•Chapitre 50• «A miracle ?...»
À peine eus-je posé un pied à l'intérieur de la maison que ma mère me sauta dessus.
«-LYLIAN !!»
Son cri était puissant et il sortait tout droit de son coeur. Elle fut aussitôt rejointe par une seconde masse, qui cria même plus fort qu'elle :
«-CHAMALLOW !»
Pas besoin de préciser de qui il s'agissait. Un sourire naquit sur mes lèvres, tandis que je me laissai enlacer par ma mère et ma cousine.
Notre étreinte fut interrompue par une voix qui m'était inconnue :
«-Bon, je suppose qu'il est temps pour nous de partir.»
Je me dégageai des deux paires de bras qui m'enserraient et me tournai vers le propriétaire de la voix. Un homme, en uniforme de police, se tenait bien droit dans l'encadrement de la porte qui menait au salon. Derrière lui, je pouvais apercevoir un deuxième policier, beaucoup plus jeune et beaucoup moins imposant. Je ne m'étais pas trompé sur ce point : ma mère avait bel et bien fait appel à la police.
«-Comment te sens-tu mon garçon ?»
Le policier le plus mature me posa les questions traditionnelles tandis que ma mère s'empressa de me préparer un chocolat chaud, ainsi qu'un plat entier de pâtisseries.
Une fois la procédure policière achevée, les deux hommes en uniforme nous laissèrent, n'ayant pas l'air très inquiet pour moi et après avoir répété au moins cinq fois à ma mère que dans 90% des cas l'enfant retournait chez lui dans les deux jours qui suivent. J'étais presque persuadé que ma mère avait dû les questionner sur les 10% restants, mais je ne pouvais pas lui en vouloir.
Tout en écoutant ma mère bénir les policiers de m'avoir ramené sain et sauf à la maison (alors qu'ils n'avaient absolument rien faits), j'engloutis sans me priver les pâtisseries encore tièdes et bus ma tasse brûlante de chocolat chaud qui portait bien son nom. Le liquide me brûlait les lèvres et la gorge, mais c'était si bon que je ne m'en souciais pas. J'avais l'impression de replonger en enfance, quand ma mère me préparait ce genre de boissons tous les matins. C'était à l'époque où tout semblait se résumer à cette tasse quotidienne de chocolat chaud...
Les deux flics sortirent de la maison, voulant échapper aux remerciements infinis de ma mère et, lorsqu'enfin la porte se referma, ma mère me tomba dessus :
«-T'étais où ?»
Sa voix n'avait rien d'agressif, elle regorgeait simplement d'inquiétude.
«-J'avais besoin de réfléchir, dis-je simplement.»
Ma mèreacquiesça en silence. Je ne savais pas si je devais lui dire la décision que j'avais prise, c'est-à-dire de réaliser un test ADN. Comment allait-elle réagir ? Elle qui avait si soigneusement caché la vérité à nous tous... D'ailleurs, une nouvelle question s'imposa en moi et je ne tardai pas à la poser :
«-Depuis quand... Papa est au courant ?»
Elle dut remarquer que je venais de buter sur le mot "papa" car son visage s'assombrit au moment-même où ma gorge se serra. La simple pensée que celui que j'avais toujours considéré comme un modèle pouvait ne pas être mon père me blessait affreusement.
«-Ash, tu peux nous laisser cinq minutes, s'il te plaît ?»
Ma cousine le fit, sans demander son reste, mais vu son expression, je doutais qu'elle soit au courant. C'était peut-être mieux ainsi.
À peine fut-elle sortie que l'ambiance glaciale de l'autre soir revint me faisait frissonner. J'avais l'impression que toute chaleur provoquée par le chocolat chaud et les étreintes de ma mère et de ma cousine s'était dissipée à l'instant-même où Ash étaitsortie de mon champ de vision. C'était un peu comme si c'était elle qui apportait la chaleur dans cette pièce où la tension était de prime. Malgré son petit sourire factice, ma mère ne parvint pas à ramener calme et affection dans la salle. Voyant que c'était peine perdue, elle commença :
«-Je lui ai dit quand tu as eu ton accident...
-Ce n'était pas un accident, Maman, soulignai-je, soudain crispé.»
Ma mère ravala ses larmes et détourna les yeux, refusant d'affronter la vérité, comme à chaque fois. Je voulais qu'elle le dise. Je voulais qu'elle l'admette.
