Chapitre 50


Il se dirigea vers la chambre que sa femme occupait et toqua doucement avant d'entrer. Elle était allongée dans le lit et semblait dormir. Il s'approcha d'elle à pas de loup et au moment où il posa sa main sur son matelas, il se retrouva face à ses beaux yeux, une épée sous la gorge. Elle baissa son arme quand elle le reconnut.

« Jamal ! Tu m'as fait peur ! J'aurais pu te tuer, enfin !

- N'en sois pas aussi certaine mon amour, mais pour ma défense, j'ai frappé, c'est toi qui ne m'a pas entendu entrer. »

Elle ne lui répondit pas. Elle le dévisageait cherchant à savoir si elle ne rêvait pas. Ses larmes se remirent à couler. Elle renifla et murmura d'une toute petite voix.

« Je ne rêve pas, n'est-ce pas ?

- Non, eazizati, tu ne rêves pas, je suis bien là. »

Il lui caressa la joue de son doigt.

« J'ai cru que tu ne reviendrais jamais ! »

Il la serra dans ses bras, s'enivrant de son parfum.

« Chut, je suis là maintenant, arrête de pleurer. C'est moi qui devrais le faire. Tu n'as pas idée à quel point je me suis inquiété quand j'ai appris ta désobéissance suivie de ton kidnapping. Je me suis même évanoui ! »

Elle pouffa devant son ton scandalisé. Il regarda ses lèvres avec insistance mourant d'envie de les embrasser. Elle mit fin à ses tourments en comprenant la direction que prenait ses pensées. Elle voulait profiter de lui avant qu'il ne la gronde, avant qu'il ne découvre également qu'ils n'étaient désormais plus seuls. Elle lui démontra son amour et à quel point il lui avait manqué en se donnant totalement à lui.

Après leur étreinte passionnelle, alors qu'ils se tenaient dans les bras l'un de l'autre, savourant leurs retrouvailles, Leïla prit la parole.

« Jamal, je suis désolée de ne pas t'avoir obéis.

- Chut, Leïla, tu vas tout gâcher. J'ignore encore si je dois t'embrasser avec fougue et te montrer, ô combien, je suis heureux que tu m'aies désobéi ou alors t'étrangler parce que tu t'es mise en danger. Tu aurais pu mourir Leïla.

- Je sais, mais ...

- Il n'y a pas de mais, tais-toi maintenant, je veux profiter de toi, ces huit mois de séparation ont été une vraie torture pour moi.

- Je sais, mais ...

- Tais-toi Leïla, je t'en conjure ! »

Leïla soupira de frustration et des pleurs de bébés se manifestèrent depuis la pièce adjacente.

« Leïla ? Qu'est-ce que ...

- Ça ? C'est ce que je veux te dire depuis tout à l'heure mais que tu refuses de m'entendre dire.

- Tu as adopté un enfant !?

- Non ... Je ne les ai pas adoptés.

- Dans ce cas, pourquoi leurs parents ne se lèvent pas pour aller le chercher ? Ses cris m'empêchent de savourer nos retrouvailles.

- Parce que ce sont nous les parents ... »

Il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Puis soudain la lumière se fit dans son regard et il comprit ce qu'elle tentait de lui dire.

« Non d'un chien ! Leïla ibn Salim Khazar, es-tu en train de me dire que tu es allée sur le champ de bataille alors que tu étais enceinte de mon enfant ?

- Nos enfants ! Et si tu ne veux pas réveiller tout le château, il faut aller les voir maintenant. »

Elle se leva pour aller leur donner à manger, le laissant seul pour digérer ces informations.

« Elle a bien dit « nos enfants » ? »

Il se murmura ses mots ayant du mal à y croire. Il se leva et partit la rejoindre afin d'en avoir le cœur net. Elle donnait déjà le sein au premier, pendant qu'elle caressait doucement le dos du deuxième pour l'apaiser et l'aider à patienter le temps que son tour arrive. Il s'approcha doucement d'eux et pris dans ses bras celui qui ne tétait pas.

« Il est magnifique.

