Chapitre 8

Samedi matin, je fais la vaisselle avec mon père alors je profite de ce moment pour le prévenir que je ne suis pas là cette après-midi.

_Et où tu vas ?

_Chez un ami pour faire le devoir en histoire.

_Hum... Et cet ami... Je le connais ?

Je préfère être franche avec lui.

_Oui. Enfin, c'est le même que celui que j'ai giflé au café l'autre jour. On s'est reparlé depuis et on est ami.

Mon père s'immobilise un court instant. Il hausse un sourcil et penche la tête vers moi. 

_Ami ? On a bien la même définition du mot ami ?

_Oui Papa, je soupire en ressuyant la dernière assiette. Pour l'instant, il n'y a rien de plus entre lui et moi.

_Tu n'as pas peur qu'il ne soit pas sérieux ? Vu la raison pour laquelle il a commencé à te parler je ne lui ferais pas trop confiance si j'étais toi.

_J'espère qu'il est sincère. Il a fait de gros efforts pour que je lui "pardonne" , je mime les guillemets. Et il mérite que je lui laisse sa chance.

_Si tu dis qu'il a changé... Ça ne me plaît pas que tu ailles chez un garçon que je ne connais pas mais je ne vais pas t'enfermer dans ta chambre éternellement non plus alors fais attention à toi. Et surtout, protégez-vous.

_Papa !, hurlai-je en lui frappant l'épaule avec la serviette -ce qui le fait rire.

_Vaut mieux être prévenant. S'il y a le moindre problème, tu m'appelles, ok ?

_Oui, ne t'inquiète pas.

****

En début d'après-midi, Théo se gare devant chez moi et descend de la voiture pour s'appuyer contre le capot en attendant que je sorte. Mon père m'accompagne jusqu'à la porte et joue le rôle du père capable de commettre un meurtre si on s'en prend à sa fille en jetant un regard meurtrier à Théo. La tête qu'il fait me fait éclater de rire. J'embrasse mon père et me dirige vers Théo.

_Salut !

_Salut, me dit-il en souriant.

Il m'ouvre la portière passagère, me fait signe d'entrer, la referme et contourne sa voiture pour aller du côté conducteur tel un vrai gentleman.

_T'es pas obligé de faire le parfait petit-ami devant mon père, tu sais ?

_Petit ami ?, me questionne t-il fièrement.

_Tu m'as comprise.

Il rigole puis démarre la voiture. Pendant le trajet, il ne parle pas et ne quitte pas la route des yeux. Moi je regarde à travers la fenêtre les champs et les maisons qui défilent sous mes yeux. Au bout de quelques minutes, il se gare devant une porte de garage reliée à une maison plutôt grande et contemporaine.

_Voilà. C'est là que j'habite. On sera seul, mon oncle n'est pas là cet après-midi.

Il descend de la voiture et vient m'ouvrir la portière. Je le remercie et le suis pour entrer dans la maison. Lorsque je pénètre dans celle-ci, je me retrouve dans un hall d'entrée avec un escalier pour monter à l'étage sur le côté. J'enlève mes chaussures puis il me fait visiter le rez-de-chaussée. Le couloir est suivi d'un grand salon et d'une cuisine à gauche. Tout est lumineux. On peut voir le grand jardin grâce à une baie-vitrée. Dans un coin de son salon, il y a une grande cage à un étage. À l'intérieur, il y a une adorable boule de poil grise, blanche et noir. Théo me présente son petit lapin qui se prénomme Caleb. Il m'explique en riant qu'il l'a eu par ses parents il y a un an pour ne pas qu'il se sente seul chez son oncle vu que celui-ci n'est jamais là. Il me fait ensuite monter à l'étage et on va directement dans sa chambre. C'est une grande chambre sur le thème New-York avec des murs gris foncés et rouges. Il me fait signe de m'installer sur son lit deux places qui m'a l'air gigantesque. Je m'assieds.

_Ça te dérange si on fait les devoirs sur mon lit ? J'ai qu'un bureau et il est trop petit pour qu'on bosse à deux dessus.

_Non, ça va t'inquiète pas de problème.

Il sourit puis s'allonge sur le ventre, les pieds vers les oreillers. Je fais de même. J'ouvre mon sac et sors le devoir d'histoire. Il a déjà préparé ses affaires et les sort en même temps que moi. Après quelques minutes de réflexion, je trouve que le devoir est plutôt simple mais Théo n'est pas du même avis que moi.

_Al ?

Je retire le crayon que j'ai dans la bouche pour lui répondre. 

_Ouep.

_Tu peux m'expliquer comment tu développes le sujet, s'il-te-plaît ?

