☾ Don't C.U.T me off
☾ Chapitre 13: (publié le samedi 26 octobre 2024)
À toutes les personnes qui se font du mal.. Vous n'êtes pas seul•e•s.
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– Bon... On le fait en même temps? Demande la grande brune en te tendant le petit objet récemment aiguisé.
Tu relèves la tête pour plonger ton regard dans ses yeux noirs.
– Tu es sûre que c'est une bonne idée?
– Sam... Soupire-t-elle. On en a déjà parlé et tu étais d'accord.
– Oui, mais... ça va faire mal, non?
– Pas nécessairement...
Un silence paisible s'installe. Elle te regarde et tu as les yeux rivés sur ce qu'elle tient.
– Tu les as eu où?
Ta meilleure amie désigne un tourne vis et un taille crayon posés sur son lit. Elle sourit fièrement.
– On fait avec les moyens du bord.
Tu hausses les épaules en expirant bruyamment.
– Mais...
Tu ne finis pas ta phrase. Qu'est-ce que tu voulais lui demander, déjà? Ah oui... On va mourir?
– Mais quoi? Demande-t-elle sans le moindre soupçon d'agacement dans la voix.
Tu ne réponds rien. Tu évites son regard.
– Tu sais, mon chat, on n'est pas obligées de le faire si tu ne veux pas.
Tu saisis vivement la fine lame posée dans sa paume et l'enferme dans la tienne, savourant la sensation de la sentir pressée contre ta peau sans la percer.
– Je le veux.
– Vous pouvez embrasser la mariée, dit-elle innocemment.
Tu lèves les yeux au ciel avant d'éclater de rire, rejointe par ta meilleure amie. Elle prend elle-même une lame, un sourire affiché sur son visage.
– Une coupure et au lit!
– Ta gueule.
La grande brune secoue la tête et se concentre sur ce qu'elle s'apprête à faire.
– Je commence. Comme ça, si ça te fait trop peur, tu pourras encore renoncer.
Non.
– Si tu veux, déclares-tu à contrecœur.
Tu es terrifiée parce que c'est la première fois que tu vas te faire volontairement du mal, mais tu t'en fiches. Tu n'as jamais rien fait sans elle, ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.
À aucun moment elle ne flanche, pas même quand le métal froid entre en contact avec sa peau sensible, pas même quand la lame s'enfonce dans sa chair, pas même quand elle étire la coupure sur toute la largeur de son poignet, lentement, pas même quand son sang fait surface et coule le long de la plaie.
– Eh! T'exclames-tu en commençant réellement à paniquer. Pas si profond.
En entendant ta voix angoissée, elle retire la lame et la jette sur un mouchoir déplié sur le lit au préalable. Son sourire ne la quitte pas.
– Ne t'inquiète pas, bébé, je sais ce que je fais.
À l'instant précis, tu ne relèves pas ce qu'elle dit, pas ce qu'elle sous-entend.
– Tu saignes... Murmures-tu alors que ton visage vire au blanc.
– Bien vu, Adkins.
Elle prend ton menton en coupe pour te faire relever la tête et tu perds de vue la traînée de sang qui s'écoule de son avant-bras.
– Tu as mal?
Un petit rire s'échappe de ses lèvres charnues.
– Ça chatouille un peu.
– Cool.
Est la seule réponse que tu as su lui donner. Que dire d'autre? Que tu la plains alors que tu t'apprêtes à faire la même chose?
La lame restée dans ta paume fermée a marqué sa trace sans te faire saigner. Tu la saisis entre ton pouce, ton index et ton majeur, puis tu déglutis.
Qu'est-ce que j'ai à perdre, de toute façon? Ma vie, et puis?
D'un geste rapide et précis, presque entraîné, tu traces une ligne nette sur ton avant-bras, ce qui provoque une faible brûlure, un léger picotement et puis plus rien.
– Pourquoi est-ce que ça ne saigne pas?
La grande brune t'arrête avant que tu puisses te faire un nouveau dessin.
– Ça met un peu de temps, parfois.
Un sourcil arqué, tu l'interroges du regard. Comment peut-elle bien s'y connaître si...
– Tu vois, le sang commence tout juste à couler.
Tu baisses les yeux sur ta blessure et souris. Des gouttes du liquide rouge s'écoulent timidement de l'entaille.
– Madame a l'air contente, dit ta meilleure amie en rangeant les affaires qui traînent sur son lit, avant de s'allonger dessus. On nettoiera ça demain, ça ne risque pas grand chose.
Demain.
Après quelques secondes où tu ne fais rien, ne dis rien, tu t'allonges à côté d'elle et fixe les vieux posters collés au plafond.
– Je t'aime, Stephie.
– Moi aussi, mon chat.
