Chapitre 38

Quand elle reprit connaissance, Leïla était seule avec d'autres prisonniers de guerre dans une espèce de cachot roulant. Elle se frotta l'arrière de sa tête endolorie, essayant de remettre de l'ordre dans son esprit. Quand les évènements de la nuit lui revinrent en mémoire, elle lâcha un juron peu féminin.

Maudit Akim, il l'avait piégée. Elle comprit alors qu'elle allait être envoyée à Ganesh pour être réduite en esclavage. Elle soupira en réalisant dans quelle situation désespérée elle se trouvait. Une chose était sûre, quand Jamal l'apprendra, il allait la tuer. Elle posa sa tête contre la grille et laissa ses larmes couler le long de ses joues. Elle ne voulait pas abandonner, mais ne voyait pas comment s'en sortir seule.

Après un voyage qui lui sembla interminable. Ils arrivèrent enfin dans une mine de minerais où ils travaillèrent dur et dans des conditions épouvantables. Ils devaient creuser la roche à l'aide d'une pioche, toute la journée, et si la cadence n'était pas assez rapide, ils se faisaient fouetter. La nuit, ils avaient le droit à un petit peu de repos mais dormaient à même le sol dans la froideur de l'hiver.

Trois jours plus tard, affaiblie par tout ce qu'elle avait vécu, Leïla n'avait pas eut la force de se réveiller. Les gardiens lui donnèrent des coups, dans les bras et les jambes, pour la faire réagir mais elle était beaucoup trop faible pour esquisser le moindre mouvement. Elle fut jetée dans la fosse où étaient évacués les cadavres.

Elle atterrit lourdement sur un amoncellement de corps en décomposition et se laissa aller dans l'inconscience fuyant les horreurs qui l'entouraient s'imaginant au palais dans les bras de son époux. Elle émergea doucement de sa torpeur quand elle entendit deux voix non loin d'elle, qu'elle supposa appartenir à un jeune garçon et une petite fille. Elle sentit deux petites mains la secouer.

« Tu crois qu'il est mort ?

- Il respire encore, enfin je crois !

- On fait quoi alors ?

- Il est entouré de cadavres ! Il va devenir comme eux !

- Mais on ne va pas le laisser là ! Oh, Yassin, il bouge, il bouge !!! »

Elle ouvrit les yeux pour identifier les opportuns qui l'avait réveillée. Elle se retrouva face à deux petites têtes brunes pratiquement identiques qui la regardaient avec des yeux emplis de curiosité.

« Où suis-je ? »

Les petits furent surpris de l'entendre.

« Il parle !?

- Évidement qu'il parle c'est un grand !

- Mais tu as vu sa taille, on dirait un petit !!! »

Les deux enfants continuèrent leur dispute lui donnant un mal de tête.

« Taisez-vous ! »

Sa voix était trop faible pour qu'ils tiennent compte de son ordre, trop occupés à déblatérer à son sujet. Elle lâcha un soupir de lassitude avant de tenter de se relever.

« Oh là, doucement ! Tu vas perdre à nouveau connaissance. »

Le garçon venait de poser ses deux mains sur ses épaules pour l'empêcher d'achever son geste.

« Je dois partir d'ici ... »

En effet, l'odeur qui régnait autour d'eux était pestilentielle. Elle avait l'impression de se retrouver dans le royaume des morts. Elle observa son environnement et découvrit qu'elle était dans une caverne profonde, juchée sur un tas de cadavres. C'était répugnant et désolant de voir tous ces morts à cause d'un manque de soin évident. Ils étaient moins bien traités que des animaux.

Elle détestait Mufasa, elle le trouvait inhumain d'autoriser ce genre de pratique. Elle savait qu'au royaume de Shamsen, les prisonniers étaient bien mieux traités. Ils avaient accès à des soins bien que rudimentaires, ils mangeaient à leur faim et étaient traités comme des êtres humains à part entière pas comme de simples outils nécessaires pour la construction de nouveaux bâtiments ou pour la recherche de cailloux ou autres qui feront la fortune du royaume. Elle détestait Mufasa d'être entré en guerre sur le simple caprice de la princesse héritière. Oui, elle le détestait de tout son être.

Bien qu'elle soit encore très faible, une rage indescriptible prit possession de son corps, lui donnant la force nécessaire pour avancer. Elle se redressa de toute sa hauteur et planta son regard sur les deux gamins à ses côtés.

« Vous n'habitez pas ici, n'est-ce pas ? Il existe donc une sortie à cette caverne.

- Oui.

- Montrez-moi le chemin, vous deux, on doit sortir d'ici.

- Attends ! Qui nous dit qu'on peut te faire confiance ? Tu viens bien d'en haut et c'est les prisons pourquoi on t'emmènerait avec nous ?

- Je vais te dire pourquoi et ensuite tu décideras par toi-même ce que tu feras. Je suis Leïla ibn Salim Khazar, épouse de Jamal ben Ahmad Al Shamseni, reine de Shamsen, et j'ai bien l'intention de mettre un terme à cette guerre sanglante maintenant que j'ai les deux pieds en territoire ennemie. Voulez-vous m'aider ?

- Tu comptes faire comment ? »

Le garçon la regardait moqueur.

« Tu n'es qu'une fille et les filles sont faible. Et puis d'abord les reines, c'est dans les châteaux ! Toi, tu ne ressembles pas à une reine, tu es sales et puis tu es moche. »

Sa remarque la déstabilisa avant de la faire rire.

« Tu parles comme mon frère ! Les filles ne sont pas nulles ou faibles. Et pour répondre à ta question, je vais d'abord observer ton pays et voir jusqu'à quel point ton roi est mauvais. Si je ne vois rien qui fasse grâce à mes yeux, je me contenterai de provoquer un simple coup d'État.

- Et ensuite ? Un autre roi prendra sa place et cela reviendra au même, il profitera du pouvoir pour s'enrichir et nous laisser pourrir dans la boue. »

Le jeune garçon était furieux à présent. Elle lui sourit gentiment, comprenant la colère qui le rongeait. Elle avait connu la même quand Ahmad était encore au pouvoir.

« Jamal prend soin de son peuple ! Et s'il vient à l'oublier, je suis là pour le lui rappeler ! »

Elle caressa la joue des deux enfants pour les rassurer.

« Comment vous appelez-vous ?

- Moi c'est Yasmine et mon frère c'est Yassin.

- Bien Yasmine, Yassin, je vais vous faire une promesse solennelle. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que plus jamais vous n'ayez à vivre dans la boue. D'accord !? »

Ils hochèrent leur tête les yeux brillants de larmes, désireux de la croire.

« Mais pour cela on doit d'abord sortir d'ici. Vous voulez bien me montrer la sortie ? »

Yassin était encore un peu sceptique mais finit par acquiescer.

« Bien, on t'emmène avec nous, mais si tu trahis ta promesse, je te tuerai moi-même. »

Son sourire s'élargit devant la fougue de ce petit être et s'empressa d'accepter.

« D'accord ! Je vous suis. »

Les enfants lui montrèrent le chemin jusqu'à la sortie de la caverne. C'était un long chemin jonché de squelettes de part et d'autre des parois rocheuses. On n'y voyait pas grand-chose mais les deux petits connaissaient la route à la perfection. Ils la prévenaient quand le sol était particulièrement glissant ou quand ils approchaient d'un précipice. Ils arrivèrent enfin au bout et la sortie qui se manifesta par un trou très étroit. Encore une fois, Leïla remercia Dieu pour sa petite taille et son absence de formes car elle n'aurait jamais pu sortir si elle avait possédé des mensurations d'adultes.

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