Son bras glissé sous celui de Jonathan, Calypso entra dans la boîte de nuit sans savoir ce qui l'attendait et elle ne fut pas déçue. Le Pandémonium était vaste, composé de trois parties principales : le bar, les tables VIP et bien sûr la piste de danse, où se déhanchaient des centaines de personnes, démons, vampires, loups-garous, Chasseurs d'Ombres et Terrestres mélangés. L'endroit pouvait accueillir jusqu'à deux mille âmes et, ce soir-là, il était plein à craquer.

Impressionnée malgré elle, Calypso tournait la tête de droite à gauche comme une enfant pour mieux observer ce qui l'entourait. Elle était déjà allée dans de nombreuses soirées dans sa vie mais jamais au Pandémonium ; Magnus ne l'y avait jamais autorisé, il craignait qu'elle ne s'y fasse repérer par des membres du Cercles. En repensant à son oncle disparu, son coeur se serra et pendant une micro seconde, elle revint à elle-même. Ses iris s'éclaircirent jusqu'à retrouver leur mauve habituel et elle fronça les sourcils en se demandant ce qu'elle faisait là.

- Ça va ?, lui cria Jonathan à l'oreille, la voix à moitié couverte par la musique.

Elle se tourna vers son frère et ses yeux redevinrent noires. Elle lui sourit et hocha la tête. Elle était avec lui, comment ça ne pourrait pas aller ? Il s'approcha d'elle pour qu'il l'entende clairement.

- Le vendeur est quelque part dans la foule, lui annonça-t'il. Tu le reconnaîtra quand tu le verras, il a un tatouage en forme de serpent à la naissance du cou.

- Comment je pourrais te prévenir ?, demanda-t'elle sur le même ton.

- Je le saurai, répondit-il de manière énigmatique, un sourire malicieux au coin des lèvres. Maintenant, va.

Il la poussa gentiment vers la piste de danse et l'observa disparaître à travers les fêtards sans plus se soucier de lui.
Calypso marchait lentement parmi les danseurs, elle les regardait bouger, se mouvoir avec joie et plaisir, ils oubliaient leurs problèmes, leurs semaines le temps de quelques heures, quelques chansons. Emportée par leur fièvre, elle se détendit et se lâcha.

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- On l'a repérée !, hurla Jace en entrant dans le bureau d'Alec.

Alec fronça les sourcils sous les cris de son parabatai et porta ses mains à son front. Il avait mal à la tête, la migraine ne le lâchait pas depuis des jours, sans qu'aucun médicament ne puisse le soulager.

- Pour l'amour du ciel, arrête de crier, souffla-t'il en se tenant la tête à deux mains.

- On a repéré l'Étoile du Matin ! , reprit Jace sans se soucier d'Alec.

Le brun leva la tête, plein d'espoir, son coeur se mit à battre plus fort.

- Où ?, demanda-t'il, éperdu.

- Au Pandémonium, près de Park Avenue. C'est là où on a rencontré Clary, ajouta-t'il en souriant à ce souvenir. Elle est avec Alistair Merriweather, un vampire dealer d'armes démoniaques diverses. Apparemment, il a un nouvel acheteur.

- Jonathan, souffla Alec en se levant précipitement.

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Calypso ne voyait plus le temps passer, rien n'existait plus autour d'elle. Elle dansait, dansait et dansait depuis maintenant des heures sans se préoccuper de ce qui l'entourait ; si c'était le cas, elle aurait peut-être remarqué l'homme adossé au bar qui l'observait depuis plusieurs dizaines de minutes, un verre à la main. Fasciné sans se l'avouer, il regardait son corps s'étirer, onduler sous les néons lumineux, sensuelle, gracieuse. Cela partait de ses hanches, balancées avec lenteur sur les côtés, puis son ventre, ses épaules, son menton jusqu'à ses bras levés vers le ciel. Ses yeux étaient clos, elle brillait dans l'assistance, sa robe fourreau argentée qui lui arrivait aux genoux mettait ses formes en valeur. Il était incapable de détacher ses yeux d'elle.

