Chapitre 39

                    L'après-midi s'est bien passé. Après les cours, j'ai dit au revoir à tout le monde et Dylan m'a ramené. Les révisions pour le lendemain m'ont pourries toute la soirée. Je fais de gros bisous à mon bébé avant d'aller dormir et m'affale dans mon lit. Je souris en reconnaissant l'odeur d'Isaac imprégnée dans les draps. Je m'endors en respirant son parfum. 

Je suis réveillée par un Alpha qui me lèche la figure et saute partout dans mon lit. Attends une minute... Qu'est ce qu'il fait dans mon lit ?! Je me redresse et constate que la porte de ma chambre est entrouverte. Il a du monter et entrer. D'habitude je l'aurais grondé mais là, je l'attrape et le serre contre moi. Ce mongole croit que je joue et pose ses pattes sur mes épaules alors que je suis assise. Je lui gratte le ventre et il s'allonge immédiatement sur le dos. Après une longue séance de démonstration d'affection, je me lève et il sautille derrière moi jusqu'à ma salle de bain. Une fois préparée, je sors Alpha dans le jardin et je vais à l'arrêt de bus. Isaac m'a gardé une place et je m'y assieds après avoir saluer mes amis. Je lui fais un bisous sur la joue et lui souris.

_Ça va ?, me questionne t-il.

_Super et toi ?

_Idem.

On ne parle pas durant le trajet. C'est étrange comme sensation d'être à côté de lui mais de ne pas pouvoir le toucher. Mes pensées sont en total contradiction avec ce que je lui ai dit. On doit prendre notre temps ou au mieux, ça arrive sans prévenir, même si j'ai envie de lui tenir la main ou d'être dans ses bras. Si ça va trop vite, tout ça n'aurait servi à rien. 

Devant le lycée, la bande est presque au complet. Aiden m'apprend que Lindsay ne vient pas car elle se sent mal. Je fais la bise à Théo et c'est très gênant. Si ma mémoire est bonne, je crois que c'est même la première fois qu'on se dit bonjour de cette façon. Je m'assieds à côté de Noah toute la matinée. Comme toujours, il me vole mes stylos enfin, vu que je le vois me les prendre, on fait de la contrebande de stylos. S'il prend mon bic bleu brillant, je lui prends le sien vert brillant. Et bien sur, à la fin, il est toujours satisfait. Les garçons viennent nous voir aux interclasses pour nous mendier de la nourriture. Je leur donne des Granola et Noah fait une moue de bébé parce qu'il ne veut pas donner un morceau de son cookie à Aiden. Quand on part pour la cantine, Isaac me rattrape.

_Hé ! On peut manger ensemble ce midi ?

_Euh... Oui. On a toujours mangé ensemble le midi.

_Non..., dit-il en se grattant la nuque. Je veux dire rien que toi et moi.

Oh...

_Oui. À la cantine ?

Un sourire apparaît au coin de ses lèvres.

_Oui. Tu viens ?, me demande t-il en s'éloignant des autres qui eux, rentrent dans les toilettes.

Je le suis. Dès qu'on s'est éloigné des autres, il me prend la main et j'aime trop ce contact pour la retirer. Dans la cantine, on s'assied à une petite table. Au grand plaisir de mon estomac, on mange des pattes et un cordon bleu. J'essaie de manger proprement ce qui n'est pas si facile. Isaac rigole en me voyant galérer avec les pattes et le gruyère. Je pensais être discrète mais je ne le suis pas tant que ça en fait. La bande arrive peu de temps après et se met à une longue table pas loin de la notre. Ce qui m'interpelle en premier, c'est le regard que Théo nous lance. Puis ses yeux se posent sur moi et je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils traduisent. De la contrariété ? De la colère ? De la jalousie ? Je baisse la tête et fixe mon assiette. Qu'est ce que ça peut lui faire qu'on mange ensemble, d'abord ? Il ne peut pas être jaloux, ce n'est pas possible. Il ne m'aime plus, non ?

_Tu vas bien ?, s'inquiète Isaac.

Je relève la tête et lui fais le plus faux sourire que je suis capable.

_Oui. Je réfléchissais à... au contrôle que j'ai tout à l'heure en Espagnol.

_Ouais, d'accord.

