•Chapitre 55• «Thanks Lilian...»
LYLIAN
Ce fut le jour de Noël que l'avocat nous rendit visite pour nous dire que Tim Johnson avait été condamné à trente ans de prison ferme. Alors que ma mère faisait bonne figure pour ne pas paraître effondré, je fonçai dans ma chambre, le cœur battant, avec l'impression d'avoir échoué.
Je criai aussi fort que je pus et frappai violemment le mur. Puis, me rendant compte que la violence ne résolvait rien, je m'effondrais implement sur mon lit et me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps.
J'ignorai les appels de ma mère à travers la porte de ma chambre, ainsi que les messages de Stan qui disait m'avoir entendu crier et qui me demandait si tout allait bien. Je n'avais pas envie de parler à quelqu'un.
Je passai sincèrement le pire Noël de toute ma vie. Suite au résultat du procès, ma mère avait dû passer au poste de police régler toutes les dernières affaires, notamment dans l'appartenance des biens, et signer un bon nombre de papiers qui attestaient qu'elle ait bien pris connaissance du compte-rendu des juges.
Je restai donc seul à la maison. Quand j'en eus marre de me lamenter sur mon sort, j'envoyai un message à Stan pour lui dire ce qu'il s'était passé et ce dernier proposa aussitôt de me rendre visite. Quand je lui rappelais qu'il était en plein repas de famille, il insista en disant que je le sauvais de "son grand-père extrémiste" et "des débats politiques interminables" que cela engendrait. Je le remerciai et il me promis d'être là le plus rapidement possible (le temps de convaincre sa mère qu'aller aider un ami était plus important que d'assister à un repas de famille où tout le monde se gueulait dessus).
Pendant ce temps, je me dégourdis les jambes et allai chercher le courrier. Je constatai qu'il y avait une lettre à mon nom dans la boîte aux lettres. Je sentis mon cœur se serrer quand je reconnus l'écriture si particulière de Julyan. Je m'empressai de l'ouvrir et m'assis sur le canapé pour ne pas flancher en découvrant la lettre de mon ami parti.
"Cher Lylian,
Ça doit être la première lettre que j'écris de toute ma vie. Tu comprends, avant, je n'avais personne à qui écrire. Enfin, je ne t'écris pas pour m'apitoyer sur mon sort. Au contraire. Si je t'écris, c'est que je suis bien arrivé à Toulouse. J'ai trouvé facilement le centre et ils nous ont accueilli vraiment bien. Aya s'est aussitôt fait des amies, pour ma part, c'est un peu plus compliqué. Il y a peu de jeunes de mon âge et ceux qui sont là sont, pour la plupart, assez renfermés. Quoi qu'il arrive, je me sens enfin à ma place. Des gens s'occupent de nous. Une infirmière m'a même été attesté. Elle se comporte comme une mère pour moi. Ça faisait longtemps que personne ne s'était comporté comme ça avec moi. Ça fait du bien de se sentir enfin un peu considéré.
Assez parlé de moi ! Comment vas-tu ? Et avec Zélina, ça s'est arrangé? En tout cas, tu manques à Aya. Elle ne cesse de parler de toi. Chaque jour, elle trouve un moyen pour faire dériver la conversation jusqu'à toi. C'est fou comme tu l'as marqué. Je crois qu'elle te considère un peu comme un deuxième grand frère.
Tu me manques aussi. Je repense à la fois où je suis parti. Je m'en veux un peu de t'avoir embrassé comme ça. Je n'aurais pas dû, parce que tu ne partages pas mes sentiments, mais je voulais savoir ce que cela faisait d'embrasser quelqu'un qu'on aime. J'espère que tu n'en fais pas des cauchemars. :)
Je ne sais pas si un jour on aura l'occasion de se revoir mais sache que je ne t'oublierai jamais. Tu as été le premier à te tourner vraiment vers moi et à me soutenir. À m'écouter et à me conseiller. Je n'en serais pas là sans toi. Si j'ai réussi à nous sortir de là, c'est grâce à toi. C'est aussi pour ça que cette lettre t'est destiné.
Bref, je crois que j'ai assez parlé. J'ai hâte d'avoir de tes nouvelles. D'ailleurs, je vais te laisser mon nouveau numéro de téléphone pour ne pas que tu aies à m'envoyer une lettre qui mettrait trois plombs à arriver. 07 85 ** ** 13.
Julyan.
PS 1 : Si tu as le numéro d'Olivia ou quelconque moyen de la joindre, j'aimerai la remercier aussi pour ce qu'elle a fait.
PS 2 : Est-ce que Zélina t'a dit que je l'ai rencontré en chemin ?
Merci Lilian, Aya.
PS 3: Aya vient d'apprendre à écrire. Elle a tenu à t'écrire quelques mots. Excuse la pour la faute sur ton prénom."
Je versai quelques larmes aux souvenirs que cette lettre me procura. Cependant, je n'eus pas vraiment le temps de m'en remettre car Stan toqua à la porte d'entrée. Je séchai rapidement mes larmes et allai lui ouvrir.
Stanley se dépêcha d'entrer et d'essuyer ses bottes couvertes de neige sur le tapis d'entrée. Il me remercia de l'avoir sauver du repas. Je le remerciai de prendre du temps pour moi. Il haussa les épaules.
«-C'est ce que font les amis.»
Je lui souris et ne pus m'empêcher de repenser à notre toute première rencontre. Il m'avait plaqué contre le mur et menacer de manière assez violente. Ce qui était sûr, c'était que ce jour-là, je ne m'attendais pas à ce que de cet échange naisse une amitié. La vie peut être surprenante parfois.
«-Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? demandai-je, en lui indiquant une place sur le canapé.»