Lentement, il avala le fond de son verre et le posa sur le bar avant de fendre la foule dans sa direction. Calypso ne le vit pas arriver et sentit soudainement deux mains se glisser autour de sa taille et un torse se coller à son dos. Surprise mais pas méfiante, elle se retourna et se trouva face à face avec un homme d'une trentaine d'années qui s'était approché d'elle. Il avait des courts cheveux bruns foncés, des yeux bleus très clairs et une barbe de trois jours soigneusement taillée qui lui mangeait le bas de visage. Elle passa ses mains derrière sa nuque et approcha son visage du sien jusqu'à ce que leurs souffles se mêlent. Il écarquilla les yeux, déstabilisé et elle sourit, forte de cette première victoire. Acceptant le défi lancé silencieusement, il l'entraîna à l'écart dans un petit couloir vide jouxtant la piste de danse. Amusée par son audace, elle se laissa plaquer contre un mur mais le repoussa de manière volontairement lascive lorsqu'il tenta de l'embrasser.

- Pas si vite, souffla-t'elle à son oreille. Je ne suis pas une prostituée.

- Si c'est le jeu auquel tu veux jouer..., dit-il avant de mordiller le lobe de son oreille.

- J'ai arrêté de jouer depuis longtemps, rétorqua-t'elle.

- Dommage pour toi.

Calypso sourit alors qu'il laissait ses lèvres se promener dans son cou.

- Et tu es... ?, murmura-t'elle en le regardant dans les yeux.

- Alistair Merriweather, répondit Jonathan en apparaissant soudainement. Notre vendeur.

Surprise, elle avisa l'homme en face d'elle et vit le bout d'un tatouage naître à la base de son cou et disparaître sous son t-shirt. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement.

- Vous n'avez pas été suivis ?, demanda l'homme sans quitter Calypso des yeux.

- Nous sommes prudents, répliqua Calypso en laissant ses doigts se promener sur les biceps de son bras.

- Où est l'épée ?, dit froidement Jonathan.

Alistair le jaugea calmement avant de tendre la main devant lui pour faire apparaître l'Étoile du Matin au creux de sa paume. Au même moment, une flèche l'atteignait à l'épaule et il hurla de douleur en s'écroulant au sol. Brusquement, plusieurs Chasseurs d'Ombres envahirent le couloir, armés jusqu'aux dents.

- Merde, maugréa Jonathan en sortant un poignard séraphique de sous sa veste. Prête à te battre soeurette ?, demanda-t'il avec un soupçon de sourire dans la voix.

- Toujours, répliqua Calypso en dégainant ses deux épées.

Ils s'alignèrent et le combat débuta. Il y avait une bonne quinzaine de Chasseurs d'Ombres de tous les côtés et, malgré le fait qu'il ne soient que deux, Calypso et Jonathan prirent rapidement le dessus sur les Nephilim. À un moment, ils se séparèrent et Calypso se retrouva face à Alec, tenant Glorieuse dans ses mains. En la voyant ainsi, ses yeux s'écarquillèrent.

- Caly, on veut juste parler..., commença-t'il en faiblissant.

Profitant du fait qu'il baissait sa garde, elle lui décocha un coup de pied en plein plexus. Le souffle coupé, il s'écrasa la tête la première contre un mur.

- On a parlé, murmura-t'elle en reprenant son souffle.

- Calypso !, hurla Jonathan derrière elle.

Elle se retourna pour voir son frère en train de se battre avec trois Chasseurs d'Ombres, en difficulté. Il avait l'arcade sourcilière en sang, des petites coupures sur les bras.

- Prend l'Épée et ouvre un portail !, lui cria-t'il. Vite !

Obtempérant, elle se pencha pour prendre l'Étoile du Matin, repoussant violemment au passage Isabelle et Clary sans se préoccuper d'elles. Elle ouvrit un portail d'une main et s'apprêta à partir lorsque son regard tomba sur Alec au sol. Il était visiblement incapable de se relever sur sa jambe droite, couvert de sang, le bras en écharpe. En le voyant dans cet état, elle avança d'un pas vers lui, prête à l'aider.

- Vas-y !, rugit Jonathan.

Elle reprit ses esprits et s'engouffra dans le Portail. Arrivée dans leur appartement, elle s'effondra au sol, épuisée, les membres perclus de multiples douleurs. Ce n'est qu'en relevant la tête qu'elle s'aperçut que Jonathan n'était pas avec elle.

Au même moment, au Pandémonium

- Jonathan Mercer-Bane, vous êtes en état d'arrestation par la volonté de l'Enclave. Vous serez interrogé, puis exécuté dans les prochaines 48 heures.