux, qui a foncé droit dans le mur avec Shoto, qui continue de le narguer avec son air suffisant à chaque fois que leurs chemins se croisent.
Cette vie qu'il n'arrive pas à s'approprier, alors qu'il a essayé si fort pendant tant d'années. Ces « camarades » qui le tirent vers le bas, tandis qu'il n'est même pas parvenu à se trouver un véritable ami, au milieu de ce beau bordel.

Et voilà qu'à présent, il n'est même pas capable de sauver l'amour de sa vie. 

Katsuki a conscience de l'étrangeté de la situation, et que personne ne saurait le prendre au sérieux face à quelque chose d'aussi saugrenu. Mais il est tout aussi sûr qu'Izuku Midoriya est son âme sœur, et que son absence le marquera à tout jamais. Jusqu'à ce qu'il n'offre au monde son dernier souffle, plus précisément. 

Jusqu'à cet instant bien particulier, le fait d'être privé de ces prunelles vertes le hantera continuellement. Il ne saura jamais faire abstraction de ces quelques détails qu'il a vécu en rêve, il y a plusieurs semaines maintenant. Alors même qu'il s'approchait presque du point final de cette histoire, et de son dénouement, le blond a pourtant la désagréable sensation d'en être bien trop éloigné. Et ironiquement, lui qui a eu quelques difficultés à dénouer le vrai du faux concernant cet épisode perturbant partagé avec le danseur, ne voit à présent plus que cela. 

À mesure qu'il perdait espoir de le retrouver, de nouveaux souvenirs de cette folle nuit se sont insinué en lui, prenant la place qui leur revient de droit. 

Et son esprit n'est plus que marqué par ces boucles vertes ondulantes, si soyeuses. Ce regard, digne des plus beaux joyaux de ce monde, tourné vers lui. Cette odeur n'appartenant qu'à lui, s'immisçant dans ses narines délicatement. La sensation de sa peau contre la sienne. Le goût tellement particulier de ses lèvres, alors qu'ils se découvraient mutuellement. Le son de sa voix, murmurant son surnom. La courbure incroyable de son corps. 

Il n'a d'ailleurs nul doute quand à la quantité de petits détails qui restent encore à être explorés. Et qui doivent l'être, un jour, quelque part, quand ils réussiront à se retrouver. 

Mais à l'aube d'un jour nouveau, faisant ironiquement écho à ce qu'il estime être le crépuscule de son existence, il choisit de se fier à sa première intuition. 

« Aux portes du sacrifice, l'inéluctable se produira. »

Rien n'indique qu'ils soient tous les deux destinés à se retrouver dans une vie, pour partager une romance incroyable, digne des plus grandes comédies romantiques du cinéma. Dès l'éclosion de cette nouvelle histoire, rien n'a annoncé un déroulement des plus classique, de toute manière.
Ils ne sont pas tombés sous le charme au détour d'un simple rendez-vous, et ne se sont pas non plus fait la cour mutuellement jusqu'aux premières heures du matin. Ils ne se sont pas regardés jusqu'à en avoir le souffle coupé. Et ils n'ont pas non plus partagé un simple premier baiser de façon innocente sous le ciel étoilé. 

La vérité est ainsi faîtes.

Katsuki n'a plus aucun souvenir du début de leur relation, si ce n'est la force de l'amour qu'il peut lui porter. Et Izuku se contente d'attendre sa sentence au cœur de cette boîte à musique, dont il est prisonnier. 

Alors, si le prologue de ce récit s'est écrit de la sorte, peut-être que l'épilogue ne leur promet pas un dénouement heureux. Ils doivent sûrement et simplement accepter une issue fatale. Ce n'est pas dans cette vie qu'ils seront amenés à se retrouver...

En poursuivant son écriture, sur la petite feuille blanche qui est en train d'accueillir ses plus profondes confessions, ainsi que ses excuses les plus sincères, quelques larmes commencent à perler aux abords de ses yeux, menaçant de s'écrouler d'un instant à l'autre. 