Il avoua n'avoir aucune idée et nous passâmes finalement le reste de la journée à discuter et à jouer à divers jeux de cartes. Aux alentours de dix-huit heures, Thomas nous rejoignit, en se plaignant d'avoir été obligé d'être emmené par son père, qui tenait à être sûr qu'il allait bien chez moi et pas chez quelqu'un d'autre.
Ma mère revint vers vingt heures. Elle fut surprise de me voir en compagnie de Thomas et Stan mais ne fit aucune remarque. Elle prépara un bon repas de Noël pour quatre et je la surpris de sourire de temps en temps, en nous regardant rigoler. Le repas se passa gaiement et pas une seule fois nous parlâmes de Tim, d'Elsa ou de Zara, la petite amie défunte de Stan.
Finalement, ce Noël ne fut pas si pourri que cela.
***
Trois jours après Noël, j'obtins le droit de passer voir mon père en prison. Ma mère avait dû batailler avec les forces de l'ordre, mais grâce à l'intervention de notre avocat, j'obtins une séance de dix minutes seul à seul avec lui. Je ne savais pas encore ce que j'allais lui dire, mais je sentais que c'était important que je lui parle. J'en ressentais le besoin.
La prison se trouvait au centre de Lille, et la ville était recouverte d'un manteau blanc. Les enfants jouaient dans les rues, enchaînaient les batailles de boule de neige, les concours du meilleur bonhomme de neige ou les courses de luge. Tout respirait la joie et l'ambiance festive.
Lorsqu'elle se gara sur le parking de la prison, ma mère me demanda si j'étais prêt. Je hochai simplement la tête et sortis dehors, sans oublier le cadeau que j'avais prévu d'offrir à mon père.
À l'entrée, nous fûmes pris en charge par un policier baraqué qui semblait plus basé qu'autre chose d'assurer sa garde pendant les vacances de Noël. Il fut contraint de nous fouiller et il ouvrit même le cadeau, afin de s'assurer qu'il ne contenait rien de dangereux. Il réduisit ainsi mon magnifique emballage à néant.
Je fus conduit dans un petit bureau délabré, situé dans un coin délaissé de la prison. Le policier me laissa patienter avant l'arrivée de mon père.
Lorsque Tim Johnson fut enfin amené, la première chose par laquelle je fus frappé, ce fut par ses cheveux. Ils étaient longs et j'en déduisis qu'il ne les avait pas fait coupé depuis son arrestation. À vrai dire, cela lui allait plutôt bien et lui donnait un côté charmant. Je compris pourquoi ma mère était tombé amoureux de lui. Le policier nous laissa seuls et il nous indiqua qu'il reviendrait chercher Tim dans dix minutes.
Le silence s'installa progressivement et je remarquai que mon père me dévisageait avec curiosité. Je pense qu'il ne s'attendait pas à me voir ici.
«-Salut Papa, me contentai-je de dire.»
Une drôle de lueur s'alluma dans les yeux de mon père et je crus qu'il allait se mettre à pleurer. Cependant, il se contenta d'étirer ses lèvres dans un sourire et de lancer :
«-Salut fiston.»
Je souris à mon tour, sentant mon cœur se gonfler de joie. J'avais l'impression de retrouver un père.
«-Que me vaut cette visite ? demanda-t-il.
-Je voulais te voir, l'informai-je simplement.»
Il sourit. Ne sachant pas comment continuer la conversation, je sortis le cadeau et lui tendis :
«-Désolé, il était empaqueté mais le protocole veut que tout ce qui rentre dans cette prison soit découvert.»
Je me tus tandis que mon père prit possession du cadeau.
«-Je me suis dit que cette ardoise avait plus sa place ici qu'à la maison.»
Mon père acquiesça les larmes aux yeux en tenant fermement l'ardoise que ma mère nous avait offert le jour de mon anniversaire. Un cadeau qui était tombé à l'eau et dans l'oubli.
«-Je me dis qu'à chaque fois que je viendrai te voir, je pourrais changer le message. Comme ça, tu auras toujours l'impression que mes visites changent ton quotidien.
-J'aime bien l'idée, approuva mon père dans un petit rire.»
Alors qu'il relisait sûrement pour la cinquième fois ce que j'avais écrit sur l'ardoise, je me mis à penser à sa réaction s'il apprenait que c'était sa femme qui l'avait dénoncé à la police. Je me promis de faire en sorte qu'il ne l'apprenne jamais. Il y a des vérités qui font mieux d'être gardées précieusement.
Quand le policier revint, je pris conscience de la préciosité du temps. Dix minutes s'étaient écoulées bien trop rapidement à mon goût. Tim fut ramené dans sa cellule et il me jeta un dernier regard paternel, avant de disparaître dans les méandres de la prison. Pour ma part, une policière me ramena à l'entrée et je quittai la prison le cœur plus léger.
Lorsque je m'allongeai dans mon lit après cette journée éprouvant, je ne pus m'empêcher de repenser à ce que j'avais écrit sur l'ardoise et j'espèrai de tout mon coeur que mon père comprenne ce que j'avais voulu écrire.
"Un père est un être humain. Il commet des erreurs, parfois irréparables. Mais il peut se dire que cela permettra à son fils de ne jamais faire là même chose. Quoi qu'il arrive, un père est toujours un modèle."
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Ceci était le dernier chapitre, mais il reste encore l'épilogue ainsi que quelques bonus par la suite. J'espère vous y retrouvez.
Merci pour tout !
LetTheMagicHappen
🍀 PS : Bonne chance et bon courage aux bacheliers qui commencent le bac lundi ! Que la force soit avec vous et puisse le sort vous être favorable ! 🍀
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