✴ ✴ ✴
Une chaleur anormale enveloppe ton corps. Une chaleur qui n'est pas celle de la Seine, puisqu'elle devrait te glacer le sang. La même chaleur qui accompagne chacun de tes voyages dans la Carte.
L'oxygène se fraie un chemin dans tes narines, puis ta gorge et ta trachée, avant arriver dans tes poumons endoloris, tandis que tu ouvres lentement les yeux.
Tes pieds sont posés sur le sol et tu es de nouveau sur la promenade, que tu n'as jamais vraiment quitté.
– Samantha...
Une douleur insupportable envahit ton crâne et tu dois lutter pour ne pas te laisser tomber de faiblesse.
– Samantha, regarde-moi.
Est-ce que tout ça est vraiment arrivé? N'était-ce pas qu'un long rêve étrange?
Tu clignes plusieurs fois des yeux, qui se posent sur ton bras nu.
C'était réel.
– Samantha!
Tu relèves brusquement la tête et ton regard se plonge dans celui de L'Inconnu qui te tient par les épaules.
Il te voit, t'entend, il peut te parler et te toucher. Comment est-ce possible?
Tes yeux s'écarquillent d'effroi et tu tentes de te dégager, sans succès: il te tient fermement et ne semble pas vouloir te lâcher de sitôt.
– L'Inconnu. Enlève tes sales pattes de mes épaules.
La colère que tu ressentais à son encontre quand tu as lu l'article de journal et rencontré James resurgit sans que tu puisses la contrôler. Tu as envie de lui sortir ses quatre vérités, de lui cracher au visage, de le gifler... mais seul ton regard noir fait surface.
– Écoute, Sam. Je sais que tu es en colère contre moi, et je comprends parfaitement.
Tu ouvres ta bouche pour enfin lui dire ce que tu penses de lui, que tu lui en veux à mort, que tu n'arrives toujours pas à comprendre ce qu'il t'arrive ni pourquoi il t'a menti. Pour aussi lui dire à quel point tu as peur, pour lui comme pour toi, et qu'il te manque, qu'il te manque à mourir mais que ça non plus – ces sentiments – tu ne les comprends pas. Sauf qu'aucun sont ne sort de ta bouche, tu restes muette.
– Notre relation n'est basée que sur des mensonges, bien que j'essaie d'en faire ressortir la vérité...
Ce que vous entretenez est donc une relation? Mais quelle relation se résume à des conversation sans fin à travers une carte et à des voyages effrayants, des blessures mortelles soignées mystérieusement?
– Et je ne compte pas m'arrêter de te mentir avant qu'on... qu'on ait réussi.
Tu fronces les sourcils et tes yeux descendent sur ses mains, dont la poigne sur tes épaules s'est relâchée.
– Réussit quoi? Arrives-tu à dire d'une voix faible et à peine audible.
– C'est compliqué, tout est compliqué...
– Pourquoi n'essaies-tu pas de rendre les choses simples?
C'est probablement la question la plus stupide que tu aies jamais posée. Non, Sam, rien n'est simple.
L'Inconnu soupire et se penche vers toi.
– Je t'assure que si je pouvais, je le ferais. Maintenant... rentre dans le vrai monde.
Ta lèvre tressaille à peine perceptiblement.
– Comment?
– Choisis un mot, et dès que tu le prononceras, tu sortiras instantanément de la Carte.
– Tu en as un, toi?
Il détourne le regarde sans pour autant s'éloigner.
– J'aimerais bien...
Tu lèves une main tremblante pour la poser sur sa joue, caressant doucement sa pommette avec ton pouce.
– Alors... ton mot?
L'Inconnu te fixe à nouveau, avec bienveillance, avec espoir. Et tu comptes bien lui en donner des faux.
– Non.
– Pardon?
Il incline la tête sur le côté alors qu'un sourire amusé apparaît sur ses lèvres.
– J'ai dit non. Je ne veux pas rentrer à la maison. Pas si près du but.
Son rictus disparaît aussitôt – ton but doit paraître si superficiel à côté du sien; la vraie question étant à quoi veux-tu parvenir, et que veut-il obtenir de cette pseudo vérité? Un souffle hésitant s'échappe de ses lèvres rosées.
– C'est ton choix, Sam. Je ne peux rien y faire, mais sache que dans mes souvenirs, tu n'es pas sous ma protection. Si quelque chose t'arrive, je ne pourrais qu'y assister.
L'Inconnu couvre ta main de la sienne et dépose un baiser sur ton front, semblable à la caresse d'une plume, si léger que tu le sens à peine. Il s'écarte et recule lentement, se fondant dans la foule, disparaissant de ton champ de vision comme tout ton environnement.
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Je tiens évidemment à préciser que je n'encourage ni l'automutilation ni le suicide.
✨1384 mots✨
Merci pour votre lecture.
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