Je redescends les escaliers et croise les doigts pour que personne ne nous ai entendu. Apparemment, ce n'est pas le cas puisque personne ne fait attention à moi lorsque je m'assois sur le canapé. J'y passe la soirée et zappe les chaînes à la télé. Mes potes montent tous petit à petit et je me retrouve seule. Il est minuit mais je n'ai pas envie de dormir tout de suite alors je baisse simplement le son pour ne réveiller personne. Il y a un film d'amour qui me fait déprimer alors je change de chaînes et regarde Esprits Criminels. J'entends quelqu'un descendre. Je me retourne et vois Morgan. Pourquoi est-ce qu'il descend à cette heure là ?

_T'arrives pas à dormir ?, me questionne t-il.

_Non j'ai pas envie. Qu'est-ce que tu fais, toi ?

Il va dans le frigo et prend deux canettes de Coca. Il m'en tend une et s'assoit à côté de moi dans le canapé.

_Je vais dormir dans le fauteuil ce soir.

_Pourquoi ?

_Rien de grave t'inquiète.

_Raconte moi tout.

Il soupire puis m'explique :

_Je ne sais pas ce qui se passe avec Théo en ce moment mais ce soir il était vraiment mal. Quand je suis rentré dans la chambre, il était sur son lit et fixer le plafond alors je l'ai charrié en lui demandant ce qu'il foutait mais il n'a pas répondu. Je me suis assis au bord de mon lit et j'ai attendu qu'il parle, ce qu'il n'a pas fait. Au bout d'un moment il a râlé et s'est mis à rager sur tout. Ça m'a soûlé alors je lui ai dit que je reviendrais quand il se sera calmé et il m'a balancé un " Ouais, c'est ça. Dégage." Jamais il ne m'avait parlé comme ça. Je me suis énervé et j'ai préféré descendre avant d'ouvrir ma gueule et d'empirer les choses.

_Il m'a aussi mal parler ce soir. Il ne veut plus qu'on sorte ensemble à cause de ce qu'a dit Dylan tout à l'heure.

_Sérieux ? Après ce que j'ai vu ce matin, je pensais que ça allait mieux entre vous, m'avoue t-il en rigolant.

Je rougis et lui frappe l'épaule ce qui le fait rire.

_Ecoute, si tu veux, Emily dort dans la chambre d'Edouard et Noah et moi je n'ai pas vraiment envie de dormir cette nuit alors tu peux aller dans ma chambre.

_Tu es sûre ? Je ne veux pas m'inviter.

_C'est moi qui te le propose, bébête !

Je lui donne une tape sur la tête ce qui le fait rire.

_D'accord, d'accord.

Il reste un moment avec moi puis se décide à monter. Je lui souhaite bonne nuit et le serre dans mes bras. Pendant une demi-heure, je regarde encore la télé puis décide de l'éteindre. Je sors une couette d'une armoire à l'entrée et retourne sur le canapé. J'essaie de dormir mais toutes mes pensées tournent autour de Théo. Je ne veux pas qu'il s'éloigne de moi. Il ne pensait pas ce qu'il a dit tout à l'heure, j'en suis sûre. Théo m'aime toujours, pas vrai? Il veut encore de moi... Après tout ce qu'il a fait pour que je le pardonne il ne peut pas me refouler comme ça. Il faut que je lui parle. Je me lève et monte les escaliers.

Une fois devant je me commence à devenir anxieuse. Merde, c'est pas le moment de faire machine arrière. Je prends une grande inspiration et je toque à sa porte. Je n'entends rien alors je l'ouvre doucement. C'est le noir total là dedans. Je rentre et ferme délicatement la porte pour ne pas faire de bruit. J'entends qu'il bouge sur son lit.

_Théo ?

_Al ?

Une lumière éclaire soudainement la pièce. Je le vois torse-nu penché sur sa table de chevet où il a allumé la lampe. Ses cernes sont nettement visibles. Je n'avais pas remarqué qu'il en avait ces derniers jours.

