•Chapitre 15• «The best day of a life...»

ZÉLINA

J'écoutai mon professeur principal faire son petit speech "spécial rentrée" devant une classe endormie et rêvant déjà des prochaines vacances.

Elsa, assise à côté de moi, envoyait des messages par dessous son bureau, chose qui ne lui arrivait d'habitude jamais. Un rapide regard au destinataire m'apprit qu'elle parlait avec Thomas. Je remarquai simplement qu'il y avait presque plus de coeur que de mots dans leur conversation.

Je ne pus m'empêcher de sentir mon coeur se serrer en pensant au message sans réponse que j'avais laissé à Lylian il y avait maintenant bien deux semaines.

Soudain, le prof s'arrêta dans son discours, les yeux rivés sur ma meilleure amie. Je balançai un coup de coude brutal dans son bras et elle manqua d'en faire tomber son téléphone. Elle faillit me lancer un regard noir, puis capta celui du prof, qui avait les yeux braqués sur elle. Elle rangea son téléphone et bredouilla une excuse en prenant un air désolé :

«-Je suis désolée. C'est ma grand-mère, elle est très malade...»

Ses yeux de chien battu durent convaincre le prof, car il lui ordonna simplement de laisser son portable au fond de son sac avant de reprendre où il s'était arrêté, c'est-à-dire, sur le règlement intérieur, chose qui n'intéressait que lui.

Je me penchai vers Elsa pour la réprimander, mi-sérieuse, mi-amusée :

«-Ta grand-mère ? Sérieusement ? Dois-je te rappeler que tes deux grands-mères sont mortes, avant ta naissance ?»

Elsa camoufla un rire et je ne pus m'empêcher de sourire, devant la bonne humeur de mon amie. Visiblement, quelques messages échangés avec son copain suffisait à la mettre de bonne humeur, même un jour de rentrée. J'aimerais bien avoir ce don.

Elsa finit par retrouver son sérieux, quand le prof commença à nous distribuer nos emplois du temps provisoires. Pendant que notre professeur de SVT, un nouveau au lycée, distribuait les papiers, Elsa reprit calmement :

«-Tu veux que je demande à Thomas pourquoi Lylian ne t'a pas répondu ?»

Si l'on était pas en classe, je serais sûrement tombé de ma chaise, mais je pris sur moi pour ne pas le faire.

«-Quoi ? Non ! Je m'en fiche totalement !»

Il n'y avait pas pire mensonge, et Elsa le comprit bien car elle me regarda la tête penchée sur le côté, l'air de penser "Tu me prends pour une truffe ?". Heureusement, ce fut à ce moment précis que le prof arriva avec nos emplois du temps. À la hauteur de mon amie, il lui glissa, l'air compatissant :

«-Je suis désolé pour votre grand-mère.»

Je vis Elsa se contenir de rire et, pour ma part, je prétextai avoir fait tombé quelque chose sur le sol, pour camoufler mon sourire grandissant.

Une fois le prof passé à autre chose, Elsa ne put s'empêcher de partir dans un fou rire contagieux, qu'elle dut contenir pour ne pas attirer l'attention du prof. Je fis de mon mieux pour paraître impassible.

Le reste de la matinée passa rapidement et, après quelques fous rires réprimés, nous nous rendîmes au self pour manger. Lorrie et Evan, qui n'étaient plus dans la même classe que nous, nous rejoignirent et nous allâmes manger, le coeur léger.

Lily et deux de ses amies vinrent s'asseoir avec nous et Evan dévora Lily des yeux tout le long du repas. Elsa continuait d'envoyer des messages à son prince charmant, tandis que les filles parlèrent d'un certain Noah, qui serait apparemment le plus beau mec du lycée.

Je jetai un coup d'œil à mon téléphone, espérant désespérémentbqu'un message s'affiche en vain. Je ne savais pas pourquoi j'attendais encore une réponse de sa part. Peut-être parce je tenais à lui bien plus que ce que je me laissai croire...

En sortant du self, mon téléphone vibra. Je sentis mon coeur se contracter inutilement parce que le message reçu ne venait pas de Lylian, mais de Callum. Je ne l'avais pas revu depuis le bal, mais, comme nous nous étions échangés nos numéros, j'avais gardé contact et je ne regrettais pas.

C'était vraiment un garçon sympathique et authentique. Lui et Evan avaient bien plus de points communs qu'ils le laissaient penser.

De Callum : Coucou, comment s'est passé ta rentrée ?

À Callum : Super et toi ?

Se rendant sûrement compte que je restais un peu en retrait, Evan s'approcha de moi et loucha sur l'écran de mon téléphone, avec une curiosité non dissimulée :

«-Tu parles à qui ?

-Ton frère, répondis-je simplement.»

Evan ne se braqua pas. Il ne perdit même pas son sourire. Ce fut à ce moment là que je compris que leur relation avait au moins évolué un peu dans le bon sens. Il n'avait plus honte d'avoir un frère jumeau qu'il n'avait pas connu pendant les dix premières années de sa vie. Ils ne s'entendaient peut-être pas aussi bien que des jumeaux ayant tout partagé, mais ils ne se reniaient plus. C'était déjà un immense pas vers la réconciliation.

«-Vous vous entendez bien à ce que je vois ? lança-t-il, avec un sourire empli de sous-entendus.»

Je secouai aussitôt la tête.

