CHAPITRE 4
Le loup gris hurle pour rassembler la meute (en général avant et après la chasse), pour transmettre une alarme (en particulier sur un site de tanière), pour se localiser pendant une tempête ou sur un territoire inconnu, et aussi pour communiquer sur de grandes distances. Les hurlements de loups peuvent, dans certaines conditions, être entendus sur des zones allant jusqu'à 130 km2.
L'encyclopédie des loups
La vente allait commencer. Nina regarda le plan du bâtiment sur sa montre connectée et repéra rapidement l'endroit le plus susceptible d'abriter son objectif. C'était une cave en sous-sol. Elle localisa la porte d'accès sans mal. Elle était farouchement gardée par deux cerbères armés jusqu'aux dents.
Nina sourit. Plus les gardes étaient armés, plus facile c'était de les neutraliser. Ils comptaient trop sur leur équipement pour être véritablement attentifs à leur faiblesse physique. Observant leur attirail, elle découvrit leur faille. Leur cou était complètement dégagé.
« Trop facile », pensa-t-elle. Chargeant une petite sarbacane de fléchettes imbibées d'un puissant sédatif, elle tira sur sa cible la plus proche. L'homme s'effondra dans un bruit sourd, bientôt suivi par son coéquipier. Elle s'approcha d'eux pour les désarmer, prit toutes leurs réserves de munitions et déroba leur couteaux qu'elle glissa dans sa ceinture.
Une fois la neutralisation effectuée, elle s'occupa de la porte. Une simple serrure à code numérique scellait l'entrée. Nina n'avait que très peu de temps pour l'ouvrir avant que quelqu'un ne s'aperçoive de la disparition des gardes. Toutefois, elle restait dépitée devant la facilité pour pénétrer dans l'alcôve qui abritait ce qu'elle cherchait.
Pour un contrebandier aguerri, Karim ben Salem Khadar n'était pas très porté sur sa marchandise. Le système de sécurité était terriblement médiocre. Enfin, pas étonnant puisqu'il n'avait versé le moindre centimes pour se procurer tout ce trousseau. Sans compter qu'il fallait être fou pour voler quelqu'un comme lui.
Mais l'orgueil précède toujours la chute. Et son arrogance et son avarice l'avait poussé à commettre une erreur. Une erreur qu'il paiera sans doute très cher. Nina localisa sans mal les propriétés de la Krasnya Roza. Le Rodin, plusieurs tableaux, des diamant et quelques bibelots dont la valeur s'élevait à quelque millier. En somme des broutilles compte tenu du pactole global que Karim tirera de la vente.
Elle sortit de son sac une petite boîte contenant plusieurs puces électroniques qui permettrait de relocaliser les œuvres une fois vendues. Il ne leur restera plus qu'à les récupérer chez leur nouveau propriétaire. Ni vu, ni connu.
Une fois le marquage effectué, elle remballa tout son attirail et s'apprêta à sortir quand des reniflements et des sanglots étouffés arrivèrent jusqu'à ses oreilles. Nina se figea, si des êtres humains se trouvaient ici, cela signifiait que l'horrible personnage s'adonnait au trafic de la chair.
Elle se dirigea vers ce qui semblait être l'origine du bruit. Après quelques pas dans un long couloir sombre, elle se trouva au niveau des oubliettes du château. Le bruit provenait d'une porte en bois percée par une grille, qui permettait de surveiller les prisonniers sans avoir besoin de l'ouvrir.
Observant par l'ouverture, elle découvrit deux petites filles terrorisées et frigorifiées se ressemblant comme deux gouttes d'eau. La qualité de leur vêtement lui apprit qu'elles étaient sans doute issues d'une famille aisée. Karim espérait-il obtenir une rançon de leurs parents ou comptait-il les vendre à bon prix ?
L'une des enfants, sentant sans doute le poids de son regard, releva les yeux vers elle. Passant outre le terreur qu'elle lisait dedans, Nina fut frappée par leur couleur. Bleu. Elle connaissait ses yeux. Ils appartenaient à l'homme qui ne cessait d'envahir ses rêves.
Chaque nuit depuis son retour parmi les hommes, Nina rêvait de lui. L'homme qui l'avait reconduite auprès des siens : Naïm ben Amjad ben Nahed ben Jamal Al Shamseni, roi du royaume de Shamsen. Elle ne se souvenait jamais de ce qu'il se passait et ses traits restaient continuellement flou dans sa mémoire. Mais à chacun de ses réveils, elle avait le sentiment d'avoir ressenti quelque chose. Elle se sentait vivante.
Si la clé pour retrouver ses émotions scellées se trouvait entre les mains de ses deux enfants, Nina était prête à risquer sa vie. Plaçant son doigt sur sa bouche pour intimer à l'enfant de ne pas faire de bruit, elle examina la serrure.
C'était une très vieille porte dont les charnières étaient plus que branlantes. Le verrou avait été changé récemment et semblait, quant à lui, plus que solide. Elle focalisa donc son attention sur les pièces d'origine. Porte en bois, charnières fragiles, le choix était vite trouvé.