Son dos est légèrement voûté, sa respiration quelque peu saccadée, tandis qu'à ses côtés repose sagement la boîte à musique qui s'avère être bien silencieuse pour une fois. 

Katsuki n'a pas encore eu le courage d'actionner le mécanisme pour la toute dernière fois. Il sait qu'à l'instant même ou les quelques notes s'apprêteront à raisonner dans l'entièreté de l'endroit choisit, cela sonnera le glas de son existence. 

Il se contente de finir de s'éparpiller un peu, avant de refermer son stylo calmement, très nostalgique. Repliant ensuite la feuille de papier, il la glisse dans l'enveloppe déjà préparée au préalable. La postant bien en évidence sur son bureau, adressée à sa chère mère qui n'aura conséquence de son acte que bien plus tard. 

Il vient ensuite attraper sa veste, ainsi qu'un sac dans lequel il glisse la boîte à musique, le plus délicatement possible. 

À peine sortit de la maison, Katsuki prend une direction opposé à son chemin habituel. Il s'engouffre peu à peu sur un chemin boueux, mélange de terre gorgée d'eau, et de neige pas tout à fait fondue. Ses pieds s'enfoncent un peu dans le sol, à chacun de ses pas, mais il n'y prête guère attention. 

L'air totalement hagard, il divague un peu, même si il connaît parfaitement sa destination. Le tissu mouillé de son pantalon, à la hauteur de ses chevilles, ne l'interpelle pas. Le froid encore bien présent ne l'atteint d'aucune façon. Son souffle est bien visible, dans l'obscurité qui commence à se poser sur le monde, témoignant des températures encore basses. 

Mais il se contente d'avancer, tout en tenant précieusement son paquet, comme au commencement. 

Il ne saurait définir ce qui se passe en lui à ce moment-là. La spirale très étrange qui se charge de le consumer de l'intérieur, reste un pur mystère. Un de plus qu'il n'a aucunement l'énergie de comprendre. Il n'a plus la force de s'atteler à ces énigmes, qui n'ont aucune solution évidente. 

Le blond soupire, en relevant la tête pour observer le clair de lune. Son plus grand rêve en tête, Katsuki s'autorise quelques instants d'égarement. 

Juste pour imaginer une nouvelle danse avec l'amour de sa vie. Peu importe qu'il s'agisse d'une valse ou autre chose. Tout ce qui lui importe c'est de venir passer ses bras autour de lui, et faire ce qu'ils font le mieux quand ils se retrouvent. Évoluer sur une mélodie, en s'offrant tout l'amour qu'ils peuvent se porter. Le jeune homme entendrait presque rire Izuku, tandis qu'il le fait tournoyer dans l'espace autour d'eux, avant de lui apporter le regard le plus doux qu'il possède. 

Après cela, il l'embrasserait, c'est sûr et certain. 

Parce qu'il n'y a rien de plus beau que la saveur de ses lèvres.

Arrivé à destination, il s'accorde quelques secondes pour observer les alentours. Il n'y a rien d'exceptionnel à regarder, surtout à la luminosité actuelle. Mais il a toujours apprécié ce petit coin de verdure, pas très éloigné de cette ville, qu'il a toujours connu. 

Cela offre un cadre un peu plus doux, contrastant avec cette effervescence constante du centre-ville. Là-bas, tout le monde court sans arrêt, et souhaite aller le plus vite possible. 

Ici, il n'y a rien d'autre que le calme, et cette odeur de mousse très prononcée, ainsi que ce léger parfum aquatique, provenant du petit étang. Les arbres évoluent à leur guise, se déployant toujours plus afin d'étoffer cette superbe forêt. Katsuki se souvient qu'il s'y rendait souvent, plus jeune, accompagné de ses parents. 