- Elle ! C'est une fille.

- Et l'autre ?

- Un garçon.

- Comment les as-tu appelés ?

- Je n'ai pas encore choisi, je voulais t'attendre pour le faire.

- Quel âge ont-ils ?

- Dix jours.

- Mon Dieu, Leïla, ils sont si petits et toi ... Tu devrais être en train de te reposer.

- Tout va bien Jamal, je vais bien.

- Mais comment as-tu fait pour dissimuler ta grossesse ? Personne n'a remarqué que tu étais une femme !

- À vrai dire, je l'ai moi-même découvert au moment où j'étais en train d'accoucher. Heureusement que j'étais en sécurité à ce moment-là.. Je ne sais pas ce qu'il se serait passé sinon.

- Mais Leïla, tu te rends comptes que tu t'es mises en danger, toi et nos enfants, en refusant de m'obéir ? »

Elle baissa les yeux, honteuse de ses actions.

« Je sais Jamal, j'ai eu tout le temps de regretter ma folie.

- Mais sans toi, nous n'aurions jamais pu gagner cette guerre.

- Serais-tu en train d'insinuer que tu es content que je t'ai désobéi ?

- Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit, femme ! Tu es tellement ... Inconsciente, bornée, têtue ! Mais c'est pour cela que je t'aime tant. »

Elle regarda son mari, les yeux embués de larmes, le regard plein d'amour. « Finalement, cela ne s'est pas trop mal passé », pensa-t-elle.

« Mais maintenant, je sais que si je dois m'absenter à nouveau, je vais devoir t'enfermer dans la plus haute tour du château pour être sûr que tu ne me suivras pas, barricader derrière plusieurs murailles, entourée de la moitié de mon armée pour être certain que tu resteras bien sagement en sécurité ! »

Elle rit de sa tentative d'humour. Mais redevient rapidement sérieuse.

« Je ne pense pas vouloir retenter l'expérience, Jamal.

- Vous m'en voyez ravi, ma chère épouse. Bien, maintenant que cette affaire est réglée, choisissons un prénom pour ses petits. Que dirais-tu de Kheira pour cette petite merveille ?

- Oh non, je n'aime pas ! Hum, Keziah ?

- Non ! Naelle ?

- Bof, c'est mignon mais je n'aime pas trop non plus.

- Bon alors que dis-tu de Soraya ?

- Surtout pas, c'est ma future belle-sœur ! Et Lahna, qu'en penses-tu ?

- Leith va se marier ?

- Oui, à notre retour nous célébrerons son mariage ! Sa fiancée est une vraie perle.

- Tu m'en vois ravi ! Et Lahna ! J'aime beaucoup, Lahna!

- Adjugé pour Lahna, alors ! Et pour ce petit Fazlullah ?

- J'aime bien la signification, mais c'est moche à l'oreille. Hassan ?

- Non ! Trop prétentieux ! Et Malik ? C'est bon Malik, non ?

- Non, je n'aime pas trop moi. Oh je sais ! Nahed ! Nahed, c'est parfait, non ?

- Oui, Nahed, c'est parfait ! Nahed et Lahna Al Shamseni. »

Ils regardèrent leurs enfants dans leurs bras. Elle releva la tête et le regarda avec inquiétude.

« Et Maintenant, qu'allons-nous faire, Jamal ?

- D'abord, tu vas nourrir notre chère fille avant qu'elle ne mange mes doigts et puis, après on les recouche pour que nous puissions pleinement profiter de nos retrouvailles, j'ai quelques idées qui devraient te plaire. »

Il lui fit un clin d'œil taquin.

« Je ne parlais pas de ça, idiot ! Je voulais savoir comme se passerait la suite. Tu vas unifier nos deux royaumes ou tu vas nommer un nouveau gouvernement ? Et puis comment ça va se passer à notre retour au palais, tu devais renouveler tout ton conseil, tu te rappelles ?

- Comment l'oublier ! »

Il grogna peu enjoué de parler de ça à cette heure de la nuit, mais soupira devant l'insistance de son regard.

