•Chapitre 31• «A date is only a date...»

Pour la première fois depuis son arrivée, nous ne nous séparâmes pas en arrivant au lycée. Nous restâmes l'un à côté de l'autre, à une distance pudique. J'avais la maudite impression que les gens ne regardaient que nous, mais, en levant la tête de mes pieds, je me rendis compte que nous n'intéressions personne. Après tout, nous faisions juste partie de ces quelques dizaines de couples de notre lycée, pas de quoi en faire un drame.

Evan fut le plus surexcité à notre arrivée et, Elsa avait du le mettre au courant, car il me dit, dès que je fus à sa hauteur, tout en me réprimandant, d'un ton rieur :

«-T'aurais pu me mettre au courant !!»

Son ton faussement vexé me fit sourire et Lylian répliqua aussitôt, entrant habilement dans le jeu de mon ami :

«-Elle voulait attendre d'être en face de toi pour te dire ça, Evan. C'est ce que font les vrais amis.»

Sa dernière phrase sonna comme un reproche sans destinataire. À qui s'adressait-il vraiment ? Personne, à part moi, ne sembla remarquer le léger scepticisme de Lylian et Elsa lança, à la cantonade :

«-On se pose en étude ou vous comptez rester là ?»

Acquiesçant, nous nous dirigeâmes vers une salle d'étude, Evan continuant à bavarder gaiement avec Lylian. Visiblement, les deux venaient de se trouver un nouvel ami et c'était beau à voir.

Malheureusement, lorsque la sonnerie retentit, Lily dut nous quitter, car elle avait un cours d'économie renforcée (Mais quel humain peut aimer l'éco ? Déjà l'économie, c'était barbant, alors imaginez l'économie renforcée ? Un calvaire !).

L'heure d'étude, comme toute heure de trou, passa toujours très vite (N'avez-vous jamais remarqué que les heures d'étude passaient toujours plus vite que les heures de cours ? On avait presque l'impression que des sadiques s'amusaient à ralentir le temps lorsque nous commencions à parler de quelconque caillou en SVT ou lorsque nous étudions un poème de Baudelaire en français...), et nous nous rendîmes en maths.

La prof, comme à son habitude, se montra blagueuse et gentille et nous annonça même qu'elle avait nos DS de mardi. Elle faisait partie de cette catégorie de prof qui corrigeaient si vite les copies que si vous l'aviez deux heures dans la journée, elle était capable de vous rendre vos contrôles le jour même (je vous jure que cela nous était déjà arrivé).

Elle commença donc par un léger sermon où elle en profita pour nous rappeler que nous étions en première S et que cela n'était pas normal que certains peinaient à atteindre la moyenne. Ensuite, elle distribua les copies assez rapidement, en pressant certains de refaire le DS pour s'améliorer.

Elsa et moi obtînmes un 19/20, ce qui nous valu les félicitations de la prof. Lylian était assis trop loin de moi pour que je puisse lui demander sa note, bien qu'à sa tête, j'en déduisis qu'il avait du avoir une bonne note.

La matinée se termina par une heure d'allemand, sans Lylian (qui, lui, avait eu la présence d'esprit de ne pas prendre allemand en sixième), qui s'éternisa.

À peine sortie, je fus accostée par une seconde, qui me demanda, timidement :

«-C'est toi qui sort avec le basketteur qui a marqué hier ?»

Je fus aussitôt gênée de constater que les gens commençaient à me connaître en tant que "petite amie du nouveau basketteur". Alors que j'allai répliquer je ne savais pas encore quoi, Elsa me coupa, ouvertement :

«-Oui, c'est elle ! Tu veux un autographe ?»

L'adolescente rougit, honteuse. Je donnai un coup de coude à Elsa et dis, plus gentiment :

«-Heu... oui, c'est moi. Pourquoi ?»

La seconde hésitait visiblement à me dire quelque chose. Elle se dandinait d'un pied sur l'autre, les yeux baissés sur ses pieds. Alors que je vis Elsa qui s'apprêtait à lancer une de ses répliques cinglantes, je m'empressai de redemander, toujours polie :

«-Qu'est-ce qu'il y a ?»

La jeune fille finit par avouer :

«-Je suis la fille de la psychologue scolaire et elle te cherche...»

J'entendis Elsa grommeler dans sa barbe :

«-Tout ça, pour ça !»

Avant qu'Elsa ne réplique à nouveau, je remerciai l'adolescente qui fila sans demander son reste. Je fusillai Elsa du regard qui s'esclaffait encore et toujours.

Nous rejoignîmes Lylian et les autres devant les casiers, où Elsa raconta avidement notre rencontre avec "la fan n°1 de Lylian", selon ses dires.