«-Ce n'est pas du tout ce que tu crois, le détrompai-je, ce qui le fit rire davantage.

-Ce serait si horrible que ça de m'avoir en beau frère ?»

Je fis mine de grimacer et vomir.

«-Bien pire que ça.»

Evan prit une expression faussement vexée et repartit en direction de Lily qu'il embrassa comme s'il ne l'avait pas vu depuis trois ans. Je me reconcentrai sur ma conversation avec Callum.

De Callum : Mis à part que je me retape le prof que je déteste en Gestion, ça va :)

À Callum : Il est aussi horrible que ça ?

De Callum : Tu vois ton prof de physique de l'année dernière ? Pire.

À Callum : Je te plains !

De Callum : Merci pour ta compassion.

À Callum : Je dois aller en cours ;)

De Callum : Me laisse pas....

De Callum : J'ai Gestion en plus...

De Callum : Zélina ?

À Callum : :)

De Callum : C'est tout ce que tu trouves à dire ? Pffff.

Je souris avant de ranger mon téléphone. On commençait l'après-midi avec deux heures de SVT, comme si avoir passé la matinée avec le prof principal ce matin ne suffisait pas.

Cependant, la bonne humeur d'Elsa me permit de faire passer plus vite les deux longues heures àparler de géologie et de zone de subduction.

Le reste de l'après-midi se déroule bien plus vite que prévu et arriva déjà le moment de rentrer chez soi. En allant prendre le bus, je remarquai que tous les adolescents étaient heureux de quitter le lycée après cette première journée de cour, comme s'ils n'étaient pas conscients qu'ils devaient y retourner le lendemain.

Je ne comprenais pas cette engouement pour la fin de journée quand on savait que le vie n'était qu'un éternel recommencement.

Cependant, je fus moi-même contente de rentrer. La maison était étrangement calme quand je rentrais, comme si ses habitants se cachaient pour quelque raison. Je savais que Matt travaillait tard aujourd'hui et que Aaron était chez lui, mais je savais aussi qu'Erika devait déjà être rentrée. Je me dirigeai vers ma chambre, sans apercevoir la moindre trace de ma tante.

Après avoir posé mes affaires, jedécidai de faire le tour de la maison, trouvant l'absence d'Erika vraiment louche.

Je cherchais d'abord dans la cuisine, car c'était là qu'elle passait la plus grande partie de sa journée quand elle ne travaillait pas. Elle n'y était pas. Je fis tout le rez-de-chaussée sans la trouver.

«-Erika ? criai-je.»

Finalement, une voix provenant du premier étage me parvint, un peu étouffée :

«-Matt ?»

Je me dirigeai vers la voix et elle me guida vers la chambre de ma tante. Je n'avais même pas songé à regarder dedans. Je toquai.

«-Matt si c'est toi, n'entre pas.»

Je me demandai de quoi parlait ma tante. Elle semblait émue, un peu comme si elle pleurait.

«-Rika ? C'est moi, c'est Zélina. Est-ce que tout va bien ?»

J'entendis des bruits de pas se rapprocher de la porte. Cette dernière s'ouvrit. Ce que je vis me coupa littéralement le souffle.

Erika était magnifiquement vêtue d'une robe entièrement blanche, bouffante, qui lui saillait à la perfection. Les bretelles étaient épaisses et le décolleté juste comme il fallait. La denteller rendait superbement sur la robe, lui donnant un côté chic, mais pas bourgeois.

«-Co... comment tu me trouves ?»

La seule chose que je parvins à dire ce fut :

«-Une robe de mariage ?»

Les yeux de Rika étaient rouges et émus quand ils se plantèrent dans les miens.

«-Et bien, on... on prévoyait de te le dire tout à l'heure...»

Une bouffée de bonheur m'envahit le corps entier. Ce fut comme si le soleil lui-même irradiait ma peau. Je fus d'un coup débarrassée de tout soucis et de toute peine, me laissant nager dans une sentiment d'allégresse.

«-Rika, tu... tu es magnifique...»

Ma tante ouvrit ses bras et je courus m'y réfugier, comme une enfant. Je mis à pleurer d'émotions, sans trop savoir ce que je ressentais. Soudain, Erika murmura :

«-Cette robe, elle... elle a appartenu à ta mère...»

Je me décollai d'elle pour mieux la voir. Rika affichait une mine triste et nostalgique.

«-Je ne suis pas sûre que je doive la mettre, je ferais peut-être mieux d'en acheter une autre...

-Non, la coupai-je fermement. Tu dois la mettre. Je suis sûre que Maman voudrait que tu la mettes et puis, ce sera un peu comme si elle sera avec toi pendant le mariage.»

Ma tante explosa en sanglots et ce fut à mon tour d'aller la prendre dans mes bras pour la réconforter.

Mes parents s'étaient mariés un an avant ma naissance. Même si je n'y étais pas, ils m'avaient tout raconté dans les moindres détails, comme ils aimaient le faire.

Chaque fois qu'il narrait leur mariage, ils puisaient dans leurs souvenirs pour en sortir une nouvelleanecdote, toujours plus précise. J'avais compris au fur et à mesure que le mariage était quelque chose de magique. C'était un jour unique, un jour de chance et, quoi qu'il arrive, il fallait que cela se passa bien.

Je me promis alors de faire en sorte que le jour J serait, pour Rika et Matt, le meilleur jour de leur vie.

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