Avec un panier à pic-nique, remplit de mets préparés par sa mère, et un sac de livres tenu par son père. Ils s'installaient, et restaient des heures dans ces lieux, jusqu'à être transit de froid. Explorant les alentours, pour découvrir des plantes ou n'importe quoi d'autre.

Finalement, ce n'était peut-être pas l'Histoire le centre de son existence, mais juste comprendre la vie qui l'entoure. Et partager cela avec son père, surtout. 

En s'avançant encore un peu, il pousse la porte du petit pavillon, qui a toujours été présent dans ses souvenirs. Laissé à l'abandon, la petite bâtisse n'est désormais plus qu'une ruine, qui tient sur ses fondations, par la force d'un miracle sans doute. Les fenêtres sont toutes brisées, le bois de l'ouverture absolument craqué de toute part, et de nombreuses toiles d'araignées ont investis les lieux. Le blond a de nombreuses fois tenté d'imaginer à quoi cet endroit pouvait ressembler autrefois. Il a même en mémoire un temps où ils s'étaient tous les trois retroussés les manches, pour le nettoyer et le rendre correct, afin de s'y abriter les jours de pluie. 

Il ne pouvait pas choisir plus bel endroit, pour ce qu'il a en tête. 

« - Alors ça y est...On y est... »

Katsuki ignore à qui il s'adresse, ni même pourquoi il parle à voix haute. Il se surprend même à être d'un calme olympien dans cette situation. 

Même si il a choisit de son propre chef l'issue de sa vie, il pensait qu'il vivrait cela un peu... Différemment. Mais, à bien y réfléchir, il n'a strictement aucun regret. 

Ou pratiquement aucun.

Déployant le sac sur le sol, à même le pas de la porte, il s'applique à sortir la boîte le plus précieusement possible. Le jeune homme s'assied sur le ciment froid, resserre un peu sa veste sur lui, et souffle. Il vient observer la relique sous toutes les coutures.

Son émerveillement pour cette beauté n'a pas changé d'un iota, depuis qu'il l'a découverte dans cette boutique qui a changé sa vie. Il admire avec la même ferveur les joyaux qui la constituent, venant sertir l'encadrement. Leur brillance surtout, parce qu'ils éclatent de milles feux, l'éblouissant complètement. Et la matière dans laquelle elle a été taillée aussi. Mais encore, et surtout, ce danseur. 

Une toute dernière fois, il s'arrête sur la totalité de ses traits. Il veut graver dans sa mémoire la perfection qu'est Izuku. Ses tâches de rousseur, qui parsèment ses joues rondes. Son sourire incroyable, qui a le pouvoir de changer tant de choses autour de lui. Le jeune homme est d'ailleurs presque surprit de retrouver une réplique si fidèle à la réalité de l'artiste. Cependant, aux portes de ce renouveau, cela l'arrange, au moins un peu. Il a l'impression de voir son amour, une toute dernière fois.

« - J'suis désolé Deku...J'ai pas tenu ma promesse... »

Son assurance commence à s'étioler progressivement. 

Peut-être est-ce du à la prise de conscience de son geste, de sa décision. Il sait qu'il y a mûrement réfléchit, et que ce n'est pas quelque chose qu'il a prit à la légère. Arriver à un tel extrême n'est pas commun, et il ne pouvait décemment pas agir sur un simple coup de tête.

« L'esprit si proche du déclin »

Son âme est presque loin d'ici désormais. Il lui faut juste un peu de temps. Une minute ou deux, pour agir. Mais tout d'abord, il sort une toute dernière fois la clé et actionne lentement le mécanisme. Les engrenages se mettent à tourner, et la boîte se met à jouer. 

C'est sans doute l'ultime et dernière fois que le danseur se produit. Et la mélodie en témoigne, de part sa mélancolie omniprésente, et cette tristesse débordante. Katsuki peut presque entendre la voix d'Izuku, en se concentrant uniquement sur ce chant d'amour. Il perçoit ce flot d'amertume qui traverse le danseur, et en vient pratiquement à se demander si le garçon à la folle chevelure a conscience de ce qui est en train de se produire. 

