ZÉLINA
Le grand jour arriva enfin. Ce matin-là, je fus réveillée bien avant la sonnerie de mon téléphone programmée à sept heures trente. L'excitation se mêlait au stress, ainsi qu'à une autre multitude de sentiments assez déroutants. Je sautai hors de mon lit et, à peine eus-je fait un pas sur le parquet grinçant, j'entendis que je n'étais pas la première à être levée. D'ici, j'entendais des voix provenant du salon.
Je bâillai et me dirigeai vers ma porte. Au même moment, celle-ci s'ouvrit en grand sur une Elsa surexcitée et visiblement beaucoup moins fatiguée que moi :
«-Zéliiiiii ! DEBOUT !»
Elle se dirigea tout droit vers ma fenêtre dont elle tira les rideaux d'un geste sec et déterminé. La lumière du jour naissant pénétra dans ma chambre et je plissai les yeux, éblouie. Ce fut à ce moment-là qu'Elsa constata que j'étais déjà levée, debout au milieu de ma chambre, les cheveux ébouriffés, la main devant le visage pour échapper à l'agression des rayons du soleil. Devant ce spectacle, Elsa explosa de rire.
«-J'avais mis mon réveil à sept heures trente ! grognai-je, un peu vexée de m'être faite devancée par ma meilleure amie.»
Elle devait être levée depuis une bonne demi-heure pour être ici si tôt.
«-Pas le temps de se plaindre ! rétorqua Elsa. On a du pain sur la planche ! File sous la douche, pendant que je sors tes affaires et tout ce qu'il faut pour nous préparer !»
Elle avait déclamé cette parole sans même prendre le temps de respirer tant elle était excitée. Devant mon visage de zombi, Elsa éclata une seconde fois de rire. Je lui tirai la langue et sortis de ma chambre, direction la salle de bain.
Une fois enfermée dans la petite pièce, je pris quelques minutes pour me réveiller entièrement. Je me rendis compte que mon rythme cardiaque était anormalement élevé. Je stressai, sans pouvoir l'expliquer. J'avais presque l'impression que c'était moi qui me mariait aujourd'hui, c'était un sentiment assez étrange, pas désagréable, juste anormal.
Je respirai plusieurs fois par le ventre pour tenter de calmer cette envie de hurler de joie et d'exploser en sanglots.
Je me glissai dans la baignoire. L'eau chaude sur mon corps acheva de me réveiller entièrement et mes battements cardiaques finirent par se stabiliser d'eux-mêmes. Une fois lavée et épilée, j'enfilai mes sous-vêtements et enroulai une serviette autour de mon corps, avant de retourner dans ma chambre, où Elsa ne semblait pas être calmée. Elle gesticulait dans tous les sens, sortant des vêtements, les lissant avec ses mains, étalant tout son matériel de maquillage sur mon bureau, passant une main nerveuse dans ses cheveux.
«-Elsa, calme-toi, on dirait que c'est toi qui va te marier ! rigolai-je.»
Elle acquiesça avec un sourire avant de taper dans ses mains comme une folle et crier qu'elle avait "trooooop hââââââte" d'y être.
Elle me montra alors sa robe blanche, avec beaucoup de détails en dentelles qui offrait au vêtement une apparence unique. Je devais avouer qu'elle était très jolie. Pour ma part, j'avais décidé de porter ma robe rouge, ou plutôt devrais-je dire, celle de ma mère.
À cette pensée, mon coeur se serra un peu, mais je ravalai mon sentiment de malaise. Cette journée devait être parfaite !
Il nous fallut près de deux heures pour nous préparer intégralement. Je devais avouer que je ne savais pas comment j'aurais fait si Elsa n'était pas là pour me coiffer et me maquiller. Je serais arrivée au mariage affublée comme un souillon !
Elle avait relevé mes cheveux dans une coiffure assez complexe mais qui donnait très jolie, laissant deux mèches encadrer mon visage. Mon maquillage n'était pas trop appuyé (j'avais certifié que je révoquais son invitation si elle me maquillait comme un pot de peinture), mais permettait au moins de camoufler un peu mes cernes de quelques traces d'acnée. Elsa avait, quant à elle, laissé ses cheveux détachés, une simple tresse les tenant en place, et son maquillage était raffiné, sans en faire des tonnes. Je me demandai si elle s'était préparé dans l'optique du mariage ou juste dans celui de revoir Thomas.
En effet, depuis que Matt nous avait dit que Thomas serait de la partie aujourd'hui, Elsa ne tenait plus sur place. Elle avait commencé par exploser en sanglots avant de faire le tour de la maison en hurlant. J'avais dû la menacer d'appeler l'hôpital psychiatrique pour qu'elle se calme. Mais j'étais heureuse pour elle. Depuis le temps qu'elle se lamentait d'être loin de son "Tom d'amour"...
