Le lendemain, Théo ne me calcule pas de la matinée. Isaac vient chez moi cet après-midi. Il a quelque chose à me dire alors on monte dans ma chambre et on s'installe sur le lit. Je suis assise en tailleur et lui est en face de moi. Comme à mon habitude, quand on me dit ça je stresse et suis contrariée ce qu'Isaac ne manque pas de remarquer.

_Hé, Al. Ce n'est pas quelque chose de grave, tente t-il de me rassurer.

_De quoi dois tu me parler ?

_De moi. Et de mes parents.

Merde. C'est pas bon ça. Il s'empresse de poursuivre:

_Ne t'inquiète pas je ne pars pas. Ce sont mes parents qui s'en vont en voyage d'affaire un peu plus d'une semaine, et ils prennent Stella avec eux.

Stella, c'est sa petite sœur. Il continue.

_Comme ils me laissent seul et ont peur qu'ils m'arrivent quelque chose, je vais passer tout ce temps chez mon oncle, Chris.

_Attends, attends. Chris comme Chris Montgomery ? C'est aussi ton oncle ?

_Oui. C'est le frère de ma mère.

_Mais il n'est jamais chez lui. Ça change quoi que tu sois là-bas ?

_Je ne serais pas tout seul...

Théo...

_Il est au courant ?

Bien sur, je parle de Théo.

_Oui.

_Et il a dit quoi ?

_Il s'en fiche.

_Tes parents partent quand ?

_Vendredi soir. Et il rentre le mercredi de la deuxième semaine.

_D'accord. Vous vous entendez encore bien avec Théo ?

_Oui. Je pense que ça ira. Et puis si je croise mon oncle, ce sera l'occasion de passer du temps avec lui.

_On pourra se voir quand même ?, je demande inquiète.

Il rigole.

_Oui, on pourra se voir. Je sais que tu ne peux pas te passer de moi mais tout de même !, se moque t-il.

Je lui frappe l'épaule.

_C'est même pas vrai.

Il se rapproche de moi.

_Ah oui ?

Je hoche la tête. Il m'embrasse le cou. Puis suçote ma clavicule nue. Sa main passe sous mon T-shirt et je suis parcourue de frissons. Il commence à me chatouiller.

_Bon ok. J'avoue !

Il sourit contre mon cou. Il sait que je n'aime pas avouer sur la torture. Je me relève brusquement le lançant perdu sur mon lit et me dirige vers la porte.

_Faut aller promener Alpha.

Je souris fière de l'avoir refroidi et lui soupire. Il me suit et on va chercher Alpha dans le jardin.

**

Du dimanche, je vais à pied jusqu'à la maison de l'oncle d'Isaac et de Théo. Je sonne à la porte et c'est Théo qui vient m'ouvrir. Depuis mardi, il ne m'a pas parlé et était froid en ma présence. Quand il voit que c'est moi, il se recule pour me laisser passer.

_Il est au haut. Isaac ! Y a ta meuf !

Euh... D'accord. Je crois que j'ai manqué un épisode. Il ne m'a pas parlé de la semaine alors je ne m'attendais pas à un accueil chaleureux mais au moins un minimum de politesse.

_T'as un problème ?, je lui lance.

Il se tourne vers moi.

_Non, aucun. Tout va très bien.

Il a exactement le même comportement que quand je l'ai rencontré. C'est à dire un comportement de connard. Je pensé qu'il avait changé mais je me suis trompée apparemment. Plus le temps passe et plus il redevient l'imbécile qu'il était. Isaac descend et constate que ça ne va toujours pas mieux entre l'Adonis et moi. Oui, ça fait un moment que je ne l'appelais plus comme ça mais il mérite que je le renomme ainsi. Quoique, il n'est plus aussi attirant qu'avant. Connard, alors ? Ouais ça fera l'affaire. Isaac s'approche de moi, pose ses mains sur ma taille et m'embrasse.

_Ça va ?, me demande t-il doucement.

_Oui, ça va.

Théo monte et nous allons dans le salon. La première chose que je remarque, c'est la cage de Caleb qui est toujours au même endroit. Je vais directement vers sa cage mais n'ose pas le sortir puisque c'est le lapin de Théo. Je lui parle à travers la grille.

_Moh Caleb! Ça faisait longtemps. Tu m'as manqué p'tit bout.

Il s'approche à la grille et je passe mon doigt à travers. Il le renifle et le lèche. Il est adorable.

_Tu veux que je demande à Théo si tu peux le prendre ?

Je me tourne vers Isaac pour lui répondre.

_Non, c'est bon. Il ne serait pas d'accord de toute façon.

_Tu es sûre ?

_Oui, merci.