Je prends mes surligneurs et séparent les différents "groupes" de mots dans le sujet en les surlignant de couleurs différentes en fonction de ce à quoi ils correspondent. Ça le fait rire de me voir surligner sa feuille.

_Quoi ?, souris-je.

_Rien. T'es trop mignonne, c'est tout.

Je sens le rouge me monter aux joues alors je baisse les yeux sur la feuille. Délicatement, il pose ses doigts sur mon menton pour me relever la tête. Son regard croise le mien un instant puis il descend sur ma bouche. Je sais qu'il veut m'embrasser alors je m'avance légèrement vers lui et incline la tête pour lui montrer que je le veux aussi. Je ne trouve pas que tout ça va trop vite, je pense qu'après ces efforts vis-à-vis de moi il mérite une chance. Je me sens prête. Il sourit puis ses lèvres effleurent les miennes avant de m'embrasser réellement. Je le laisse prendre ma bouche comme otage de sa langue. Il m'embrasse lentement et j'adore ça. J'attends que ce moment et que cette sensation réapparaissent depuis tellement longtemps. Il pose ses mains sur ma taille, m'allonge sur le dos et se place au-dessus de moi en s'appuyant d'une main sur le matelas. Je mets mes mains dans ses cheveux puis sur ses épaules. Sa main libre se balade sans gêne sur mon corps. Mon visage, mon cou, mes bras, ma taille... Tout s'embrase à son contact. Il libère ma bouche de son emprise et me suçote le cou en semant un chemin de baisers. Ses mains saisissent l'ourlet de mon T-shirt pour me l'enlever mais je lui saisis les poignets pour les mettre sur ma taille.

_Je ne veux pas qu'on aille trop vite, dis-je haletante entre deux baisers.

_On ne fait rien là, réplique t-il sur un ton calme et déterminé.

Il roule des hanches au-dessus de moi et je sens son membre durcir contre ma cuisse. J'ai envie d'aller plus loin, je suis à l'aise mais je repense à Hannah et je comprends maintenant comment elle a réussi à lui céder si facilement. On en veut toujours plus avec lui. Je ne veux pas qu'il m'arrive la même chose, je pose alors mes mains sur son torse pour le repousser doucement.

_Arrête, Théo, je chuchote.

Il continue de m'embrasser dans le cou alors je répète un peu plus fort :

_Arrête.

Cette fois-ci, il arrête de m'embrasser et de rouler des hanches mais ne bouge pas d'un pouce.

_Quoi ?

_Ça va trop vite là. Je ne peux pas.

Je me relève ce qui le repousse par la même occasion.

_Pourquoi ? Tu n'as pas confiance en moi ?

Je le fixe mais ne réponds pas. Je ne peux pas encore le croire malgré les efforts qu'il a fait. S'il est prêt à m'attendre je le croirais mais là, j'ai l'impression que c'est comme avec Hannah. Il ne sait pas prendre son temps, il veut aller droit au but. Et ça ne me va pas. En voyant que je ne réponds pas, il se vexe.

_Je vois... On ne peut pas être en couple si tu n'as pas confiance en moi, tu le sais ça Alison ?

_Ce n'est pas ça. Je te laisse m'embrasser et on se retrouve toi sur moi prêt à me déshabiller. Ça va trop vite.

_Tu te répètes. En fait, le problème c'est Dylan. Ça a toujours été Dylan, renchérit-il sur un ton cassant. J'ai baisé sa sœur, je l'ai quittée et maintenant il te dit de te méfier de moi à cause de ça.

_Mais qu'est-ce que tu racontes ?, je réponds en essayant de garder mon calme. Ce n'est pas Dylan mais oui, le fait que tu aies profité d'Hannah est une de mes raisons. Qui me dit que tu ne vas pas faire pareil avec moi, hein ?

_Je n'ai pas profiter d'elle ! T'étais pas là, ok ? Personne ne l'était ! Elle l'a voulu autant que moi. Contrairement à ce que tu pense je ne suis pas un violeur.

Il se ressaisit puis me tourne le dos.

_Vaudrait mieux que tu t'en ailles maintenant.

Nous y voilà !

_Quoi ?

_Puisque tu n'as pas confiance en moi, barre-toi.

Il a dit ça sur un ton extrêmement calme. Je comprends en fait qu'il essaie de se maîtriser pour ne pas péter un plomb. Je n'ai pas envie de faire la bonne petite fille qui se rabaisse pour son copain en disant des choses qu'elle ne pense pas, jamais. Je n'ai pas entièrement confiance en lui, et j'assume. Alors je prends ses paroles au pied de la lettre. 

_Très bien. Quand tu seras calmé, tu viendras me voir, ok ?