Il ne me croit pas. Si je me mets à lui raconter toutes les questions que je me pose et surtout à lui dire la personne qui me contrarie comme ça, je ne pense qu'il appréciera. Je sens le regard de Théo qui est posé sur moi jusqu'à ce que je sorte de la cantine avec Isaac. Tel un gentleman, il a porté mon plateau et m'a tenu la porte pour sortir ce qui lui a valut une révérence. Aujourd'hui, on n'a qu'une heure pour manger alors on monte directement à la salle où on a cours juste après. On prend l'escalier de secours car c'est ce qu'on fait toujours. Je sors mon portable et envoie un SMS à Lindsay pour avoir de ses nouvelles. Avant que je n'ai eu le temps de le remettre dans ma poche, Isaac me le prend des mains et se met à courir.

_Hé ! Reviens ! Rends-le moi tout de suite !

Evidemment, il ne revient pas. Ça aurait été trop beau pour être vrai.

_Attrape-moi !

_T'es chiant.

Je soupire puis me mets à courir après lui. Il est tellement grand qu'il monte les marches quatre à quatre. Et moi, eh bien, je les monte une par une voir parfois deux par deux quand j'ai une poussée soudaine d'énergie. Quand il est arrivé en haut, il s'arrête pour m'attendre tout souriant. Il n'est même pas essoufflé alors que moi je suis penché en avant, les mains appuyé sur les genoux pour reprendre mon souffle.

_On reconnait les sportives, me charrie t-il.

_La ferme, je rigole.

Je tends la main vers lui.

_Mon téléphone.

_Pardon ? J'entends mal.

Il se fout littéralement de ma gueule en se penchant en avant et en mettant sa main au niveau de son oreille pour faire genre d'entendre mal.

_Peux-tu me rendre mon téléphone, s'il te plait ?, dis-je excédée.

_S'il te plait, qui ?

_S'il te plait Isaac.

_Isaac que j'aime.

Je grogne.

_Ouais ouais. Mon téléphone, maintenant !, je m'exclame en bougeant ma main tendue devant lui.

Il la fixe quelques secondes puis, au lieu de me donner mon portable qui est dans sa poche, la prends et l'apporte à ses lèvres. Il embrasse chacune de mes phalanges. Ses pupilles sont dilatées et je suis presque certaine que les miennes aussi. En un instant, il pose son autre main dans mon dos, m'attire à lui puis me colle dos au mur. Il n'y a plus d'espace entre nous. Je sens son souffle s'écraser sur mon visage. Nos respirations sont toutes les deux incontrôlées. Doucement, il approche ses lèvres des miennes. Quand celles-ci se touchent, je me rends compte que j'avais bloqué ma respiration. Nos lèvres s'assemblent parfaitement telles les pièces d'un puzzle. Une de ses mains est sur ma taille et l'autre est dans mon cou. Les miennes sont dans ses cheveux bouclés. Sa langue passe sur ma lèvre inférieure et la mienne va la rejoindre et la chatouiller. C'est l'un des baisers les plus intenses que j'ai eu de toute ma vie. Probablement car j'en avais envie à chaque fois que je le regardais. Ça ne fait qu'un jour que nous ne nous sommes pas embrasser pourtant on dirait que ça fait une éternité. Notre baiser se rompt pour qu'on reprenne notre souffle mais nos fronts restent en contact. On halète tous les deux. Sa main qui était dans mon cou vient se poser sur ma joue et je penche ma tête sur celle-ci.

_Tes baisers m'avaient manqué, murmure t-il.

_Les tiens aussi.

Soudainement, on entend un raclement de gorge et nous nous séparons vivement l'un de l'autre. Je suis soulagée en voyant que ce ne sont que nos amis et pas un professeur mais mon soulagement s'efface rapidement quand je croise le regard de Théo.

_Il y a des chambres pour ça, dit-il froidement.

Il a parlé d'une voix qui n'est pas la sienne. Jamais je ne l'ai entendu parler comme ça. C'était... effrayant. Le pire c'est que c'est à nous qu'il a parlé comme ça. J'en ai des frissons. Vraiment.

_C'est bon, mec. On fait ce qu'on veut quand même, râle Isaac.