«-Cejour-là, j'ai vraiment cru que... tu allais...»
Dis-le Maman, dis-le !
«-J'ai dit la vérité à ton père, parce que je pensais qu'il avait le droit de savoir que le garçon qu'on allait enterrer n'était peut-être pas son fils.»
Sa voix n'avait étrangement pas flanché durant la prononciation de cette phrase. Je la regardai débattre avec elle-même sans rien dire.
«-Je ne pourrais jamais me pardonner de ce que j'ai fait, mais...»
Nouvelle pause où elle reprit son souffle tant bien que mal. Je jettai un coup d'oeil à l'horloge. 19h59. Tim rentrera dans une heure. Je passai une main sur mon visage. Que fallait-t-il que je fasse quand je le vois ? Alors qu'une partie de mon cerveau était occupée à débattre sur la façon dont je devais me comporter devant mon potentiel père, ma mère continuait à se torturer en extirpant la vérité des tonnes de mensonges qu'elle avait bâties.
«-À l'époque, on n'arrivait pas à faire des enfants. Je... on se disputait beaucoup avec Tim. Et puis, un soir...»
Cette fois, ma mère ferma les yeux, comme pour mieux se souvenir. Assis enface d'elle, je perçus un grand malaise en elle. Je serre mes paumes l'une contre l'autre.
«-Un soir, je suis allée dans un bar après une dispute avec ton père.»
Elle venait de capter toute mon attention. Elle ne m'avait jamais raconté comment elle avait rencontré le père de Zélina.
«-Il y avait un groupe d'amis qui fêtait l'anniversaire d'un de leur ami. Je les enviais parce qu'eux ils s'amusaient alors que moi j'étais juste là pour échapper à nos disputes incessantes. L'un d'eux afini par se rapprocher de moi. C'était Edward, je le connaissais parce qu'on avait eu une relation il y avait quelques années. On a commencé à discuter...»
Alors, c'était ça l'histoire ? Tout cela à cause d'un anniversaire qui n'avait pas eu lieu au bon moment, ni au bon endroit ?
«-Il a proposé de me ramener chez moi et puis, dans la voiture, on...
-Épargne moi les détails, rétorquai-je, sèchement.»
Embarrassée, ma mère se tut. Je ne savais plus où donner la tête. Je ne savais même pas à qui en vouloir dans cette histoire. Ma mère pour avoir trompé Tim, Tim pour s'être disputé avec ma mère, ma mère pour avoir eut un rapport sexuel avec Edward, Edward pour avoir voulu savoir pourquoi ma mère pleurait ? Ou peut-être que tous étaient coupables de quelque chose, même moi...
«-Il m'a déposé chez moi et... il semblait très fébrile, je ne savais pas encore que sa femme attendait un enfant à cette époque, je ne savais même pas qu'il était marié, c'est après que j'ai remarqué qu'il avait un anneau sur le doigt...»
Je frémis lorsqu'elle évoqua Zélina.
«-Ton père ne s'est douté de rien, je n'ai jamais voulu lui dire. Je te jure que nous ne nous sommes pas revus en Angleterre. Quand leur fille est née, j'ai entendu qu'ils avaient déménagé en France. Quelques années sont passées et nous sommes à notre tour venusnous installer en France, avec toi. Je ne pensais plus à lui, je pensais... je pensais que ça ne se saurait jamais.»
Je connaissais la suite de l'histoire, ma mère et Edward s'était revu et comment résister à la tentation quand l'amour était encore présent ? Mon père l'avait appris et le monde était parti en vrille depuis ce jour. Pourquoi avait-t-il fallu que ma mère tombedans LE bar où son ancien amour se trouvait ? Pourquoi avait-t-il fallu qu'il la voit ? Pourquoi avait-t-il fallu que l'amour prenne le dessus sur le devoir et la raison ? Pourquoi avait-il fallu que, malgré la séparation, leur amour ait survécu ?
«-Donc je suis soit le fils de ce Edward, soit celui de Tim, conclus-je.»
Ma mère acquiesça, avant de reprendre :
«-Tu sais bien que ton père et moi avons eu des problèmes pour faire des enfants alors...»
Je savais où elle voulait en venir. Je la coupai et énonçai la simple et terrible vérité :
«-Alors je suis soit un miracle, soit un bâtard.»
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