MAYBE - MAE MULLER
Deux semaines plus tard
C'était la même routine depuis quinze jours. Alec se réveillait à l'aube, dès que les rayons du soleil levant commençait à pointer derrière les rideaux de sa chambre. Il restait allongé dans son lit, les yeux grands ouverts sur le plafond nu, le visage sans expression, les traits encore tirés dûs aux courtes nuits qu'il passait. Finalement, après de longues minutes sans bouger, il se levait avec difficulté et se dirigeait vers la salle de bain, groggy. Il s'attardait encore dans la douche, le dos appuyé contre une de parois froides, le corps ruisselant de l'eau brûlante déversée par le pommeau, ses cheveux trempés lui tombant sur le visage. Il restait prostré ainsi ainsi jusqu'à ce que le ballon d'eau chaude se vide et qu'un jet glacé le frappe de plein fouet. Ensuite, il s'habillait, toujours d'un jean basique accompagné de son t-shirt noir classique et d'une veste de la même couleur. Sans passer par la case petit-déjeuner, il se prenait simplement un café noir pour achever de se réveiller et se dirigeait vers l'infirmerie ( il la connaissait à présent par coeur ) d'un pas fatigué. Mais ce matin-là fut différent des autres.
Elle était déjà éveillée et s'acharnait à faire quelques pas avec des béquilles et l'aide de Nick Clavin, le médecin en chef de l'Institut. Il pila net et observa son air concentré, le bout de sa langue rose qui sortait de ses lèvres comme une enfant, il n'arrivait pas à croire que ce qu'il voyait était réel. Elle leva la tête vers lui et lui adressa un sourire rayonnant. Il le lui rendit et finit par entrer dans la pièce.
- Mais tu marches !, s'exclama-t'il en la voyant manier ses béquilles. T... tu marches putain !
Elle acquiesça en s'esclaffant de sa tête.
- On dirait que tu n'as jamais vu quelqu'un marcher avant, fit-elle remarquer.
- Imbécile, il y a à peine quinze jours, on pensait tous que tu n'allais plus jamais pouvoir marcher, lui dit-il en posant sa tasse sur la table blanche.
- Le "imbécile" était nécessaire ? , s'amusa-t'elle.
- Toujours, répliqua Alec en souriant. Elle va aussi bien qu'elle en a l'air ?, demanda-t'il à Clavin.
- Elle va aussi bien qu'elle en a l'air, confirma le médecin avec un grand sourire. Sa plaie a parfaitement cicatrisé et l'oedème causé par le poignard a presque disparu en totalité. Encore deux petits jours et elle sera sur ses deux pieds.
Le sourire d'Alec s'accentua et son regard croisa celui de Calypso. Elle le regardait tellement intensément qu'il en eut le souffle coupée. Il était incapable de détacher ses yeux d'elle. Un silence gênant s'installa et, mal à l'aise, Clavin s'éclaircit bruyamment la gorge.
- Et si vous alliez vous promener tous les deux ?, leur proposa-t'il. Il est encore tôt, l'Institut est vide, mais vous pourriez aller à la serre ? Il n'y a personne là-bas.
Calypso hocha la tête et, avec l'aide d'Alec, elle parvint à sortir de la pièce. Ils marchèrent d'abord en silence, avec comme seul bruit les cliquetis des béquilles sur le sol.
- Alec ?, dit finalement Calypso pour rompre le silence.
- Oui ?
- Où sont les deux Épées ? La Glorieuse et l'Étoile du Matin, qu'est-ce qu'elles sont devenues ?
- Elles sont à Idris, aux mains de l'Enclave, la rassura-t'il. Entre de bonnes mains. Plus personne ne s'en servira maintenant.
- Et où... qu'est-ce qui est arrivé au corps de Jonathan ?, se risqua-t'elle à demander.
- Il a été incinéré, répondit Alec sans la regarder dans les yeux. Il y a une semaine, après qu'il ait été subit une autopsie, c'est la loi.
- Et où sont ses cendres ?
-Elles ont été dispersées dans le Cimetière des Deshonorés à Idris, près de tous les traîtres à l'Enclave.
Calypso n'ajouta rien et laissa Alec ouvrir la grande porte de la serre avant de s'y engouffrer. L'endroit avait changé depuis la dernière fois qu'elle y était venue. De nouvelles espèces de fleurs y avaient été plantées sur tout le côté gauche de l'allée d'entrée de manière symétrique avec le droit, de sorte à ce que les plantes s'élèvent vers le plafond transparent pour le recouvrir, comme une coque verte.
- C'est magnifique, commenta-t'elle en s'en approchant. C'est une nouvelle espèce ?
- Venue tout droit d'Idris, confirma Alec en hochant la tête. Elles éclosent tous les soirs à minuit, je te montrerai une fois.
- Monsieur le directeur de l'Institut de New-York a bon goût à ce que je vois, plaisanta-t'elle.
- Directeur, oui... mais plus pour très longtemps, lui avoua-t'il.
- Quoi ?, s'exclama-t'elle, surprise. Comment ça ?
- Je n'en peux plus de ce poste, expliqua-t'il en l'aidant à s'asseoir sur un des bancs qui peuplaient l'endroit. Ça me fatigue plus qu'autre chose, j'ai l'impression d'être inutile, et ça se sent quand je travaille. Alors j'ai choisi de présenter ma démission il y a un mois. On m'a déjà proposé un poste d'Inquisiteur de l'Enclave à la place.
- Mais c'est génial !, s'écria-t'elle. Qui va te remplacer à la tête de l'Institut du coup ?
- Izzy. Elle est plus que qualifiée pour le poste, elle va y exceller. D'ailleurs elle a déjà accepté. Elle est aux anges.
- Tu... tu vas vivre à Idris ?, le questionna-t'elle prudement.
- Pourquoi ?, rétorqua-t'il. Tu as peur que je parte ?
- Bien sûr que oui, crétin, répliqua-t'elle en souriant. Je n'ai pas envie d'être encore séparée de toi.
- Je ne vais nulle part, la rassura-t'il. Je compte encore te coller un bon bout de temps.
- J'y compte bien, murmura-t'elle en l'embrassant .
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