«-Elle te voulait quoi la psychologue scolaire ? me demanda Lylian, attentionné, tout en me prenant par la taille pour m'approcher de lui.»

Je lui souris, un peu gêné devant ses gestes qui étaient pour moi une nouveauté. Je ne le repoussai pas pour autant et lui répondis, le plus calme possible :

«-Je ne sais pas, j'irai voir demain.»

Pourquoi demain ? Parce que cela n'avait pas l'air vraiment très pressé et que je n'avais pas une véritable accroche avec tous ses psychologues, pédiatres, médecins, et j'en passe. Disons que j'en avais eu ma dose.

Le reste de la journée passa rapidement et je me retrouvai bien vite dans le bus, assise à côté de Lylian, dont la principale préoccupation fut de me trouver un surnom. Apparemment, il y tenait beaucoup.

«-Que dirais-tu de "ma p'tite intello chérie" ?»

Je fis mine d'être vexée, mais, comme je ne savais absolument pas mentir, un sourire se dessina malgré moi sur mes lèvres. Lylian me prit dans ses bras et poursuivit :

«-Ou alors "20/20 sur pattes" ?»

Cette fois, je parvins à retenir mon sourire et je donnai l'air d'être sérieusement énervée. Cela dut marcher, car Lylian s'excusa aussitôt, embarrassé :

«-Désolé, mon rubis, je ne voulais pas t'offenser.»

Mon rubis...

Il devait trouver que cela sonna bien, car il sourit, satisfait de lui. Je ne pus cette fois m'empêcher de sourire et il m'embrassa, ayant enfin atteint son but de la soirée.

Lorsque nos bouches se décollèrent, je soufflai, sentant encore son souffle près de moi :

«-Mon saphir...»

Son sourire s'éclaircit davantage et nous restâmes sans rien dire, les yeux dans les yeux, pendant un instant. Et dire qu'il y avait trois semaines, nous ne nous connaissions pas !

Perdue dans mes pensées, je constatai alors que mon anniversaire avait lieu dans deux semaines (c'était le 14 Février, oui, comme la Saint Valentin). Une deuxième pensée s'imposa à moi : je ne connaissais même pas la date de naissance de Lylian, ni son âge. Avait-il redoublé ? D'ailleurs, je ne connaissais absolument rien de lui. Ni ses origines, ni ses parents, ni s'il avait des frères et sœurs, rien.

Sentant un léger sentiment de malaise m'envahir à la pensée que je ne connaissais pas l'homme avec lequel je sortis, je voulus en apprendre plus sur lui :

«-T'es né quand ?»

A priori, une question banale. Mais, pour lui, elle sembla sonner différemment. Je sentis un sentiment de mal être s'installer en lui, comme si je venais de lui demander une question bien plus qu'embarrassante. Il finit quand même par répondre, crispé :

«-Le 16 Août 2000.»

Je me retins de me dégager de son étreinte, en sentant un long frisson me parcourir le dos. Ce fut à mon tour de me crisper et je fermai les yeux pour mieux retenir mes larmes. 16 Août. La date de mort de mes parents.

Un silence gênant s'installa entre nous et Lylian le brisa, sombrement :

«-Désolé...»

Comment pouvait-il savoir que mes parents étaient morts ce jour-là ? Non, je ne voulais pas le savoir. Après tout, plusieurs personnes étaient au courant et il avait du se renseigner. Et une date était seulement une date. Une coïncidence. Voilà tout.

Un calme glacial nous séparait désormais. Je tentai de ravaler cette sensation de froideur et lançai, voulant être chaleureuse :

«-Tu as des frères et sœurs ?»

Une fois encore, j'eus l'impression que je venais de lui poser une question très personnelle. Je notai alors qu'à chaque fois que l'on s'approchait de quelque chose de plus personnel, Lylian se refermait, comme une moule (bon, ok, la comparaison n'est pas idéale, mais bon).

Cette fois, ma question parut carrément le bouleverser, car il me repoussa très légèrement, afin de se rasseoir dos sur son siège, brisant notre contact corporel. Qu'avait-il ? Je commençai légèrement à m'échauffer devant le comportement fermé et glacial de Lylian.

La halte du bus me fit revenir sur Terre et je constatai que nous étions juste devant l'arrêt de car de Lylian. Ce dernier se leva, toujours dans son état de transe glacial.

Sans même un mot, il quitta le bus et je ressentis une vague d'amertume me traverser la gorge. Notre relation commençait décidément sur des chapeaux de roue !

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Nouveau chapitre ! :)

Le prochain arrive dimanche ^^

A quel rythme voulez-vous que je poste mes chapitres ?

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