Chapitre 32

                           Ce week-end, je n'ai absolument rien fait. Je suis restée dans mon lit à regarder des séries et des films. Théo ne m'a pas envoyé de message du week-end... Ça n'arrive jamais et ça m'inquiète. Comme d'habitude, Dylan passe me prendre devant chez moi pour aller au lycée. Il me dit qu'il a passé le week-end chez Derek et me demande ce que j'ai fait. Il est étonné que Théo ne m'ai pas donné de nouvelles.

_T'inquiète, Al. Si c'était grave il te l'aurait dit.

_Oui.

En fait, ça ne m'étonnerai pas qu'il ne me dise rien. C'est tout à fait lui de toujours tout me cacher parce qu'il juge que c'est mieux pour nous.  En cours, Théo ne se montre pas. Je demande aux gars s'ils ont eu des nouvelles de lui mais ils n'en ont pas eux. Je suis en rage contre lui. Depuis quand est-ce qu'il ne vient plus en cours ? Sans me le dire en plus ! Argh! 

À la cantine, Noah vient nous voir en courant et nous apprend que Mr. Harper est absent. Aiden ne le croit pas au début parce que son jumeau raconte toujours des conneries. Puis quand c'est vraiment confirmé, tous les gars sautent de joie. Ça veut dire qu'on finit à 14 heures. Je suis déterminée à aller chez Théo après les cours pour qu'on s'explique. Dylan propose de m'y emmener et j'accepte. 

Une fois là-bas, je frappe fortement à la porte et c'est son oncle qui m'ouvre. Je me calme alors car ce n'est pas à son oncle que j'en veux. 

_Bonjour, Chris. Hum... Est-ce que Théo est là ?

_Salut, Al. Je viens de rentrer à l'instant. Bah... Je ne sais pas, à vrai dire je ne l'ai pas vu mais je pense qu'il ne va pas tarder, tu veux rentrer ?

_Je ne veux pas vous déranger.

_Tu ne me déranges pas, entre.

Je le suis dans la maison.

_Tu veux boire quelque chose ?, me propose t-il.

_Non, merci. Vous n'avez pas vu Théo ce week-end ?

_Non, il était chez sa mère. Tu n'étais pas au courant ?

_Non. Il ne me l'a pas dit... Il est supposé rentrer quand ?

_Je n'en ai aucune idée. En fait, je ne savais même pas qu'il revenait.

Mon cœur rate un battement.

_Pardon ?

C'est un blague j'espère ! Je vais le tuer. Chris s'assoit sur le canapé et je fais de même. Son visage est très sérieux et c'est ce qui me rend nerveuse. Comment peut-il me faire ça ? Il doit forcément avoir une bonne raison.

_Qu'est ce qu'il t'a dit ?

_Rien... Juste qu'il ne serait pas là ce week-end... Qu'est ce qu'il se passe, Chris ?

Il prend une grande inspiration et se lance dans ses explications.

_Il y a environ une semaine, sa mère a appelé. Le beau père de Théo est vraiment malade et il est à l'hôpital. Sa mère l'a appelé car elle a besoin de lui pour s'occuper de sa petite sœur. Je ne pensais pas qu'il reviendrait avant un moment. Apparemment tu n'étais au courant de rien je me trompe ?

_Non. Non je ne savais rien. Il... Il faut que je l'appelle...

Je me lève et sors mon téléphone de ma poche au moment où la porte d'entrer s'ouvre et que Théo rentre dans la maison. À cet instant, je ne sais même plus ce que je ressens... Si c'est de la joie ou de la colère. Il se dirige vers moi et j'avance vers lui. Avant d'avoir compris ce qui se passait, il m'attire contre son torse et me serre dans ses bras. Je me mets immédiatement à pleurer.

_Tu.. Pourquoi tu ne m'as pas... envoyé de messages ?, je bégaie.

Il me prend la main et m'emmène dans sa chambre. Une fois à l'intérieur je vais à sa fenêtre et lui reste à sa porte.

_Mon oncle t'a tout raconté ?, dit-il faiblement.

_Oui. Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Il se passe nerveusement la main dans les cheveux.

_J'ai voulu te le dire vendredi... Je te le jure... Mais je n'y suis pas arrivé, je ne pouvais pas. Et ce week-end je m'en suis voulu, c'est pour ça que je suis ici. Je suis revenu te voir une dernière fois.

_Quoi? Non! Non, tu ne peux pas faire ça, Théo ! On peut se voir les week-end, et pendant les vacances...

Je me mets à trembler. Il le voit et se rapproche de moi pour prendre mes mains dans les siennes.

_Tu sais qu'on n'y arrivera pas. Ce sera trop dur.

_C'est faux !

