•Chapitre 12• «Something changed...»
Deux jours passèrent. Ils se ressemblaient tous, tant parce que les rituels médicaux étaient les mêmes que parce que je ne reçus aucune visite pendant ces deux jours. Ashley semblait avoir disparu de la circulation et je n'eus pas à faire une seconde fois à Anaïs. Quand à Thomas, notre rencontre sembla bel et bien être la dernière et même mes parents n'en reparlèrent pas.
Au cours de ces deux jours, mon corps fit quelques progrès et je pouvais désormais me redresser sans trop de douleur. J'avais appris à manger à nouveau par moi-même et Matt me dit que je faisais beaucoup de progrès. Selon lui, mes séances de rééducation devraient pouvoir débuter dans quelques semaines si tout allait bien.
Ce matin, cependant, quelque chose sembla changer par rapport à d'habitude. Peut-être était-ce parce que Matt vint à 10h30 me voir au lieu de 8h. D'ailleurs, quand il vint, il parut soucieux, mais je n'eus pas eu pas le cœur à lui en demander la raison. Il réalisa rapidement les examens quotidiens, sans ouvrir la bouche, comme plongé dans ses pensées. Pas une seule fois il tenta de croiser mon regard et je me demandai même s'il ne cherchait pas à m'éviter. Alors que d'habitude, il prenait le temps de me demander si je ressentais quelques douleurs où si je parvenais à bouger une nouvelle partie de mon corps, ce jour-là, il se contenta de palper mes muscles de manière pas très douce, si bien que je retins difficilement des gémissements.
Les examens réalisés, il partit, sans demander son reste. Je passai ensuite le reste de ma matinée à surfer sur les réseaux sociaux, chose qui bizarrement ne m'avait pas du tout manqué pendant cette dernière semaine. À vrai dire, je pensais même les supprimer, n'en voyant plus l'utilité. Sur Facebook, je vis que j'avais pas mal de notifications mais je n'eus pas le cœur à répondre à tous les messages qu'on m'avait envoyé. Par ailleurs, j'appris que nos voyageurs étaient rentrés des Etats-Unis, hier. Les photos qu'ils affichaient montraient qu'ils avaient du dû passer un bon temps. Je regardai plus particulièrement les photos qu'avait postées Elsa, mais elles ne m'apprirent rien sur ce que pouvait vivre Zélina en ce moment.
Soudain, une notification s'afficha sur mon écran. C'était un message, d'un numéro inconnu. Cependant, je n'eus aucune peine à identifier la source.
De +33678902356 : Lylian, laisse moi une chance. S'il te plaît.
Je soupirai. Pendant ces deux longs jours, j'avais espéré secrètement que Thomas revienne. Notre amitié me manquait énormément et, plus le temps passait, plus je me disais que nous rations quelque chose. Au fond de moi, malgré ce que ma raison me martelait sans cesse, je voulais le retrouver, retrouver ce que nous étions avant ce jour, retrouver notre lien si puissant. Thomas avait été bien plus qu'un ami pendant toutes ces années, il avait été un pilier, une personne sur laquelle je pouvais compter, jusqu'à ce jour...
Je secouai la tête, pour éviter que les souvenirs n'affluent trop douloureusement. Je ne voulais pas avoir à revivre cela. Ça avait déjà été assez douloureux comme ça.
Ne sachant pas quoi lui répondre, je tapai, machinalement.
À +33678902356 : Je ne suis pas prêt Thomas, pas maintenant, pas encore.
Je posai mon téléphone, sentant mes yeux s'humidifier. Il y avait tellement de choses que l'on devait se dire, tellement de chose qu'on aurait dû se dire...
Soudain, je fronçai les sourcils. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que quelque chose n'allait pas. Une sorte d'ambiance malsaine venait de s'insinuer dans ma chambre, comme s'il s'agissait d'un odeur mesquine. Ne pouvant pas me lever, je repris mon téléphone et envoyai un message à ma mère partie chercher un café.
À Mum : Il se passe quoi ?
Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais la nette impression que l'on essayait de me cacher quelque chose, quelque chose qui était en train de se tramer dans cet hôpital étrangement silencieux et... tendu.
Le message que je reçus quelques minutes plus tard ne fit qu'attiser davantage ma curiosité.
De Mum : Ne sors pas de ta chambre, trésor.
Quoi ? Elle était sérieuse là ? Se rappelait-t-elle que j'étais cloué à ce lit et que je ne pouvais à peine me redresser sans souffrir le martyr ? Une sorte de colère pure coula dans les veines. Que se passait-il bordel ? Matt était trop distant et préoccupé depuis ce matin pour que ce ne soit pas grave et le fait que la mère me mettait à l'écart ne me rassurait pas du tout.
Je reposai mon téléphone. Je savais que je ne tirerais rien de ma mère et, comme mon père était au travail, je ne pouvais compter que sur moi-même. Une détermination nouvelle s'insinua en moi : j'allais découvrir ce qu'il se passait dans cet hôpital, car j'avais la désagréable impression que cela avait quelque chose à voir avec moi.
Avec quelques difficultés, je me redressai. Reprenant rapidement mes esprits, je m'occupai alors de retirer la couverture blanche qui me couvrait. Mon corps était très maigre, mais j'avais l'habitude de le voir puisque tous les deux jours, une infirmière passait pour me laver. Si au début cela me gênait par souci de pudeur, j'avais fini par m'y habituer. Avec mon doigt, je caressai le bandage qui couvrait mon torse, ainsi que l'attelle qui me tenait la jambe gauche.
Je parvins difficilement à m'asseoir sur le bord du lit. Cela me coûta tellement d'efforts que je dus m'immobiliser quelques secondes afin de reprendre mes esprits et mes forces. Je fermai les yeux. Le plus dur restait à venir : me mettre debout. Je me demandai si j'avais assez de force pour le faire.
À l'aide de mes mains, je m'avançai vers le rebord du lit, jusqu'à ce que mes pieds touchent la surface froide et dure du sol. Ce contact nouveau et vivifiant fit remonter en moi un frisson de froid. Enfin, prenant mon courage à deux mains, je me propulsai avec mes mains et me retrouvai debout. L'espace de quelques secondes, je crus que tout s'était bien passé, puis mes jambes cédèrent sous mon poids, plus habituées à me supporter. Je me rattrapai comme je pus à la petite table de chevet située près du lit, mais je me retrouvai quand même à genoux sur le sol.
Une douleur atroce me paralysa et je demeurai ainsi, genoux à terre, mains sur la table, les yeux fermés, à tenter de contrôler mon corps. J'essayai alors de me relever, mais c'était peine perdue, mon corps refusa d'obéir. J'éclatai alors en sanglots, pas tant pour la douleur, mais surtout parce que j'avais l'impression d'être totalement impuissant, j'étais soumis à mon corps, je ne contrôlais plus rien.
Je réitérai l'essai une seconde fois, sans succès. Les larmes brouillaient ma vue. J'étais trop loin pour appuyer sur le bouton qui appellerait une infirmière ou un médecin et mon téléphone était malheureusement de l'autre côté de mon lit.
Dans un ultime effort, je mis tout mon poids sur mes jambes, espérant au moins atteindre mon lit, mais, une fois encore, elles cédèrent sous moi. Cependant, cette fois-ci, je n'eus pas le temps de me rattraper et je m'effondrai sur le sol. Ma tête claqua contre le carrelage et une douleur suraigüe fit tanguer ma vision.
Juste avant que je m'évanouisse, je vis quelqu'un pénétrer dans ma chambre. Trop maigre pour que ce soit un adulte... Ce fut ma dernière pensée.
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