_Ok.

Je prends toutes mes affaires, ouvre la porte et descends les escaliers pour sortir. Quand je pose ma main sur la poignet de la porte pour l'ouvrir, Théo m'attrape le poignet pour m'en empêcher. Je ne bouge pas et lui lance :

_Ça y est t'es calmé ?

_Excuse-moi. Remonte avec moi.

_Il fallait y réfléchir avant de me dire de partir, je vocifère.

Soudainement, il me retourne le bras pour que je lui fasse face et me plaque violemment contre la porte en plaçant mes poignets au-dessus de ma tête.

_Ne me tourne jamais le dos !, m'ordonne t-il.

Je peux lire de la colère dans ses magnifiques yeux verts. Il me colle toujours contre la porte et serre mes poignets dans sa main droite. Son comportement lunatique me fait peur -en quelque sorte. 

_Théo ! Tu me fais mal. Lâche-moi !

Il desserre légèrement sa poigne mais me maintient toujours les poignets au même endroit.

_Je te lâche si tu remontes avec moi.

_Tu ne sais pas ce que tu veux.

_Je veux que tu remontes avec moi.

Je bouge mes poignets qu'il tient toujours dans sa poigne.

_Je n'ai pas vraiment le choix de toute façon.

Il me relâche et laisse retomber mes bras le long de mon corps avant de me reprendre la main pour m'entraîner en haut. Je le suis, dépassée par son comportement.

****

Une fois que je suis rentrée dans sa chambre, il referme la porte derrière lui et s'y adosse.

_Tu vas faire quoi maintenant ? Me séquestrer ?

_Pour qui tu me prends, sérieux ?

_Pour un gars qui vient juste de me dire de me barrer après m'avoir embrassée, pour me dire ensuite de revenir avant de me claquer contre une porte et de me forcer à remonter avec lui.

_Alors ouais, je vais peut-être te séquestrer, dit-il sur un ton sarcastique.

Je ne réponds pas et m'assois sur son lit. À ce moment précis, je me déteste. Comment ai-je pu le laisser me contrôler comme ça ? J'aurais très bien pu partir alors pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Parce qu'il est comme une drogue pour moi. C'est tellement ridicule mais aussi tellement véridique... Je ne sais pas lui dire non -pas sur tout du moins. On reste là, chacun de son côté sans parler pendant un bon quart d'heure.

_Tu as l'intention de me parler avant ce soir ?, me demande t-il.

_Non.

_Non quoi ?

_Non, je n'ai pas l'intention de te parler avant ce soir.

_Excuse-moi.

Je ne réponds pas.

_Tu m'as entendu ?

_Oui.

_Alors ?

_Alors quoi ?

_Tu me pardonnes ?

_Tu crois qu'il suffit de trois mots pour que tout soit oublié c'est ça, Théo ? Tu as tort. Oui je n'ai pas confiance en toi car je te laisse m'embrasser et tu veux tout de suite qu'on fasse plus. Je me demande ce que tu cherches dans tout ça au final.

_Toi.

_En fait, je préfère quand tu ne parles pas c'est plus simple de te détester comme ça.

_Tu me détestes ?, s'étonne t-il en venant s'asseoir sur le lit.

_Je déteste ton comportement de tout à l'heure. Tu ne peux pas me dire de partir comme ça parce que je refuse qu'on couche ensemble.

_Je n'aime pas qu'on me dise non. Et je ne voulais pas qu'on bai... couche ensemble tout à l'heure.

_Ok.

_C'est tout ?

_Oui.

_On fait quoi maintenant ?

_J'attends que tu me laisses sortir.

Il me prend les mains mais je les retire.

_Qu'est-ce que je peux faire pour que tu me pardonnes, Al ?, me supplie t-il.

_Rien. Laisse-moi partir.

_Je ne peux pas. Si tu pars, tu ne reviendras plus et je te perdrais. Je ne veux pas ça. Pas après tous les efforts que j'ai fait pour t'acquérir. 

_Ce que tu veux et ce que je veux sont deux choses totalement différentes.

_Et tu veux quoi Alison ? Parle-moi, merde !

_Je te veux toi. Mais je suis déçue de tout à l'heure. J'aurai aimé que l'on ne se voit pas car ça a empiré les choses.

_Tu regrettes qu'on se soit embrassé ?

Sa voix est faible, beaucoup trop faible et je n'aime pas ça du tout.

_Non. Et toi ?

_Evidemment que non ! S'il-te-plait, oublie le reste de l'après-midi. Je te promets d'essayer de ne plus m'emporter comme ça.

Je veux oublier sa crise de nerfs mais s'il recommence, je ne pourrais pas continuer ainsi.