S'armant d'un des coutelas des gardes à l'entrée, elle glissa la lame au niveau des joints et appuya sur le manche tel un levier. Après plusieurs minutes a répéter le même procédé, la pièce en métal se détacha de la porte. Elle recommença sur la charnière la plus haute et obtint le même résultat.
La porte était désormais hors de ses gonds. Le verrou bloquait toujours l'accès de l'autre côté et donner un grand coup de pied dedans s'avérerait dangereux pour les prisonnières enfermées et ferait beaucoup de bruit ce qui alertera de potentiels gardes qui auraient la mauvaise idée de s'aventurer ici. Elle eut une pensée pour ceux qui étaient étendus à l'entrée et qui ne tarderont pas à se réveiller.
Le temps pressait et sortir les deux petites était une mission suicide. Bien que l'esprit froid et calculateur de Nina lui soufflait de renoncer et de s'échapper au plus vite, une part d'elle ne pouvait se résoudre à les abandonner à leur triste sort.
Ce sentiment dont elle ignorait tout, réveilla en elle une sourde migraine à l'arrière de son crâne et une sueur glacée commença à couler le long de son dos. Son pouls s'accéléra et sa respiration devient laborieuse.
Elle prit un instant pour elle et respira un grand coup. Cela lui ressemblait tellement peu de perdre ainsi ses moyens qu'elle en fut profondément déstabilisée. Elle refoula ce sentiment au fond d'elle et se concentra sur l'obstacle devant elle. Elle devait ouvrir cette foutu porte.
Examinant le battant avec plus d'attention, elle découvrit une faille. La porte en elle-même n'était pas construite dans un seul bloc mais constituée de plusieurs morceaux. En raison des années et de l'usure qui s'y accompagne, elle présentait plusieurs défaillances. Nina glissa la lame dans une des interstices et réussit à désosser un pan entier libérant un espace suffisamment grand pour permettre aux deux enfants de s'y faufiler.
Tendant sa main par l'ouverture nouvellement formée, elle incita les deux petites à la suivre sans un bruit. Elles se levèrent, chancelantes sur leurs petites jambes tremblantes à cause de la faim, de la fatigue et de la peur. Sortir d'ici allait être de la pure folie. Mais avait le sentiment qu'elle devait le faire.
La douce petite main de la première se referma sur ses doigts avec beaucoup de force. Nina l'aida à sortir et la lâcha pour attraper sa sœur. Une fois sortie de leur prison, la terreur dans leurs yeux fut remplacée par une farouche détermination. Un feu de pur fureur brûlait dans leurs yeux. Nina leur offrit un sourire encourageant. Tout n'était peut-être pas perdu.
Leur faisant signe de la suivre, elle rebroussa le chemin à pas de loup. Jetant un regard derrière elle pour voir si ses petites protégées suivaient le rythme, elle s'amusa de les voir tenter de copier sa démarche souple et silencieuse.
Elle les entraîna à sa suite et parvint à rejoindre la porte où les deux gardes commençait à remuer, sortant de leur sommeil. Attrapant sa hache dans son dos, elle la tint à la verticale, manche en bas et les envoya à nouveau dans les bras de morphé d'un simple coup sur le crâne.
Rebroussant le chemin dans les dédales du château, elle chercha une sortie pour évacuer les deux petites tout en s'assurant de toujours se trouver dans l'angle mort des caméras de surveillance.
Le plan initial était de rejoindre la salle des employés, revêtir un uniforme et se mêler aux invités. Malheureusement, cette phase n'était plus possible. Elle devait trouver une porte de sortie, et vite !
Observant le plan qui s'affichait sur son poignet, elle trouva son échappatoire : les passages secrets. Enfin, ce qu'elle devinait l'être. Sur l'empreinte satellite qui avait été faite de l'édifice, des dégagements qui semblaient mener nul part apparaissaient. Un sourire satisfait illumina son visage.
L'entrée de l'un deux se trouvait non loin d'elles. Elles s'y rendirent à pas de loup et arrivèrent devant un tableau entouré par deux chandeliers fixés au mur. Des bruits de pas se firent entendre non loin d'elles. Nina, tentant le tout pour le tout, tira sur l'un des chandeliers de toute ses forces. Rien.
Les pas se rapprochèrent de plus en plus quand elle tira sur l'autre faisant enfin coulisser le mur. Attrapant les deux enfants par la main, elle s'engouffra dans le passage qui se referma dans un bruit sourd, ne laissant place qu'à un silence assourdissant.
Tendant l'oreille, elle entendit des cris étouffés avant qu'une alarme hurle dans le lointain. L'alerte était donnée. Entourées par les ténèbres, les deux petites commencèrent à trembler de peur. Nina alluma la lumière de sa montre afin d'éclairer leur chemin.
Elle prévient Hikage du changement de plan par le biais d'un court message envoyé via leur montre connectée :
« Changement de plan. Je quitte la mission. La suite est entre tes mains. Dis à mon frère de ne pas s'inquiéter. »
A partir de maintenant, elle allait devoir se débrouiller seule. Son frère ne lui permettra jamais d'accomplir son nouveau but.
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