•Chapitre 49• «I'll do it...»

J'ouvris la porte de la cabane et j'aperçus Zélina, emmitouflée dans un blouson trempé. Dès qu'elle me vit, elle se précipita dans la cabane et je la laissai entrer, sans un mot. Une fois à l'intérieur, elle se débarassa de son manteau et replaça rapidement les mèches de ses cheveux, électrifiés par la capuche qu'elle portait. Lorsqu'elle s'assit enfin sur l'une des deux chaises, elle lança, en me regardant :

«-J'étais sûre de te trouver ici.»

Je ne répondis pas, ne comprenant pas comment elle pouvait avoir l'air autant détendue et souriante. Je n'étais pas sûr qu'elle comprenne vraiment l'enjeu de ce que je venais d'assimiler.

«-Lylian, entreprit-elle devant mon silence. Qu'est-ce qui ne va pas ?»

Je dus prendre sur moi pour ne pas m'énerver. Mon calme de façade menaçait de s'envoler, mais je le maintins comme je pus.

«-Tu le savais ? lui demanda-je, sur un ton sec.»

Elle se mordilla la lèvre, mais répondis sincèrement :

«-Oui.»

Je lui en voulais de m'avoir caché cela, parce que si c'était "mon père" qui lui avait appris, elle le savait depuis longtemps. Percevant ma déception, elle s'empressa de faire remarquer :

«-Ce n'était pas à moi de te le dire.»

Elle marquait un point. Cela avait aussi dû être un choc pour elle et elle avait raison, c'était une histoire de famille et, jusqu'à confirmation contraire, elle ne faisait pas partie de la famille.

«-Qu'est-ce que tu as fait à ta main ?»

Elle désigna d'un coup de menton le bandage sur ma main.

«-J'ai frappé un miroir, avouai-je. Comment va ton poignée ?»

Même si elle portait un pull, je pouvais apercevoir le bandage que j'avais confectionné qui dépassait légèrement. Elle ignora ma question en en posant une autre :

«-Pourquoi tu as frappé ce miroir ?»

Ses yeux se figèrent dans les miens et menacèrent de m'emporter. Je me détachai d'elle difficilement :

«-J'étais en colère.»

Elle sembla étudier ma réponse et finit par lâcher un petit sourire aux lèvres :

«-C'est si horrible que ça de savoir que je pourrais être ta soeur ?»

Je ne pus m'empêcher de répondre à son sourire si franc et communicatif. Je parvins même à laisser échapper un petit rire.

«-C'est bien pire que tu ne le crois, blaguai-je, sans savoir s'il y avait de matière à rire ou non.»

Zélina croisa ses bras contre son torse, faisant mine d'être vexée. Je rigolai de plus bel en me rendant compte que cela faisait vraiment du bien.

Lorsque je retrouvai mon sérieux, Zélina reprit, d'un air plus grave. Elle faisait vraiment mature et plus que son âge quand elle prenait cet air. On avait l'impression que tout ce qu'elle avait traversé l'avait rendu plus mûre, l'avait fait grandir, aussi terrible sa vie fut-elle.

«-Tu sais, quand j'ai découvert la vérité sur la mort de mes parents, la première personne à qui j'en ai voulu, c'est toi.»

Elle marqua une pause et je me contentai de la dévisager, la gorge trop nouée pour parler.

«-J'ai rêvé que je te tuais, je t'ai détesté jour et nuit, pendant des semaines et des semaines et...»

Ses révélations firent perler des larmes aux coins de mes yeux.

«-Puis, un jour, j'ai compris.»

Elle poussa un long soupir élégiaque et secoua la tête pour laisser tomber ses cheveux derrière son dos.

«-J'ai compris que tu n'y étais pour rien.»