Lorsque nous sortîmes de la chambre, ce fut Aaron qui nous vit en premier. Il nous congratula sur nos tenues et je lui affirmai qu'il n'était pas mal non plus. Il avait enfilé un costume loué et s'était relevé les cheveux dans une coiffure moderne. Quand j'aperçus lac ravate rose qui était nouée autour de son cou, je me dis qu'on ne le changerait pas. Toujours décontracté et blagueur en toutes circonstances.
Matt fut le second à descendre dans la pièce à vivre et il n'en menait pas large. Il semblait totalement paralysé par la peur et ne cessait de gesticuler nerveusement. Aaron se permit de blaguer :
«-Aller, Matt, détends toi un peu ! C'est ton deuxième mariage je te ferai remarquer ! Tu commences à être habitué !»
La fin de la phrase se termina en decrescendo quand Aaron se rendit compte que ce qu'il venait de dire n'était pas tout à fait approprié. Je lui lançai un regard noir, tandis que celui de Matt se ternit. Il cessa de bouger et s'assit sur le canapé, livide.
Aaron se mordit la lèvre, coupable. Il s'approcha de Matt, dans l'optique de le réconforter. Me sentant un peu de trop, je décidai de laisser les adultes discuter entre eux et attrapai Elsa par la main pour la mener dans le jardin, où aurait lieu la cérémonie.
Matt et Erika avait voulu que le mariage reste modeste. Le nombre d'invités n'excédait pas la centaine et tout se déroulerait dans le jardin, que ce soit la cérémonie ou le repas qui suivrait.
Elsa parcourut des yeux le jardin, comme surprise, alors qu'elle avait participé à le rendre aussi... merveilleux. On se croirait dans un véritable comte de fée avec les longues tables nappée de blanc, le buffet qui n'attendait que d'être rempli de nourriture et les rangées de chaises où nous assisterions à la cérémonie.
***
Je trépignai d'impatience assise sur ma chaise, parmi tous les invités. À côté de moi, Elsa n'en menait pas large non plus, elle ne cessait de jeter des regards furtifs et réguliers vers l'entrée, stressée. Je comprenais et partageais son état et, pour cause, les deux garçons n'étaient pas encore là, alors que deux vies allaient être scellées dans un peu moins de dix minutes.
Au début, je m'en sentis soulagée, mais maintenant, je m'inquiétais, au même titre que mon ami qui n'avait aucune nouvelle de Thomas depuis maintenant une heure. Elle avait beau le harceler de message, il ne répondait pas.
Afin de me détendre, je regardai autour de moi. Elsa et moi étions au premier rang, moi parce que j'étais la demoiselle d'honneur d'Erika et Elsa, parce que... parce qu'elle en avait décidé ainsi !
«-Bordel, qu'est-ce qu'il fout ?!»
Elsa avait eu beau chuchoter, le silence religieux qui régnait attendant la mariée, suffit à faire résonner sa voix parmi l'assemblée.
«-Ils vont arriver, tentai-je de la rassurer en lui glissant un regard confiant.»
Elsa acquiesça, bien que je sus qu'elle n'était en rien convaincue par mes paroles.
Les minutes s'écoulèrent étrangement lentement. Au bout d'un moment, Matt, qui était debout devant tout le monde, attendant celle avec qui il voulait passer le reste de sa vie, commença à trépigner sur place, malgré sa volonté de rester stoïque.
Je le vis jeter des regards pressés et inquiets vers sa montre. Je sentis que quelque chose n'allait pas quand plusieurs personnes se mirent à chuchoter entre elles, brisant le silence d'attente jusque là cérémonieusement entretenu. Un stress palpable commença à gagner l'assemblée.
Je jetai un coup d'œil à l'endroit où se tenait mon grand-père, le père d'Erika, qui lui-même attendait de pouvoir mener sa fille vers son futur mari. Qu'attendait Erika pour faire son apparition ?
Mes talons claquaient sur le sol, avec impatience tandis que le brouhaha d'incompréhension des invités résonnait de plus en plus autour demoi.
Erika, aller !
Mais les minutes avaient beau s'écouler très lentement, pas d'Erika en vue. Je croisai alors le regard de Matt. Je ne l'avais encore jamais vu comme cela. Il semblait comme totalement paralysé par tout ce qu'il se passait autour de lui. Lorsque ses prunelles se figèrent dans les miennes, il me lança un appel, une supplication.
Je pris mon courage à deux mains et me levai, lançai un "je reviens" à Elsa, qui me regardait avec incompréhension. Malgré tous les regards tournés vers moi, je me précipitai aussi rapidement que mes talons me le permettaient vers la maison.
~~~
Ne vous inquiétez pas, la suite est postée ! Merci pour tout 💕
LetTheMagicHappen
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top