_Qu'est ce que tu fais là ?, me demande t-il en s'asseyant au bord du lit.

_Je n'arrivais pas à dormir.

_Et alors ?

_Je peux dormir avec toi ?

Il soupire d'agacement en se passant la main dans les cheveux. 

_Quand est-ce que tu vas comprendre que...

Je ne le laisse pas finir et fonce droit sur lui. Je monte sur ses genoux et le serre contre moi. Il n'a pas le temps de me repousser. Je pleure contre son cou et m'accroche à lui comme s'il était précieux, ce qu'il est à mes yeux.

_S'il te plaît. Arrête de me repousser. Je t'aime, je sanglote.

Il pose une de ses mains sur ma nuque et l'autre dans mon dos.

_Je t'aime, Théo. Pourquoi tu ne m'aimes plus ?

_Chut, bébé...

Il resserre la pression de ses mains sur moi pour me rapprocher plus de lui.

_Pourquoi...?

_Je ne pensais pas ce que j'ai dit. C'est trop mal pour toi qu'on sorte ensemble, il fallait que je le fasse... Tu vas encore souffrir par ma faute...

_Non, ce n'est pas vrai. C'est te quitter qui me fait le plus mal... Ne me laisses pas..., je hoquette entre mes pleurs.

_Je suis là. Tout va bien, mon cœur.

J'embrasse son cou.

_Demain, tu ne voudras plus de moi.

_Arrête de dire ça, bébé.

_C'est toi qui l'a dit. Je ne veux pas qu'on se sépare...

Il prend ma tête entre ses mains et me regarde dans les yeux.

_Je ne te laisserai pas. Je ne supporte pas qu'on soit loin de l'autre, tu le sais. Je t'aime, Al.

Il y a de la sincérité dans ce qu'il dit. Je le vois à travers le vert électrique de ses yeux.

_Embrasse-moi, je le supplie.

À l'instant où ses lèvres touchent les miennes, mon corps entier s'embrase. J'ai besoin de lui, maintenant, aujourd'hui, demain dans tout mon être jusqu'à ma fin. Je tire légèrement sur ses cheveux ce qui le fait gémir et j'avale ses râles. C'est en l'embrassant que je suis sûre qu'il m'aime. Cette douce et chaude tension qu'il y a entre nous nous montre que lui et moi c'est évident. Je mets mes jambes de chaque côté des siennes, pose mes mains sur son torse et le pousse gentiment pour qu'il s'allonge sur le lit. Ses mains agrippent l'ourlet de mon maillot, le retirent puis vont se poser sur mes hanches. Je suçote son cou pour faire en sorte qu'il y reste une trace. Son torse frissonne au passage de ma langue. Ce garçon est merveilleusement imparfait et c'est le mien. Mes doigts tirent sur la ceinture de son jogging jusqu'à ses pieds. J'embrasse son bassin. Son érection est visible à travers son caleçon que j'abaisse aussi. Je prends son membre dans ma bouche sans le quitter des yeux. Ses hanches se soulèvent instinctivement. Il grogne de plaisir lorsque ma langue glisse contre lui, ce qui m'incite à aller plus vite. Ses mains se posent sur mes épaules et me font reculer légèrement.

_Al. Attends, je vais jouir. Mais avant, je veux te sentir contre moi.

Il se redresse pour sortir un préservatif du tiroir de la table de chevet. Je lui prends des mains et le lui mets. Je me place au-dessus de lui, le prends dans mes mains et m'abaissent sur lui. Il gémit aussitôt et moi aussi. J'ondule mes hanches contre les siennes. Cette sensation m'avait tellement manqué, il m'avait tellement manqué. Je l'aime tant, certainement plus que ma propre vie. Je m'appuie sur mes coudes de chaque côté de sa tête pour m'équilibrer. J'embrasse son lobe puis ses lèvres. Mes hanches bougent à un rythme lent. Théo donne des coups de reins au même rythme.

_Tu es parfaite, Al.

Je gémis lorsqu'il me mordille la clavicule.

_Si douce...