Est-ce qu'il sait ? Est-ce qu'il le voit ? Perdu, sur ce sol, comme un enfant. À attendre la fin, comme une délivrance. 

« - J'ai l'impression de t'entendre pleurer Deku... J'suis tellement désolé... » 

La mélodie dure, encore et encore. Elle semble s'éterniser, comme si le jeune homme tentait autant que possible de retenir celui qui lui fait ses adieux. Ou de le sauver, de lui faire entendre raison. Les notes continuent de défiler, se répétant en boucle pendant plusieurs minutes, jusqu'à s'essouffler petit à petit devant le manque de réaction du blond. 

Celui-ci écoute, attentivement, le regard perdu dans l'espace. Il divague un peu, en se remémorant encore ce poème de l'horreur. 

« - Fais-moi la promesse qu'on se retrouvera un jour Deku... S'il te plaît, promets...promets que tu sera là. Que tu seras tout aussi merveilleux. Jure-moi que notre histoire recommencera ailleurs. Je te ferais valser encore, et tu me diras à quel point tu adore ça. Et...Et on s'embrassera, toujours. Je t'aime tellement... » 

« L'Histoire touchant à sa fin... »

Il serre précieusement la boîte tout contre lui, dans une étreinte maladroite. Le coffre ouvert, Katsuki commence à hoqueter sous le poids de ses émotions. Il n'est pas insensible, et la sollicitude qu'il croit percevoir chez son âme sœur vient profondément le chambouler. Il imagine toute la détresse qui peut le parcourir, et dans un autre contexte il aurait probablement ressenti la même chose. 

« - Je voudrais...J'aurais aimé avoir la solution, j'aurais voulu te retrouver comme si de rien n'en était. Je veux que tu sorte de là... »

Alors que ses larmes commencent progressivement à couler le long de ses joues, coupant sa voix, obstruant sa trachée, il tente tant bien que mal de continuer à respirer. La totalité de son corps tremble, son cœur à horriblement froid.

Katsuki à la nette sensation d'être entouré, comme si quelqu'un venait de se placer juste dans son dos afin de le consoler. La chaleur d'une étreinte fantôme, imprévue et si discrète, qui le réchauffe progressivement. Mais surtout, qui vient lui murmurer à l'oreille ce qu'il souhaitait entendre. Ce n'est qu'un souffle du vent, qu'un son bien mince finalement, pourtant c'est parfaitement audible pour lui. 

« - Je t'aime Katchan...Nous nous retrouverons... »

Il ignore d'où provient cette soudaine forme de communication, ni même si il entendra autre chose. Cependant il s'en contente, resserrant plus fort l'objet contre sa poitrine, alors que son souffle recommence à se faire plus régulier. La culpabilité s'évapore graduellement, tandis qu'il se saisit de ce qui doit causer sa perte, et le mener à cette issue fatale. 

Sans trop parvenir à prendre conscience de ce qui se déroule ensuite, le garçon sent sa poitrine irradier d'une chaleur imprévue. À son œil, vient se mettre à perler une larme, porteuse d'un morceau de son âme. 

Une simple goutte d'eau, témoignant de la force de son amour. Dotée de son courage, et de toute ses nobles intentions. À son sens, il ne s'agit que d'une larme supplémentaire. Et pourtant...

« Les deux âmes entremêlées... »

Et si Katsuki avait prit quelques secondes pour accorder un bref regard à son danseur, il l'aurait remarqué également. Cette même perle d'eau salé, qui vient délicatement prendre vie sur cette statue de résine, qui semblait pourtant dénuée d'une quelconque forme d'histoire, au tout début. Ce garçon qui jouait pour l'élu de sa vie, le consolant à sa manière. 

Ce soir, Deku rejoint son compagnon dans ce moment de solitude. Il pleure également. Toute cette tristesse de l'avoir entraîné dans une situation bien trop éprouvante. L'angoisse de l'avoir mené à sa perte, et la destruction de n'être encore parvenu à le rejoindre, dans ce monde qui était autrefois sien également. 

