•Chapitre 41• «Best gifts ever...»

Je fus réveillée par ma tante.

«-Allez ma puce, il faut te lever si tu ne veux pas être en retard à ton rendez-vous.»

Deux interrogations s'offrirent à moi : pourquoi était-ce ma tante qui me levait ? Et de quel rendez-vous parlait-elle ?

Dans un brouillard de fatigue, je regardai l'heure : 5h30. Je ne me levai jamais à 5h30. Je tentai de faire le tri dans mes pensées puis, finalement tout me revint. Nous étions le 14 Février, ce qui signifiait que nous étions le jour du rendez-vous. Du rendez-vous avec Louisa Bourg.

Soudain, je n'eus plus du tout envie de dormir. Je m'extirpai de mon lit et je filai sous la douche, fébrile, et partagée entre deux sentiments : l'impatience et la peur. L'impatience de connaître une part du passé de mes parents. La peur d'affronter la vérité.

L'eau, réglée sur 38°C, me fit un bien fou et acheva de me réveiller entièrement. Je me remémorai les raisons pour lesquelles j'allais à ce rendez-vous aujourd'hui. 1) Je voulais lever les voiles du passé de mes parents, quelle que soit la couleur de ce voile. 2) Il fallait que je comprenne qui était cet homme et pourquoi il voulait mettre fin à ces jours. 3) Je devais me réconcilier avec le passé pour pouvoir avancer. 4) Je voulais mettre un visage sur cette voix si mystérieuse de la dénommée Louisa Bourg (cela peut paraître étrange, mais j'avais vraiment envie de la rencontrer).

Je pris mon temps pour choisir mes vêtements, tout en sachant que le train pour Lyon passait à 7h12 et qu'il ne fallait pas que je le rate. Ma dernière envie était de rater ce rendez-vous. Je n'allais quand même pas sécher une journée entière de cours pour rien !

Ma tante, travaillant dans une entreprise de jardinage (alors qu'elle détestait jardiner, cherchez l'erreur), avait réussi à prendre son matin afin de m'accompagner jusqu'à l'hôpital. Elle avait tenu à m'escorter, mais ne pouvait pas, à son plus grand damne, participer au rendez-vous. Dans un sens, cela m'arrangeait. Je voulais découvrir ce qu'il en était seule, mais cela m'effrayait aussi. J'allais être seule face à la vérité.

En descendant en bas, enfin habillée et coiffée (j'avais opté pour un simple jean noir, une chemise blanche et une veste kaki, ainsi qu'une queue de cheval), ma tante me sauta littéralement dessus en criant :

«-JOYEUX ANNIVERSAIRE MA PUCE !»

Je soupirai, tout en me laissant aller dans ses bras. Elle avait dû alerter tout le voisinage, qui se demandait sûrement ce que nous faisions debout à 6h du matin.

Rika avait préparé le petit-déjeuner, en préparant elle-même des croissants (l'odeur en entrant dans la salle à manger le confirmait) et en cuisinant une bonne tasse de chocolat chaud, faite maison. Cette femme avait le don de me donner envie de manger !

Je m'assis à ma place, tandis que Rika revenait avec, dans les mains, plusieurs paquets cadeaux. Je comprenais mieux maintenant pourquoi elle avait tenu à me lever si tôt ! Je la remerciai d'un hochement de tête, trop émue pour dire quoi que ce soit.

J'ouvris le premier cadeau et me mis à piétiner en constatant qu'il s'agissait du coffret des dix saisons de Friends (j'adore cette série !). Ma tante, tout aussi fan que moi, se mit à fredonner le générique de la série (♪I'll be there for you...♫).

Le deuxième cadeau fut celui qui me fit le plus déchanter. Je vous jure que si cela n'avait pas été mon anniv', je crois que je ne l'aurai pas cru. Il s'agissait d'un poster de mon acteur préféré. Signé. Par Thomas Brodie-Sangster. Un autographe. De mon acteur favori. Comment... ?

«-Comment tu... ? bredouillai-je, les larmes aux yeux.

