NATURAL - IMAGINE DRAGONS
- ... abandonnées. C'était Manderley, notre Manderley, secret et silencieux tel qu'il l'avait toujours été, sa pierre grise luisant au clair de lune de mon rêve, ses fenêtres...
La lumière de la lune filtrait à travers le toît transparent de la Bibliothèque de Verre pourtant, Calypso avait l'impression d'être en plein milieu de la journée. Elle était allongée, sa tête reposant sur le torse d'Alec, lui-même assis sur un des nombreux canapés qui peuplaient l'endroit. Sa voix calme et posée emplissait ses oreilles alors qu'il lisait à voix haute Rebecca de Daphné du Maurier, le livre d'un de ses films préférés (Rebecca d'Alfred Hitchcock). Son ventre se soulevait au rythme de sa respiration contre la tête de Calypso, qui sentait le tissu du t-shirt d'Alec contre sa joue.
Elle ferma les yeux et tout disparut, excepté la voix d'Alec, qui la berçait.
- ... nos peurs et nos souffrances étaient enfouies parmi les ruines. Il n'y aurait pas de résurrection. Lorsque je pensais à Manderley durant... Oh, quoi encore, à la fin ?
La bulle éclata. Calypso ouvrit les yeux, surprise par cette exclamation. La sonnerie d'un téléphone couvrait tous les bruits qui auraient pu atteindre son ouïe. Le visage d'Alec s'était renfermé, il prit l'appel d'un geste rageur qui témoignait de son agacement.
- Qu'est-ce qu'il y a ?, fit-il d'une voix percée par un soupçon de lassitude. Encore ? Où ça ?
Il s'était relevé, abandonnant Calypso sur le canapé. Elle vit ses yeux s'écarquiller, elle y lit le désarroi et l'incompréhension.
- OK, soupira-t'il. Oui, elle est avec moi. On arrive.
Il raccrocha et, lentement, se passa les mains sur le visage pour venir les perdre dans ses cheveux. Et là, Calypso sut. Elle sut qu'une autre victime du démon supérieur venait d'être découverte. La troisième en moins de deux semaines. Elle se mordit la lèvre inférieure.
- Où ?, demanda-t'elle d'une petite voix.
- TriBeCa, répondit-il. Un vampire cette fois-ci.
Calypso hocha la tête et, sans dire un mot, elle se leva du canapé et se rendit dans sa chambre où elle ressortit vêtue d'une veste en velours côtelé bordeau avec un col en fausse fourrure de mouton. Elle chaussa ses bottines noires et rassembla ses cheveux en une rapide queue de cheval.
- On y va ?, fit-elle d'une voix douce à Alec.
Le brun hocha la tête. Elle ouvrit un portail et, ensemble, ils se retrouvèrent à TriBeCa, un des quartiers les plus touristiques de New York, là où tous les hotels de luxes se trouvaient. Une dizaine de Chasseurs d'Ombres, dont Clary, Jace et Isabelle étaient déjà sur place, accompagnés par cinq vampires. Calypso reconnut avec surprise Raphaël parmi eux puis se rendit à l'évidence. Il fallait bien que quelqu'un identifie le corps.
- Il s'appelle Marcus, dit d'emblée Isabelle sans daigner saluer son frère. C'est un vampire du secteur de Brooklynn. Il a été aperçu pour la dernière fois hier en soirée à Park Avenue. C'est une Chasseuse d'Ombres qui l'a découvert. Il doit être mort depuis deux heures au maximum.
- De quoi est-il mort ?, demanda Alec.
- Il... Le corps est en trop mauvais état pour le savoir, souffla Isabelle en se mordant la lèvre.
Les Lightwood continuèrent à discuter des détails techniques et administratifs mais Calypso ne les écoutait plus. Elle s'écarta discrètement du groupe et poursuivit son chemin seule jusqu'au bout d'une ruelle vide à l'exception d'un Chasseur d'Ombres qui prenait des notes dans un coin. Une odeur de pourriture et de sang l'accueillit et elle dut se retenir pour ne pas vomir tant c'était infect. Et c'est là qu'elle le vit.
À première vue, cela ressemblait à souche d'arbre ou un sac poubelle abandonné. Tout sauf un corps. Elle s'approcha encore et distinga un doigt étalé sur le côté. Calypso leva la main et le sang disparut en grande partie du cadavre, révelant un visage pâle, lacéré de griffures profondes, dont une ayant percé l'oeil droit et ouvert une narine. Le torse n'en était plus un ouvert de tous les côtés, vidés de ses entrailles, laissant percer la cage thoracique et les côtes dont plusieurs brisées en deux. Les jambes étaient molles, flasques et Calypso se rendit compte que la quasi-totalité des os avaient été pulvérisés. Les ongles et les dents étaient arrachées.
Calypso fut prise d'un violent vertige et ferma les yeux, fort. Lorsqu'elle les rouvrit, elle aperçut le Chasseur d'Ombres en train de l'observer, le visage impassible, ne laissant transparaître aucune émotion. Ses mains tremblaient néanmoins et le crayon qu'il tenait se cassa en deux pour venir tomber au sol avec un tintement qui perça le silence. Calmement, il en sortit un autre de sa sacoche et reprit la rédaction de ses notes.
- Il n'y a rien, on a déjà fouillé, dit-il d'une voix posée sans la regarder.
- Quelque chose vous peut-être échappé, suggéra Calypso en se forçant à ne pas regarder le cadavre.
Le Chasseur d'Ombres eut un sourire narquois.
- Je ne crois pas, non.
- Rien d'anormal ? Vous êtes sûr ?, insista-t'elle.
Il releva les yeux vers elle et, sans rompre le contact, il marcha d'un pas saccadé mais aérien vers la dépouille et s'agenouilla. Méfiante, Calypso fit de même.
- Vous voyez ces traces, là ?, lui demanda-t'il en les indiquant du bout de son crayon. Elles sont plus foncées que les autres et c'est le seul endroit où il y en a.
Calypso fronça les sourcils et plissa les yeux. Avec mille précautions, elle effleura les tâches encore humides du bout du doigt et les porta à son visage. Elle les analysa du regard pendant quelques secondes puis, soudainement, ses traits s'illuminèrent. Elle se releva précipitament et courut jusque chez Alec, Isabelle et Raphaël. Alec fronça les sourcils.
- Il y a des traces de sang d'un démon supérieur !, s'écria-t'elle. On peut l'identifier putain !
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