Je me lève et vais m'asseoir sur le canapé avec Isaac. Il me propose de regarder La Terre Brûlée et évidemment, j'accepte tout de suite. J'adore L'épreuve. J'ai lu tous les livres. Le film démarre et je m'allonge entre les jambes d'Isaac. Vers le milieu du film, quelqu'un frappe à la porte. Avant qu'Isaac n'ai le temps de se lever pour aller ouvrir, Théo descend tranquillement et va ouvrir la porte. On peut voir l'entrée d'ici. La personne qui rentre est une fille. Enfin je dirai plutôt une meuf déguisée en pot de peinture. Sur le coup, je me suis dit qu'elle s'était trompée d'endroit parce que ça m'étonnerait que Théo est organisé une fête déguisée mais il lui sourit et la fait rentrer. Il la prend par la taille et ils montent ensemble. Son regard se pose sur moi et il sourit machiavéliquement. Je ne comprends rien. Isaac ne réagit pas et continue de regarder le film.

_C'était qui cette fille ?, je demande curieuse.

_Peggy, me répond t-il avec un sourire en coin.

Je manque de m'étouffer.

_T'es sérieux ?

Il se met à rire.

_Non. Je l'appelle Peggy parce qu'elle me fait pensé à un cochon. Non, c'est méchant pour le cochon. Mais je l'appelle Peggy quand même.

_Et c'est qui ?

_Je sais pas. Je lui ai jamais parlé.

_Qu'est ce qu'elle fait là alors ?

_C'est l'une de ses putes.

Je fronce les sourcils. De quoi il parle ?

_Quoi une de ces putes ? Tu ne peux pas m'expliquer clairement ce qu'elle fait là ?

_Elle se fait sautée par Théo.

Je lui frappe le torse pour son vocabulaire.

_Isaac !, je m'exclame ce qui le fait rire.

S'il se met à utiliser le même vocabulaire que son cousin, je jure que je me pends. Et là, je réalise seulement maintenant ce qu'il vient de me dire. Je suis prise d'une colère noire et je ne sais même pas pourquoi.

_Depuis quand est-ce qu'il baise avec des putes ?

_Alison !, s'exclame Isaac de la même façon que moi il y a quelques secondes.

_Bah quoi ? C'est vrai, non ? Nan mais sérieux. Depuis quand ?

_Je n'en ai aucune idée. Déjà vendredi soir, elle était là quand je suis arrivé. C'est là que je lui ai trouvé ce si beau surnom, ironise t-il. Puis hier, il en a ramené une autre, Marge.

Il sourit en la nommant.

_J'imagine que c'est encore un de tes surnoms.

_Ouep. Elle m'a marquée celle là. Surtout ses cheveux bleus... Et puis sa peau !

_Si tu me dis qu'elle a la peau jaune..., je laisse ma phrase en suspens.

Et là il se tape une barre tout seul. Je ris aussi mais de sa réaction. Son torse vibre dans mon dos.

_Non, je te charriais. Elle a une peau normale. Ou presque.

Et il rit de nouveau.

_Mais comment tu sais qu'ils couchent ensemble ?

_Ils ne couchent pas ensemble. Ils baisent.

Je le refrappe et il fait semblant d'être blessé gravement. Il reprend.

_Ma chambre est à côté de la sienne. J'entends tout. Vraiment tout. Le lit qui grince, quand ils jou...

Je lève les mains pour lui dire d'arrêter de parler mais il ne s'arrête pas alors je pose ma main sur sa bouche.

_Chut, tais-toi. J'ai compris maintenant.

Il sourit contre ma main. Je suis choquée de Théo. Jamais je n'aurais pensé qu'il pouvait coucher avec des filles comme ça. Et il les trouve où d'ailleurs ? Au pire, Alison, tu t'en fous. Enfin, essaies d'en avoir rien à faire du moins... Je retire ma main de la bouche d'Isaac et y pose mes lèvres.

_C'était pour quoi ça ?, me demande t-il.

_J'en avais envie.

Il sourit puis repose ses lèvres sur les miennes. Je cale mes jambes de chaque côté de sa taille et pose mes mains sur son torse. Je suçote sa peau sensible sous son oreille et il gémit. Ses mains vont se placer sur ma taille. Une de mes mains va sous son T-shirt et caresse ses abdos. Je sens son érection durcir contre mon bas-ventre. Il passe mon pull au dessus de ma tête mais je me fige en me rappelant les choses que j'ai déjà faite sur ce canapé. Avec Théo. Et ça me refroidit aussitôt.

_Qu'est ce qu'il y a, Al? me susurre Isaac contre mon cou.