_On ne peut pas continuer, Al. Tu le sais très bien. Je dois retourner avec ma mère et ma sœur, elles ont besoin de moi.

_J'ai aussi besoin de toi, je lui dis dans un souffle.

Il me prend une nouvelle fois dans ses bras et je mémorise tout ce qui se passe à cet instant. Parce que c'est peut-être le dernier. Il ne peut pas me faire ça, nous faire ça. Après toutes nos disputes...

_Tu vas trouver quelqu'un de mieux pour toi. Quelqu'un qui t'aimera pour ce que tu es...

Sa voix se brise. 

_Arrête ! Ne dis pas ça ! Je t'interdis de dire ça !, je lui hurle en le repoussant et en lui frappant le torse de mes mains.

Il est trop fort et me serre plus fort contre lui.

_Reste avec moi. C'est toi que je veux...

_Si je pouvais rester avec toi pour toujours je le ferai mais ma famille m'attend.

_Mais on pourra encore se voir...

_Arrête de te faire du mal, me coupe t-il. Tu sais que si je suis ici ce n'est pas pour un simple au revoir. Je veux te voir une dernière fois. Ne gâches pas ce moment, bébé s'il te plaît.

_C'est toi qui pars... Tu...

Il pose ses doigts sur ma bouche.

_Chut... Ne dis rien.

On reste dans les bras l'un de l'autre un moment. Tellement de questions se bousculent dans ma tête.

_Comment tu vas faire pour le lycée ?

_Je prendrais des cours par correspondance.

_Ce qu'on a fait vendredi après-midi c'était ta manière de me quitter, pas vrai ?

Il soupire.

_Je voulais te sentir une derrière fois contre moi... Mais j'ai hésité à continuer parce que ce n'était pas juste de te faire ça, à toi. Quand ton père t'a appelé, j'ai compris que c'était le moment.

_D'où ton comportement...

_Oui.

Je n'arrive pas à réaliser qu'il s'en va. La régression vers la moyenne... Voilà ce qui se passe. Qu'on soit heureux ou triste, il y a toujours un retour à la moyenne, c'est-à-dire l'équilibre. On avait trouvé notre équilibre et tout s'écroule déjà. 

Il me propose de me ramener chez moi et j'accepte juste pour qu'il soit près de moi encore un peu plus longtemps. C'est égoïste, je le sais. Avant de quitter la maison, je vais voir Caleb et le serre aussi dans mes bras. Certaines personnes peuvent penser que ce n'est qu'un lapin mais pour moi, il est beaucoup plus. Il me rappelle tous les moments passés ici avec Théo et lui. J'embrasse son pelage au dessus de sa tête et le repose à contre cœur dans sa cage. Sur le trajet, sa main et la mienne sont soudées mais on ne parle pas. Il me raccompagne jusqu'à ma porte.

_Bon, je vais te laisser. Au revoir, Alie.

Je le regarde s'éloigner jusqu'à sa voiture. Ça ne peut pas se terminer comme ça... Mes larmes menacent de couler. Au moment où il ouvre sa portière, il jette un regard vers moi et je ne peux plus me retenir. Je me mets à courir vers lui. Il s'avance et je lui saute dans les bras. Mes lèvres capturent les siennes avant qu'il ne recule. J'ai besoin de ce baiser. Il résiste puis je le supplie et il me laisse entrer. Ma langue va caresser la sienne et elles se mélangent l'une et l'autre. Je savoure cette sensation de bien-être en ce dernier instant avec lui. C'est au dessus de moi, je ne peux pas le quitter. Nos lèvres se séparent mais restent proches de quelques minimètres.

_Reste avec moi. Je t'aime, Théo.

Il faut que je lui dise. Il doit l'entendre une dernière fois.

_Je t'aime, Al.

Une de ses mains est posée sur le bas de mon dos et l'autre est dans mes cheveux. Ma tête s'est enfouie dans son cou. J'essaie de mémoriser toutes les sensations que je ressens quand je suis près de lui. Sa chaleur, son parfum, son odeur, sa peau, ses cheveux... C'est affreux de savoir que c'est la dernière fois qu'on voit la personne que l'on aime, celle avec qui on veut faire sa vie, avoir des enfants, vieillir et qu'on ne peut pas la garder près de soi pour toujours. Je respire une dernière fois son odeur et m'écarte légèrement de lui. Il retire ses mains de mon corps et sa présence me manque déjà. Je pleure encore. Comment ne pas pleurer quand on perd la moitié de son âme ? Le sens de notre vie ? Il ressuie mes quelques larmes qui ont coulés sur mon visage puis monte dans sa voiture. Il baisse sa vitre.

_Adieu, Alison. Je t'aime.

_Adieu, Théo. Je t'aime.

Il démarre et je m'écroule au sol en ne ressentant plus rien. Juste le vide.  

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