Les âmes sœurs pleurent à l'unisson, aux portes de l'inéluctable, dans ce jour dénué de beauté, alors que le temps vient vraisemblablement de s'achever.

Et dans cette luminosité intense qui vient aveugler le jeune homme, dans cette pauvre clairière abandonné, il ne s'imagine pas une seule seconde de ce qui vient d'avoir lieu. Katsuki n'a pas conscience que cette petite goutte emplit d'une forme bien trop puissante de magie, a rencontré par le plus grand fruit du hasard, celle qui s'écoulait de l'œil d'Izuku. 

Tout ce dont il a conscience, c'est de ce qui vient se dérouler juste devant lui. 

Les rayons blancs l'empêchent de voir ce qui se passe, l'obligeant à protéger son visage dans l'un de ses avant-bras afin de ne pas perdre totalement la vue. Même caché de la sorte, la vive lumière semble passer au travers de tout. Le blond doit presque se recroqueviller sur lui-même et plonger sur le sol sale, pour être touché le moins possible. 

Sa peau, légèrement picotée ici et là, le laissent penser que quelques étincelles se joignent au cortège, à la manière d'un feu d'artifice. Il en vient pratiquement à se demander, si il ne vient pas de créer un incendie sans trop le savoir. Mais l'absence de chaleur l'éloigne de cette option.

Pourtant, Katsuki n'ose pas regarder ce qui se déroule juste à ses côtés, certainement trop effrayé.

L'incompréhension est maître de son esprit, le faisant s'égarer un peu. 

Il ne parvient pas à mettre de l'ordre dans sa tête, pour réfléchir rationnellement aux évènements. Il voulait juste qu'on le laisse en paix, il voulait juste qu'on le laisse maître de son existence, rien qu'une seule fois. Au lieu de ça, le voilà ici, à craindre quelque chose. 

Enfin, c'est ce qu'il s'imaginait, jusqu'à ce qu'un son parvienne à son oreille, chassant cette angoisse subitement. 

« - Katchan ? »

Relevant sa tête un peu trop rapidement, il menace presque de briser ses cervicales sous le choc. Son palpitant bat la chamade dans son thorax, menaçant presque de s'évader. Il pourrait probablement éclater sa poitrine et sa peau, pour en sortir, tant son rythme cardiaque est élevé.

Son souffle se fait nouveau, comme si une toute nouvelle forme d'oxygène parvenait jusqu'à lui. Katsuki se sent...Vivant. De la même manière que quelqu'un qui reprendrait conscience, après des années de léthargie. Il ressent tout plus intensément. Comme par exemple le picotement qui parcourt son épiderme à l'entente de ce son exquis, d'une douceur angélique. 

Par peur qu'il ne s'agisse que d'un rêve supplémentaire, le garçon peine à se décider d'effectuer le moindre mouvement dans la direction d'où provient cette voix. La peur de n'être confronté qu'à une chimère et d'être profondément déçu vient le traverser de façon fulgurante. 

Pourtant, lorsqu'il entend le bruissement qui trahit un geste qui s'amorce vers sa personne, cela l'encourage à vérifier ce qui se passe. Et si il n'était pas assis, il en serait probablement tombé de toute sa hauteur. 

« - Deku ? »

L'air hagard, un peu décoiffé par cette folle expérience qu'ils ne comprennent ni l'un ni l'autre, au beau milieu de la verdure, se dresse le jeune danseur. Les émeraudes de son regard sont bordés d'eau, et les sillons laissés sur ses joues témoignent de la quantité de larmes qu'il a déjà laissé couler. Toujours habillé de ce costume qui lui va si bien, qui le met en valeur sous toutes les coutures. Ses tâches de rousseur sont bien présentent également, et Katsuki a presque envie de les compter une à une, juste pour s'assurer qu'aucune ne manque à l'appel, et qu'Izuku est...complet. 