Et là, je le frapperais bien. Il ne se rend pas compte qu'il joue avec le feu là. Même moi qui connait Théo depuis seulement quelques mois, je sais qu'il ne faut pas le chercher et lui, qui est son cousin, le cherche ouvertement. Théo a les points serrés et la mâchoire crispée, tout comme hier, mais ne répond rien et part vers la salle de classe. Quoi ?! Dites moi que je rêve. LE Théo Montgomery, vient de partir sans rien dire. Woaw. C'est très étrange. Isaac se tourne vers moi.

_On y va ?

Il me tend la main et je la prends. Personne ne fait de commentaire. Quand on arrive devant la salle, le prof est en train d'ouvrir la porte et Théo rentre précipitamment à l'intérieur.

Le dernier cour que j'ai, c'est l'Espagnol. Comme je n'y suis pas allé hier, je passe au bureau des surveillants pour faire mon absence avant d'y aller. En rentrant en cours, je m'assois à ma place habituelle. Je suis l'une des premières à rentrer car c'était la récré avant. J'avais carrément oublié que Théo était avec moi dans ce cour jusqu'à ce que je le voie entrer. Il me voit et son visage devient dur. Contrairement à ce que je m'attendais, il vient s'asseoir à côté de moi à la place qu'occupe Lindsay d'habitude. Il ne me regarde pas et sort ses affaires, toujours en ayant ce visage sérieux. Le cours n'a pas encore commencé alors je tente ma chance de lui parler.

_Ça va ?, je demande doucement.

_Ouais, bah ouais. Pourquoi ça n'irait pas?

J'ai le don de toujours taper dans le mile. C'était plus une exclamation qu'une question et la manière dont il a parlé aussi froidement que tout à l'heure me prouve bien que non, ça ne va pas.

_Qu'est ce qu'il y a ?

_Rien, crache t-il.

Il est contrarié. Ou énervé.

_Je ne comprends pas. Hier on se parlait bien et aujourd'hui tu es méchant avec moi.

Il ris jaune.

_Je suis méchant avec toi, répète t-il avec une voix de fille. Tout n'est pas toujours rose dans la vie, Alison.

_Je ne t'ai rien fait, je me justifie.

Il prend une grande respiration.

_Tu sais quoi ? Tu me soûles, je bouge.

Il se lève pour changer de place mais je le retiens par le bras. Il se fige à ce toucher et moi aussi. C'était quoi ça ? Cette charge électrique. Pourquoi je le ressens encore ?! Je le lâche brusquement et pose ma main sur ma jambe.

_Reste ici.

Et il se rassied. Ni lui ni moi ne parlons et le cours commence enfin. Je bouge doucement mes doigts sur ma jambe en essayant de ressentir une nouvelle fois cette charge mais rien ne vient. Théo ne bouge pas et fixe le tableau. Je ne comprends vraiment plus rien. Déjà que j'étais paumée depuis un moment, ça ne s'arrange pas. Je suis avec Isaac mais je n'ai jamais eu cette sensation avec lui. Il n'y a qu'avec Théo. Mais pourquoi ? Je n'en sais rien. Est-ce que je l'aime encore ? Quelle putain de merde ! Je croyais que toutes ces histoires étaient finies pour de bon et apparemment j'avais totalement tort. Je me tourne vers Théo et je vois qu'il me fixe. Il évite tout de suite de me regarder dans les yeux. Super. Il est aussi perdu que moi. Ou alors il sait exactement ce qui se passe. Ses sourcils sont froncés et il me fuit toujours du regard.

_Théo ?

Je ne sais même pas pourquoi je l'appelle. Il hoche la tête mais regarde quelque chose derrière moi. Je ne fais pas la débile en me retournant car derrière moi, ce sont des fenêtres. Il n'y a rien à voir.

_Tu l'as senti, pas vrai ?, je lui demande.

Il hoche toujours la tête. Ça m'énerve.

_Pourquoi on le sent toujours ?

Je sais que je pose trop de questions mais j'ai besoin de savoir. Soudainement, il tourne la tête vers le tableau et ne me répond plus. Mais qui m'a foutu un pareil imbécile, sérieux ? Jusqu'à la fin de l'heure, on ne se parle pas. Je recopie le cours bien sagement tout comme lui. À la sonnerie, il sort en trombe et je n'ai pas le temps de l'arrêter. 

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