« Pour en revenir à ta première question, je compte unifier nos deux pays et qui sait peut-être que Nahed héritera de Shamsen et Lahna de Cheim.

- Oui ce serait une bonne chose.

- Quant au renouvellement de mes conseillers, je dois dire que cette guerre est tombée à point nommé. Beaucoup m'ont trahi et donc cela ne risque pas de causer trop de remous d'appliquer un grand nettoyage dans les hautes sphères.

- Jamal ?

- Oui, huluwti ?

- Est-ce que je peux avoir Lahna maintenant, Nahed a fini de manger.

- Oui, bien sûr, eazizati ! »

Ils firent l'échange et elle plaça la petite affamée sur son sein.

« Leïla ?

- Qu'y a-t-il habi8 ?

- J'aime bien quand tu m'appelles comme ça ! »

Elle ricana et lui lança un regard plein d'amour.

« Que voulais-tu, mon cher mari ?

- Est-ce que tu vas bien ? »

Elle se redressa surprise par son inquiétude.

« Pourquoi me demandes-tu cela ?

- Parce que tu as beaucoup maigris et que tu sembles épuisée !

- Tu me connais trop bien, Jamal. Pour répondre honnêtement à ta question, j'ai beaucoup souffert de la faim et de la fatigue durant cette maudite guerre. Et c'est un miracle que nous nous en soyons sorti indemne tous les trois. »

Elle se perdit quelques instants dans ses souvenirs douloureux. Il attendit patiemment qu'elle reprenne son histoire.

« Tu sais quand nos enfants sont nés, j'ai vraiment cru que j'allais mourir. Je n'avais plus beaucoup d'énergie à cause de la faim et de la fatigue et je ne savais pas si j'aurais assez de force pour accoucher. Heureusement que j'ignorais que j'étais enceinte de jumeaux, je me serais évanouie sur le champ ! »

Elle pouffa de sa plaisanterie et il fit de même.

« Mais en tout cas c'est à ce moment là que j'ai vraiment réalisé que tout cela aurait pu mal tourner et que j'ai pris conscience que j'avais vraiment fait une bêtise en refusant de t'écouter.

- J'ai toujours raison ! Tu devrais le savoir depuis le temps. »

Elle lui sourit ravie de sa tentative d'humour. Ça lui avait manqué.

« Mais enfin bref, tu vois ce que je veux dire. Je suis épuisée moralement et physiquement et je n'ai qu'une hâte, rentrer à la maison.

- Demain, huluwti, demain !

- Je t'aime Jamal.

- Moi aussi, je t'aime Leïla, à la folie, à la figue et à la vanille.

- Toujours à penser à la nourriture, même pour une déclaration d'amour.

- Que donc ? La nourriture c'est la vie. Aller, femme ! Il est temps d'aller nous coucher, nous aussi. »

Après avoir reposé les enfants endormis, ils retournèrent dans leur lit. Il déplia son bras pour qu'elle place son cou dessus.

« Leïla ?

- Chut, Jamal, je dors.

- Mais Leïla, je suis en train de rompre une promesse que je t'ai faite ! »

Elle se redressa paniqué !

« Laquelle !?

- Je t'ai promis de faire chambre à part avec toi quand tu m'auras donné un héritier, je dois donc aller dormir ailleurs ! »

Elle s'offusqua devant son air sérieux. Elle grogna son mécontentement et attrapa son bras pour l'empêcher de partir.

- Comment ? Mais non ! C'était avant que je ne sache que tu m'aimes ! Tu ne vas quand même pas t'en aller alors qu'on vient juste de se retrouver ?

- Je rigolais Leïla ! Maintenant tu peux dormir.

Il rigolait de sa petite plaisanterie. Elle lui donna un coup de poing dans l'épaule.

- Crétin !

- Ça t'apprendra à me faire faire des promesses que tu ne veux pas que je tienne !

Elle grommela une insulte ce qui le fit encore plus rire.

- Moi aussi je t'aime, habibi !

Ils s'enlacèrent ensuite avant de sombrer tous les deux dans un sommeil réparateur et bienfaisant.

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