Le garçon à la chevelure ondulante vacille un peu, et le blond a juste le temps de se redresser subitement afin de le réceptionner au creux de ses bras. 

Et, alors que le contact entre leur peau se fait enfin, ils réalisent soudainement ce qui vient d'arriver. La boîte à totalement disparue, et n'existe plus. Deku est là, debout, devant Katsuki. 

Ils s'accrochent l'un à l'autre comme deux désespérés, se fichant bien de se faire mal. Leurs retrouvailles sont bien réelles, et les voici réunis sous ce clair de lune, sans trop parvenir à interpréter le sens de cette soirée un peu folle. 

Mais qu'importe, les voici collés l'un à l'autre, à se regarder trop intensément. À vérifier mutuellement qu'il ne s'agit pas d'un rêve, et que la réalité leur appartient désormais. Leur futur n'est que pour eux deux. Ils sont libres à présent de construire leur propre voie. 

« - Katchan...C'est toi ? C'est réellement toi ?

- Oui, je suis là Deku, je suis là... Merde c'est... Comment... Pourquoi ? »

Se serrant toujours plus fort, leurs visages dévorés par les larmes découlant d'un bonheur imprévu et trop intense, ils savourent ce qu'ils ne pensaient plus avoir l'occasion de vivre. Katsuki voudrait demander, voudrait comprendre ce qui s'est passé dans la boîte alors même qu'il songeait à donner sa vie. Mais les mots restent coincés dans sa gorge, et il ne parvient pas à se ressaisir pour s'adresser à ce garçon. 

Il lui faut un temps d'adaptation, afin de retrouver une certaine forme de sérénité, et pouvoir enfin le questionner. 

« - Il s'est passé quoi dans cette fichue boîte Izuku ?

- J'ai vu...J'ai assisté à ce que tu étais sur le point de faire tu sais. Et je ne pouvais pas m'y résoudre. Katchan, la vie sans toi ? Ça ne vaut rien... J'étais prêt à donner ma vie pour te rejoindre dans un autre monde, ou juste ne pas assister à une existence vide de toi... »

Le jeune homme n'a aucune idée d'où provient ce revirement de situation inattendu. Lui qui s'imaginait se délester de sa vie et en finir avec tout ceci. Il ne s'attendait pas à voir le voile se lever subitement, et retrouver son amour libéré de cette relique bourrée de magie.

Katsuki peut maintenant palper sa peau à sa guise, sentir sa présence tout contre lui et le conserver au creux de ses bras autant qu'il le souhaite. Le temps ne joue plus contre eux, et il prie de toute son âme que rien ne viendra plus les séparer. 

« - Katchan ? 

- Oui Deku ?

- Je suis fou amoureux de toi Katchan. 

- Et moi... Je suis profondément éprit de toi. »

Le parallèle de ce dialogue fait naître un sourire sur leur visage. Et malgré le froid environnement, Izuku continue de s'accrocher au cou de Katsuki, tandis que celui-ci entoure sa taille en frôlant son nez avec le siens. 

« - Embrasse-moi Katchan. »

Sans même lui accorder une réponse, le blond se rapproche jusqu'à parvenir à toucher sa bouche. Semblable à une explosion, l'accord de leurs lèvres vient les ravager. Ils savent qu'ils n'auront jamais assez du goût de ces baisers, qu'ils peuvent partager. Chacun d'entre eux sont profondément précieux, et uniques à leur manière.

Jusqu'à en perdre leur souffle, ils s'appliquent à fondre l'un sur l'autre sans se préoccuper de quoi que ce soit d'autre. Bien loin d'eux les températures négatives, qui pourraient les frigorifier.
Au revoir ce bois trop sombre. Adieu ces mystère florissants de toute part. 

Il n'y a que eux, et ce renouveau. 

Juste leur amour dévoilé au grand jour, dans cette féerie omniprésente

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