Il accélère ses coups de reins alors que je continue mes mouvements circulaires. Nos corps se tendent et nous lâchons prise ensemble. Théo met un oreiller sur mon visage pour que mes cris ne réveillent personne. Je m'allonge sur le dos à côté de lui. Jamais ça n'avait été aussi intense. C'est peut-être parce qu'on attendait ça depuis longtemps. Il nous faut un moment pour retrouver nos esprits. Théo passe son bras derrière moi et m'attire à lui. Il m'embrasse le front.

_Je t'aime.

_Je t'aime, je murmure aussi.

On reste là, dans les bras l'un de l'autre sans parler. Théo est sur le dos et je suis allongé sur le côté avec ma main qui encercle sa taille. Je pourrais rester près de lui toute ma vie. Durant cet instant, il n'y a que nous deux, le monde extérieur n'est plus.

_Je n'ai pas couché avec cette fille.

C'est lui qui a rompu le silence. Je ne m'attendais pas à ce qu'il en parle de lui-même. Je ne sais pas quoi lui répondre, j'ai peur de gâcher cette nuit ensemble si j'en dis trop.

_Oh.

_Je suis allé à une fête avec mes anciens potes. Ce ne sont pas de bonnes fréquentations. C'est avec eux qu'il y a eu le jeu stupide avec Hannah. Il y avait de l'alcool là-bas et mes potes ont ramené des joints.

J'écoute attentivement ce qu'il dit mais ne parle pas.

_On a bu et fumé. Un groupe de pétasses restaient avec nous et l'une d'elle ne me lâchait pas. J'étais défoncé et les gars m'ont dit d'aller m'éclater. Je n'avais aucune idée de ce que je faisais, à ce moment là je ne pensais plus à rien. J'étais trop défoncé pour faire la différence entre le bien et le mal. Elle m'a embrassé et m'a emmené dans une chambre...

_C'est là qu'Hannah t'a vu.

_Elle était là ?

_Comment tu crois que je l'ai su?

Il ne répond pas et continue.

_Elle m'a déshabillé et m'a sucé...

_Putain, je grogne.

Ça fait mal de l'entendre me dire ça. Savoir qu'une autre l'a touché. Mais pour lui, pour nous, je reste calme malgré la rage qui bout en moi. 

_Mais je n'ai pas couché avec elle, explique t-il plus rapidement. Je n'ai pas pu. Je pensais à toi, je ne pouvais pas te faire ça. Alors je suis parti.

_Tu me l'aurais dit si je ne l'avais pas appris ?

_Je ne sais pas. J'imagine que oui.

_Tu imagines ?, je répète avec une voix aiguë.

_Je n'ai pas eu le temps de me le demander que tu m'avais appelé et tu le savais déjà.

Je me redresse et le regarde.

_Et tu regrettes vraiment maintenant ?

_Oui. C'était une grosse connerie et je ne suis pas prêt de retoucher à la drogue et à l'alcool pour l'instant.

_Ok.

_C'est tout ?

_Oui. Pourquoi est-ce que tu me dis ça maintenant ?

_Parce que si je veux que tu es de nouveau confiance en moi, il faut que j'arrête de te mentir. Je vais te raconter des choses que personne d'autres ne sait pour te montrer que je tiens vraiment à toi et que je m'en fous de cette fille.

_Tu n'es pas obligé de faire ça.

_J'y tiens. Peut-être pas tout maintenant mais ça viendra.

_D'accord. Merci, Théo.

_C'est moi qui te remercie, Al. Pour être toujours là.

Je ne réponds et le serre dans mes bras. Je suis fière de lui, qu'il veuille se confier à moi alors qu'avant il ne l'aurait jamais fait. Il ne se rend pas compte que c'est moi qui suis la plus redevable envers lui. Sans lui, je n'aurais sans doute jamais connu l'amour, le vrai. Où celui-ci est tellement fort que rien d'autre n'a d'importance. Il est mon étoile filante dans cette sombre galaxie, ma lumière dans ces ténèbres et il ne le comprend pas.