•Chapitre 13• «Sad and lost...»

Je clignai plusieurs fois des yeux, tout en me demandant où j'étais. Puis, je me rappelai. L'étrange ambiance de l'hôpital, le message de ma mère, la tentative de me lever, la chute... Pourtant, j'étais allongé dans mon lit. Quelqu'un avait du me rallongé. Ma vision venait tout juste de retrouver sa netteté. Je crus d'abord que j'étais seul, puis je remarquai que quelqu'un se trouvait juste à côté de moi, assis sur la chaise habituellement occupée par ma mère. Sauf qu'il ne s'agissait pas de ma mère, il s'agissait de Thomas.

J'émis un grognement et Thomas sursauta.

«-Lylian ! Tu t'es réveillé ! Comment vas-tu ? J'ai cru...

-Ça va ! le coupai-je, ce qui était tout à fait faux, car j'avais la désagréable sensation d'avoir été aspergé d'acide pur.»

Thomas se tut et baissa la tête. Je soupirai. Allait-il me refaire son numéro du gars désolé ?

«-Qu'est-ce que tu fais là ? lui demandai-je, d'une voix un peu trop douce à mon goût.»

Je ne voulais pas qu'il s'imagine que j'étais heureux de le voir ici, même si, à dire vrai, je ne savais pas vraiment, mais j'avais l'impression que sa présence me soulageait.

«-Je... j'ai cru que c'était toi...»

Je fronçai les sourcils. De quoi parlait-il ?

«-Quoi ?»

Thomas croisa mon regard et parut étonné de mon incompréhension.

«-Le gars qui s'est suicidé, j'ai cru que c'était toi.»

Le gars qui s'est suicidé ?

Je ne comprenais plus rien. Devant mon visage qui affichait de plus en plus d'incompréhension, Thomas reprit, patiemment :

«-Tu n'es pas au courant ?

-De quoi ? fis-je, en commençant à être énervé par tant de mystères et de phrases détournées.»

Thomas soupira avant de se passer une main dans ses cheveux bruns.

«-Un des patients de cet hôpital s'est suicidé pendant la nuit.»

Sa révélation eut l'effet d'une bombe en moi, puis tout me parut d'un coup plus clair : l'air soucieux de Matt, l'ambiance morbide de l'hôpital, la mise en garde de ma mère qui préférait me laisser en dehors de cette affaire...

Je parvins tout juste à articuler :

«-Et tu as cru que c'était moi ?»

Mon ex-meilleur ami hocha la tête. Je sus alors que je ne m'étais pas trompé. Thomas tenait à moi. Bien plus que je ne l'avais cru. Je secouai la tête, avant de lui demander :

«-Est-ce que tu peux envoyer un message à Ashley pour lui dire que je vais bien, elle doit s'inquiéter.»

Thomas acquiesça et fit ce que je lui demandai, avant de lancer, un peu hésitant :

«-C'est ta petite amie ?»

Mauvaise question, faillis-je rétorquer, mais, il ne pouvait pas savoir après tout.

«-Non, c'est ma cousine, lâchai-je, calmement.»

Thomas hocha la tête, sentant qu'il venait de toucher quelque chose de sensible, mais n'ajouta rien et je lui en fus reconnaissant.

Chose faite, il reposa mon téléphone, mais je vis qu'une question lui brûlait les lèvres. Et j'avais déjà ma petite idée sur quoi elle portait. Je finis par lâcher :

«-Que veux-tu me dire ?»

Thomas parut gêné, mais il répondit quand même à la question :

«-C'est qui "mon rubis" dans tes contacts ?»

J'eus un pincement au coeur quand je lâchai :

«-C'était ma petite amie.»

J'insistai bien sur le c'était afin de ne laisser aucune ambigüité.

Un silence gêné s'installa et je ne fis pas l'effort de le briser. Thomas, n'aimant visiblement pas laisser le silence s'installer, le brisa, les yeux rivés sur ses mains :

«-Désolé.»

Le silence reprit, comme s'il n'avait pas été interrompu. Finalement, ce fut l'arrivée de ma mère, accompagné par Matt qui vint redonner à la chambre un peu de vie. Je remarquai aussitôt que ma mère était inquiète, touchée par les évènements. Matt, quant à lui, tentait de garder un air purement médical et neutre, mais je voyais bien que ce qu'il s'était passé le tourmentait.

