Il était assis là depuis des heures, sans bouger, sans parler, sans rien faire, si ce n'est jeter une balle contre le mur et la rattraper au vol quand elle rebondissait. Ses yeux ne laissaient rien transparaître, son visage était totalement impassible. Il avait l'air d'un jeune homme normal et innocent avec ses boucles blondes, son teint clair et son air mutin, et aurait pu croire qu'il l'était si tout le monde ne savait pas ce qu'il avait fait. Il avait tué, torturé, mutilé des dizaines de personnes et après ce qu'il avait fait à Calypso, la haine contre lui avait encore plus grandi. S'il avait été mit dans une des cellules spéciales, c'était presque plus pour sa propre sécurité que celle des autres. Il ne devait pas mourir, pas avant d'avoir été interrogé.

Alec le considérait pensivement depuis une dizaine de minutes, appuyé contre un mur, les bras croisés sur la poitrine. Alors le voilà, songeait-il, Jonathan, le démon supérieur, le frère de Calypso, celui qui lui avait fait tant de mal, qui l'avait soumis à sa volonté contre la sienne. Il aurait vraiment aimé le tuer. Il aurait adoré serrer ses mains autour de son cou jusqu'à sentir os et cartilages craquer sous sa poigne ou bien enfoncer une de ses flèches à travers son coeur jusqu'à ce que la pointe ressorte dans son dos. Ç'aurait été jouissif pour lui mais il ne pouvait pas. Il avait besoin de lui pour retrouver Calypso et il comptait bien le garder en vie jusqu'à ce qu'il lui dise ou elle se trouvait, même s'il fallait le torturer pour cela.

- Il n'a rien dit ?, demanda Isabelle en apparaissant derrière lui.

Alec secoua la tête sans quitter Jonathan des yeux.

- Il n'a rien fait à part jeter cette foutue balle contre le mur une bonne centaine de fois marmonna-t'il. Il a passé la nuit ici, quand est-ce que vous comptez l'interroger ?

- Maintenant, répondit la brune en feuilletant les dossiers qu'elle tenait dans sa main. On ne pouvait pas le faire avant, pas avant d'avoir toutes les autorisations. L'affaire est remontée jusqu'aux hautes instances de l'Enclave. Ça intéresse beaucoup d'Inquisiteurs.

- Vraiment ?, s'étonna Alec, un peu surpris.

- Ça ne me surprend pas, avoua Isabelle avec un haussement d'épaule. Si l'Enclave perd Calypso...

Elle ne finit pas sa phrase. Ce n'était pas la peine.

Alec prit une profonde inspiration. Il tentait de se persuader que c'était le mieux à faire, qu'Izzy était la plus qualifiée de tout l'état de New-York pour interroger Jonathan, qu'elle était la seule capable de le faire parler. Si c'était seulement possible.

Isabelle glissa quelques mots au gardien qui hocha la tête et ouvrit porte blindée pour la laisser entrer dans la cellule. Intrigué, Alec s'approcha pour mieux écouter leurs échanges.

- Bonjour Jonathan, commença Isabelle d'une voix neutre. J'ai été envoyée par l'Enclave pour vous évaluer.

Jonathan ne broncha pas et resta dans la même position. Alec vit Izzy jeter un coup d'oeil nerveux à ses notes.

- Parlez moi un peu de vous, proposa-t'elle en s'asseyant sur une chaise face à lui. Votre enfance, adolescence... Comment cela s'est passé ?

Un sourire amusé naquit sur les lèvres de Jonathan et lentement, il tourna la tête vers Isabelle. La jeune femme soutint son regard, le visage impassible et son sourire s'accentua.

- Comment vous appelez-vous ?, demanda-t'il en recommençant à lancer sa balle.

- Isabelle Lightwood.

- C'est un joli nom, s'esclaffa-t'il. Un bien joli prénom...

Izzy ne dit rien.

- Et bien, Isabelle, vous seriez gentille de cesser ces jeux inutiles. Je ne vous dirai rien.

- Vous n'avez pas le ch..., répliqua Izzy en fronçant les sourcils.

- Et dites-lui de ma part, la coupa-t'il d'une voix égale mais ferme, qu'il peut l'oublier. Parce que c'est ce qu'elle a fait pour lui.

Alec serra les poingts alors que Jonathan levait la tête vers la vitre. Elle était fumée, il ne pouvait pas voir à travers mais pourtant, Alec eut le sentiment d'être observé jusqu'aux tréfonds de son âme, d'être passé aux rayons X.

- Tu ne l'auras jamais, articula-t'il sans cesser de sourire. Jamais.

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Au même moment, dans le nord de Brooklynn

Avec lenteur et précision, Calypso fit glisser la pierre qu'elle tenait en main le long de son épée, produisant un son métallique qui résonna dans toute la pièce. Elle leva l'arme devant elle de manière à l'exposer à la lumière du soleil qui filtrait à travers les rideaux fins et la tourna doucement pour faire réfléchir les rayons sur les murs. Satisfaite, elle passa à l'autre face de la lame et reproduit le même geste de façon à polir sa lame. Elle voulait voir le sang de ses victimes couler dessus quand elle sauverai Jonathan.

Car oui, elle comptait bien le ramener auprès d'elle. Qu'importe s'il fallait qu'elle tue au passage, elle n'en avait que faire. On lui avait prit son frère et elle comptait bien répandre le sang pour aller le chercher.

Le monde devait savoir que rien ni personne ne pourrait jamais les séparer.