ANOTHER LOVE - TOM ODELL


Cela faisait une dizaine de minutes qu'Alec se tenait devant la porte de l'immeuble de Calypso sans savoir s'il allait finalement entrer ou pas. Il savait au fond de lui qu'il aurait dû être à l'Institut pour superviser les recherches mais Isabelle l'avait mit dehors de force une heure plus tôt.

- Je t'interdis de passer une seconde de plus ici Alexander Lightwood, avait-elle déclaré d'une voix ferme tout en le poussant vers la sortie. Va prendre un peu l'air et ne revient pas avant ce soir.

Faute de pouvoir protester, Alec s'était laissé faire et en sortant dans les rues, ses pieds l'avaient automatiquement guidé vers l'appartement de Calypso, il n'avait pas su les maîtriser et s'en était rendu compte seulement en arrivant dans sa rue, tellement le trajet lui était habituel. À présent devant la haute porte blanche, les mains rentrés dans les poches de son blouson, il se décida finalement à prendre son courage à deux mains pour rentrer.
La montée des marches en marbre lui parut interminable. Il avançait avec lenteur, la main glissant sur la rampe. Il leva la tête, l'escalier en spirale interminable lui donna le tournis. Enfin, il arriva devant son appartement. La porte n'était pas fermée à clé, il n'eut aucune peine à rentrer.

Alec avança dans l'appartement à pas feutrés, presque timides, comme s'il n'osait pas vraiment être ici. Il passa d'abord dans le salon pour ensuite continuer vers la chambre de Calypso, évidemment vide de son occupante. Le lit n'était pas fait, des vêtements débordaient de l'armoire ouverte à la volée ou étaient jetés au sol de manière négligée. La mâchoire d'Alec se crispa: les Chasseurs d'Ombres qui avaient fouillé les lieux n'avaient pas été très méticuleux. Il balaya la pièce des yeux. Le seul endroit préservé était le bureau, vide à l'exception d'un Mac Book couvert d'autocollants divers posé au centre. Alec hésita quelques secondes, tournant la tête à droite à gauche comme un enfant.

" À quoi bon ? ", songea-t'il en se mordant l'intérieur de la joue. " Personne ne viendra ".

Presque à contrecoeur, il tira la chaise dessous la table et s'assit dessus. Avec précaution, il alluma l'ordinateur et en attendant que le système démarre, passa doucement ses doigts sur les autocollants à l'effigie de différentes villes, pays ou comics alors qu'un timide sourire se promenait sur ses lèvres. Finalement, l'écran s'alluma et le bureau principal y apparut. Alec fronça les sourcils; ça ne ressemblait pas à Calypso de laisser son ordinateur ( ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs ) sans mot de passe ou sécurité. Méfiant, il ouvrit une des applications en veille pour y découvrir un document Word de plusieurs dizaines de pages. Curieux, il les fit défiler et découvrit un vrai journal intime, dont le début datait d'il y a un an et demi à peu près.

12 octobre
Personne ne sait à quel point je t'aime Alexander Lightwood.

23 novembre
Pardonne moi de tout noircir alors que tu es la rencontre de ma vie. Tu es ma lumière. Mon être magnifique d'une beauté et d'une force surhumaine. Je veux être celle qui est dans tes bras. C'est si fort, beau, sauvage et à la fois simple entre nous. Mon coeur est né pour toi.

18 janvier
Passé trois jours à Malte avec lui, trois jours qui m'ont prouvé qu'avec lui, rien n'est impossible.

4 février
Alec m'aime toujours.

Sous le choc de sa découverte, Alec s'écarta violemment de l'ordinateur et claqua son écran comme si ce dernier risquait d'exploser à tout moment. Sa chaise grinça sur le parquet en reculant, ne faisant qu'augmenter son trouble.

Tout ce qui était contenu dans ce document, toutes ses pensées, ses sentiments, tout lui était destiné, elle l'avait écrit pour lui. Méritait-il toute cette attention ? Certainement pas, mais le fait est qu'elle l'aimait, elle l'aimait comme lui l'aimait passionnément. Comment avait-il pu la laisser partir ? Comment avait-il lu être aussi égoïste et lâche alors qu'elle s'était dévouée corps et âme pour lui ? Il ferma les yeux, fort, jusqu'à ce que sa tête finisse par lui faire mal, jusqu'à ce que tout devienne noir. Doucement, il passa ses mains sur son vieux jean au tissu râpé et usé par le temps et les commissures de ses lèvres se relevèrent le temps de trois secondes, pour se rappeler que Calypso détestait ce pantalon et qu'à chaque fois qu'il le mettait elle levait ses yeux mauves au ciel tout en retroussant le nez d'une manière si adorable qu'il se sentait faiblir à chaque fois qu'il la voyait faire ce geste.

Finalement, Alec rouvrit l'ordinateur et fit défiler les pages jusqu'à arriver au tout dernier compte-rendu, quatre jours plus tôt.

23 juillet
Je peux la sentir, cette noirceur, elle grandit en moi et je ne peux rien faire. Je me sens putain d'inutile, je suis juste capable de la regarder sans rien faire. Ce sera bientôt, dans un jour, une heure, une minute, je ne sais pas, mais ça arrive. Mes recherches ne m'ont menée nulle part, sans le Feu Divin, pas de Glorieuse et sans Glorieuse... Seul l'Ange sait ce qu'il pourrait se passer.

Alec écarquilla les yeux et relit les trois dernières lignes plus attentivement. Un souvenir lui revint en mémoire: Calypso dans la Bibliothèque de Verre quelques jours avant qu'elle ne disparaisse. Certain de tenir quelque chose, il saisit son téléphone dans sa poche.

- Izzy ?, dit-il une fois que celle-ci eut décroché. Non, je... OK, laisse-moi parler s'il te plaît. J'ai besoin que tu te renseignes sur le Feu Divin et une épée qui s'appelle Glorieuse. Oui, Glorieuse. C'est important. Merci.

Il raccrocha et jeta un dernier coup d'oeil à l'ordinateur, dont l'écran s'était mis en veille pendant l'appel. Pour la première fois, il ne vit plus seulement la Calypso qu'il connaissait si bien mais la petite fille en elle, qui avait perdu tout ceux qu'elle aimait et qui se raccrochait désespérément au dernier être cher qui lui restait.

- Je te retrouverai, murmura-t'il. Je te le jure.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top