-Ttttttt, les magiciens ne révèlent jamais leurs tours, sourit ma tante, aux anges.»

À vrai, cela devait être le meilleur cadeau que l'on ne m'ait jamais fait.

Je me jetai dans les bras de Rika qui, une fois que j'eus fini de murmurer des "merci" incessants, me chuchota :

«-J'ai une connaissance à Paris qui a pu le voir lors d'un Comic Con, alors j'en ai profité.»

J'avais vraiment la meilleure tante du monde !

«-Allez, ouvre tes derniers cadeaux, qu'on ne soit pas en retard !»

Les yeux encore humidifiés, je déballai mes derniers cadeaux : des livres et une robe rouge.

Je sentis mes yeux se remettre à pleurer en comprenant de quoi il s'agissait. Ce n'était pas n'importe quelle robe. Celle-ci appartenait à ma mère. Trop émue pour parler, ma tante me prit dans ses bras et murmura :

«-Je suis sûre qu'elle t'ira à merveille, ma puce.»

Je pris quelques minutes où je déversai mes pleurs, tout en laissant mes souvenirs affluer. Je crois que je n'oublierai jamais cet anniversaire ! Et je n'étais pas au bout de mes surprises !

Une quinzaine de minutes plus tard, j'étais enfin prête pour partir. J'avais fièrement afficher le poster de Thomas Brodie-Sangster dans ma chambre et rangé soigneusement la robe rouge dans ma penderie. Le coffret de Friends avait désormais élu domicile près de la télé, prêt à servir, tandis que l'un de mes nouveaux livres avait été glissé dans mon sac.

Ma tante m'attendait patiemment dehors, tandis que je vérifiais que je n'avais rien oublier. Quelque peu revigorée par tous ces cadeaux, je sortis dans la froideur matinale, le coeur empli de bonnes ondes.

À peine eus-je fais un pas dehors, qu'une masse (ouais, on va appeler ça une masse) me tomba dessus. Je reconnus aussitôt l'odeur captivante et exquise de Lylian.

«-Happy Birthday my ruby !»

Son accent anglais me fit bondir le coeur. Que j'aimais cette langue ! Je me dégageai tendrement de son étreinte et demandai, aux anges :

«-Que fais-tu là ? Il est tôt !»

Il eut un sourire dragueur.

«-Un ange gardien ne laisse jamais sans protection celle qu'il est censé protéger.»

Je souris en secouant la tête.

«-Plus sérieusement, reprit Lylian. Je n'allais quand même pas te laisser partir sans te souhaiter un bon anniv' !»

Je me rendis alors compte de la chance que j'avais de l'avoir. Je m'empressai de retourner dans ses bras chaleureux, dans lesquels je me sentais en sécurité.

Je levai mes lèvres vers lui et il répondit à ma demande avec dextérité et tendresse. Il sentait un mélange de cannelle et de vanille mais cela n'avait rien à voir avec un parfum ou un déodorant. Lui, c'était son odeur naturelle. Une sorte d'aura qui lui appartenait.

«-Bon, les amoureux, intervint ma tante, calmement. Ce n'est pas que je veux déranger ou quoi que ce soit, mais il serait peut-être temps d'y aller, si tu ne veux pas qu'on rate le train, Zéli.»

Nous nous séparâmes, contraints et je regrettai déjà l'étreinte douce et savoureuse de Lylian.

«-Il faut qu'on y aille, parvins-je à articuler.»

Lylian approuva et se pencha sur moi, pour m'embrasser à nouveau.

«-Bon anniv', rubis. Et n'oublie pas que tu ne peux rien faire pour changer le passé.»

Je n'eus pas le temps de lui demander ce qu'il sous-entendait avec sa dernière phrase qu'il s'en allait déjà en nous souhaitant un bon voyage et une bonne journée.

Je montai dans la voiture de ma tante, affichant un sourire franc. Ma tante mit le moteur en marche puis démarrai, dans un silence presque total.

Lorsqu'elle s'engagea sur la route principale, je sus que je venais de faire les premiers mètres vers la vérité. Vers ma vérité.

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