_D'accord.

Il me prend dans ses bras et m'embrasse. Je le laisse faire -même si je ne devrais pas, parce que j'ai besoin de savoir qu'il regrette. Et c'est dans son baiser qu'il peut me le montrer. J'ai besoin de lui mais j'ai peur qu'il me brise si je lui montre réellement l'importance de mes sentiments pour lui. Je n'en connais pas l'ampleur moi-même. Mais je sais que maintenant que je suis engagée, je ne me vois pas le laisser tomber sans souffrir en retour. 

Je passe le reste de l'après-midi à regarder la télé dans ses bras. En fin de soirée, je cherche mon sac pour rentrer chez moi. Quand je le trouve je vais rejoindre Théo dans son salon. Il tient mon téléphone dans sa main. Lorsqu'il me le tend, il me précise :

_T'as reçu un message de Dylan.

_Oh. Et tu l'as lu ?

_Non. Il doit se demander si j'ai déjà réussi à te faire partir de chez moi.

_Arrête, Théo. Il veut juste savoir si ça se passe bien. C'est mon meilleur pote, il s'inquiète pour moi c'est tout.

_Ouais. D'accord.

****

Sur le trajet, Théo a posé sa main sur ma cuisse plusieurs fois. Dès qu'on arrive devant chez moi, il m'embrasse et me souhaite une bonne soirée. Je le remercie et lui dis qu'on se revoit lundi. En rentrant, mon père m'attend dans le salon et me demande comment s'est passé mon après-midi avec Théo. Je lui dis qu'on a fait nos devoirs et qu'il m'a embrassée donc qu'on est supposé être en couple. Il se met à me prévenir des "dangers" de l'amour alors je monte dans ma chambre avant qu'il ne se mette à me parler de sexe comme il a l'habitude de le faire. Dans ma chambre, j'envoie un SMS à Dylan pour lui dire que tout s'est bien passé et qu'il m'a embrassée. Il me demande si on est ensemble et je lui réponds que oui. Je décide de ne parler à personne de la crise de Théo parce que ça ne regarde que nous deux. Le lendemain, je passe l'après-midi au téléphone avec ma mère et lui explique que le lycée est super et que je me suis fait des amis mais je ne parle pas de Théo sinon je sais qu'elle va me faire tout un discours comme celui de mon père sur les jeunes et les hormones etc... Elle est contente pour moi et me dit que je peux passer un weekend chez elle pendant les vacances de Toussaint dans deux semaines. J'accepte et lui promets de lui envoyer des nouvelles plus souvent. 

Du lundi, c'est Dylan qui passe me prendre. En arrivant au lycée, la team est déjà là et je sais au regard de Lindsay qu'elle a deviné qu'il s'est passé quelque chose avec Théo. Je le cherche du regard mais il me prend par surprise en arrivant derrière moi et en passant ses mains autour de ma taille.

_Salut, bébé, me susurre t-il à l'oreille.

_Salut, toi.

Je me retourne et l'embrasse ce qui fait siffler et crier tous nos potes. Je n'aime pas me faire remarquer mais ce n'est pas à une exception près. Ils nous félicitent et nous souhaitent du bonheur. Je les remercie. Dylan est à l'écart alors je vais le voir.

_Si tu crois que je vais te féliciter Alie, tu te trompes.

_Non, je ne veux pas que tu me félicites. Je venais juste voir si ça allait.

_Moi, ça va. Mais j'espère que ça ira aussi pour toi.

_Tu sais Dylan... Hannah a tourné la page et je pense que tu devrais aussi essayer. Je ne t'y force pas mais si tu le fais, tu verras que Théo n'est pas si méchant que ça.

_Je vais y réfléchir. De toute façon maintenant je n'ai plus vraiment le choix puisqu'il est toujours avec nous.

_Si tu ne veux pas, ne le fais pas Dylan.

_Je vais essayer de lui parler de manière civilisée pour toi, ça te va ?

_Bien sûr ! Merci Dylan.

Je le serre dans mes bras. Je suis tellement contente qu'il essaie de lui pardonner. On va rejoindre le groupe et je vais à côté de Théo. Je suis étonnée qu'il ne fasse pas de remarques sur notre câlin. Il passe sa main dans le creux de mon dos et me colle à lui pendant qu'il parle avec les gars. Je suis contente qu'ils s'entendent bien. 

La journée se passe extrêmement bien. J'ai essayé de rester avec le groupe aussi et pas qu'avec Théo ce qui l'a fait râler au début. Après la fin des cours, Théo me demande si je repars avec lui. Je lui réponds que non car mon père passe déjà me prendre. Il ne dit rien et m'embrasse pour me dire au revoir. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top