Elle acheva son discours sur cette phrase et je mis quelques secondes à assimiler ce qu'elle disait. Chaque mot qu'elle avait prononcé était aussi valable pour moi. Malgré tout ce qu'elle nous faisait vivre, malgré toutes ses embûches et ses problèmes, il fallait pardonner la vie, il fallait se réconcilier avec elle, parce que c'était le seul moyen d'avancer sans sombrer. Le pardon, aussi dur soit-il à donner, représente un premier pas vers la lumière.

Zélina se leva et fit quelques tours de la modeste cabane. Dehors, la pluie battait le sol, sans arrêt. Après quelques minutes de silence, Zélina lâcha :

«-Tu as changé de place des choses, non ?»

Je souris et ce fut comme si la discussion précédante n'avait pas eu lieu, comme si, quelque part, le soleil commençait à percer lacouche de nuages regorgeant d'eau.

«-Oui et j'ai fait le ménage.»

Elle acquiesça sans rien dire et remarquai que ses yeux étaient posés sur la table de bois, ou, plus particulièrement sur la petite gravure que l'on avait faite. Z + L = ♡. Cela semblait remonter à une autre vie. Tellement de choses s'étaient passées depuis ce moment, tellement de vérités avaient éclaté ; et pourtant, nous étions à nouveau ici, tous les deux, comme pour boucler la boucle.

«-Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demandai-je.»

Zélina se rassit et planta ses yeux dans les miens.

«-Est-ce que tu veux savoir ?»

Sa question resta en suspens quelques instants. Je savais très bien à quoi elle faisait allusion, mais je cherchais simplement une réponse. Est-ce que je voulais savoir ? Telle était la question.

«-Je crois, murmurai-je, assez évasif.

-Bien, alors il n'y a pas trente-six milles solutions. Tu dois faire un test ADN.»

La spontanéité de sa réponse me prit de court. Un test ADN ? Devant ma perplexité, Zélina reprit, convaincue et convaicante :

«-Quoi ? Tu ne sais pas ce que c'est l'ADN ?»

Sa moquerie m'arracha un rire et je répliquai, sur le ton du défi :

«-Acide DésoxyriboNucléique, c'est une molécule bicaténaire, composée de trois sorte de nucléotides : adénine, guanine, cytosine et...

-Thymine, compléta-t-elle. Bref, là n'est pas la question.»

Retrouvant notre sérieux, Zélina attendait une réponse. Comme je ne trouvai pas quoi dire, elle relança :

«-Alors?

-Je... je croyais que c'était que dans les films qu'il faisait ça, avouai-je.»

Elle plissa les yeux, comme à chaque fois qu'elle désirait se concentrer et énonça :

«-Je me suis renseignée et c'est tout à fait possible. Surtout si on a un médecin comme ami.»

Sa dernière phrase me fit tiquer :

«-Un médecin ?

-Matt ! s'exclama-t-elle, comme s'il s'agissait d'une évidence.

-Tu connais Matt ? m'étonnai-je, surpris de son évoquation.»

Zélina secoua la tête et un sourire se forma sur son visage.

«-Bien sûr, affirma-t-elle. Je crois qu'il plaît beaucoup à Rika.»

J'éclatai de rire. Alors là, c'était la meilleure ! Matt qui draguait la tante de Zélina ? Cette idée, bien qu'inattendue, me fit chaud au coeur. Je connaissais l'histoire tragique de Matt et je savais qu'il avait eu du mal à se remettre de la mort de son fils et du départ de sa femme. S'il prenait du temps pour voir une autre femme, cela signifiait qu'il avait réussi à tourner la page et avancer. Ilavait réussi à cesser de regarder son passé avec regret et tournera tête vers le futur. Et, s'il avait réussi cela, j'étais sûr que, moi aussi, j'en étais capable.

Je relevai la tête et regardai Zélina droit dans les yeux, soudain certain de mon choix :

«-Je vais le faire.»

~~~

Je publie aujourd'hui parce que demain, avec Noël, ça risque d'être un peu  compliqué. J'espère que le chapitre vous a plu ! Je publie la suite mercredi (normalement).

Je vous souhaite de bonnes fêtes et un joyeux Noël !

À très vite !

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