Je ne tiens pas à lui dire ce que je pense. Ce serait trop gênant.

_Je... Tu ne préfères pas qu'on aille dans ta chambre ?, je le questionne timidement.

_Comme tu veux. Mais ça risque d'être bruyant.

Je hoche la tête. Je ne tiens pas à faire des choses avec Isaac au même endroit que j'en ai faite avec Théo. Il me soulève en me prenant par la taille et je glousse. Mes jambes se croisent autour de sa taille et il me porte jusqu'à sa chambre. Une fois sur son lit, je comprends ce qu'il voulait dire par " bruyant" . On entend tout. Je vous passerais les détails. Soudain, j'ai une idée. Je me colle au mur et me mets à hurler... de plaisir. Isaac me regarde comme si j'étais folle, et c'est peut-être probablement le cas, puis il comprend que je fais ça pour déranger Théo et sa pute. Il rigole et vient à côté de moi. On simule tous les deux assez fort pour être sûr qu'ils entendent. Ensuite, je grimpe sur le lit et me mets à sauter sur le matelas accompagné d'Isaac. On manque de tomber et nous retenons de rire. Après qu'on soit épuisé d'avoir autant crier, on pousse un dernier cri de soulagement et nous écroulons sur le lit.

_On ne les entend plus, sourit Isaac.

_On refait ça quand tu veux, je dis en rigolant.

_Pas de problème.

Quelques minutes plus tard, on entend la porte de la chambre d'à côté s'ouvrir puis des pas dans les escaliers. Quand la porte d'entrée se claque, on décide de descendre. Avant d'ouvrir la porte, Isaac m'interpelle.

_Attends.

Il m'embrasse sauvagement mais sensuellement. Puis défait mes cheveux en les ébouriffant. Il se recule et me regarde tout sourire.

_C'est beaucoup mieux, me dit-il en me faisant un clin d'œil que je lui rends.

En bas, Théo est sur le canapé et a changé de films. Il ne nous jette même pas un regard quand on rentre dans la pièce. Isaac me prend par la main et m'emmène dans la cuisine. Il me sert à boire et demande à Théo s'il veut quelque chose. Il lui répond qu'il veut une bière. Je lui prends la bière des mains.

_J'y vais, je me propose et il me sourit.

Lorsque j'arrive dans le salon, je lui tends la canette et il ne quitte pas la télé des yeux quand il me la prend des mains. Je pars rejoindre Isaac quand je l'entends dire:

_La prochaine fois, tu diras à Isaac de te fourrer un oreiller sur la gueule quand tu jouis.

Je souris. Il nous a entendu.

_Je ne vois pas de quoi tu parles, je mens en quittant le salon.

Quand je rejoins Isaac, on éclate de rire. Après que j'ai bu mon coca, on retourne sur le canapé. Je m'assieds entre les jambes d'Isaac et Théo et sur le fauteuil d'à côté. Je suis sûre que ça le dérange mais je ne vais pas m'écarter de mon copain pour lui. Au bout d'un moment, je fixe la cage à Caleb et je veux vraiment le tenir dans mes bras.

_Je peux sortir Caleb?, je demande à Théo.

_Non, me dit-il sèchement.

_Et pourquoi ça ?

_Parce que c'est mon lapin et c'est moi qui décide. Il reste dans sa cage, point final.

Je râle.

_C'est bon, Théo. Elle peut le caresser quand même, me défend Isaac.

_J'ai dit non, putain ! Casse pas les couilles toi aussi.

Ah ouais, il le prend vraiment comme ça... Je ne voulais pas qu'Isaac s'en mêle. Maintenant il va avoir des problèmes avec Théo. Je me lève doucement.

_Bon... Euh... Je vais y aller moi..., dis-je mal à l'aise.

Isaac se lève aussi.

_Pourquoi ? Tu ne peux pas rester plus longtemps ?, insiste t-il.

_Non. Mon père doit m'attendre et je dois promener Alpha.

Je me dirige vers la porte en ne prenant pas la peine de dire au revoir à Théo. Il ne mérite pas que je lui dise de toute manière. A l'entrée, je me mets sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres d'Isaac.

_Je t'appelle en rentrant, je murmure contre ses lèvres.

_Oui. Fais attention à toi.

_Promis.

Sur la route jusqu'à ma maison, je réfléchis au comportement de Théo. Comment a t-il pu passer de souriant et gentil à froid et méchant du jour au lendemain ? Je ne le comprends vraiment pas ce gars là. Il doit être bipolaire. Je me demande bien comment j'ai fait pour le supporter pendant tout ce temps. Non, je ne me le demande pas en fait. Il était adorable avec moi. Quelque chose a du le changer... Mais quoi ?