WICKED GAMES - CHRIS ISAAK


Une voix grave, une lithanie insupportable.

- Alec ! Putain, réveille-toi !

L'exclamation s'insinua dans les oreilles d'Alec pour venir percer son sommeil. Ses rêves éclatèrent comme des bulles de savon, laissant à nu la réalité du jour qui s'imisça dans son esprit avec la même rapidité mortelle d'un essaim d'abeilles. Alec grimaça, la tête plongée dans la douceur moelleuse de son oreiller.

- Alec !, insista la voix.

Le brun se réveilla en sursaut. La lumière du soleil levant qui filtrait à travers les fenêtres aux rideaux tirés l'aveugla un instant et il mit sa main devant ses yeux pour apercevoir Jace qui le secouait sans ménagement.

- Et si j'étais nu ?, s'indigna-t'il d'une voix rocailleuse (la voix du matin).

- Putain ramène-toi et en vitesse !, lui cria Jace dans les oreilles en lui vrillant les tympans.

- C'est pourquoi ?, grimaça Alec en se passant la main dans ses cheveux ébourriffés qui partait dans tous les sens.

- Calypso, lui répondit Jace avant de sortir de la chambre.

Alec fronça les sourcils, soudain parfaitement réveillé. Quelque chose dans le ton qu'avait employé Jace, le troublait et il connaissait assez son quasi-frère et parabatai pour savoir ce qu'il ressentait.

Quelque chose de grave venait de se passer. Et ce quelque chose concernait Calypso.

Aussi vite qu'il le put, Alec rabattit les draps sur le côté et se leva avec tant de vigueur qu'il en eut un vertige. Il enfila les vêtements qui lui tombèrent sur la main (un jogging noir et un t-shirt gris aux manches longues, totalement inadaptés pour le temps qu'il faisait mais sur le coup, il n'en avait rien à faire) et ses chaussures sans mêmes faire ses lacets. En sortant en trombe de la pièce, il se dit que ce qu'il se passait, quoi que ce soit, n'était que la conséquence d'une autre de ses innombrables erreurs.

L'agitation dans l'Institut était à son comble, jamais Alec n'avait vu pareille scène. Les Chasseurs d'Ombres s'étaient tous rassemblés à la salle de contrôle, le bruit de leurs conversations lui donna immédiatement la migraine. Le couloir était étonemment vide et, en tournant la tête, il vit moins d'une dizaine de personnes qui s'affairaient à rentrer et à sortir de l'infirmerie. Alec s'y dirigea à grandes enjambées et saisit Raje par la manche pour lui demander des explications lorsqu'il la vit enfin.

Un court instant, il crut qu'elle était morte. Elle était allongée sur le côté, toussant sans discontinuer des innombrables gouttes de sang, sang qui poissait également ses cheveux blonds, leur donnant l'aspect et la couleur de la rouille. Un médecin s'efforçait de bander son épaule gauche, sans succès, tant les spasmes qui secouaient son corps à chaque quinte de toux étaient puissants. Il ne l'aurait jamais reconnu sans ses yeux, deux bouées mauves dans l'océan déchaîné.

Elle le vit, et tendant faiblement de tendre le bras vers lui, le faisant accourir.

- Alexand..., croassa-t'elle avant d'être repris d'une nouvelle quinte de toux.

Il fut aspergé de sang, de son sang. Le choc et la brutalité de la scène le laissèrent muet, totalement hagard. Brusquement, un des médecins sortit une seringue remplie d'un liquide transparent et la planta dans le cou de Calypso. Cette dernière se redressa brusquement, le dos arqué, et se mit à pousser des hurlements de douleur avant de brusquement retomber en arrière, inconsciente.

- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?, s'écria Alec. Bon Dieu de merde, qu'est-ce qui s'est passé ?

Les soignants continuèrent de s'affairer autour de Calypso sans prêter attention à lui. Un garde le prit par la manche pour le mettre dehors, et fou de rage, Alec lui décocha un coup de poingt en pleine machoire, le mettant directement au sol. Le silence se fit dans la pièce et tout le monde leva la tête vers lui.

- Je suis le directeur de cet Institut !, cria-t'il. Alors putain quelqu'un va m'expliquer ce qu'il se passe ou , par l'ange, je vous jure que vous finirez tous à la Cité des Os d'ici ce soir !

Tous se regardèrent quelques secondes encore puis, finalement, le chef des médecins, Nick Clavin, prit Alec par le coude pour l'entraîner hors de la pièce alors que ses confrères continuaient de s'affairer autour de Calypso. Ils échouèrent dans le bureau d'Alec et, une fois la porte fermée à double tour, le brun s'affaissa sur la première chaise qu'il vut. Son t-shirt était couvert de sang qui commençait à sécher et l'odeur qui s'insinuait dans ses narines lui donnait la nausée.

- Hier soir, vers 2 heures du matin, une Chasseuse d'Ombres qui faisait sa ronde, Ingrid Eastwood, a trouvé son corps à Central Park, expliqua Clavin en se triturant nerveusement l'ongle du pouce. Elle était couverte de sang et son coeur battait à peine. Il y avait des traces de sang démoniaque sur place.

- Jonathan ?, demanda Alec en relevant la tête.

Clavin hocha la tête et sortit une série de trois photos qu'il disposa sur le vois verni. Alec se pencha pour mieux les examiner.

- Ce sont des runes, constata-t'il. Mais je ne les ai jamais vues.

- Peu de gens en ont vu ailleurs qu'en dessin, dit Clavin. Ce sont des runes de connexion mentale. Elles sont extrêmement douloureuses, parfois même mortelles et permettent à deux personnes d'être connectées d'âme et d'esprit. On en a retrouvé une sur l'épaule de Calypso.

- Merde, souffla Alec. Putain de merde...

- Je ne te le fais pas dire, acquiesça Nick en se levant. Plus le temps passera, plus Calypso deviendra semblable à Jonathan - avec sa folie meurtrière et tout ce qui va avec.

- Il n'y a aucun moyen de l'enlever ?, demanda Alec, désespéré. Toutes les runes peuvent s'effacer, non ?

- Je n'en aucune idée Alec, annonça tristement Clavin. Par contre, les Frères Silencieux pourraient sûrement le savoir. Je leur ai déjà écrit.

Alec soupira et se frotta les yeux, déjà épuisé.

- Merci Nick.

- Alec, elle va s'en sortir, tenta ce dernier pour le rassurer. Elle a déjà survécu à pire.

" Oui", se dit amèrement Alec. " Mais ce coup-ci, je pourrai vraiment la perdre".

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