SHE WOLF - DAVID GUETTA AND SIA
https://youtu.be/Zec28Gd5fls
Lorsque Calypso entra dans le Balmoral, l'établissement était vide. Il était aux alentours de 14 heures, le coup de feu de midi venait de passer, et les quelques serveurs et serveuses présents discutaient tranquillement dans la salle de style diner américain, attablés avec quelques milk-shakes devant eux. Elle s'installa au comptoir et en attendant que quelqu'un vienne prendre sa commande, elle tourna les tête sur le côté pour les observer discrètement. Une en particulier attira son attention. Elle lui ressemblait beaucoup avec ses cheveux blonds coupés en un carré souple et ses grands yeux clairs mais elle avait quelque chose en plus qu'elle, quelque chose qu'elle n'arrivait pas à identifier. Peut-être était-ce dans son rire cristallin aux accents presque musicaux, la façon dont ses yeux se plissaient quand elle riait, celle dont elle regardait un de ses collègues, un mélange d'espoir prudent et d'admiration.
L'innocence. Elle était encore une enfant qui apprenait les choses de la vie, elle avait gardé son innocence infantile. " Quand est-ce que j'ai perdu la mienne ?", se demanda Calypso. Était-ce quand elle avait vu ses parents se faire tuer ? Quand elle avait perdu son oncle, la seule famille qui lui restait ? Ou quand son frère s'était insinué dans son esprit ?
" Quelle famille, putain ", songea-t'elle.
- Calypso !, s'exclama une femme brune aux douces rondeurs derrière le comptoir. Ça fait longtemps !
- Salut Chris, répondit Calypso en lui souriant. J'étais pas mal occupée en ce moment.
- J'imagine !, dit-elle en lui faisant un clin d'oeil. Tu prendras la même chose que d'habitude ?
- Non, non, juste un café noir. J'ai besoin de me réveiller, se justifia-t'elle avec un sourire penaud.
- Eefje !, cria Chris à la blonde que Calypso avait remarqué. Tu me prépares un café noir !
La jeune fille se leva précipitement pour aller se réfugier en cuisine. Calypso la suiva du regard, fascinée par sa pureté.
- Ton petit ami n'est pas avec toi ?, la questionna Chris en décapsulant une bouteille de Coca pour en prendre une gorgée. Le grand brun, là, comment il s'appelle déjà ? Alex ?
- Alec, rectifia Calypso en souriant. Non, il est occupé au boulot.
- Qu'est-ce qu'il fait ? Comme travail, je veux dire.
- Il, euh... Il bosse dans une boîte privée, inventa-t'elle.
Eefje revint rapidement avec la tasse de café qu'elle déposa devant Calypso avec mille précautions. Cette dernière la remercia d'une ébauche de sourire avant de boire une gorgée du liquide brun qui lui brûla la langue et les lèvres. Chris la considéra quelques instants avant d'ouvrir la bouche pour parler lorsque des cris se firent entendre dans la rue. Les deux femmes tournèrent la tête en même temps pour voir la foule de gens qui peuplaient le centre-ville de Bruxelles comme d'habitude se bousculer pour fuir en hurlant et courant dans tous les sens.
- Mais qu'est-ce qui se passe ?, s'exclama Chris, abasourdie.
Calypso finit son café d'un trait et se leva pour sortir du restaurant, abandonnant sa tasse sur le comptoir.
- Mais qu'est-ce que tu fais ?, s'écria Chris sans comprendre. Calypso !
- Reste ici avec tes employés et ne sortez pas Chris, lui dit-elle laconiquement avant de sortir.
En arrivant sur le trottoir, elle se fit violemment bousculer par tous les gens qui fuyaient mais au lieu de les imiter, elle se dirigea vers l'endroit d'où elle venait. Les rues offraient un triste spectacle de désolation : terrasses vidées de clients, portes fermées à double tour ou au contraire laissée ouvertes dans la précipation, chaises et tables renversées, effets personnels abandonnés sur les pavés. Calypso distinga une chaussure de bébé au sol et prit une grande inspiration.
Elle le vit enfin au bout de la rue Neuve, la grande rue commerçante de Bruxelles. Dos à elle, il lui exposait parfaitement ses ailes d'anges, noires comme la suie, comme devait sûrement l'être son coeur. Il avait vraisemblablement pris le même chemin qu'elle, quelques cadavres jonchaient le sol, parmi eux, deux policiers en uniforme qui, elle le supposait, avaient essayé de l'arrêter et l'avaient payé de leurs vies, une femme d'une quarantaine d'années serrant son sac contre sa poitrine et un enfant qui ne devait pas dépasser les onze ans, vêtu d'un t-shirt Spider-Man et coiffé d'un casque JVC, comme pour montrer qu'il n'avait pas vu la mort venir. Calypso prit une profonde inspiration et s'arrêta.
- Jonathan !, cria-t'elle d'une voix forte qui résonna sur les murs.
Il s'arrêta et se retourna vers elle avec une lenteur infinie. Elle était à une trentaine de mètres de lui mais pouvait néanmoins très bien voir le sourire qui s'était dessiné sur son visage. Il resta silencieux à la regarder fixement de longues secondes qui s'écoulèrent au rythme de siècles puis s'envola brusquement pour attérir en face d'elle.
- Je savais que tu allais venir, lui dit-il d'une voix triomphante. Je savais que tu ne pourrais pas t'en empêcher.
- On est pareils, non ?, rétorqua-t'elle.
Son sourire s'accentua et il s'esclaffa doucement en secouant frénétiquement la tête.
- Non, on n'est pas pareils, réfuta-t'il, amer. Je ne sais même pas si on l'a été un jour.
- Jonathan, arrête tout cela, l'exhorta-t'elle. Ça ne sert à rien et des gens sont morts pour rien.
- Pour rien ?, répéta-t'il en s'avançant encore un peu plus.
- Oui pour rien, répliqua-t'elle en soutenant son regard. Ces gens étaient innocents, tu n'avait pas le droit de leur ôter la vie ! À quoi ces carnages auront servi ?
- À attirer ton attention, bien sûr, répondit-il sur le ton de l'évidence. La preuve, tu es là.
Calypso baissa la tête, les poings serrés jusqu'à ce que ses ongles viennent presque percer sa peau. Elle inspira profondément et planta ses yeux dans ceux de Jonathan.
- Continue si ça te chante alors. Dans tous les cas, je serai là pour t'arrêter. Et si ça doit causer ta mort, je ne changerai pas d'avis.
- Viens alors, la défia Jonathan. J'ai tellement attendu ce moment petite soeur. Et crois-moi que je n'hésiterai pas non plus au moment de te tuer.
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