Les yeux de ma mère vinrent se figer sur Thomas et elle fronça les sourcils, se demandant sûrement ce qu'il faisait là. Ce dernier se leva, un air d'excuse scotché sur son visage :

«-Je... désolé. Je n'aurais pas du entrer comme ça, mais je voulais m'assurer que Lyl' allait bien.

-Lylian, rectifiai-je, sèchement.»

Ni ma mère, ni Thomas ne relevèrent mon interruption. Ma mère se contenta de me lancer un regard protecteur et je lâchai, froidement :

«-C'est bon, je sais ce qu'il s'est passé.»

Matt frotta ses mains l'une contre l'autre, avant de commenter, calmement :

«-Tout est entré dans l'ordre.»

Alors, pourquoi tu sembles si inquiet ?

Je me gardai bien de lui poser la question. Ma mère reprit :

«-Ta cousine m'a appelée, elle semblait très inquiète.

-Je lui ai envoyé un message pour lui dire que j'allais bien, dis-je, sans émotion.»

Tous hochèrent la tête et le silence revint. Cependant, cette fois, ce fut moi qui le brisa :

«-J'ai essayé de me lever, mais je suis tombé.»

Je ne savais pas pourquoi je disais cela. Aussitôt, ma mère me sermonna :

«-Lylian ! Tu n'aurais pas du ! Enfin... comment tu as fait pour te relever ?»

J'échangeai un regard avec Thomas, mais ce dernier baissa presque aussitôt les yeux :

«-Thomas m'a aidé.»

Ma mère remercia alors avidement Thomas comme s'il venait de me sauver la vie. Matt s'approcha de moi et me demanda :

«-Tu as réussi à te mettre debout ?

-Non, mes jambes ne soutenaient pas mon poids, dis-je, amèrement.»

Matt hocha la tête et tenta de me rassurer :

«-C'est tout à fait normal au début. Ne t'en fais pas, quelques séances de rééducation et tout redeviendra comme à la normale.»

Je faillis lui dire que plus rien ne serait jamais comme avant, mais je préférai me taire, devant son attitude positive. Il inspecta rapidement mes jambes et finit par dire :

«-Tu as de la chance, la chute n'a eu apparemment aucune conséquence sur ton corps.»

Pour une fois que j'ai de la chance !

Thomas jeta un œil à son portable et lâcha, embarrassé :

«-Il faut que j'y aille, ma mère vient de me harceler de messages et elle ne semblait pas très contente.»

Ma mère échangea quelques banalités avec lui, puis il se retira, non sans me lancer un de ses regards désolés.

Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Matt de s'éclipser, sous de vagues excuses. Mon père fit son entrée une demi-heure plus tard, l'air énervé :

«-Tu aurais pu m'appeler quand même ! J'ai vraiment cru qu'il...

-Pas devant lui, supplia ma mère.»

Je fis mine de ne pas avoir entendu, légèrement froissé par la réaction de mon père. Il apprenait que son fils allait bien et c'était comme cela qu'il nous le faisait comprendre ? Merci l'amour ! Voyant qu'une dispute allait sûrement éclater entre mes deux parents, je m'interposai aussitôt :

«-C'est bon, Pa' ! Je vais bien.»

Ce dernier, jusqu'alors tourné vers ma mère me jeta un regard et lança :

«-Heureusement !»

Au ton de sa voix, cela sonna plus comme une menace qu'un soulagement, mais je le pris tel quel. Il finit par se calmer et vint s'asseoir près de moi, l'air tout à coup plus protecteur. Je compris qu'il avait du s'inquiéter pendant la journée et je m'en voulus de ne pas lui avoir envoyé un message à lui aussi.

Le soir, alors que mes parents, réconciliés, avaient décidé de s'offrir un restaurant, Matt revint. Je remarquai aussitôt que quelque chose n'allait pas. Il réalisa les examens du soir, sans piper mot et m'apporta à manger, sans commentaire. Alors que j'entamai la sorte de bouillie traditionnelle de l'hôpital, je finis par poser ma fourchette et lui demandai :

«-Qu'est-ce qu'il y a ?»

L'intéressé leva la tête, comme si je venais de l'interrompre de ses pensées. Il secoua la tête, mais finit quand même par m'apprendre, la voix morne :

«-Le patient qui s'est suicidé... C'était un des miens.»

Je me mordis la lèvre.

«-Désolé... Tu le connaissais bien ?

-Ce n'est pas ça le plus grave.»

Il me prit au dépourvu. Il pouvait y avoir plus grave que cela ?

«-Mon chef refuse que je m'occupe de toi désormais.»


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En média : Matt Elliott (Martin Henderson)

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